Prononcer le mot identité, devient délicat, cela sent presque le souffre enfin en France, parce qu’en Europe ou dans le monde cela ne pose pas question. D’ailleurs notre premier ministre Catalan d’origine, s’est illustré récemment à Barcelone par un discours de plus d’une heure en Catalan. L’on peut dès lors s’interroger sur le refus d’une région Bretonne incluant la Loire Atlantique et Nantes avec le Château de la Duchesse Anne, la Bretagne retrouvant ainsi son territoire historique.
L’identité mène au mot communauté, lui aussi sujet à cause sans doute de son dérivé excessif le communautarisme.
Et pourtant ces deux mots précédent ceux de Valeurs et de Solidarité dont ils sont indissociables.
L’objection latente d’une opposition entre identité et universalité ne tient pas car l’un n’est pas l’ennemi du multiple, tout comme la différence n’est pas le rejet de l’autre, mais au contraire son respect, et son acceptation. Nos racines fussent t’elles solidement ancrées, ne nous empêchent de nous projeter dans l’avenir de regarder vers d'autres horizons, de nous dresser vers le ciel .
Pour résister à la mondialisation uniformisation, il faut revendiquer sa singularité et son appartenance à une culture qui n’est pas que passé et se construit au jour le jour.
Rozenn Milin, historienne, chercheuse Universitaire sur le Celtisme, journaliste, productrice d’émissions de TV (ARTE, la BBC, ITV, TV BREIZH etc…) ; elle a dirigé TV BREIZH à sa naissance, se positionne pour la défense de l’identité Bretonne, mais surtout de la diversité culturelle à travers le Monde, son engagement a précédé l’air du temps, ou l’on voit Catalans, Corses, Ecossais, Gallois renforcer leurs identités propres.
Rozenn Milin nous donne ainsi un ouvrage de témoignages de diverses personnalités Bretonnes ayant un attachement avec leur terre, leurs traditions, leur langue. Ils sont 19 de tous bords politiques, paysans, écrivains, universitaires, entrepreneurs ; ce qui fait religion, c’est leur identité.
Chacun décrit ses racines familiales, mais surtout ses émotions, son enthousiasme pour cette culture vivante, qui touche leur cœur, au gré des vents côtiers mais aussi parfois du large, des pas sur les landes et des regards sur les pierres qui façonnent les paysages dans les champs Mégalithiques ou rassemblent les âmes dans les Chapelles, autour des calvaires les jours de pardon. Tous ces hommes, ces femmes sont des pierres vivantes, et des témoins de la modernité de leur région.
A l’instar de Gwendoline Jézéquel née à Brest en 1991, son père issu d’une lignée de paysans, bilingue lui même. Elle parle Breton, Anglais, Espagnol, Portugais ; elle monte des projets internationaux, fait du théâtre en langue Bretonne, elle titulaire d’une licence en langue appliquées elle a exercée à Miami en Floride.
Rozenn Milin commence ainsi son livre :
« La question de l’identité est universelle. Comment se définit-on par rapport à autrui, où que l’on soit dans le monde ? Et plus précisément dans les pays européens, où les frontières s’estompent et où tout finit par se ressembler, pouvons-nous encore nous affirmer différents de nos voisins ? Cette question est d’autant plus que l’on appartient à une minorité au sein d’un grand ensemble. Que l’on soit Breton, Basque, Catalan, Corse, Occitan, ou Alsacien, pourquoi revendiquer une singularité par rapport au reste de l’hexagone ? Pourquoi clamer une appartenance spécifique alors qu’il serait tellement plus simple de se fondre dans le grand bain de la mondialisation ?
C’est sur cette invitation aux réponses qu’elle convie les 19 participants à sa réflexion.
La langue est incontournable dès que l’on parle d’identité. Le Breton revit grâce aux écoles Diwan un exemple unique au monde qui propose une scolarité en langue Bretonne des classes primaires au Bac à plus de 6000 élèves et se prolonge jusque dans les universités.
La Franc-Maçonnerie contemporaine n’est pas indemne de cette transmission de nombreuses Loges porte des noms Bretons, de nombreux Frères sont attachés à leur identité dans diverses Loges. L’historien de la Franc-Maçonnerie André Kervella voit même l’apparition des premières Loges en France à Brest ou à Lorient.
Quelques remarques sur la langue Bretonne qui ne comporte pas le verbe « Avoir », mais le verbe « Etre », ou encore on remarque que le « Je » n’est pas utilisé mais remplacer par « faire avec ». Ce " je" incontournable dans la langue Française, a laissé place à ce « faire avec » Breton. En tant que Franc-Maçon cela me convient bien, car sans la Solidarité des autres que puis-je faire ?
Rozenn Milin, nous permet de mieux comprendre l’identité Bretonne, les revendications des Bretons, qui après tout à presque 4 millions peuvent prétendre au même traitement en matière d’autonomie que les quelques 300 000 Corses ! Mais il y a plus d’un pas entre le dire et le faire de nos politiques.
Bonne lecture.
Alan STIVELL, Nolwenn CORBEL, Yannick MARTIN, Yann QUÉFFELEC, Olivier DE KERSAUSON, Gwendoline JÉZÉQUEL