Un blog d'information, de conversations sur le thème de la Franc Maçonnerie, des textes en rapport avec la Franc Maçonnerie, comptes rendus et conseils de lectures.
ET SI LE CIEL ETAIT VIDE ?
Vous avez choisi, VM, de faire travailler notre atelier sur un thème particulièrement complexe : immanence et transcendance.
Rappelons qu’un principe immanent est un principe dont l'activité n'est pas séparable de ce sur quoi il agit, et qui le constitue de manière interne. L'idée de transcendance se définit quant à elle comme le fait d'avoir une cause extérieure et supérieure qui dépasse l’entendement.
Difficile à la lecture de ces définitions de ne pas penser en premier lieu au principe créateur et au divin. N’est ce d’ailleurs pas ce principe immanent et transcendant qui est évoqué lorsque nous lisons à l’ouverture de nos travaux le prologue de l’Evangile de St Jean ? Ces « enfants de Dieu sont nés ni du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu ».
Mais pour raisonner ce thème en qualité de Maçon, il nous faut nous cantonner dans les règles de la Maçonnerie édictées par nos pères fondateurs.
Ces pères fondateurs ont très soigneusement et très explicitement éludé la question du divin. Ainsi la première des six Obligations des Constitutions d’Anderson stipule : «Un maçon est obligé, en vertu de son Titre, d’obéir à la Loi morale ; et s’il entend bien l’Art , il ne sera jamais un athée stupide, ni un Libertin sans Religion. Dans les anciens Terms, les Maçons étaient obligés dans chaque pays de professer la religion de leur Patrie ou Nation quelle qu’elle fut ; Mais aujourd’hui, laissant à eux-mêmes leurs opinions particulières, on trouve plus à propos de les obliger seulement à la Religion sur laquelle tous les hommes sont d’accord. Elle consiste à être bons, sincères, modestes et gens d’honneur, par quelque Dénomination ou Croyance particulière que l’on puisse être distingué ; d’où il s’ensuit que la Maçonnerie est le Centre de l’Union et le Moyen de concilier une sincère Amitié́ parmi des Personnes qui n’auraient jamais pu sans cela se rendre familières entre elles». (Traduction du FF de la Tierce)
C’est cette conviction qui nous interdit de débattre de sujets religieux en loge. Donc pas de débat sur le divin - que chacun est libre d’interpréter à sa manière - et partant pas d’immanence ou de transcendance. Alors pourquoi donc avez-vous, Vénérable Maître, choisi ce thème de réflexion ?
Espérant ne choquer la sensibilité d’aucun d’entre vous, je vais essayer ce soir de défendre très simplement et rapidement le point de vue suivant :
La maçonnerie est - par sa construction même - un principe immanent et transcendant, et elle n’a par ailleurs aucun besoin d’immanence ou transcendance d’ordre divin pour rajouter à sa légitimité ou à son efficacité dans le monde.
Les trois grandes lumières de la Franc-maçonnerie sont le volume de la Loi Sacrée, l’équerre et le compas. Notons que ces deux derniers instruments, création de l’homme par opposition à la parole de Dieu, sont disposés non pas à côté mais SUR le VLS. Dans un monde maçonnique où tout symbolisme a été minutieusement pensé, la prééminence des uns sur l’autre ne peut pas être incidentale.
Sans trahir de grands secrets maçonniques accessibles à tous sur Internet, l’équerre est la matière, et le compas l’esprit, capable de s’élever vers les hauteurs à l’image du cône que forme le compas en action. D’où leurs positionnements relatifs selon le degré de nos tenues, l’esprit triomphant in-fine de la matière.
L’équerre, le carré, et le compas, le cercle : nous voici avec l’homme de Vitruve, aux proportions parfaites qui l’enferment structurellement au centre d’une géométrie qui ne laisse aucune échappatoire. La position est particulièrement exposée, vulnérable : celle d’un homme écartelé dans ses contraintes et ses contradictions.
Cette représentation très maçonnique pose à elle seule la question de l’humanité – dans les deux sens que peut prendre ce terme, l’humanité de l’homme envers ses semblables ou la collectivité des hommes – la question de l’humanité donc est circonvenue dans ce cercle et ce carré. Comme si le champ de la réflexion, comme le champ de l’action, étaient volontairement bornés, la solution se trouvant nécessairement à l’intérieur de cet espace clos que forment l’équerre et le compas, la matière et l’esprit.
L’équerre et le compas nous renvoient aux principes d’autonomie et de responsabilité. Nous sommes entrés «librement» en Maçonnerie. Nous avons fait ce choix et aucun principe immanent ou supérieur n’a guidé notre décision d’entrer dans le cercle et le carré et de travailler sur nous-même. Nous avons choisi de « naître » et de devenir ces hommes nouveaux. Nous avons appris, par le miroir, que le premier Mal était en nous. Nous avons accepté, par nos serments, d’être ce que sont nos actes, et que nos actes définissent ce que nous sommes aux yeux de nos Frères et du monde.
Certes me direz-vous, mais nous sommes bien loin de l’immanence. Pas si sûr !
En acceptant ce que je viens d’énoncer – c’est à dire en devenant Maçon et a fortiori Maître Maçon - nous nous sommes érigés en architectes de notre propre intériorité, ce que l’on désigne entre nous comme le temple intérieur. Ceux qui ont connu l’élévation se souviennent du rituel.
Puisque nous sommes devenus nos propres créateurs, nous pouvons alors méditer la phrase que Bergson a écrite dans une perspective philosophique totalement étrangère à la Franc-Maçonnerie:
«La joie qu’éprouve le créateur est une joie divine. Si donc, dans tous les domaines, le triomphe de la vie est la création, ne devons-nous pas supposer que la vie humaine a sa raison d’être dans une création qui peut se poursuivre à tout moment chez tous les hommes : la création de soi par soi, l’agrandissement de la personnalité par un effort qui tire beaucoup de peu, quelque chose de rien, et ajoute sans cesse à ce qu’il y avait de richesse dans le monde»
Cette conception de la création de soi par soi recoupe parfaitement la devise de notre Rite « Ordo ab Chao». Faire triompher l’esprit sur la matière, conformément à l’évolution des positions relatives du compas et de l’équerre. C’est – par le travail sur soi - donner du sens à sa propre vie, à son rapport aux autres et contribuer ainsi à l’avènement d’un monde plus fraternel – la construction de l’édifice.
La Maçonnerie répond donc à la définition d’un principe immanent dès lors que son activité n'est pas séparable de ce sur quoi elle agit - l’homme Maçon en l’occurrence - et qui le constitue de manière interne. En guise de clin d’œil, ne dit-on d’ailleurs pas lors de nos cérémonies « Au nom de… et en vertu de… je te constitue… » ?
Reste la question de la transcendance.
On peut certainement la chercher dans cette espérance folle d’une Fraternité Universelle qui nous dépasse tous, dans la construction de ce Temple collectif qui serait rendue possible si chaque homme y apportait sa pierre polie.
La cause est bien extérieure à l’homme, et elle lui est effectivement supérieure. Reste à savoir si elle dépasse l’entendement. La réponse est certainement oui si l’on définit le terme entendement comme la raison. La fraternité universelle est une utopie, une très belle utopie vers laquelle nous tendons et qui nous fait chaque jour reprendre le chemin dès que le soleil pointe à l’Orient.
La Franc-Maçonnerie est donc, dans ses fondements et sa construction même, un principe immanent et qui nous transcende. Notre rituel a d’ailleurs été conçu comme un modèle interactionniste fondé sur le « dire », le « voir », le « faire » et le « ressentir », et il utilise par exemple le principe de triangulation de la prise de parole, de la gestuelle et de la gestion spatio-temporelle pour produire une dialectique visible-invisible, théorie-pratique, transcendance et immanence.
Si nous acceptons cette hypothèse, il s’ensuit que la Maçonnerie n’a pas besoin de divin pour être opératoire et effective dans nos loges comme dans le monde profane. Elle se définit d’ailleurs elle-même comme « la Religion sur laquelle tous les hommes sont d’accord ».
Dès lors il est légitime de s’interroger sur la présence du Volume de la Loi Sacrée comme troisième grande lumière, comme sur le passage de cette Obligation des Constitutions d’Anderson qui stipule que le Maçon, « s’il entend bien l’Art , ne sera jamais un athée stupide, ni un Libertin sans Religion ».
Je soumets à votre sagesse deux arguments hypothétiques, l’un défensif, l’autre offensif :
Gardons d’ailleurs à l’esprit que le VLS peut être, au choix, l’un des livres des trois religions révélées, mais peut également n’être qu’un recueil de pages blanches.
Je terminerai mon propos en suggérant que la Franc-Maçonnerie, cette nouvelle religion créée sur les décombres des guerres de religion, est d’essence anarchiste en cela – et en cela seulement - qu’elle affirme in-fine le principe du « Ni Dieu Ni Maître ». La Franc-Maçonnerie a mis l’homme au centre du monde, en situation de pleine responsabilité dans la construction de son soi comme de l’avènement d’un monde plus fraternel. Elle met l’homme dans la vie et vise à le faire échapper à cette insoutenable légèreté de l’être que décrivait Kundera, celle de l’homme livré à ses passions et à ses pulsions.
Et c’est bien ainsi.
J’ai dit.
Références :
Constitutions d’Anderson (http://www.ledifice.net/3241-D.pdf)
Bergson - Œuvres Complètes – Arvensa Editions p.758
Milan Kundera - L’insoutenable légèreté de l’être
IDÉES : SURRÉALISME et FRANC-MAÇONNERIE
C’est surréaliste ! (Vulgate)
La première idée a germé après la rencontre d’un frère poète, écrivain, spécialiste de l’histoire maçonnique, et ses liens avec le mouvement des « Surréalistes », de surcroit membre de la Grande Loge de France où il a eu des offices importants, il fût Grand Chancelier et Directeur de la Revue de la Grande Loge de France Points de vue initiatiques. Il s’agit de Charles Bernard Jameux, qui a publié chez Dervy Franc-Maçonnerie, temps, mémoire, symboles et L’Art de la mémoire et la formation du symbolisme maçonnique.
Son engagement dans la mouvance d’André Breton, puis à 34 ans son entrée en Franc-Maçonnerie, ne sont pas des hasards. De nombreux francs-maçons ont suivi ce chemin de vie, il suffit de lire l’ouvrage de Patrick Lepetit Le surréalisme parcours souterrain.
La deuxième idée c’est l’évidence des correspondances entre le symbolisme et le Surréalisme maintes fois démontrée, et donc, naturellement la proximité avec la Franc-Maçonnerie et sa méthode initiatique le symbolisme de la construction.
J’ai donc, repris en main, le Manifeste du Surréalisme d’André Breton, pour poursuivre ma réflexion. Le manifeste est pluriel, ce pluriel s’arrête à deux, complété par les prolégomènes d’un troisième.
Il y a pour moi du moins, à l’évidence un lien, une sorte de communication entre les rêves des surréalistes et la méthode maçonnique d’exploration de l’homme intérieur, comme si les mots, voyageaient dans les rêves des surréalistes et venaient ouvrir les portes des symboles universels et maçonniques par leurs résonances.
Après tout peut-on enchaîner les mots, ils sont libres, comme l’air qui leur sert de véhicule, ils passent par le souffle.
André Breton écrivait à propos de son imagination : « Le seul mot Liberté est tout ce qui m’exalte encore… il faut bien reconnaître que la plus grande liberté d’esprit nous est laissée. »
Les surréalistes furent et sont encore considérés parfois comme atteints d’une sorte de folie, eu égard à leur imagination considérée comme débordante, n’est-ce pas le propre de l’imagination ? Ce sont les pseudo-réalistes ou les matérialistes qui tentent de les disqualifier.
En contrepoint l’on peut dire que les fous sont plus surement ceux qui veulent empêcher le vent de la liberté de souffler, c’est comme vouloir enfermer la pensée, et l’imagination sans laquelle par exemple Paul Eluard n’aurait pas écrit Liberté partout, sur les images dorées, sur les merveilles des nuits, sur chaque bouffée d'aurore, sur la mousse des nuages, sur la lampe qui s'allume, et par le pouvoir d'un mot....
André Breton écrit à propos de cette pseudo-folie :
« Il fallut que Colomb partît avec des fous pour découvrir l’Amérique. Et voyez comme cette folie à pris corps, et duré. »
On ne peut pas s’opposer à la liberté, à la recherche de la Vérité, les francs-maçons l’on comprit, ils ne s’imposent aucune limite, aucune borne à l’éveil et l’essor de leur esprit.
L’imagination amplifie les forces de l’esprit, la vie de l’imagination, la vraie vie, celle qui crée la joie.
La modernité et son cortège de nouvelles technologies, ne sauraient être des parangons de liberté et de vérité, satisfaire ses plaisirs, n’est pas réaliser ses désirs, son désir de la vie bonne. Les meilleures applications de nos smartphones ne peuvent remplacer l’imagination d’un enfant et son sourire.
« Sous couvert sous prétexte de progrès on est parvenu à bannir de l’esprit tout ce qui se peut taxer à tort ou à raison de superstition, de chimère ; à proscrire tout mode de recherche de la Vérité qui n’est pas conforme à l’usage. »
La ‘lutte’ des surréalistes et des Francs-Maçons est de ne plus tenir compte des réalités sommaires, des prêts à mâcher, des apparences, mais de faire appel à leur imagination, pour investir les contrées les plus lointaines de l’esprit, les terres spirituelles oubliées, ou celles qui ont été mis en jachères sous prétexte de non modernité, retrouver les sources grâce aux lumières du passé qui ont laissées des traces dans la profondeur de notre inconscient et faire le lien avec l’inconscient collectif. Un paradigme qui fait appel à l’art en général, à la poésie en particulier en ce qui concerne les surréalistes.
Redécouvrir en soi les forces de l’esprit par la grâce des rêves.
C’est surréaliste ! s’exclameront les profanes, qui ont délaissés les terres sacrées et divines.
A l’exemple célèbre de l’ami et poète d’André Breton, Saint-Pol Roux qui avait écrit sur la porte de son manoir de Camaret sur Mer, alors qu’il dormait : « Le poète travaille ». Il rêvait, mais aussi il travaillait. Il a reçu chez lui outre André Breton, Pierre Mac- Orlan, Max Jacob, Victor Segalen. Avec son alias teinté d’orgueil ‘Le Magnifique’, il avait aussi écrit : « J’ai découvert ici la beauté du monde. » Cela valait bien un rêve !
L’on peut rapprocher le Surréalisme et la Franc-Maçonnerie plus que par la simple méthode des analogies, par une métaphore ou une métonymie, le Surréalisme étant l’héritier du symbolisme. Dans les Nuits d’Young le poète Saint-Pol Roux est qualifié de 'Surréaliste dans le symbole', André Breton qui n’imposait aucune limite au Surréalisme, trouvant les particularismes réducteurs.
« Les manufactures anatomiques et les habitations à bon marché détruiront les villes les plus hautes. » (Philippe Soupault)
Ainsi dans la Franc-Maçonnerie s’entremêlent les légendes, les rêves, les Apocalypses qui enrichissent notre recherche spirituelle, lui donne de l’infini. Je pense bien sûr, à Moïse, au Roi Salomon, au prophète Jésus, aux visions d’Ezéchiel et de Jean de Patmos.
Je termine cette brève réflexion par la définition du Surréalisme par André Breton, définition en forme de paradoxe, puisque la jugeait comme finale.
« Surréalisme : Automatisme psychique pur par lequel on se propose d’exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée, en l’absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute esthétique ou morale. »
Le Surréalisme repose sur la croyance à la réalité supérieure de certaines formes d’associations négligées jusqu’à lui, à la toute-puissance du rêve, au jeu désintéressé de la pensée. Il tend à ruiner définitivement tous les autres mécanismes psychiques et à se substituer à eux dans la résolution des principaux problèmes de la vie. » (Extrait de Manifestes du Surréalisme André Breton – Folio Essais)
Le Surréalisme rend le monde plus lumineux ou au moins le rend moins opaque, il fait jaillir des traits de lumière, il permet des associations, des correspondances infinies, il réduit la distance entre ce qui est en haut et ce qui est en bas, en toute humilité. Comme le souligne André Breton, René Guénon l'exprime, dans Les États multiples de l’être.
Il est absurde de croire « que l’état humain occupe un rang privilégié dans l’ensemble de l’Existence universelle, ou qu’il soit métaphysiquement distingué par rapport aux autres états, par la possession d’une prérogative quelconque. En réalité, cet état humain n’est qu’un état de manifestation comme tous les autres, et parmi une infinité d’autres ; il se situe, dans la hiérarchie des degrés de l’Existence, à la place qui lui est assignée par sa nature même, c’est-à-dire par le caractère limitatif des conditions qui le définissent, et cette place ne lui confère ni supériorité, ni infériorité absolue. »
Tout cela relève après tout d’un constat simple, que nous sommes à notre place, dans une position intermédiaire bien connue entre terre et ciel, « les pieds sur terre, la tête dans les étoiles », cette tête pleine de rêves, dont le plus beau d’entre eux reste la réalisation d’un monde uni dans une fraternité universelle, un empire à conquérir. Une folie Surréaliste vouloir réunir tout ce qui est épars.
Jean-François Guerry.
Bibliographie : Manifestes du Surréalisme André Breton.
Le Surréalisme parcours souterrain Patrick Lepetit
Au nom de la Liberté Poèmes de la Résistance.
Pour aller plus loin : Faire des recherches sur la Loge Thebah, le Martinisme, Isidore Ducasse Comte de Lautréamont, lire les travaux de Jacqueline Chenieux, (CNRS) spécialiste internationale du Surréalisme.
Note : André Breton fût proche de Pierre Mabile, Roger Van Ecke, Jean Palou, Robert Amadou.
C'est une étude des liens entre le mouvement surréaliste et la franc-maçonnerie. Un essai (140 pages) est suivi d'un choix de textes des différents protagonistes (180 pages). L'ouvrage, abondamment illustré, s'adresse principalement aux membres du mouvement surréaliste, aux historiens de l'art, aux spécialistes des sociétés secrètes et aux franc-maçons qui souhaitent approfondir l'ésotérisme de leur tradition sous un angle nouveau.
KABBALE et FRANC-MAÇONNERIE- Part-V- « Dieu » de Marc Halévy.
« La gravité explique les mouvements des planètes, mais elle ne peut expliquer qui a mis les planètes en mouvement. C’est Dieu qui régit toutes les choses et qui sait tout ce qui existe et peut exister. » Isaac Newton.
Le cinquième chapitre du livre de Marc Halévy aborde la question de Dieu, indirectement de la croyance, sans parler précisément de « l’avantage » que l’on peut en retirer, est-ce une contrainte, une peur, un aveuglement, une soumission, une espérance ? Cette croyance a-t-elle un sens ? Peut-elle donner du sens à notre vie, une direction, un plan ?
Pari de Pascal est-il une œuvre de prosélytisme ? Vouloir convaincre absolument les autres est une gageure, on croit ou l’on ne croit pas, comment vient la croyance, dans l’épreuve comme un recours, à la fin de sa vie quand nous n’avons plus rien à perdre ?
Est-ce raisonnable d’associer le verbe croire au verbe parier ? Le pari de Pascal fonctionne, sauf si l’on refuse de parier. Dans le pari de Pascal, nous sommes toujours gagnants puisque nous ne perdons rien, même si l’on perd !
En définitive ce pari ne sert qu’a ébranler notre conscience, provoquer un malaise, cette forme de récompense pour n’avoir rien fait, est une ruse, une philautie pour nous faire croire. Est-ce suffisant et convaincant j’en doute ! Pouvons-nous jouer le sens de notre vie aux dés ?
Il n’y a que la foi qui sauve paraît-il, pas besoin de parier donc, ce pari pascalien frôle le chantage.
Beaucoup de philosophes se sont posés la question de Dieu, des dieux, croyance et raison semblent s’opposer, toutes les exégèses philosophiques semblent incapables de convaincre celui qui ne veut pas croire, pas plus que de faire renoncer un croyant à sa croyance.
L’idée même de Dieu dépasse notre raison. Refusant les dogmes religieux, les Francs-Maçons ont en quelque sorte élever l’idée de Dieu en un principe Divin, qu’ils nomment Grand Architecte de l’Univers. Nouvelle philautie diront certains puisque certains d’entre eux sans ambages affirment doctement : Que le Grand Architecte de l’Univers est Dieu. Pourquoi dès lors utiliser un mot substitué ?
D’autres verront dans le Grand Architecte de l’Univers la déesse Raison, une sorte de demi-dieu, d’autres encore croient à l’homo deus.
Dieu ne serait-il qu’un symbole suprême, un symbole universel présent dans toutes les traditions.
Le Dieu des Francs-Maçons, le Grand Architecte de l’Univers est présent dans le centre du Triangle c’est l’œil Divin. Il est aussi présent chez les Kabbalistes au centre du Tétragramme (YHWH).
Le Franc-Maçon qui progresse dans sa vie de régénération, en régénération successives, s’habitue par les morts symboliques à sa mort future, il apprend à vivre et à mourir. Il vit de mieux en mieux sa vie, et se prépare sans angoisse à la mort qu’il savait inéluctable. Pourquoi serait-il angoissé ? Puisqu’il affirme que rien ne meurt tout se transforme.
Ses métamorphoses intérieures permanentes, lui donne de plus en plus une élévation spirituelle, la chair quitte peu à peu les os, ce n’est qu’une étape puisqu’il réapparait à chaque fois plus radieux que jamais.
La spirale de sa vie ascendante se déroule peu à peu, dans un ordre cosmique, ça y est, le « mot » est donné l’Ordre.
Comme le dit Marc Halévy, le principe du Grand Architecte de l’Univers introduit le principe d’Ordre après le chaos, la Lumière après les ténèbres, il allume le feu de la vie, la chaleur, la Lumière régénérative, celle du Phénix.
Marc Halévy oppose avec son regard de physicien l’idée de l’ordre à celle du hasard. L’Ordre est le principe de vie, à la fois mystique, initiatique, le principe du sens de la vie de l’existence, principe existentiel.
Ordre est présent dans la Franc-Maçonnerie, comme dans la Kabbale, c’est la voie droite, celle du fil à plomb :
« Si je t’oublie Jérusalem que ma main droite se dessèche ! Que ma langue s’attache à mon palais, si je ne me souviens de toi, si je ne fais de Jérusalem le principal sujet de ma joie ! (Amos Psaume 137)
Il nous faut donc choisir la voie droite (qui peut être serpentaire), la Voie Royale celle de l’ascension de l’âme, vers la conquête de son être intérieur, la voie vers la révélation de la Jérusalem céleste. Suivre l’eau pure qui descend des montagnes dans les vallées. Dans ces sept Vallées décrites par Farid Al Din Attar dans le Cantique des Oiseaux. Parcourir ces Vallées pour donner un sens à sa vie, trouver la porte qui est à l’intérieur.
Marc Halévy souligne « le rapport étroit entre Ordre et sens, on comprend aisément : il y a de l’Ordre dans un ensemble si les relations entre les éléments ont un sens, font sens, répondent à un principe organisationnel. »
Il pose aussi la question sur la qualité et le sens de l’Ordre : « Est-il analytique ou est-il holistique ? » Est-ce un assemblage désordonné ou un ensemble cohérent, interdépendant ? Les unités mêmes que nous sommes forment t’elles un tout ou sont t’elles isolées.
Cela m’inspire une réflexion sur la géométrie fractale ou des unités qui semblaient différentes, s’assemblent, se rejoignent dans une forme d’Ordre, d’Origine identique.La possibilité d’avoir un nombre infini de niveaux à l’intérieur d’une structure finie. Tout ce qui est fini et fractal peut contenir à lui seul l’infini.
Nous avons déjà dit que pour Marc Halévy le Grand Architecte des Francs-Maçons n’est pas un Dieu personnel, immuable et éternel. « Il est un Grand Architecte en construction. »
Pour lui encore « L’homme ne prend sens et valeur qu’au service d’une œuvre qui le dépasse. »
Une manière de mieux aborder le rituel maçonnique, de lae comprendre Qu’en lui est la Force (B), Qu’il établit en lui (J) il construit une demeure, un Temple, avec Sagesse et en Beauté. L’Art Royal serait l’Art du Beau ?
Marc Halévy conclut la partie sur Dieu et les francs-maçons ainsi :
« Qu’est-ce que ce Beau aux yeux de Dieu ? Cette question abyssale me semble devoir clore cette causerie en laissant les portes ouvertes. »
La deuxième partie de son chapitre Dieu le Regard Kabbalistique.
C’est dans les lettres du tétragramme sacré Yod, Hé, Waw, Hé que l’auteur cherche les réponses.
Il nous guide dans les pas de Moïse et de la révélation ontologique qui lui est faite dans le désert.
« Je deviendrai ce que je deviendrai »
« On constate donc que le tétragramme contient quatre lettres, toute une ontologie et toute une cosmologie. »
« Une impermanence du réel »
« Une cosmologie basée sur la Force, la substance et la loi. »
Vous n’avez pas encore lu Kabbale et Franc-Maçonnerie ?
Jean-François Guerry.
À SUIVRE : « Le Chemin »
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Dans les traditions les plus lointaines, la femme est essentiellement perçue comme un réceptacle, un abri nourricier. Son corps est figuré par des lacs, grottes, des océans, des rivières, des vases, des coupes ou toute autre chose évoquant une matrice. Dans le domaine de l’art, le principe féminin est figuré par une Déesse, une Reine ou la Lune ou la Terre. Pour les alchimistes, la fusi
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DICTIONNAIRE ABRÉGÉ DES PENSÉES INCORRECTES
Ou les aphorismes illégaux
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Exemples : Hôtesse d'accueil, banquier au guichet, député... (voir Députés LREM)
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« En même temps »
Doctrine politique contemporaine qui consiste, entre une solution intelligente ou stupide, à choisir dogmatiquement la médiane, pour complaire à tout le monde, sans satisfaire personne.
Féminisation du dictionnaire
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Véran ( Le )
Nom commun synonyme de virus technocratique.
NOTE DE L'ÉDITEUR
C'est au nom de la liberté d'expression que nous éditons cet ouvrage dont pourtant la lecture nous a saisi d'effroi par sa « mal-pensance » assumée et son insupportable cynisme. Aussi sommes-nous contraints de décliner toute responsabilité quant aux propos malsains tenus par les auteurs de ce livre odieux.
CONTRE-LETTRE.FR | ÉDITEUR À PARIS
En ces temps difficiles où l'intérêt individuel, matiné de couardise et d'inculture, détruit lentement notre organisation sociale laborieusement construite depuis des millénaires et fondée sur le principe que le développement et la préservation du groupe contribue à celui de chacun de ses membres et que ce dernier n'a de raison d'être que dans l'élévation intellectuelle et le travail de tous, le Dictionnaire abrégé des pensées incorrectes est une bouffée d'oxygène salvatrice.
Au delà du plaisir que ce petit fascicule m'a apporté, me provoquant parfois de joyeux fou-rires, les questions qu'il pose dans ses définitions sont fondamentales actuellement.
Dans un style parfait me rappelant un irrévérencieux appelé Pierre Desproges, il vous permet également de prendre du recul par rapport au discours ambiant servi par de médiocres politiques sans visions, relayés par des médias serviles et des experts proclamés au profit d'une population paresseuse et trouillarde.
Au delà de son humour ce petit dictionnaire pose également en toile de fond la question de la réalité et du rôle de la FM dans ces temps incertains!
Bref lisez le au plus vite!
Sinon, en ce qui me concerne, dans ma campagne profonde, ces temps de confinement ou de couvre-feu ( cela existe même en temps de paix?) ne diffèrent pas beaucoup de la vie ou l'absence de vie qui la caractérise et, ma progéniture parfois presque encore criarde qui demande au quotidien, attention et réponses à notre actuelle société débile plus mes occupations personnelles ou professionnelles ne me laissent peu de temps. Bref, tout va bien. J'espère qu'il en est de même pour chacun de vous.
Je n’ai nullement l’intention de faire une recension du Livre de Michel Onfray, j’en suis incapable, mais les premières lignes que j’ai parcouru m’on incité à une réflexion en conservant la distance nécessaire. Je ne suis pas clairement convaincu par toutes les thèses et les pensées du philosophe, mais il convoque dans notre monde formaté, notre jugement.
Michel Onfray ne s’abreuve pas à l’eau tiède du en même temps permanent, cela provoque parfois des outrances, le plus souvent des lucidités sur notre société, ceux qui la dirige ou font comme si, et surtout sur nous-mêmes, sur ce que nous sommes capables comme l’on dirait vulgairement d’avaler sans rien dire ; comme au temps passé de l’obscurantisme qui semble revenir dans notre société.
Alors on aime, ou, l’on n’aime pas, mais il faut peut-être écouter des voix différentes et de temps en temps à défaut de les entendre totalement, en retenir quelques sons.
Le créateur de l’Université libre, vient de sortir un nouveau livre La nef des fous sous-titre des nouvelles du bas empire. Promotion oblige et aussi bon client il fait son tour des médias. Son analyse sur la société actuelle est le moins que l’on puisse dire pas très optimiste, pourtant dans ce livre qui prend la forme d’une éphéméride, il décrit la décadence de notre société. Il explique cette décadence par la fin de l’Universalisme, et la tyrannie des minorités.
Il prend pour exemple le discours de Aïssa Maîga dénonçant la sous-représentation des minorités ethniques dans le cinéma français, lors de la cérémonie des césars 2020. Il dénonce lui ce discours : « moi je n’ai jamais affaire à des femmes, des blancs, des musulmans, des juifs…. J’ai affaire à des êtres humains…. C’est la fin de l’universalisme, on ne peut pas faire une communauté si chacun revendique sa subjectivité, on n’arrive pas à faire République. »
Michel Onfray déplore « le catéchisme progressiste obligatoire » sur tout « identité, changement climatique…sous peine d’être assimilé à ‘un fasciste’, ainsi l’on peut se faire insulter sans débat. »
Dans un trait il lance ce que certains considéreront comme une diatribe, d’autres comme un éclair de lucidité : « la dictature de l’émotion, c’est le refus de la raison. »
Votre prof de philo dirait ou aurait dit qu’en pensez-vous ? Vous avez trois heures. Vous qui avez l’âge de raison 7 ans voir plus qu’en pensez-vous vraiment ? J’attends vos commentaires.
Jean-François Guerry.
Un journal du Bas-Empire de notre civilisation qui s'effondre.
Sous la forme d'une éphéméride, et ce sur presque tous les jours de cette année 2020, je consigne chaque délire dont notre temps est capable.
Dans ce journal se croisent une petite fille de huit ans qui veut changer de sexe depuis l'âge de quatre ans ; des égorgeurs présentés comme de pauvres victimes d'elles-mêmes ; une jeune fille qui ne va plus à l'école et prophétise la catastrophe climatologique dont le clergé de son pays nous dit qu'elle est le Christ ; des femmes qui vendent des enfants pendant que d'autres les achètent ; l'Église catholique qui court après les modes du politiquement correct ; le journal Libération qui se dit progressiste en célébrant la coprophagie et la zoophilie ; des végans qui militent contre les chiens d'aveugles ; une anthropologue qui trouve qu'il y a trop de dinosaures mâles et pas assez de femelles dans les musées ; des pédophiles qui achètent des viols d'enfants en direct sur le Net ; un Tour de France qui commence au Danemark et un Paris-Dakar ayant lieu en Amérique du Sud ; un parfum élaboré par une femme à partir des odeurs de son sexe ; un chef de l'État qui, entre autres sorties, se félicite que ses ministres soient des amateurs ; Le Monde qui estime courageuse une mise en scène théâtrale qui présente Lucien de Rubempré en femme ; le pape et Tariq Ramadan pour qui le coronavirus est une punition divine – et autres joyeusetés du même genre... Entre rire voltairien et rire jaune, cette Nef des fous est un genre de journal du Bas-Empire de notre civilisation qui s'effondre.
M. O.
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lun. 8 mars 21:20 (il y a 10 heures)
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RECENSION : KABBALE et FRANC-MAÇONNERIE de Marc HALÉVY – Part -IV- « TEMPLE »
Dans cette quatrième partie, dans les pas de Marc Halévy, nous entrons dans le Temple, le schéma est le même une réflexion personnelle inspirée par la lecture de différents ouvrages, des rituels maçonniques et de la pratique. Puis quelques extraits commentés du chapitre « Temple » du livre de Marc Halévy.
Le Temple est le symbole sur terre du ciel, c’est le lieu de la rencontre avec l’esprit. Saint-Paul à dit : « Le corps de l’homme est le temple de l’esprit. » Dans le temple se manifeste l’unité, les hommes se retrouvent, c’est un lieu de réunion, de la réunion de ce qui est épars. Lieu de l’harmonie, de l’ordre qui succède au chaos, c’est le lieu où se manifeste la fraternité universelle, la fraternité humaine. Un lieu magique et mystérieux propice à l’élévation spirituelle.
Ce n’est donc pas par hasard, que les francs-maçons, ont choisi comme maïeutique initiatique, le symbolisme de la construction du Temple de Salomon. Les outils symboliques sont autant de leviers figurant les vertus indispensables à la construction de l’homme qui désire à la fois la vie bonne, la justice et le règne de la fraternité humaine.
En construisant le Temple de pierre, l’homme se construit lui-même, les énergies et la force qui sont en lui, vont lui ouvrir la porte du temple de l’esprit. Descendu dans sa crypte intérieure, il cherche la lumière enfouie au plus profond de son être, sa remontée pour recevoir la lumière est comparable à son ascension le long du fil à plomb qui monte jusqu’à la voûte étoilée. C’est sans doute ce qui inspire la construction des flèches des cathédrales, où la dentelle des pierres laisse passer la lumière.
La beauté du temple devient alors le reflet d’un ordre harmonieux.
« Ce monde est beau ! Sa beauté est le pressentiment du ciel. » a dit Odon le fondateur de Cluny.
L’harmonie du Temple est l’harmonie du monde à ce titre la Genèse est significative : « Quand Dieu créa le monde, il le regarda et l’ayant regardé, il le jugea parfait. » Comment ne pas faire l’analogie avec les paroles du Roi Salomon admirant le Temple achevé construit par l’architecte Hiram qui s’exclama : « Tout est juste et parfait. »
Le franc-maçon qui au terme du cycle de ses degrés de perfectionnement après être descendu dans la Voûte Sacrée, ayant approché l’ineffable, remonte et contemple le Temple en ruine, s’exclame alors « J’ai encore à me perfectionner ».
Il prend conscience que le Temple est en lui, c’est le lieu de la rencontre entre le microcosme et le macrocosme, entre l’infiniment petit et l’infiniment grand, entre le matériel et le spirituel, entre le corps et l’âme. Cette âme, cette belle âme si subtile à la pointe de l’esprit. Cette âme qui anime le corps de l’homme certains l’appelleront conscience, peu importe c’est le mouvement de l’âme qui compte. Son éveil, son essor, l’élan, le commencement du chemin, le bon mouvement de l’âme, fait les belles âmes.
L’on revient à la connaissance de soi, comme l’écrit Marie-Madeleine Davy « La connaissance de soi est donc par excellence la science de l’homme par rapport à l’univers et à Dieu. » L’on retrouve ici l’oracle écrit sur le fronton du Temple à Delphes, un Temple où n’entre que les géomètres.
« Cette connaissance de soi, introduit l’homme dans le cosmos, où il apprend le secret de la création. Et ce secret est une révélation de l’unité et de la beauté du monde. »
C’est cet ordre du monde, cette beauté du monde que nous montre le temple et ses symboles. Les bijoux, les trésors de la loge maçonnique sont à la fois mobiles portés par les trois premiers officiers, qui forment le premier triangle créateur, on les retrouve sur le tableau de loge. L’homme est comme le temple ; le temple est comme l’homme.
Marc Halévy écrit Que le Dieu du Sinaï prescrivit la théophanie ainsi à Moïse.
Un Temple-Tabernacle construit sur un ternaire : le parvis (pour les apprentis et les douze tribus), le Saint (pour les compagnons et le lévites), et le Saint des Saints (pour les Maîtres et le Cohen).
L’homme qui ne s’est pas construit, l’homme charnel est bien différent de l’homme spirituel. L’homme charnel est décrit dans l’Ecclésiaste (IV-10) comme le Vae Soli, l’homme seul abandonné, incapable de communier c’est le malheur de l’homme, égoïste et vaniteux.
Dans le temple nous sommes rassemblés en fraternité. L’initiation maçonnique à besoin du collectif, les sœurs et les frères éprouvent bien en ce moment la souffrance qu’il y a, à ne pas se rencontrer, par la faute de cette pandémie qui nous éloignent de nos temples.
Vae Soli ! Malheur à l’homme seul sont donc les paroles de l’Ecclésiaste.
« Tel homme est seul, sans personne, ni fils, ni frère ; cependant il n’y a pas de fin à tout son travail et ses yeux ne sont jamais rassasiés de richesse…. Pour qui donc est-ce que je travaille et prive mon âme de jouissances ? Cela aussi est vanité et occupation fâcheuse.
Deux valent mieux qu’un ; car ils en retireront bon profit de leur labeur. S’ils tombent, l’un peut relever son compagnon ; mais malheur à celui qui est seul ; s’il tombe, il n’a pas de second pour le relever.
De même si deux sont couchés ensemble, ils ont chaud ; mais celui qui est seul, comment aurait-il chaud ?
Et si un assaillant l’emporte sur un seul, deux lui tiendront tête. Le cordon triple ne se rompt pas de sitôt. »
La construction du Temple est à la fois une véritable cosmogonie et une théogonie. Dans le Temple maçonnique se retrouvent des hommes qui cherchent derrière les symboles les idées. Ils décryptent peu à peu le langage des oiseaux, en suivant la huppe du Roi Salomon. Ils font du commun, ensemble ils recherchent l’unité, rien ne peut les séparer, ils sont là pour communier. Avant de clore leurs travaux momentanément ils joignent leurs mains pour former une chaîne fraternelle où leurs esprits s’unissent, la chaîne ne se rompt pas, elle se quitte un instant pour se reformer. Quand un maillon vient à manquer, il est remplacé par un autre, l’âme de celui qui est parti est toujours présente dans les esprits de ceux qui sont restés, elle fait trace, elle est capable d’insuffler sa force à cette chaîne universelle.
Le livre ouvert au prologue de Jean, nous rappelle que le Verbe est lumière, que la lumière est venue des ténèbres, quelle est commencement. Cette lumière est venue donner la vie de l’esprit à la chair, car la chair ne saurait se suffire à elle-même elle aspire, à accéder à l’esprit. C’est cette tension vers le sacré, vers le Divin qui conduit l’homme à frapper à la porte du temple, il a entendu les paroles « frappez et l’on vous ouvrira, …. »
C’est par amour des hommes que le Verbe s’est fait chair, « le Verbe s’est fait chair afin d’amener les hommes à la vie de l’esprit. »
Pénétrer dans un Temple provoque toujours un choc émotionnel, l’on cherche immédiatement la lumière, le regard se porte vers la voûte, c’est le commencement d’une ascension spirituelle, quel que soit ce Temple il relie à l’esprit. Nous passons du profane au sacré, entre les colonnes, puis l’on entreprend cette marche vers la lumière pâle de la Lune, puis vers le Soleil à son zénith, puis l’on fait le tour du cercle pour se placer au centre, face la Lumière Véritable éternelle qui brûle et brille à l’Orient.
Depuis la nuit des temps, l’homme, a vu l’image du Temple en lui, cela lui a inspiré des constructions phénoménales, la terre du Nil en témoigne. L’architecture du Temple de Louxor sur les bords du fleuve sacré est emblématique, l’art de la construction est l’Art Royal, Louxor est face à la Vallée des Rois !
Au-delà des pierres monumentales, l’assemblage des pierres, est une philosophie de la mesure, de l’harmonie entre la matière et l’esprit. Prendre la mesure de son soi, se connaître s’est ouvrir la porte de l’univers et des Dieux.
Tracer un plan, sur la planche à tracer, ou dans le creux de sa main, c’est être le Maître Architecte de sa vie, s’harmoniser avec la nature, en force, sagesse et beauté.
L’homme qui vient de l’humus est nourri par les limons du fleuve, qui descend de la montagne, fleuve qui se jette dans l’océan, dans chaque vague, dans l’écume lumineuse même il y a une partie de l’esprit de l’homme, purifié par les éléments.
Quand l’homme prend conscience que le temple est lui grâce à la Connaissance, il ne poursuit plus les chimères artificielles des temples matériels, il voit la Lumière du réel, alors il commence la construction de son être véritable, le chef d’œuvre de sa vie, il s’est délesté des pelures de l’apparence.
C’est le message du prophète Ézéchiel aux hébreux exilés à Babylone après avoir été dans l’erreur. Ézéchiel dans sa vision reçoit l’ordre de tracer le plan du nouveau Temple de Jérusalem, sous les yeux décillés des hébreux. Il précède ainsi la vision de Jean de Patmos et son apocalypse.
Le Temple a des diagrammes symboliques, des représentations symboliques sommaires, mais parfaitement ordonnancées, les unes par rapport aux autres. D’où le soin particulier qu’apportent les francs-maçons à l’ordonnancement du Temple et sa représentation sur le tableau de loge, le mandala tracé sur le pavé mosaïque. On ne trace pas n’importe comment un tableau de loge, il y a un rite de construction, une progression semblable au chemin de l’initié dans le Temple de l’esprit ; le tableau de loge se dévoile peu à peu comme se dévoile le temple de l’homme en l’homme.
La polysémie du mot Temple, est une ouverture de ses portes mystérieuses, derrière le temple de pierre, il y a des Temples de l’esprit, la nature même est un temple avec ses forêts de symboles comme le disait Baudelaire dans ses correspondances, l’homme se promène au milieu de ces symboles.
J’arrive à la deuxième partie le Temple selon Marc Halévy-
Regard Maçonnique :
« La Franc-Maçonnerie est une mystique de la construction du Temple. »
Posture métaphysique moniste.
« Ici, nous partons du postulat que le Réel, le Tout, l’Un, l’Univers, le Divin sont autant de synonymes. »
Marc Halévy aborda trois principes que je vous laisse découvrir à la lecture de son livre :
« Le Principe d’Intentionnalité, le Principe de Constructivité, le Principe de Cohérence. »
Je m’arrête sur ses définitions du Principe de Cohérence :
« S’accomplir c’est faire croître sa cohérence personnelle dans toutes les dimensions de son devenir. »
« L’ennemi de la cohérence c’est le chaos. »
« Cette cohérence du Réel implique l’interdépendance de tout avec tout : c’est la fraternité universelle. »
Il aborde maintenant Le Regard Kabbalistique sur le Temple.
Du Tabernacle de Moïse
« …. Il est la Tente de la Rencontre, un lieu sacré de Théophanie. Là, le divin et l’humain se rejoignent, se touchent et dialoguent. »
« Le Tabernacle, … lieu mystique par excellence, lieu de contact et d’union. »
« Passer du profane au sacré, c’est passer de l’apparence au réel. »
« …., il y a des animaux métaphysiques qui ont entendu une voix, un murmure, leur susurrer que l’apparence n’est pas le réel et que le réel est accessible en passant de l’autre côté. »
Le Chapitre sur le TEMPLE se termine par un paragraphe :
Entre et Terre et Ciel.
Belle image du Temple et de l’Homme.
Encore une fois je vous invite à la lecture de livre, que je dirais essentiel, au sens de l’essence.
Jean-François Guerry.
À suivre : Recension Part -V- Kabbale et franc-Maçonnerie – DIEU - CHEMIN-
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