Ce discours paraîtra décalé, hors du temps, ou l’on clive, l’on radicalise, l’on mondialise où les normes, les appellations, les origines contrôlées qu’elles soient alimentaires ou autres imposent leurs uniformités.
Et pourtant concilier les contraires ou réconcilier les contraires n’est t’il pas une des utopies maçonniques ? Le Franc-Maçon, ne pouvant rien faire seul sans le secours de ses Frères qui sont tous différents de lui. Le Franc-Maçon travaille à développer sa véritable individualité en harmonie avec ses Frères, rejetant l’individualisme.
Le Franc-maçon s’enrichit au contact des différences de ses Frères, c’est un vol qu’il pratique de midi à minuit dans la carlingue de sa loge, mais aussi quand il en descend, quand il a posé le pied sur la planète bleue, sa mère.
Sa marche sur le pavé mosaïque entre blanc et noir, son parcours incessant le long du fil à plomb, lui fait prendre conscience que ce qui est en haut est semblable à ce qui est en bas.
Les textes Taoïstes associent souvent les contraires ainsi le chapitre 2 du Tao Te King :
« Tous par le monde reconnaissent le beau comme beau ; aussitôt voilà le laid.
Tous reconnaissent le bien comme le bien ; aussitôt voilà le mal.
Ainsi, existence et non existence s’engendrent l’une l’autre. »
« Difficile et facile se constituent l’un l’autre, long et court prennent forme l’un de l’autre, haut et bas se renvoient l’un l’autre. »
Ainsi l’apprenti Maçon passera du binaire au ternaire, des nécessaires ténèbres à la Lumière feu spirituel régénérant pour aboutir au ternaire et retrouver son unité.
Tout bouge, évolue dans ce mouvement perpétuel de retour vers l’unité. L’alternance bien et mal nourrit l’espérance. Le sage se méfiera des périodes trop belles et bonnes, elles sont messagères de la laideur et du mal à venir.
Ainsi le Franc-Maçon cherche lui aussi comme dans les spiritualités orientales la voie du centre, celle du milieu, elle se dévoile à lui au fur et à mesure de ses élévations de consciences acquises sur le chemin de son initiation, comme la réalité la plus juste du monde, ainsi se développe aussi sa compassion.
Comme le dit d’une autre manière ce texte de la Grande Loge de France :
« Dans la recherche constante de la vérité et de la justice les Francs-Maçons n’acceptent aucune entrave et ne s’assignent aucune limite.»
Est-ce une chimère de vouloir rapprocher les contraires, chimère peut-être utile ?
La Fontaine dans ses œuvres a excellé à cet exercice riche d’enseignements. Je ne sais pas si cet auteur figure encore dans les programmes des écoles de la République, mais ce serait sans nul doute une bonne méthode de déradicalisation.
L’incarnation des vices et des vertus portés par les animaux de ses fables, sont propres a faire réfléchir nos plus jeunes, mais aussi les adultes. Combattre l’orgueil, les vices, les idées reçues pour laisser place à la domination du cœur et de l’altruisme.
La Fontaine suivant les pas de Virgile, a placé l’homme dans une position d’humilité :
« Celui de qui la tête au ciel était voisine. Et dont les pieds touchaient l’empire des morts. »
Ainsi l’homme devient porteur en lui de toutes les chimères, y compris celle de la puissance illusoire d’un colosse aux pieds d’argile voulant rivaliser avec Dieu. Et pourtant rien n’est plus doux que laisser notre imagination construire des châteaux en Espagne ce que font autant les sages que les fous. Pourvu que ces châteaux soient des Temples spirituels même s’ils sont inaccessibles.
Si l’on occulte le moralisme, pour ne retenir que la morale de ses fables La Fontaine, nous as donné des œuvres symboliques riches d’enseignements pour nous Francs-Maçons.
Force est de constater que la rectitude de l’Equerre, la justesse de la Règle, l’ouverture du Compas ces outils symboliques remplissent leur rôle pour ramener sans cesse le Franc-Maçon au centre, lieu de rencontre des contraires.
JFG.