La vie de Fernando Pessõa fût courte mais intense, né au Centre de Lisbonne en 1889 entre une église et un théâtre cela a t’il eu de l’influence sur son œuvre ? Sa prime jeunesse entre une grand-mère folle et une mère bientôt veuve, qui va se remarier avec un diplomate qu’elle suivra avec Fernando à Durban en Afrique du Sud. Le jeune homme fera des études à l’université du Cap. Mais le mal de ses racines latines se fait sentir, il revient vers le Portugal, s’imprègne de la langue Française, mais son traducteur écrira :
« De ce homme élevé en territoire Britannique, et qui meurt à l’âge de quarante sept ans à l’hôpital français de Lisbonne, il convient de se souvenir qu’il écrit un jour cette phrase : « Ma patrie est la langue portugaise ».
Fernando Pessõa possédait des vertus médiumniques, il prédit l’attaque d’apoplexie qui terrassa sa mère à Prétoria.
Adepte de la Kabbale, admirateur de Jacques de Molay, il était Chevalier Rose-Croix. Son goût pour l’occulte, s’illustre dans un messianisme qui débouche sur la vision d’un Quint Empire prophétisé par « Le Sage de Nabuchodonosor. »
Fernando Pessõa est difficile à suivre il se définit lui-même comme hystéro-neurasthénique, il écrit d’ailleurs : « L’origine de mes hétéronymes réside dans une tendance organique et constante à la dépersonnalisation et à la simulation. »
Il se sentait plus les êtres qu’il avait crées que lui même.
Je termine ainsi ces quelques lignes ceux qui veulent aller plus loin voir en fin d’article.
JFG.
INITIATION.
Tu ne dors pas sous les cyprès
Car il n’est de sommeil en ce monde…
Le corps est l’ombre des vêtements,
Qui dissimulent ton être profond.
Vient cette nuit qu’est la mort,
Et l’ombre s’achève sans avoir été.
Tu vas dans la nuit simple silhouette,
Égal à toi contre ton gré.
Mais à l’hôtellerie de l’épouvante
Les anges t’arrachent ton manteau,
Tu poursuis sans manteau sur l’épaule,
Avec le peu qui te protège.
Lors les Archanges du Chemin
Te dépouillent et te laissent nu.
Tu n’as plu ni vêtements ni rien :
Tu n’as que ton corps, qui est toi.
Enfin, dans la profonde caverne,
Les Dieux te dépouillent plus avant.
Ton corps cesse, âme externe,
Mais tu vois qu’ils sont tes égaux.
…………………………………………………..
Le sort n’a laissé parmi nous
Que l’ombre de tes vêtements.
Tu n’es pas mort sous les cyprès.
Néophyte, il n’est point de mort.
Fernando Pessõa.
Travailler avec noblesse, espérer avec sincérité, aimer les hommes avec tendresse - voilà la vraie philosophie.Fernando Pessõa |
En compagnie de Fernando Pessoa , cet "inconnu de lui-même", comme l'appelait Octavio Paz...
"Je est un autre" disait Rimbaud.
"Vivre c'est être autre" écrit Pessoa,
Lui qui s'est inventé quantité d'hétéronymes. Nul mieux que lui n'a éprouvé avec autant de force et de douleur que le divers nous traverse de l'intérieur, au point d’avoir "mal à la tête et à l'univers"...
Voici quelques-uns de ses "Fragments d'un voyage immobile" :
Un homme peut, s'il est vraiment sage, jouir, sur une chaise de tout le spectacle du monde, sans savoir lire, sans parler à personne, en n'utilisant que ses sens, à la condition que son âme ne soit jamais triste.(Fragments d'un voyage immobile, 51)
Il m'arrive de soutenir qu'un poème est une personne, un être vivant, qu'il appartient, avec une présence corporelle et une existence charnelle, à un autre monde où notre imagination le projette. (id.13)
Mon âme est un orchestre secret; j'ignore quels instruments je pince et lesquels grincent à l'intérieur de moi. Je ne me connais que comme une symphonie. (22)
Sois pluriel, comme l'univers. (23)
Enrouler le monde autour de nos doigts comme un fil ou un ruban dont joue une femme qui rêve à sa fenêtre. (30)
Sentir tout, de toutes les façons. (52)
Tout sentir de toutes les manières,
Tout vivre de tous les côtés
Etre la même chose, en même temps, de toutes
les façons possibles... (65)
Je ne dors pas. J'entresuis. (90)
Vivre, c'est être autre. Et sentir n'est pas possible si l'on sent aujourd'hui comme l'on a senti hier. (70)
Je suis la scène vivante où passent plusieurs acteurs qui jouent plusieurs pièces. (178)
Le poète est un simulateur.
Il feint si parfaitement
Qu'il finit par feindre qu'est douleur
La douleur qu'il ressent vraiment. (221)
Je n'évolue pas : JE VOYAGE. (227)
La terre est faite de ciel.
Le mensonge n'a pas de nid.
Jamais personne ne s'est perdu.
Tout est vérité, et chemin. (223)
Je me sens né à tout instant
A l'éternelle nouveauté du Monde... (226)
Il est nécessaire de naviguer, vivre n'est pas
nécessaire...
Vivre n'est pas nécessaire : ce qui est
nécessaire, c'est créer. (241)
Université de Trás-os-Montes e Alto Douro (UTAD)
Institut de Littérature Comparée (ILC) de la faculté des Lettres de Porto (FLUP)