L'Astrolabe Atlas de Voyage de La Pérouse, Hache embarquée en 1785, Perles de passades embarquées, Merle du Port aux Français tiré de l'Atlas de La Pérouse.
– 1er Aout 1785.
LE VOYAGE DE LA PEROUSE : Préparatifs.
La Pérouse va choisir à Rochefort deux navires de transport, plus vastes et plus adaptés à son voyage que les navires de guerre, les leçons avaient été tirées des précédents en particulier du voyage de Bougainville.
Il pris possession de deux flûtes « Le Portefaix » et « L’Autruche » après quelques travaux sur, direction Brest pour les aménagements des ponts et de l’intérieur, sur chaque navire un moulin à vent est installé, pour produire de la farine fraîche.
L’embarquement commence : cinq vaches par navire, vingt cochons, deux cent volailles etc…. Mais aussi vingt huit volumes de voyages, divers traités d’astronomie, de navigation, d’histoire naturelle, et encore des arbres et des arbustes destinés à être plantés dans les contrées lointaines.
A l’intention des indigènes : de la verroterie, des miroirs, de la porcelaine de la Compagnie des indes, des cloches, des fleurs artificielles en soie, des médailles à l’effigie de Louis XVI, du matériel de pêche en quantité , des outils de menuiserie, des briquets…..
Les bateaux étaient tellement chargés, qu’une partie de la cargaison resta à quai à Brest.
Plus difficile fût le recrutement des scientifiques à l’image du savant Monge qui souffrant du mal de mer sera débarqué à Ténériffe, des physiciens, des météorologues, des ingénieurs, des dessinateurs botaniques.
Anecdotique le sieur Guéry chargé de l’entretien des montres marines, également un ecclésiastique l’Abbé Mongès.
Il régnait une certaine tension entre les marins et les scientifiques à ce sujet La Pérouse écrit : « Ils ont écrit-il au cours du voyage au ministre Fleurieu, une si haute opinion de leurs rêveries et sont au fond si ignorants qu’à la longue tout cela est fatiguant. Ces soi- disant savants sont des êtres diaboliques qui excédent furieusement ma patience »
A noter la présence du jeune Barthélémy de Lesseps, fils de l’ambassadeur de France à Saint Pétersbourg en qualité d’interprète Russe, il fût bien utile quand l’expédition aborda les rivages du Kamtchatka.
Tout ce monde hétéroclite du apprendre à vivre, dans une grande promiscuité. Mais les conditions de vie furent acceptables, pour les 109 hommes de la Boussole et les 113 de l’Astrolabe.
A suivre…..
JFG
Sources : La Pérouse Voyage autour du Monde Editions Conti.
CONTRIBUTION.
Un nouveau contributeur du Blog, nous propose un travail qu’il a présenté dans le cadre de sa participation à une Loge de recherche, dont le thème central est la Franc-Maçonnerie Maritime. Ses travaux sont publiés par l’ ASPOMA (Association Ponantaise d’Histoire Maritime) dont est membre sa Loge. Un grand merci à notre Frère, pour son travail de qualité.
L'ordre de la Félicité
La tentation a été très forte d’intituler cet article : FM, F comme Femme et M comme Marine car l’Ordre de la Félicité permit effectivement la rencontre de ces deux mondes si longtemps séparés. Mais s’il aurait été abusif de prétendre rattacher l’Ordre de la Félicité à la Franc-maçonnerie et même d’ailleurs à la Maçonnerie d’adoption. Toutefois deux raisons permettent d’aborder ce sujet dans une revue maçonnique : d’abord l’inspiration très clairement maçonnique de l’organisation mais aussi des rituels mis en œuvre ; ensuite la similitude entre les problèmes posés à l’époque et depuis tant à la Maçonnerie qu’à l’Ordre de la Félicité.
Les textes qui traitent de notre sujet le font généralement par de brèves allusions et les auteurs se renvoient les uns aux autres; ou bien encore ce sont des écrits devenus difficiles à trouver. Dans la première catégorie peuvent se ranger Brest de la Chaussée dans son Mémoire justificatif…de 1773 puis l’incontournable Claude-Antoine Thory qui dans le volume 2 d' Acta Latomorum mentionne « l’Ordre des Félicitaires ou de la Félicité » mais aussi Clavel en 1843 dans son Histoire pittoresque de la Franc-maçonnerie, Ragon enfin en 1860 dans le « Manuel complet de la Franc-maçonnerie d’adoption » qui écrit que « l’Ordre de la Félicité, qui fut prospère dans les milieux maritimes, fut établi entre 1740 et 1750 ». Dans la seconde catégorie, plus utile évidemment, deux textes s’imposent : le premier, le « Formulaire du cérémonial en usage dans l’Ordre de la Félicité » est daté de 1745 et attribué au Frère Moët1 ; le second, du même auteur, est de 1746 « L’Antropophile ou le secret et les mystères de l’Ordre de la Félicité dévoilés ».2 Et nous faisons nôtre les mots de Jean-Pierre Moët qui écrit, parlant dans ce second ouvrage du premier : « Je ne me ferai point une honte de prendre tout ce qui me sera nécessaire et qui sera vrai pour remplir mon dessein. J’en avertis le public : je ne suis donc que copiste et non pas plagiaire », au moins s’entend pour la partie descriptive de l’ordre de la Félicité qui fait l’objet de notre première partie.
Origine et description de l’Ordre de la Félicité.
- 1- Sa création
Dès avant la disparition de louis XIV des groupes s’organisent dont le but est d’échapper aux pesanteurs d’une société de fin de règne, figée dans la bigoterie et assombrie par les déboires militaires. Le monde change et les Lumières diffusent les idées de liberté et d’un bonheur accessible ici et maintenant.
En 1690 apparaît l’Ordre de la Méduse3 qui inspirera l’Ordre de la Félicité. Le fondateur est le marquis de La Vibraye, officier de la marine royale en poste à Marseille mais la société connaîtra son plein développement à partir de 1693 sous l’autorité de Girardin de Vauvray, intendant de la Marine à Toulon. L’objectif de l’Ordre mixte est de permettre à des officiers au retour de longues navigations de reprendre rapidement pied dans le monde des dîners, soirées et festivités de toute nature, monde non sans danger ni piège : la Méduse après tout était une des Gorgones dont la splendide chevelure avait été transformée en serpents par Minerve jalouse et dont les regards transformaient en pierre tout ce sur quoi ils se posaient !
En 1738 c’est à Rouen que se crée un Ordre des Chevaliers Rameurs et Dames Rameuses dont il faut noter que les Rameurs doivent être Maçons4 et Bernard Faÿ5 donne d’autres exemples de ces sociétés bachiques dont les références à la Marine sont fréquentes. Les années 1740 sont propices à ces créations dans la mesure où en Maçonnerie les femmes perdaient un peu de leur rôle de « protectrice » des Loges : ces sociétés constituaient peut-être pour une part une alternative.
Quoi qu’il en soit il n’est pas surprenant qu’apparaisse en 1742 l'Ordre de la Félicité6. Le fondateur ou l’un des fondateurs pour ce que nous en savons est Scipion-Louis de la Garde de Chambonas mais le véritable animateur sera son fils Victor-Louis Armoiries des Chambonas
de Chambonas (1750-1830). La famille Chambonas était une très ancienne famille d’Auvergne et du Gévaudan. Victor-Louis adhéra d’abord aux idées de la révolution, fut un temps en 1792 ministre des affaires étrangères de Louis XVI puis émigra. Revenu à la Restauration il terminera sa vie dans la plus grande gène.7
En fait Victor-Louis, qui était maçon, alternera en qualité de Grand Maître de l’Ordre avec le Duc de Bouillon, ce dernier étant sans doute plutôt le « parrain » selon A. Kervella. Car toutes les patentes émises n’attribuent le titre de grand Maître qu’à Chambonas. Mais le lien entre les deux animateurs était étroit
Portrait présumé de Scipion Louis Joseph de la Garde, marquis de Chambonas, maréchal de France,
en costume de chasseur à l’antique, 1724, par Jean Marie Nattier
d’autant que Chambonas résidait chez Bouillon.8 Pour les fondateurs il ne s’agit pas de plagier la Franc-maçonnerie et « la chevalerie de la Félicité ne date pas du temple de Salomon ni du siècle des croisades ». Certes non, puisqu’elle a été instituée dans le jardin d'Éden précise l’Antropophile ! Pour autant tous les membres masculins sont maçons et toutes les femmes chevalières épouses ou maîtresses de Francs-Maçons.
Quel est l’objectif de l’Ordre ? Selon le grand Larousse la félicité est un grand bonheur, un vif contentement intérieur, la joie, la béatitude. Ce sont bien les objets de l’ordre qui propose à ses membres de voguer vers l’ile de la Félicité dans l’allégresse et la joie par le libertinage et l’union. C’est une société d’Amitié : « l’union et l’ardeur à saisir l’occasion de rendre service est sans contredit le but principal de la Félicité » Et il ne faut pas se tromper, il n’est pas question de débauche ni d’intempérance mais d’aimables rencontres entre gens prompts à plaisanter, amateurs de bons mots et de bons repas et se soumettant à un rituel codé ; c’est en tous cas ainsi qu’un des membres, Bertin de Rocheret, présente les choses dans son abondante correspondance. La lecture du rituel montre cependant un usage assez systématique d'expressions équivoques (mais il est vrai qu’aux purs tout est pur.)
2- Son organisation.
Pour ne pas alourdir nos développements nous ne ferons pas systématiquement le rapprochement entre la Maçonnerie et l’Ordre ; d’ailleurs le lecteur n’aura aucune peine à l’établir !
a) Les structures
Comme tous les Ordres la Félicité est une organisation hiérarchisée, dirigée par un Grand Maître, assisté d’un Vice-amiral. Le Grand maître est seul habilité à signer les patentes qui permettent d’ouvrir une Escadre (« Ce que les maçons appellent loge nous l’appelons escadre » précise l’Antropophile) qui se réunira dans la Rade de telle ou telle ville. Encore faut-il avoir réuni cinq membres au moins pour prétendre à former une escadre.
Chaque escadre a sa propre hiérarchie : à la tête le Chef d’escadre, secondé par un Commissaire (ou paquebot) dont la mission est de prendre en charge et de poursuivre les plaintes dont il serait saisi au sein de l’escadre. Existe encore un Grand Sondeur qui doit rapporter toutes les informations parvenues depuis la réunion de la dernière escale9. Enfin un Inspecteur veille à ce que tout soit en ordre et conforme aux usages. A ce titre, il peut d’ailleurs infliger des amendes aux membres qui par exemple ne porteraient pas leurs décors selon les règles.
L’Antropophile ne mentionne pas ces diverses fonctions au niveau central de l’ordre mais il est probable que, pour des raisons pratiques, elles devaient exister puisque les escadres se sont assez rapidement multipliées : plusieurs à Paris mais aussi à Bordeaux, Avignon, Nice, Chalons sur Marne, Epernay et André Kervella cite également des escadres dans « plusieurs régiments qui n’évoluent que sur la terre ferme » : le Régiment de Condé, le régiment de gendarmerie de Berry. André Doré signale des escadres en Angleterre et jusqu’en Amérique.
L’ensemble des officiers d’une escadre constitue le Tabernacle10 ce qui confirmerait qu’une même organisation hiérarchique existait au plan central car le Vice-amiral portait le titre de Chef du Tabernacle. Mais à cette hiérarchie fonctionnelle s’ajoutait une graduation de nature initiatique en quatre degrés : mousse, patron, patron salé, chef d’escadre.
b) Les usages et décors
Les Chevaliers de l’Ordre portent l’épée mais rien n’est précisé sur ce sujet à propos des chevalières. Tous sont placés sur deux colonnes parallèles, à une extrémité de la salle trône le Chef d’escadre, assis et tête couverte, épée à la main. A l’autre extrémité le Chérubin, généralement le mousse le plus récemment reçu, se tient devant la porte, épée à la main. Sur les colonnes Chevaliers et Chevalières prennent place selon leurs fonctions, grades et leur ancienneté, les plus anciens dans le grade et la fonction la plus élevée au plus près du Chef d’Escadre. Tous se tiennent debout jusqu’à ordre contraire du Chef d’escadre, nue tête et les bras croisés sur la poitrine (signe du berger ?)
Les visiteurs sont contrôlés ; ils s’annoncent en frappant deux coups et le Chérubin répond de même et avertit le Chef d’escadre qui ordonne de questionner les arrivants sur l’escale à laquelle ils appartiennent. Ils doivent aussi transmettre les « mots » de leur grade – nous y reviendrons – et donner l’attouchement de reconnaissance au Chérubin qui consiste, les deux parties s’étant pris la main droite à se « chatouiller légèrement du bout du doigt du milieu » le milieu de la main …
Pour l’essentiel les travaux concernent la réception de nouveaux membres et les changements de grade, dont nous allons naturellement traiter, mais chaque réunion prévoit d’entendre les rapports des officiers : du Commissaire si des plaintes sont en cours d’examen, du Grand Sondeur sur les nouvelles qui concerneraient la Rade, de l’Inspecteur pour tout ce qui a trait au bon ordre dans l’escale. Peuvent aussi prendre la parole les Chevaliers et Chevalières qui auraient des informations utiles à porter à la connaissance de l’escadre et surtout des candidats à proposer.
Chacun doit arborer à la boutonnière l’insigne de l’Ordre qui est constitué d’un nombre variable de « câbles » vert uni ou vert et or et d’une ancre de couleur différente selon le rang. Le Mousse porte un câble, le patron deux, le Commissaire ou Paquebot quatre comme le Chef d’escadre, le Vice-amiral cinq, le Grand Maître six ! rien sur le patron-salé : on peut imaginer en bonne logique qu’il a trois câbles (?) et pour les membres du tabernacle ces câbles sont vert et or, tout d’argent pour le Vice-amiral, tout d’or pour le Grand Maître, vert uni pour tous les autres. Les ancres sont d’or pour tous les Chevaliers et Chevalières et les officiers et d’argent pour les Commissaires…..
Il y a bien sûr un signe qui est utilisé « en escadre » et différent de ceux liés aux cérémonies, ce signe permet de s’adresser aux autres membres et de manifester son avis en réponse à des questions du Chef d’escadre. On l’appelle « le coup de rame » : il consiste à projeter sa main droite en avant puis à la ramener et à l’appuyer sur l’estomac et à la renvoyer « un pied devant en formant un demi-cercle dont le convexe est en dessus ». Ce signe doit être utilisé pour saluer un membre auquel on souhaite s’adresser mais bien sur en respectant le protocole : pour un mousse, un coup de rame, pour un patron (et un patron salé ?) deux coups de rame, trois pour le chef d’escadre et quatre mais avec les deux bras pour le Grand Maître. Et l’Antropophile précise que le nombre n’est pas limité lorsqu’il s’agit de saluer une Dame ! Nous trouverons d’autres exemples de galanterie mais s’agissant d’un Ordre mixte et voué à faire le bonheur de ses membres, la Félicité a posé quelques règles pour éviter les débordements. Ainsi pour éviter les jalousies entre Chevalières – les jalousies qu’une jolie Chevalière pourraient exciter parmi ses consœurs dit l’Antropophile – les dames doivent paraître en escale « avec autant de décence que les dévotes dans l’église. Elles y sont non seulement couvertes mais elles y sont embéguinées. »11
Etait également considéré comme une faute capitale le fait de médire, par écrit ou oralement d’un membre de l’Ordre : cette faute valait exclusion. Par ailleurs la Chevalière qui, aimée d’un Chevalier, aurait aussi « quelque liaison » avec un profane commettrait une grave faute. (Mais rien n’indique que l’inverse soit prévu !). L’examen des serments nous fournira d’autres exemples de ces mesures prises pour une cohabitation sereine des deux sexes.
c) Le langage
L’ordre de la Félicité va au-delà de l’usage de quelques termes de marine et les membres sont très clairement jugés en fonction de leur facilité à employer la langue particulière de la société. Pour ne pas alourdir ce travail nous avons choisi de citer quelques expressions en annexe, sachant que l’Antropophile comporte deux dictionnaires : « le dictionnaire par ordre alphabétique des termes de marine en usage dans l’Ordre de la Félicité », de 19 pages, et le « dictionnaire alphabétique des explications des termes de marine en usage dans l’Ordre de la Félicité » de 15 pages, soit au total 34 pages consacrées au seul langage sur un livre de 108 pages. Ce sont des phrases entières qui sont exprimées grâce à ce langage. Ainsi lorsqu’on lit « je suis accordé au vaisseau royal » il faut comprendre « j’ai l’approbation du Roi » ; de même « j’ai prêté le coté à un tel vaisseau mais au lieu de venir à l’abordage il a filé du câble » signifie que « j’ai proposé un duel à monsieur X. mais il a refusé et fait le blanc bec ».
d) Les travaux de banquet
Puisque notre Ordre se voue au bonheur de ses membres la table tient tout naturellement une place importante dans les travaux. Mais attention une fois encore l’Antropophile affirme que « l’Ordre de la Félicité ne peut-être un Ordre de la bouteille et de débauche ; du moins dans les escadres bien réglées ce ridicule ne s’y est pas glissé » et c’est donc un véritable rituel de banquet qui est mis en place.
D’abord il s’agit d'user d’un vocabulaire particulier ; par exemple la bouteille est une « dame-jeanne », la carafe une « jarre ». Il y a aussi une manière de se porter mutuellement des santés, soit le verre en main, soit, s’il s’agit d’un Chevalier qui souhaite saluer une Sœur, par un jeu de chapeau.
Les membres sont disposés autour de la table selon leur rang, dignité et ancienneté et, parce qu’il s’agit d’un banquet fraternel, frères et sœurs sont réunis « à dépenses égales ». Nous n’en savons pas plus sur ces festivités qui sont pourtant supposées être la raison d’être de l’Ordre. Alors que, nous allons le voir, les cérémonies sont largement et précisément développées.
- 3- Les cérémonies et la transmission des secrets de l’Ordre
Comme toute institution l’Ordre de la Félicité a pour première préoccupation de se perpétuer puis elle assurera la progression de ses membres auxquels elle confiera les secrets propres à leurs grades et dignités.
a) La réception et les secrets du Mousse
Il est ici bien difficile pour un initié de ne pas faire le rapprochement avec ce qu’il a vécu. Quelles sont les conditions à remplir pour solliciter l’entrée dans l’Ordre ? Il faut « l’agrément de l’esprit, la douceur de caractère et des talents pour le service de la mer ». Il faut surtout qu’un Patron ait décidé d’être le « répondant » du candidat, ce qui n’est pas une mince responsabilité car
Une frégate quoique neuve
N’est pas souvent propre à naviguer
Il n’est point sur de naviguer
Si on ne l’a mise à l’épreuve
On aura compris que « frégate » est le nom donné au candidat (et désigne aussi une jeune femme). La frégate ayant confirmé sa volonté d’entrer dans le Jardin d'Éden, le Maître de Cérémonie, lui ayant enlevé chapeau et épée, l’introduira (en frappant 2 fois à la porte et après réponse identique du Chérubin) dans l’escadre dont le Chef le soumettra à une longue séance de questions à propos de ses « navigations précédentes » - son CV. en fait - les raisons de sa candidature et autres questions propres à révéler son caractère. Puis la frégate est placée sur le coté nord de l’escadre et l’assemblée récite l’oraison à Saint Nicolas, patron de l’Ordre (cf. annexe). Le Patron « répondant » est alors invité à soutenir la candidature qu’il a présentée. L’assemblée, si elle approuve le discours donnera un coup de rame d’approbation.
S’ouvre alors le scrutin, après que la frégate ait vérifié que l’urne était bien vide. Le vote se fait par boules blanches et noires et le Chérubin, la frégate à ses cotés, fait entrer un par un les votants dans l’escadre après qu’ils se soient chacun muni de la boule à leur convenance sur les parvis. C’est la frégate elle-même qui ouvre l’urne : une seule boule noire est voilà sa candidature renvoyée à une autre escadre et si par malheur cette situation devait se répéter deux fois encore le rejet serait définitif. Mais si le vote est positif toute l’assemblée applaudit et embrasse le nouvel admis qui doit maintenant prêter serment, être reçu puis découvrir les secrets de son grade.
La réception peut prendre deux formes : si le candidat est un homme il prend son obligation agenouillé devant le Chef d’escadre assis sur son trône, main droite de l’un dans la gauche de l’autre. Si c’est une candidate c’est elle qui est assise et le Chef d’escadre à ses genoux. Dans les deux cas les candidats sont avertis que le serment à faire « n’a rien de contraire à la Religion, l’Honneur et l'État »
Le texte du serment présente une variante selon le sexe du candidat :
Pour devenir Chevalier on dira en effet « Je fais serment et promets d’honneur de ne jamais révéler sous quelque prétexte et en quelque manière que ce puisse être aucun des secrets qui me seront confiés ni rien de ce qui se passe dans l’escadre et je consens si je manque à ma parole d’être regardé par mes Frères et Sœurs comme un homme déshonoré et méprisable. »
L’engagement de la future Chevalière s’exprimera ainsi : « Je fais serment et proteste devant vous mes Frères et Sœurs qui me confiez sans réserve vos mystères, de ne jamais révéler sous quelque prétexte et de quelque manière que ce puisse être aucun des secrets qui me seront confiés ni rien de ce qui se passe dans l’escadre et je consens si je trahis ma parole d’être livrée à la fureur des plus terribles matelots » (sic !)
Ces engagements pris, le récipiendaire est adoubé d’un coup du plat de l’épée sur l’épaule par le Chef d’escadre qui y ajoute une accolade et lui remet le bijou de l’Ordre (que nous avons présenté plus haut) en disant « Puisse votre ancre ne jamais dévier ; puisse Saint Nicolas vous conduire toujours droit au port ». Viennent ensuite les recommandations d’usage sur la fidélité à l’Ordre, l’obéissance due au grand Maître, mais aussi des consignes plus spécifiques : pour le Chevalier, « de ne jamais entreprendre le mouillage dans un port où il y aura actuellement un vaisseau de l’ordre à l’ancre » et pour la Chevalière « de ne point recevoir de vaisseau étranger dans leur port tant qu’il y aura un vaisseau de l’Ordre à l’ancre »…Au moins à l’occasion d’une réception les consignes concernent-elles hommes et femmes !
Bien «évidemment toute la cérémonie qu’il serait trop lourd de développer intégralement est ponctuée de « coups de rame » qui manifestent la liesse de l’assemblée.
Il est temps pour le nouveau Mousse de se voir communiquer les secrets de l’Ordre qui consiste en un signe et deux mots. Le signe est ici clairement un signe de reconnaissance puisqu’il exige une demande et une réponse : le demandeur porte sa main droite au bout de son oreille droite ; la réponse est donnée en disposant son bras droit tendu le long de la cuisse droite. A propos du mot il est intéressant de retenir le système mis en œuvre car il est utilisé pour les différents grades et fonctions : on donne un ou deux mots dont chaque lettre constitue l’initiale d’un mot ; aux divers grades et fonctions chacun est tenu de pouvoir fournir les mots eux-mêmes mais aussi les « mots secondaires » induits par les premiers.
L’exemple au grade de mousse permettra de saisir le fonctionnement du système avec cette remarque qu’à ce grade il y a en quelque sorte un système à double détente… Les deux mots de référence sont « vaisseau » et « frégate » mais l’un et l’autre portant un nom : « chalom » pour le vaisseau, « leka » pour la frégate et c’est à ce niveau que se fait le jeu des renvois à partir des lettres initiales. Ici et puisque le Mousse intègre un navire il a paru convenable qu’il connaisse les bois utilisés, au moins selon l’Ordre de la Félicité, dans la construction navale ; ainsi avons- nous
VAISSEAU
chalom
FREGATE
leka
C
cèdre
L
liège
H
hêtre
E
érable
A
amandier
K
kermès
L
laurier
A
abricotier
O
oranger
M
mûrier
Un Mousse est supposé pouvoir répondre « laurier » si il lui demandé la 4° planche du vaisseau ou « érable » à une question sur la deuxième planche de la frégate. Sans doute, lors de sa première escadre les Chevaliers ont-ils l’indulgence de ne demander que les noms du vaisseau et de la frégate, car le récipiendaire doit se faire reconnaître par chaque membre de l’escadre par le signe et les mots qui lui ont été communiqués.
b) Patron, Patron salé, Chef d’escadre et Vice-amiral
Pour ne pas fatiguer le lecteur nous essaierons d’être aussi concis que possible ne gardant de chaque cérémonie que la substantifique moelle …
- Le patron :
Le passage au grade de Patron débute par un interrogatoire poussé du candidat qui doit démontrer sa parfaite connaissance du grade de Mousse ; tous les assistants, évidemment au moins Patron, forment une chaîne en entrelaçant leurs bras les uns aux autres dans le dos puis ils assaillent de questions le malheureux candidat seul au centre. Lorsque l’assemblée est satisfaite le candidat jure de ne rien révéler des secrets qui vont lui être confiés et les ayant reçus il intègre la chaîne. Ces secrets sont un signe et un mot. Le signe exige d’être deux : l’un se frotte le sourcil droit avec l’index de la main droite, l’autre répond en se frottant le dessous du nez avec l’index de sa main droite.
Le mot est FELICITAS qui se décompose en 9 noms des fleurs qui sans conteste ornent le Jardin d'Éden ; suivant la méthode découverte au grade de Mousse nous avons donc :
F
flambes
E
eillet (pour œillet aujourd’hui)
L
lis
I
jonquilles (i =j)
C
coquelicot
I
jasmin
T
tubercule
A
amarante
S
soucis
Félicitas est en fait un terme auquel l’Ordre donne le sens de Jardin d'Éden et alors que le Mousse se devait de découvrir l’Ordre, être Patron signifie être reconnu comme ayant les « qualités nécessaires » à la « nautique spirituelle » et donc à la navigation vers le Jardin d'Éden.
- Le Patron salé
Ce grade n’est pas pratiqué par toutes les escadres et nous aurons à reparler de ce phénomène ; à ce moment de notre développement retenons qu’il y a bien une cérémonie. Le candidat pénètre dans l’escadre ( où bien sûr ne sont que des Patrons salés), chapeau sur la tête et épée nue dans la main gauche et se dirige, seul, vers le Chef d’Escadre devant qui il prononce son serment : « Je jure devant vous mes Frères d’être le vengeur des fautes et des crimes commis dans cet Ordre que je respecte, de parcourir les mers qui doivent nous être commises en garde, de punir les Frères et les Sœurs que j’y trouverai en erreur volontaire. Que je sois puni moi-même et privé de l’espoir flatteur d’entrer dans notre auguste tabernacle si j’use de condescendance et de faveur pour les coupables ». Etrange texte qui paraît mieux adapté à la fonction de juge qu’à l’état de frère… Ces mots prononcés, le Frère se place au centre de la chaîne formée par les Patrons salés (sur le modèle déjà rencontré) puis passe devant chacun en une sorte de « revue », ensuite tous saisissent leur épée et font mine d’en menacer le récipiendaire. C’est à ce moment que depuis son trône, le Chef d’escadre communique à haute voix le signe et le mot du grade. Puis tout le monde embrasse le nouveau Patron salé
Là encore il faut être deux pour faire le signe : l’un met les deux mains dans les basques de son habit, l’autre répond en ouvrant la bouche à demi et en remuant un moment la langue sur les lèvres tout en fixant celui auquel il répond !! Il est évident que le signe est assez équivoque et pas de la plus grande délicatesse aussi est-il convenu que s’adressant à une Chevalière il sera bienséant de supprimer le jeu de langue.
Le mot n’est pas moins sujet à suspicion de mauvais goût, du moins dans sa version originale. Selon la technique maintenant bien éprouvée il s’agit de décomposer le mot FOUDRE, soit
F
fenouil
O
orange
U
violette (u=v)
D
damasine
R
renoncule
E
épine vinette
Mais l'auteur de l’Antropophile précise avoir changé le nom de la quatrième fleur qui « doit être du Thym. Comme son odeur n’est pas du goût de tout le monde j’ai cru devoir la supprimer et en substituer une autre à la place ; ceux qui ne craignent point les odeurs trop fortes peuvent l’y remettre, alors ils verront le Jardin et le mot dans toute sa régularité » ;
- Le Chef d’escadre et le Vice-amiral
Nous ne distinguons pas ces deux grades qui sont aussi des fonctions car les sources et particulièrement l’Antropophile considèrent que seule l'accession au rang de Chef d'escadre fait l'objet d'une cérémonie et comporte la transmission de mots; une seule source, en outre anonyme, associe le second mot à la fonction de Vice-amiral, ce qui nous incite à plutôt suivre l'Antrophile dont l'auteur affirme son appartenance à l'Ordre.
La cérémonie est la même que celle du grade de Patron salé mais il n'y a pas de signe; en revanche deux mots sont transmis qui sont ensuite déroulés à deux niveaux différents. Les mots sont d'abord détaillés comme suit:
Dieux
MASEL
Déesses
EROUACH
M
Mars
E
Erigone
A
Amour
R
Rhéa
S
Saturne
O
Orithie
E
Eole
U
Uranie
L
Lares
A
Astrée
C
Calliope
H
Hébé
Cinq Dieux et sept Déesses dont le Chef d'escadre pourra s'inspirer pour que « ses idées soient sublimes et que le ciel soit l'objet de ses vues » et d'autant plus aisément que ces Dieux et ces Déesses ont des attributs qui sans doute seront mis à la disposition du Chef d'escadre en cas de nécessité:
Mars
le javelot
Erigone
une grappe de raisin
Amour
le carquois
Rhéa
le globe terrestre
Saturne
la faux
Orithie
borée (le vent du nord)
Eole
les nuages
Uranie
une étoile
Lares
le foyer
Astrée
des balances
Calliope
une trompette
Hébé
une coupe
Remarquons que ces attributs se partagent au regard de leur possible symbolisme entre la navigation, l'éros et l'agapé ce qui est bien en rapport avec les fondements de l'Ordre. Par ailleurs sachant que lors de visites aux autres escadres la qualité de chacun était vérifié par les mots (et signes) correspondant à son rang. On imagine le travail de mémoire à réaliser qui finalement paraît assez loin de ce qu'on peut attendre d’une société à visée récréative.
Commentaires et réflexions à propos de l'Ordre de la Félicité
La description étant faite, au moins pour l'essentiel, il est possible de s'essayer à quelques commentaires à propos de la Félicité. Cette seconde partie paraîtra poser plus de questions qu'elle apportera de réponses; mais après tout il n'y a rien d'anormal à cela puisque la vocation de celui qui écrit est d'éveiller chez celui qui lit la volonté d'apporter ses propres réponses aux questions posées.
- L'Ordre de la Félicité est-il maçonnique et/ou maritime ?
A ce propos il faut tout d'abord écarter les confusions possibles car d'autres institutions ont porté ce même nom qui, elles, étaient maçonniques ou paramaçonniques. C'est ainsi que dans sa cinquième réunion le 10 avril 1782, la Chambre des grades du Grand Orient de France entend la lecture par Roêttiers de Montaleau de plusieurs rituels dont celui de « Chevalier de l'Ancre»12 qui vraisemblablement est le même que celui qui figure dans la collection Kloss, entre le grade de Chevalier du Lion et de Chevalier Kados (sic) et dont le tableau de loge représente une ancre sur un coussin.13 De même il a existé une maçonnerie d'adoption qui a porté ce titre et dont le tuileur des trois grades symboliques est disponible sur le web.14 Mais à aucun moment l'Ordre de la Félicité n'a prétendu relever de la Franc-maçonnerie, pas même au titre de la para-maçonnerie ou « fringe masonery » c'est à dire de la Maçonnerie « à la lisière » comme disent les anglais. Au contraire l'Ordre a tenu à proclamer sa spécificité comme en témoigne ce quatrain:
Rival de la Maçonnerie
Notre Ordre est d'autant respecté.
Il a de plus, la nouveauté
Et des Dames la compagnie.
Il est vrai qu'à ses débuts, avant que le symbolisme ne s'y développe et n'en fasse une voie initiatique, la Franc-maçonnerie fut une société d'entre-aide et de secours15 dont d'ailleurs un des bénéficiaires sera le premier Grand Maître, Anthony Sayer car les pères fondateurs étaient d'origine sociale très modeste.
L'inspiration de l'Ordre de la Félicité est très différente. D'abord par ses sources: il semble que l'idée première ait été tirée d'un ouvrage paru en 1670 et très en vogue: Le comte de Gabalis ou entretien sur les sciences secrètes de l'abbé de Montfaucon de Villars. Cet abbé mondain sous prétexte de dévoiler les secrets de la cabale et des roses+croix développe des thèmes équivoques et libertins qui sont autant d'attaques contre les dogmes de l'église, ce qui ne fait pas pour autant de celle-ci la responsable de l'assassinat de notre abbé en 1673 sur la route de Lyon. Ensuite le recrutement de l'Ordre est d'entrée orienté vers le meilleur monde : selon Brest de la Chaussée dans son « mémoire justificatif... », cette société « était composée de beaucoup de seigneurs et de dames distinguées et elle était au dessus de tous les reproches ».
Il suffit pour s'en convaincre d'examiner un peu plus avant la position sociale des quelques membres connus avec certitude. Nous avons déjà rencontré le fondateur, Scipion-Louis Joseph de la garde de Chambonas : il était maréchal de camp. Son fils qui développa l'Ordre, Victor-Louis Scipion, philosophe et politique, ministre de Louis XVI, fut promu marquis par Louis XVIII, ce qui ne l'empêcha pas de mourir dans la misère. L'homme fort de l'Ordre paraît bien avoir été pour la période qui nous intéresse Charles-Godefroy de la Tour d'Auvergne, vicomte de Turenne, duc de Bouillon et de Château-Thierry, qui ajoutait à la gestion de son duché souverain de Bouillon16 la fonction de Grand Chambellan de France, jusqu'en 1747.
En ce qui concerne les personnages de moindre envergure nous avons rencontré Jean-Pierre Moët, fils de libraire et propriétaire d'un théâtre, journaliste, publiciste et traducteur (outre sa langue et le latin, il pratiquait l'anglais et l'espagnol.) Nous avons aussi signalé l'abondante correspondance de Bertin de Rocheret, président de l'élection de Champagne, lieutenant criminel du bailliage d'Épernay et producteur de champagne.
Une société dont les membres, au moins à l'époque concernée ici, n'avaient sans doute pas besoin d'en appeler à l'aide et assistance de confrères et consœurs mais pouvaient se vouer à la navigation vers la Félicité.
Pour autant il faut remarquer que tous les noms cités sont ceux de francs-maçons, dont certains occupèrent des fonctions importantes dans l'organisation maçonnique d'alors, notamment Jean-Pierre Moët. Pour autant il n'est nulle part mentionné une obligation d'être maçon pour accéder à la chevalerie de la Félicité. Par ailleurs, la pratique de l'Ordre – on pourrait parler des rituels – tout comme l'organisation, s'inspirent indubitablement de la Franc-maçonnerie (encore que, en ce qui concerne l'organisation, les Ordres de toute nature présentent peu ou prou des caractères identiques). C'est donc bien la nature des buts poursuivis par l'une et par l'autre de ces institutions qui les différencie irrémédiablement: la Franc-maçonnerie est une société d'entre-aide que son évolution sociale orientera vers la quête initiatique; l'Ordre de la Félicité est une association mixte qui se voue au bonheur de ses membres ici et maintenant.
Il faut encore se poser la question du choix d'un langage emprunté au monde de la mer. Aucun des noms que nous avons cités n'est celui d'un homme de mer, contrairement à l'Ordre de la Méduse dont les fondateurs, qui assumaient des fonctions liées à la Marine royale, entendaient faciliter la sociabilité des marins revenus au port. A l'époque où un Chambonas fut capitaine de vaisseau, la Félicité était par le fond depuis longtemps. Sans doute l'emprunt d'un langage « maritime » entend-t-il traduire l'idée de voyage c'est à dire d'un « ailleurs » vers lequel se diriger pour trouver le bonheur qui se fonde sur la liberté; en réalité on ne peut ici parler de symbolisme mais d'une mise en mots des idées qui courraient alors les salons: liberté de chacun, expérimentation, recherche d'un bonheur débarrassé des règles et des interdits. En fait nous sommes en présence d'une mise en œuvre des apports des Lumières, mais une mise en œuvre qui dévoie l'esprit nouveau et le ramène à la part la moins élevé de l'individu.
Mais comme monsieur Jourdain qui faisait de la prose sans le savoir, les fondateurs de l'Ordre ont peut-être fait du symbolisme sans le vouloir.
- Le symbolisme de l'Ordre de la Félicité
Le choix d'un langage propre à la marine ne nous a pas paru devoir être considéré comme relevant du symbolisme mais de l'allégorie et de l'usage d'un code: lorsque nos marins codent un message ils ne font pas de symbolisme mais mettent un signe ou un mot à la place d'un autre pour dissimuler une information à des tiers; l'usage d'un code est le contraire du symbolisme: le code cache, le symbole révèle. Il est cependant deux symboles employés et clairement visibles dans le rituel de la Félicité: ce sont le câble et l'ancre qui constituent ce qu'ailleurs on appellerait le « bijou » ou la « médaille » de l'Ordre et dont le symbolisme mérite quelques développements.
Nous commencerons par le câble qui à dire vrai a assez peu suscité l'intérêt des spécialistes: aucune mention ni dans l'Encyclopédie des Symboles ni dans celle de la Franc-maçonnerie ouvrage collectif pourtant très riche.17 Rien non plus dans le Dictionnaire des symboles de Chevalier et Gheerbrand18. De plus la Maçonnerie anglo-saxonne qui use de ce symbole dans certains grades est particulièrement avare de commentaires explicatifs. Restent cependant des idées simples qui s'imposent: le câble est évidemment un lien qui en reliant les parties entre elles forment un ensemble, le cas échéant une entité nouvelle. A ce titre on songe à la chaîne d'union dont la solidité exige bien qu'un lien fort lie les membres. La chaîne d'union fait naturellement penser à un autre câble: la houppe dentelée, la encore un lien mais qui reste ouvert à ses extrémités pour permettre à la fois l'accueil de nouveaux venus et le retour au monde profane19. Le câble dont la résistance est une caractéristique symbolise d'autant mieux l'union qu'il est constitué de multiples fils tressés ensemble comme la loge est faite des Frères et Sœurs. Résistant il peut figurer ce qui sauve. Mais comme tous les symboles ont un double visage il peut aussi être ce qui retient, empêche d'avancer...
En revanche l'ancre a inspiré de très nombreuses réflexions. Il est vrai qu'elle a une histoire beaucoup plus fournie: elle figure déjà sur plusieurs médaillons des rois de Syrie et rappelait que la dynastie séleucide se voulait issue d'Apollon et de Laodicée, le premier ayant remis à la seconde un anneau gravé d'une ancre. L'ancre devint ensuite le symbole des victoires navales, attribuées bien sur à l'intervention du divin ancêtre. Les chrétiens firent ensuite de l'ancre un symbole de leur communauté ce qui ne surprendra pas puisque le Christ est un « pécheur d'hommes »20. Clément d'Alexandrie dans son ouvrage « Le pédagogue pour les catéchumènes » précise que « les signes qui doivent distinguer les chrétiens sont une colombe, un poisson, une nacelle portée à pleine voile vers le ciel [une arche sans doute…] et l'ancre marine » ; des symboles familiers !
L'ancre est également présente dans la quête du Graal telle que décrite par Wolfram von Eschenbach dans Parzifal : Au retour de son premier voyage en Orient on découvre que Gamorel l'Angevin a changé les armes figurant sur son écu et qu'à la panthère traditionnelle de sa famille il a substitué l'ancre.
Les alchimistes qui opèrent en suivant « la voie humide » feront aussi mention de l'ancre.
Une ordonnance royale de 1772 fait apparaître l'ancre sur les uniformes des troupes de marine dont on sait que la vocation est d'intervenir souvent très loin, dans les grands espaces d'abord maritimes puis de toute nature y compris les déserts et les jungles21.
En Franc-maçonnerie l'ancre de marine figure sur les tableaux de loge des rites anglo-saxons et bien sûr dans les loges liées à l'association ASPOMA. Mais elle est aussi un des matériels nécessaires au bon déroulement des cérémonies d'une loge de Nautoniers de l'Arche Royale: à l'ouverture des travaux à la pierre de porphyre (qui à ce degré remplace la Bible non encore écrite à l'époque du déluge) est associée l'ancre de marine car « c'est avec cette pierre comme ancre d'espoir que Noé amarra son arche quand celle-ci s'échoua sur le mont Ararat »22 (15)
Très clairement et de temps immémoriaux comme l'attestent les exemples précédents le symbolisme de l'ancre a trait à la stabilité, la fermeté et l'espérance. La stabilité ressort bien dans le processus alchimique: le passage d'un état à un autre n'est pas sans risque et s’il est prématuré et mal conduit, il peut provoquer la destruction du contenant et du contenu. Il faut donc fixer les éléments selon les prescriptions pour éviter les accidents. L'ancre figure cet impératif en même temps d'ailleurs que, par sa forme, il peut représenter le vase où se déroule l'opération. C'est d'ailleurs cette représentation de la coupe qui est mise en valeur dans la quête du Graal : l'ancre est considérée comme l'image de la nef, de la barque de la vie or, cette nef ou barque de la vie est le Graal, le Saint Vase, qui est éternité et l'ancre, par ses caractéristiques de solidité et de stabilité symbolise cette éternité et cette intangibilité.
Ces caractéristiques sont évidemment « apaisantes » pour le cherchant et l'ancre sera donc aussi un symbole de la confiance: la chose mais aussi l'être sur lequel on peut s'appuyer, compter dans les moments de gros temps. Et s'il est un point d'appui possible, l'espérance demeure: c'est un des symbolismes les plus reconnus (nous allions écrire « ancré ») de l'ancre de marine. Particulièrement chez l'apôtre Paul pour qui l'être humain vit dans un monde instable, à la dérive et passager: l'ancre est à la fois ancre de miséricorde qui nous évite d'être emporté par la tempête ici-bas et ancre d'espérance qui nous lie au monde à venir.
Il apparaît qu'il y a entre le câble et l'ancre une vraie complémentarité symbolique qui ne doit pas étonner puisque dans la réalité l'ancre ne peut remplir sa mission que parce que le câble fait le lien entre ce qui fixe et ce qui doit être fixé.
Nous avons relevé enfin le langage volontiers équivoque des textes des rituels de la Félicité. Remarquons, sans insister, que l'ancre est décrite comme se composant « d'une verge ayant à son extrémité un organeau, à l'autre deux pattes armées de becs, le tout suspendu à une forte chaîne (et primitivement sans doute à un câble) à jeter au fond de l'eau pour qu'elle s'y fixe et retienne le navire ».
L'Ordre de la Félicité à l'épreuve des réalités
L'Ordre de la Félicité s'est heurté à deux types de problèmes qui sont riches d'enseignement pour qui appartient à des sociétés, initiatiques ou non, et dont l'histoire la plus contemporaine montre qu'elles perdurent.
Les premiers de ces problèmes concernent le développement et le fonctionnement de l'institution elle même.
Le développement harmonieux demeure une gageure pour toute société tant le glissement vers le « recrutement » se fait insidieusement au niveau des membres et des représentations. L'Ordre de la Félicité n'a pas échappé à cette difficulté. Moët préconise dès 1746, alors que l'Ordre n'a été fondé qu'en 1742, de supprimer notamment à Paris de nombreuses escadres qui ont recruté « de mauvais sujets ou d'honnêtes gens mal reçus ». Il propose de fixer un nombre d'escadres et de s'y tenir. On croit lire certains textes des débuts de la Maçonnerie française lorsque l'auteur se plaint « de l'immense quantité de personnes qui avait été reçue dans l'Ordre de la Félicité » dont certaines « de conditions basses » ce qui fit que « la livrée parvint au grade suprême de Chef d'escadre et la grisette se nicha dans le Tabernacle » !
Quelques années plus tard, fondant leur Grande Loge, les Anciens soulignèrent l'importance du problème: « les honorables membres de cette grande et honorable société ne pourront jamais prêter trop d'attention au choix de ses membres... [et] à une connaissance parfaite du caractère du candidat et des motifs qui lui font solliciter son initiation aux mystères de la Franc-maçonnerie. De cela dépend la prospérité ou la ruine de l'Ordre »23 ; avis toujours d'actualité !
Bien évidemment les responsables de cette situation sont bien connus: ce sont les « petits » Patrons qui par ambition personnelle créent des escadres sans avoir les aptitudes et l'autorité indispensables pour bien les diriger. Pour résoudre ce problème l'autorité centrale doit être forte et incontestée et la solution proposée est de désigner pour chef un prince de sang royal… Décidément on ne sort pas des sentiers battus ! De fait, à la disparition du Duc de Bouillon, qui nous pardonnera de le qualifier malgré ses nombreux titres de « cheville ouvrière » de l'Ordre, la Grande Maîtrise fut proposée au Comte de Clermont qui la refusa estimant avoir assez à faire avec la Franc-maçonnerie. L'Ordre de la Félicité n'eut donc pas un chef « qui s'imposât autant par le mérite que par la naissance » et quel dommage, car il est certain que « les Maçons ne se soutiennent dans leur éclat que par le choix qu'ils ont fait d'un prince ».
Il est assuré que lorsque les chefs n'ont pas les compétences requises par leur mission, la situation se détériore rapidement. Effectivement bien des escadres prennent des libertés destructrices au regard des rituels et des règlements. Nous avons plus haut signalé que certaines escadres ne transmettaient plus certains grades et particulièrement celui de « Patron salé » alors que celui-ci précédait immédiatement le grade de « Chef d'escadre ». On peut se poser la question de savoir s'il ne s'agit pas d'une pratique menant à l'institution de Chefs d'escadre « ad vitam » à l'exemple de ce qui se faisait alors en Maçonnerie avec les conséquences bien connues. D'autres escadres, les « petites » , négligeaient les rituels parfois tout simplement faute d'avoir les moyens de réunir le matériel nécessaire ou de louer ou d'acquérir l'indispensable local, ce qui confirmerait un recrutement dans des couches sociales « moins favorisées des métaux » pour reprendre une expression du Rite Émulation.
L'ensemble de ces problèmes et difficultés a débouché sur une conclusion qui n'est pas particulièrement originale si on considère la période contemporaine : la scission.
Moët dans l’Antropophile donne la date de 1745, Ragon celle de 174724. Les deux auteurs conservent leur écart de deux années pour les datations sur notre sujet et là encore nous préférons Moët qui fut contemporain et membre de l'Ordre. Les dissidents créèrent donc un Ordre des Chevaliers et Chevalières de l'Ancre - on trouve dans un écrit anonyme le nom d’Ordre des Chevaliers et Héroïne de l'Ancre mais s'agit-il de notre scission ? - mais les rituels ne connurent que des modifications minimes: certains mots de passe furent changés pour éviter les intrusions et sur l'insigne ou médaille de l'Ordre les attributs marins furent plus nombreux. Cet avatar se maintint jusqu'en 1780.
Le denier point qui peut à juste titre susciter des commentaires est celui de la nature réelle de la mixité mise en œuvre par l'Ordre. Certes une société dont l'objectif était de naviguer sur toutes les mers pour découvrir l'ile de la Félicité « où règne la volupté et de l'amour la mère » comme le dit une chanson ne pouvait se concevoir sans une participation féminine. Mais quelle place était réellement faite aux dames dans l'Ordre ?
Répondre à cette question exige au préalable de se remémorer ce qu'était la position des femmes dans la société des privilégiés, à laquelle appartenaient à l'évidence les membres de la Félicité. Certes la femme ne pouvait prétendre à l'égalité avec l'homme mais elle était beaucoup plus libre et éclairée que l'image déformée que nous en avons. En effet, c'est la femme du XIX° siècle dans cette même classe sociale qui sera véritablement dans une situation d'assujettissement sous la double influence d'une bourgeoisie régnante, étroite d'esprit et d'une religion sur la défensive. Il semblerait bien que dans ce siècle l'énergie consacrée par les hommes à établir des régimes politiques libéraux et à développer la liberté de s'enrichir les ait amenés à développer un autoritarisme dont les femmes furent les premières victimes.
Dans la « bonne société » du temps des Lumières et à plus forte raisons chez ceux qui avaient bénéficié de la Lumière, la bienséance était une vertu impérative car ainsi que l'indique l’Antropophile « on regarde les femmes comme le principe et la fin du vrai Bonheur et non comme le profane qui n'y voit qu'une cause de son plaisir » Aussi dans les escadres bien tenues, point de débordements qui d'ailleurs auraient posé de sérieux problème puisque les femmes présentes étaient épouses, maîtresses, en tous les cas toujours parentes des frères. La liberté avait progressé certes mais dans la limite de la raison (la grande idée du siècle). Ceci n'empêchait pas l'usage de rituels aux termes équivoques, nous l'avons vu : c'était une manière sans doute d'éprouver quelques frissons sans pour autant que le désordre ne s'installe sur le navire qui filait vers Cythère et la Félicité.
Mais cette mixité pose une question autrement intéressante: y avait-il égalité entre les Chevalières et les Chevaliers ? Il semble ici que la Félicité ait été réellement une société de son temps (et du nôtre ?) : mixité n'est pas égalité. Nous pouvons vérifier cette affirmation de manière surabondante: souvenons-nous par exemple des châtiments prévus dans les obligations lors de la réception dans la société ; s'il rompt son serment le Chevalier perd son honneur (une notion lourde de sens à l'époque) mais la Chevalière devra, elle, subir les assauts des matelots les plus féroces. C'est dire que chez la femme l'honneur n'est pas affaire d'âme mais de corps… D'ailleurs dans le même ordre d'idée et révélateur d'un « machisme » dont la gravité tient sans doute au fait qu'il est inconscient, c'est aux Chevalières qu'il est demandé d'avoir une tenue « décente » et plus même, puisqu'elles doivent être « embéguinés » tandis que les Chevaliers arboreront soieries, rubans et autres fanfreluches.
D'autres exemples pourraient être tirés des quelques textes qui traitent de l'Ordre mais il y a en réalité plus grave : si on lit bien l’Antropophile, il semble que lors du passage du grade de Patron à celui de Patron salé il soit d'usage dans les escadres de prier les dames de se retirer… Ce qui, si on veut réfléchir par analogie avec la Franc-maçonnerie reviendrait à penser que les femmes avaient accès aux grades d'apprenti et de compagnon, et non au-delà. C'est mieux que le statut réservé à la même époque aux frères servants mais c'est trop peu pour qu'on puisse parler d'égalité. De plus cela implique qu'aucune femme ne peut espérer devenir Chef d'escadre. Nous savons enfin que les fonctions de Vice-amiral et de Grand Maître furent toujours et en alternance dévolues à Chambonas et à Bouillon. L'Ordre de la Félicité ne prétendait pas être à l'avant-garde des sociétés de son temps et c'est heureux.
Moët dans son Antropophile a bien vu le problème alors que s'amorçait avec les Loges d'adoption une concurrence qui devait triompher. Et il propose des solutions qui faute d'avoir été mise en œuvre nous permettent au moins de sourire aujourd'hui. Il estime, à juste titre, que la solidité de l'Ordre tient à une parfaite égalité entre tous mais les moyens d'y parvenir sont étonnants: il s'agit de dépouiller les dames de leurs – déjà bien peu évidentes – prérogatives. Ainsi « les hommes y seront moins gênés; les dames seraient ravies d'être homme pour un moment » et de plus « qu'empêche qu'on appelle les dames du nom de frère ? Elles paieraient de leur personne alors, au lieu que sous le nom de sœurs elles ne sont que des ombres » !!! De plus, il conviendrait que « les dames fussent reçues dans la Chevalerie par les frères et les hommes par les sœurs: il n'y aurait point de partialité dès ce moment; tout se ferait sans brigue. »
Avec ces propositions révolutionnaires mais sans suite nous laissons l'Ordre de la Félicité suivre son destin. L’Antropophile est publié en 1746 et nous savons par Brest de la Chaussée que l'Ordre n'existait plus en 1772, ses escadres coulées par les Loges d'adoption qui se multipliaient alors. Sans doute aussi, la disparition d'un grand seigneur comme le duc de Bouillon, mort en 1771 explique-t-elle la fin de l'aventure : il a manqué un prince pour soutenir la compagnie !
Mais la Félicité ne fut-elle que cette société dont en 1745 un mauvais esprit anonyme avait écrit qu'elle était « le moyen de monter au plus haut grade de la Marine sans se mouiller » ?
Elle fut au moins mais c'est déjà considérable la réunion de femmes et d'hommes heureux de se retrouver ensemble et de partager bonne humeur et bonne chère. N'est-ce pas beaucoup.
Carpe Diem.
Prière à Saint Nicolas
Toi, qui dans l'horreur du naufrage
soutiens le cœur des matelots
et les préserve de l'orage;
Toi, qui d'un mot calme les flots;
Saint Nicolas, sois favorable
au zèle qui m'appelle à toi :
fais que ton scrutin redoutable
m'admette à vivre sous ta loi;
que sur tes escadres brillantes
je serve et commande à mon tour;
qu'aux charges les plus importantes
de rang en rang je monte un jour;
que contre moi le fier Borée
ne soulève jamais les mers;
et que de l'ile désirée
je trouve tous les ports ouverts. Ainsi soit-il.
Extraits de quelques chansons de l'Ordre de la Fidélité25
- Chanson pour la Félicité (sur l'air du « branle de Dunkerque »)
Il s'agit d'un dialogue entre le Chef d'escadre et un Mousse, entrecoupé des interventions du chœur; l'annexe III fournit une traduction des termes « marins »
Le Chef d'escadre:
courage mon enfant, dites quel bâtiment voudriez-vous choisir pour voguer avec plaisir ?
Le Mousse :
Que de peine à prendre pour en trouver de bons! Je fuis une bélandre et la laisse au ponton; quiconque a de l'aimant vogue avec agrément.
Le chœur :
Il a bien répondu, il a de la vertu; prions Saint Nicolas qu'il ne l'abandonne pas
- Avis sincères à mademoiselle *** chevalière de l'Ordre de la Félicité (sur l'air de la béquille du père Barnabas)
L'ancre journellement
N'écoute que l'amour,
à votre coté brille
dans vos yeux il pétille
pour vous quel ornement !
Aimer à votre tour
Quitte cette vétille
c'est une peccadille.
l'attribut d'une fille
Qui comme vous fourmille
de la Félicité
et d'esprit et d'appas
doit être la béquille
relève la béquille
du frère si vanté.
Du père Barnabas.
.
- Chanson de l'Ordre de la Félicité
Le calme doit nous engager soyons unis, soyons confiants
à des courses légères; pour chaque chevalière,
mais gardons nous de voyager dans nos festins les plus charmants
quand les vents sont contraires liberté toute entière :
ne risquons point en amour et que Bacchus et Amour,
un trajet téméraire sur les flots de Cythère
sans espoir de retour. Nous mènent tour à tour.
Éléments de vocabulaire
Nous avons signalé que l’Antropophile se terminait sur deux « dictionnaires » se complétant l'un à l'autre: le premier donne un mot et son sens, le second une expression et sa signification. Nous en donnons quelques exemples.
Bâtiment
le corps
Gabary
(chaloupe de bon)
fille bien faite
Bélandre
une folle
Gouvernail
derrière
Ponton
un sot
Grappin
main
Accrocher
embrasser
Mat (grand)
le corps
Appareiller
mettre sa chemise
Organeau
une bague
Amarrer
s'attacher, avoir une inclination
Pavois
habillement
Bouline
un novice
Pompe
pot de chambre
Boussole
les yeux
Port
le cœur
Cabestan
les reins
Proue
le visage
Calme (il)
la conversation tombe
Rames
jambes et bras
Cordage
les cheveux
Ribord
culotte
École de marine
toilettes
Sondes
les doigts
Embarquement
intrigue amoureuse
Vaisseau
homme
Entrepont
l'estomac
Voile
chemise
Fers (être aux)
être amoureux
Voilier (bon)
coureur
Frégate
petite femme
Etc.
J.M.
Source : Article paru dans les Travaux d’ASPOMA, avec l’autorisation de l’auteur.
RECENSION- DICTIONNAIRE DES MARINS FRANCS-MACONS
Gens de Mer et Professions connexes aux XVIIIème, XIXè et XXè siècles.
Travaux de la Loge Maritime de Recherche LA PEROUSE.
Ce dictionnaire publié sous l’égide de l’Association Ponantaise d’Histoire Maritime sous la Direction de Jean-Marc Van Hille.
Éditions Kronos SPM.
En librairie : 46,50 €.
Dans cette somme considérable, les Francs-Maçons et plus particulièrement ceux de la Mer ou de la Côte trouveront, de quoi satisfaire leur besoin de connaître leurs prédécesseurs. Ceux qui furent les transmetteurs au cours de leurs voyages à travers le monde des valeurs de la Franc-Maçonnerie. Les Biographies ainsi parcourues soit à la manière d’un Roman soit épisodiquement selon votre préférence seront propres à enrichir vos connaissances de la Fraternité. Vous découvrirez peut être que les origines de la Franc-Maçonnerie Française viennent de la Mer, la célèbre Loge L’anglaise de Bordeaux en témoigne.
La préface de Pierre Mollier Directeur du service Bibliothèque-Archives-Musée du Grand Orient de France, atteste la rigueur et la qualité de l’œuvre.
Tout Franc-Maçon dont le regard se projette sur la Mer, aura un plaisir renouvelé par ses consultations successives de cet ouvrage.
JFG