Quelques livres de Pierre Hadot.
Il y a plusieurs années, je refermais le livre de Pierre Hadot : « Plotin ou la simplicité du regard. » Ce fut comme une révélation, je venais de redécouvrir la Philosophie, telle que je l’espérais dans ma jeunesse, comme un art de vivre, de bien vivre et de plus je faisais le lien entre cette philosophie de Praxis et mon initiation maçonnique.
Cela m’a conduit a lire une bonne partie de l’œuvre de Pierre Hadot, et en particulier : Exercices Spirituels et Philosophie Antique. »
Plus tard dans ma Loge je planchais sur le même thème avec l’œil du Franc-Maçon sous le titre : Exercices spirituels – Voie Initiatique – Philosophie Antique et Franc-Maçonnerie.
Continuant mes recherches, j’ai lu le livre de Xavier Pavie : « L’apprentissage de Soi-Exercices Spirituels de Socrate à Foucault. » je continuais a tirer le fil avec Xavier Pavie et son autre livre « Le Choix d’exister. »
En 2016 dans le Blog je vous livrais mes impressions avec plusieurs articles regroupés dans une rubrique Prescriptions : Il faut faire un peu d’exercices ! Ces articles remarqués par Xavier Pavie m’ont valu quelques échanges par mail avec lui, confirmant le lien entre la Philosophie Antique et l’initiation maçonnique. Xavier Pavie me dit il faudra un jour écrire un livre sur les exercices spirituels vus sous le prisme de la Franc-Maçonnerie.
Dans le dernier numéro de Points de Vue Initiatiques, Frédéric Pierre Isoz nous donne un article sous le titre de « Un air de famille : celui du jeu. » En introduction il écrit : « Ce que le philosophe nous fait percevoir, la pratique initiatique nous fait le réaliser. Il s’agit de vivre et non de spéculer. Par le jeu de l’oralité, le rite nous permet de frotter en famille « le concept au sol rugueux du réel » et d’entrer dans le mystère de la vie.
Les philosophes antiques ne faisaient pas autre chose quand il mettait en avant la nécessaire Praxis, en complément de l’indispensable Théoria.
Il écrit après un panorama des écoles philosophiques : « Sortons du jeu de l’âge : là où les écoles philosophiques aiment à s’affirmer aujourd’hui comme autant de familles de pensée, la maçonnerie écossaise renvoie à une tentative d’exercice spirituel en famille. Le lien entre philosophie et Franc-Maçonnerie c’est celui de l’exercice spirituel. »
La Franc-Maçonnerie permet dans le temple et au sortir du temple de conceptualiser la philosophie, elle permet la vie bonne de Luc Ferry.
L’imprimerie a en quelque sorte en répandant la parole en dehors du temple, favorisé la mort de la Praxis. L’oralité des maçons opératifs, la transmission des mystères dans le secret des Loges, obligeaient les maçons à la pratique vertueuse. Frédéric Pierre Isoz écrit : « l’écrit assène la certitude et introduit la sortie de la pratique. » L’écrit introduit une forme d’inutilité de l’apprentissage par le cœur.
Frédéric Pierre Isoz complète son propos ainsi : « l’oralité des pratiques maçonniques perpétue la pratique collective et continue d’assurer aux adeptes la transmission d’une parole à un auditoire concret. Comme il n’y a de famille que réunie, nos loges sont les lieux de pratiques des jeux de langage singuliers de la parole familiale. »
Il apparaît alors inutile d’écrire les planches si ce n’est que pour les archives de la loge. La distribution systématique des planches écrites aux Frères, facilite la paresse de la pratique et la parole ne circule pas.
Presque au terme de son article Frédéric Pierre Isoz conclu : « Notre pratique est celle d’une philosophie initiatique qui nous amène à entrer en famille dans les mystères de la vie : nous sommes les fils des Mystères et les héritiers des pratiques philosophiques antiques. »
Je ne puis que soutenir ces propos il y a en effet en Franc-Maçonnerie plus à faire qu’à dire et surtout à écrire, c’est peut être là que se trouve l’un des secrets.
JF.
Exercices Spirituels de Pierre Hadot note de l'éditeur.
" Exercices spirituels ". Non pas les pieuses et rigides méditations de Loyola, qui ne sont qu'un lointain écho, très déformé, de la tradition antique, mais ce travail de soi sur soi, qui s'esquisse déjà chez les premiers philosophes grecs, et prend toute son ampleur avec le dialogue socratique et platonicien, les Lettres d'Epicure ou de Sénèque, le Manuel d'Epictète, les Pensées de Marc Aurèle, les traités de Plotin, et que certains modernes, comme Montaigne, Descartes, Kant, Michelet, Bergson, Friedmann et Foucault, ont continué à pratiquer. L'essence de la philosophie ne serait-elle pas alors cette perpétuelle remise en question de notre rapport à nous-même, à autrui et au monde ? Cette nouvelle édition du grand classique de Pierre Hadot est augmentée de plusieurs études parues depuis la publication des Exercices spirituels en 1981.