Ce jour à 12h dans le Centre Historique et touristique de Rennes.La pratique illustrée des "bonnes moeurs" suivant l'ancien slogan de la Ville Vivre en Intelligence, remplacer par le médiatique Vivre ensemble, en attendant peut être le survivre ensemble !
DE BONNES MŒURS –II-
Cet article, pour prolonger la réflexion sur l’indispensable sésame pour frapper à la porte du Temple, c’est la première clé qui n’est pas encore d’ivoire, ni d’or mais de Pierre Brute.
Le 02/12/15 j’écrivais quelques lignes sur le sujet elles suscitées des commentaires intéressants, d’ou l’envie d’aller plus loin.
Mais pour aller plus loin, il faut d’abord s’abreuver aux sources ou à la source ?
Le Littré mon dictionnaire de référence, défini ainsi les Mœurs du pluriel Latin Mores, de Mos, Mouïs, désignant une manière de se comporter, une façon d’agir tant physique que morale ; cela étant déterminé par l’usage, les coutumes et non pas par la loi.
Ce n’est donc pas du domaine de la politique, d’un code social, mais de la morale, de la générosité donc de l’intime.
Les mœurs peuvent d’ailleurs s’opposer à la loi, de telles pratiques ont eu lieu au cours de l’histoire, que penser la traite des hommes, ou encore de nos jours de la prostitution. Les mœurs se caractérisent donc par un ensemble de comportements. A noter que le terme « Bonnes Mœurs » n’apparaîtra que vers 1718. Si les mœurs procèdent d’un seul examen, attention je vais être provocateur, y a t’il une police des mœurs en Franc-Maçonnerie ? Qui a ses consignes, ses règles, ses membres qui seraient les parrains, les enquêteurs désignés par le chef. Combien de fois avons-nous été confrontés au dilemme du jugement sur autrui, et quel droit avons-nous de porter un jugement, ou de délivre un brevet de bonnes mœurs, après un examen. Comment être sûr, que le candidat ne dissimule pas sa véritable nature ? Comment trier le bon du méchant, certains candidats sont d’habiles fraudeurs, ils pratiquent avec dextérité l’hypocrisie et la prudence pour apparaître vertueux à nos yeux et surtout toucher notre cœur. Ainsi La Rochefoucauld qui pense que « La Vertu ne serait qu’un vice déguisé.» Si l’on suit ce raisonnement, le but de la Franc-Maçonnerie étant de fuir le vice et pratiquer la Vertu, ne serait qu’une illusion de la morale, il y aurait si j’ose dire tromperie sur la marchandise.
La Loge s’en remet au parrain, lui accorde sa confiance. L’enquêteur lui n’est armé que d’un questionnaire, une sorte de quiz, au terme duquel il devra porter un jugement de valeur, le candidat a t’il bien répondu ? Pour ma part je pense que la jauge de l’enquêteur doit aller au plus profond du cœur du candidat et ensuite en son âme et conscience, suivant intime conviction il aura a donner un avis, qui sera l’avis de l’enquêteur et de lui seul, cet avis devant se confronter aux avis de ses Frères.
L’enquêteur devra lui-même avoir atteint, un certain degré de conscience, un respect de lui-même concrétiser par la formule « reconnu comme tel » Après avoir travailler sur son soi, par une introspection approfondie, une rectification constante par l’équerre et une altérité aigue. Comme le dit Spinoza : « Le bonheur est dans l’estime de soi » passage indispensable pour aimer autrui.
Les bonnes mœurs valent d’abord pour soi, ensuite elles se répercuteront sur la société. C’est le choix, l’application de notre libre arbitre d’être un honnête homme et pas un salaud.
Plus j’avance dans ma réflexion, plus je pense, que ce qui nous mets mal à l’aise dans notre définition des bonnes mœurs, c’est une sorte de métonymie entre Éthique et Morale, entre le contenu, la morale et le contenant, l’Éthique. C’est pourtant par cette didactique, cette étude de la question sur la morale que se trouve une explication, et peut être la solution et le pourquoi il est important d’en faire un sésame pour le postulant aux mystères.
L’étude des Rituels Maçonniques, courroies de la transmissioncontiennent des invariants, un de ceux-ci est le principe d’alliance. Alliance avec la vertu acte individuel du Maçon, qui interroge sans cesse sa conscience et se détermine à chaque instant de sa vie, à la fois dans l’espace sacré du temple, mais aussi et surtout dans la vie profane.
Par serment, il devra s’engager vis à vis de ses Frères c’est la partie apparente de son engagement, mais surtout envers lui même, c’est déterminant pour sa vie future. C’est ce qui fera vivre son initiation, cette alliance avec la vertu, le mènera de la circonférence au centre, réceptacle des forces d’en haut et de celles d’en bas. Cette attraction, dictée par la voix de sa conscience, s’il fait en sorte de la suivre en toutes circonstances, alors il sera de bonnes mœurs.
Cette Alliance avec la vertu, est incontournable pour accéder à la liberté et au bonheur de la vie spirituelle, être là ou trône le bien.
Attention le moralisme ici n’a pas sa place, puisqu’il s’agit de soi et non pas d’un quelconque jugement sur autrui.
Ces réflexions sont une manière de mettre son esprit en action, d’apprendre à penser par soi même, avec l’aide de ceux qui nous ont précédés sur cette voie, je pense aux Philosophes en particulier aux antiques. Et je refuse la formule toute faite et cent servie « Attention mon Frère, la Franc-Maçonnerie, ce n’est pas de la philosophie ». Certes la Franc-Maçonnerie ce n’est pas que de la philosophie surtout au sens de la philosophie contemporaine. Mais personnellement je pense qu’il y a convergence, quand la philosophie dépasse le cadre de la Théoria, pour être à la fois Théoria et Praxis à l’instar de la Théoria reçue en Loge et de la Praxis restituée dans la Cité. Si la philosophie c’est apprendre à penser, à vivre, à mourir, si c’est aussi un chemin de sagesse, une recherche du bonheur intérieur, une élévation spirituelle, une recherche de son soi et sa compréhension, la faculté d’apprendre et de tout oublier, pour se régénérer dans une réunification. La Franc-Maçonnerie initiatique apporte une sorte de complétude.
Cette aspiration à la connaissance et l’amour de soi, nous oblige à la pratique de bonnes mœurs.
Oui il y a bien un rapport entre la philosophie antique et la Franc-Maçonnerie, c’est d’ailleurs attesté dans les textes fondateurs. Socrate, Platon, Plotin, Épicure, Marc Aurèle et les philosophes des Lumières, héritiers du Miracle Grec, imprègnent notre démarche. Nos bonnes mœurs viennent donc des rives de la méditerranée, les éloges de la vertu et les combats contre les vices ont remplis le cœur des Grecs avant le nôtre.
Les parrains des candidats observeront leur comportement dans la cité, ils détecteront leur envie d’être, qui doit surpasser leur désir d’avoir. Ils ne regarderont que leur cœur et non leur statut social, nous ne sommes plus au XVIIIème siècle, si aristocratie il y a c’est une hiérarchie du mérite et de cœur, une volonté de faire le bien, qui enrichira l’humain.
En Conclusion.
Notre hésitation, à nous déterminer une position sur l’expression « de bonnes mœurs » vient d’une confusion entre Éthique et Morale. Les Land marks ou la règle en 12 ou 10 points définissent des référents, des principes, pour une appartenance à un groupe : ce sont les Codes Maçonniques, des codes d’Éthique. Ils définissent les contours de la Morale Maçonnique. Ils sont les manifestations de la science morale, ils sont le contenant, ils sont le camion pas le fret. Nous sommes donc dans un cadre restreint à minima pour obtenir la reconnaissance d’un groupe, un cadre qui plus est temporaire, donc évolutif en fonction de l’évolution du groupe. Ce cadre, ce code est certes nécessaire, à la vie du groupe, sa pérennité, son harmonie. Mais la notion d’Universel ne peut s’y retrouver, l’Éthique a donc des limites. Il en va autrement de la morale qui est individuelle et universelle elle touche à l’humain au sens le plus large, hors l’espace et le temps. L’Éthique fut t’elle codifiée ne reste que la science de la Morale. Rappelons la formule de François Rabelais : « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme ». Réfléchir sur son soi, contempler sa subjectivité, l ‘admettre et la dépasser est un chemin nécessaire, cela ne confère pas pourtant le droit de dire autrui qu’il est ou qu’il n’est pas de bonnes mœurs, il nous faut prendre notre part de modestie et d’humilité.
Par provocation encore l’on peut se poser la question, un code d’Éthique peut il être amoral ? S’il s’applique à un groupe d’individus, sa différenciation, sa défense, sa protection si elle s’applique à un groupe n’est t’elle pas néfaste aux autres. C’est le problème posé par les codes de déontologie professionnels et les ordres corporatistes, dont le but premier est de garantie une ou des lignes conduites respectueuses d’autrui, mais aussi de protéger le groupe. L’on touche la difficulté d’aller de l’individuel (même si c’est un groupe) à l’Universel. La Franc-Maçonnerie est une voie pour y parvenir, l’initiation progressive écarte l’ambition, la vanité et l’ignorance. Décidemment malgré l’imperfection de ses membres c’est un enseignement favorable à l’essor des bonnes mœurs, pratiquées grâce au ciseau de la Morale. Travail constant pour être reconnu comme tel.
JFG