Voilà un bien joli mot comme je les aime qui, tout seul, sans définition, sans discours, sans analyse évoque des images, des souvenirs, peut-être même des regrets. Le mot est à peine prononcé que déjà l’imagination vagabonde.
La métamorphose est un changement de forme, de nature ou de structure si importante que l'être ou la chose qui en est l'objet n'est plus reconnaissable. Et si les cloportes d’Audiard n’ont pas grand chose à voir avec le cancrelat de Kafka, c’est bien cette transformation du connaissable au méconnaissable qui les réunit. Dans la nature, ce sont surtout les petits animaux (comme le notait Michelet) qui surprennent le plus par cette aptitude : le tétard se fait grenouille et la chrysalide meurt en papillon. Mais les exemples viennent de plus haut et une liste exhaustive des avatars des dieux antiques prendrait plusieurs pages. Zeus aimait à prendre les formes les plus diverses pour séduire ses proies, ce dont Io se souvient encore. Quant à Protée et Pygmalion (qui métamorphosa Galatée) ils sont allés jusqu’à laisser leur trace dans nos dictionnaires.
Pour nous pauvres humains qui ne sommes ni Dr Jekyll ni Mr Hyde, ni Frégoli ni Lon Chaney, la métamorphose est souvent synonyme de transformation radicale dans la manière d’être, sans pour autant friser la transgression ontologique, heureusement. Cette transmutation est même régulièrement présentée comme la solution magique aux problèmes du quotidien, la condition sine qua non du bonheur terrestre et peut-être même de celui qui nous attend dans l’au-delà ! Diantre ! A écouter les bonnes âmes, c’est simple, il suffit d’être au lieu de paraître !
Or il est aisé de remarquer que cette différenciation entre être et paraître, donnée comme panacée du bonheur, voire de la morale, est toujours proposée à autrui, rarement à soi-même. C’est toujours l’autre qui se suffit du paraître, l’autre qui, selon notre entendement, a d’autant peu de profondeur que sa surface rutile. Et en définitive notre discours sur la métamorphose espérée du monde et de nos concitoyens n’est qu’une manière (presque) habile de dissimuler notre inaptitude récurrente à comprendre autrui aussi mal que soi-même.
Théodore Neville. (Dictionnaire Inutile)
Initiation.
En vrac: Humour une métamorphose ? ou de la double nature de l'humour. L'homme pouvu d'humour parvient à s'élever au-dessus de sa propre condition. L'humour est donc une forme d'élévation.
Pour finir un mot d'esprit.
Un juif demande à un autre juif : votre nom est bien David Goldberg ? Oui répond l'autre. Le premier lui donne alors une gifle. L'autre se met à rire. Mais pourquoi riez vous Monsieur Goldberg ? S'étonne le premier juif. Parce que je ne m'appelle pas du tout David Goldberg. Mon nom est Samuel Schwartz !