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la Franc Maçonnerie au Coeur

la Franc Maçonnerie au Coeur

Un blog d'information, de conversations sur le thème de la Franc Maçonnerie, des textes en rapport avec la Franc Maçonnerie, comptes rendus et conseils de lectures.

Publié le par Jean-François Guerry
Tableau de Jean Beauchard eklablog

Tableau de Jean Beauchard eklablog

MOURIR DANS LA DIGNITÉ

 

Depuis que nous sommes nés ou presque nous avons conscience que nous sommes mortels, c’est une certitude. Le doute subsiste simplement si j’ose dire sur le moment et les circonstances. Notre qualité d’homme nous fait formuler le souhait de mourir dignement, là surgit la limite de notre libre arbitre, en dehors de la volonté de mettre fin soi-même à nos jours sur terre. « L’homme est semblable à un souffle, ses jours sont comme l’ombre qui passe. » (1)

Avec les Lumières, l’homme libéré a été remis au centre. Il a appris à penser par lui-même, il a gagné son autonomie, celle de sa vie, s’il n’a pas résolu les mystères qui succèdent à la mort. Il ambitionne de vouloir décider les conditions de son passage de la vie à trépas.

L’homme en fait ne craint pas la mort, mais ces circonstances. Le philosophe apprend à vivre et apprend à mourir c’est la voie de la sagesse. L’initié en général, le Franc-maçon en particulier s’initie, s’exerce à la mort, l’homme juste et bon attend la mort avec calme.

Dans le journal Le Monde, Marion Dupont signe un article sous le titre ambitieux de Réussir sa mort. Faut-il pour la réussir la préparer, se préparer à mourir. C’est une illusion d’en préparer les circonstances qui par nature sont inconnues, on ne coche pas le calendrier.

L’article de Marion Dupont commence par une citation de Suétone dans la Vie des Douze Césars, il rapporte les propos d’Auguste : « Presque toujours quand on lui annonçait que telle personne était morte promptement et sans souffrance il demandait aux dieux pour lui et les siens une semblable euthanasie. »

En quelque sorte comme la plupart d’entre-nous il souhaitait ce que l’on appelle une belle et bonne mort sans souffrance. Ce type de mort sans douleur pour soi-même et difficile pour ses proches, qui ressentent une forme de manque, d’injustice, j’avais tant de choses encore à lui dire, tant de choses, non faites, la plus important d’entre elle, dire et redire que je l’aime.

Comment réussir sa mort, ou plutôt s’accoutumer à l’idée de la mort. Les Francs-maçons ont appris des philosophes de l’antiquité, que ce qui est dommageable ce n’est pas la mort elle-même qui est naturelle, dans l’ordre des choses, mais c’est l’idée de la mort. Épicure pensait que l’on ne devait pas craindre la mort, ce qui nous devons craindre c’est l’idée de la mort. Avec un raisonnement simple avant la mort elle n’existe pas, après nous ne sommes plus, donc nous ne pouvons la craindre. Ce que nous craignons en effet c’est bien la souffrance, liée à la mort, puisque nous pouvons la voir agir sur nos proches, sur les autres. C’est pour éviter une telle souffrance que notre société a mis en place les soins palliatifs, pour éviter le plus possible la souffrance physique.

Pour le moral, les hommes justes, ne craignent pas la mort comme Socrate, Sénèque, Cicéron, Hiram ou Jésus, ce sont leurs proches qui ont soufferts moralement de les voir mourir.

L’initiation maçonnique est une suite de cycles de morts symboliques et de régénérations, les morts ne sont que des passages, vers d’autres vies.

ARCANE DE LA MORT

Celui qui refuse la mort est-il dans une sorte de vanité, se prenant pour un dieu, persuadé qu’il est indispensable, qu’il a encore et encore à faire et à dire. Ce refus de la mort, est un refus de l’égalité, de la fraternité devant et dans la mort. Cette crainte sans doute de la pesée de l’âme avant le franchissement du fleuve. L’homme qui a renié ses serments, au seuil de la mort, cherche à expier ses fautes. Est-ce pour cela que l’on place sur sa langue une pièce destinée à Charon fils de l’obscurité et de la nuit ? La magnificence des obsèques donne t’elle plus valeur à la vie du défunt ? A-t-on imaginé le purgatoire pour adoucir la mort et laisser espérer la béatitude du ciel. L’art funéraire rachèterait-t-il les mauvais comportements de la vie ?

L’atrocité et les douleurs de l’agonie sont-elles nécessaires au rachat de l’âme ? Difficile à croire, même pour un chrétien dont le plus humble de tous est venu porter un message d’amour et non de haine aux hommes, ce don d’amour qui a été jusqu’au sacrifice de sa vie, dans la douleur.

L’agonie est-elle une nécessité ? Pour revenir à l’euthanasie Marion Dupont cite Anne Carol : « À partir du moment où le médecin n’a plus à laisser la place au prêtre pour gérer les angoisses de l’agonie et où il accepte de rester au chevet du patient, le face à face qui s’instaure est extrêmement inconfortable. (…) le mensonge est la voie la plus facile…la bonne mort devient de plus en plus liée à l’inconscience des sens. » Dès lors, le refus de l’agonie oblige de fait le recours à l’opium, et le refus de l’acharnement thérapeutique.

Le mystère, les mystères liés à la mort sont individuels, par contre les circonstances de la mort, les souffrances liées au passage sont collectives, la souffrance des corps est commune. Si des expériences de morts symboliques peuvent nous faire prendre conscience de la possibilité d’autre chose, plus que rien ou pas chacun étant libre de croire ou de ne pas croire.

Il n’y a pas d’obligation à l’agonie à mon sens, si ce n’est pour comprendre les limites de la matérialité de notre corps, il nous faut autant que possible conserver l’union, l’harmonie du corps et de l’esprit. Pas sûr que le nécessaire ascétisme de l’esprit, doive inclure le port du cilice.

Personnellement je pense qu’il faut avoir au minimum exprimé ses souhaits face à l’agonie, dans la forme de son choix, en parler avec ses proches, ou écrire ses volontés, c’est déjà alléger la souffrance de ses proches et aider les thérapeutes. Comme le rappelle Marion Dupont le mot agonie provient du grec ancien qui signifie âgon c’est-à-dire assemblée réunie pour les jeux, par extension le mot signifiera lutte, combat, tant physique que moral.

Je retiens le mot agonie dans sa signification originelle d’assemblée, qui démontre que sans les autres nous ne pouvons rien, que nous avons la responsabilité aussi des autres, de faire en sorte que suivant leur volonté, jusqu’à leur dernier souffle la joie puisse être dans leur cœur et dans nos cœurs.

                                            Jean-François Guerry.

 

À LIRE : Marion Dupont « Réussir sa mort » Le Monde Rubrique Idées Page 26-27 du Samedi 29 octobre 2022.  

MOURIR DANS LA DIGNITÉ
Photo de jotalo sur Unsplash

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C
Avant de songer à mourir dans la dignité, chaque maçon devrait songer à VIVRE dans cette dernière!
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Et toc ! à bon entendeur...<br /> Bien Fraternellement <br /> Jean-François<br />
P
La question posée me semble en cacher une seconde : "Est-il permis de soulager la souffrance ?".  <br /> <br /> La mort deviendrait pour certains un remède aux maux. Lorsque la mort devient plus douce que la vie, est-ce une question que de choisir l'une des deux ? Ou est-ce une évidence que de faire le choix le plus évident ?<br /> <br /> La question posée se base autour de la notion de souffrance. Definir et graduer la souffrance devient un étape dans la demande d'euthanasie. <br /> <br /> La peur de la souffrance à venir est elle-même une souffrance. La peur de la souffrance est bien souvent une souffrance plus vive que celle redoutée. <br /> <br /> Doit-on choisir la mort pour faire disparaître la souffrance ? Est-ce qu'agir en fonction, en réaction à la souffrance, la fait disparaître ?<br /> <br /> Allons-nous réduire le choix de vivre ou de mourir à un processus de gonogo ? Allons-nous mettre en place une justice de la vie capable de juger qui peut vivre et qui peut mourir ? <br /> <br /> La perspective de la souffrance deviendrait alors une arme de dissuasion massive capable de transformer notre fraternité en solidarité légiférée, détournant le principe de liberté avec un principe de 'droit' à la mort, pervertissant l'égalité en établissant un tri des souffrances. Notre devise Liberté égalité fraternité est fondamentalement incompatible avec un 'droit' à donner la mort'. <br /> <br /> Que deviendraient les lumières ? Autoriser l'euthanasie active reviendrait à freiner la recherche de solutions devenues inutiles contre les souffrances, ce serait oublier l'espérance et abandonner notre progression vers un meilleur pour l'humanité. <br /> <br /> Nous vivons dans une société de plus en plus démunie, voir incapable d'affronter la frustration. Différencier 'besoin' et 'envie' est de plus en plus difficile pour ce monde qui avance dans le consumérisme et l'immédiateté du progrès. <br /> <br /> Que cache l'euthanasie : un besoin ou une envie de mourir ?
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Merci Philippe de ce commentaire, il est certes beaucoup question de la souffrance physique, la souffrance morale subie par beaucoup dans notre société qui se désacralise et se déshumanise n'est pas prise en compte. Pour ma part, je pense qu'une réflexion plus globale devrait être faite. Les obédiences maçonniques seront sollicitées sur ce problème, espérons que leurs réflexions et leurs apports seront pris en compte, et que nous n'aurons pas un énième débat, ou des cahiers de doléances, ou une grande convention le tout restant soigneusement rangé dans des placards.<br /> Jean-François
C
Mourir dans la dignité,c'est le souhait à l'ultime échéance qu'est inéluctablement la fin de vie , celui de fermer paisiblement les yeux sans les atroces souffrances morales et physiques,que de nombreux mortels subissent ,par la stupidité perverse et mortifère de certains maitres du monde, sans oublier la nature perverse de toutes les maladies, les anomalies physiques, qui frappent tant l'enfance que les adultes.<br /> <br /> Arrivé à un âge avancé, c'est en étant conscient d'avoir échappé à toutes les incertitudes et obstacles qui auraient pu abréger dans la douleur le parcours d'une vie, que les esprits lucides se doivent d'appréhender la mort, avec l'espoir de fermer les yeux dans la sérénité.<br /> <br /> Heureux ceux ,qui ayant dépassé les 94 ans, lui avec sa bien-aimée, bien que tous les deux, perclus par les problèmes mécaniques ,d'une vie qui a été loin d'un fleuve tranquille, sont encore capables d'une vie sentimentale ,intellectuelle,opérative,artistique, il se disent en se réveillant le matin, nous avons encore la chance d'être encore là !!! <br /> <br /> En tant que Franc Maçon, heureux de l'être, ne pas gémir mais espérer.<br /> <br /> A l'ultime initiation, ce sera la découverte ou pas de la survie de l'âme, ce souffle Divin????<br /> <br /> Claudius
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