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Profiter de la vie
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Tout le monde comprend le sens de cette réflexion. Mais afin de creuser davantage, j'ai voulu savoir ce que quelques personnes autour de moi comprenaient de la formule : profiter de la vie. Si j'écarte ceux des farceurs, la plupart des commentaires que j'ai obtenus m'ont paru très significatives : profiter de la vie c'est être plus attentif au lever et au coucher du soleil, à la texture des feuilles, au rythme de saisons, aux rapports avec les intimes, les proches, les amis, avec les autres en général; s'occuper davantage des enfants, servir la société, quelques vagues projets écologiques ayant même été esquissés...; s'amuser davantage, consacrer plus de temps aux loisirs, faire plus souvent l'amour, s'engager socialement, faire des choix plus exigeants en fonction de valeurs plus élevées; consacrer du temps à s'épanouir, se développer. En résumé, je dirais que, pour la plupart de ces personnes, profiter de la vie revenait, en somme, à faire de meilleurs choix, à veiller davantage à la qualité des rapports humains et à une meilleur communion avec la vie même, en particulier avec la nature…À chacune d'entre elles – comme à moi-même, je m'empresse de le souligner – j'avais envie de dire : " Mais qu'est-ce qui t'empêche de profiter davantage de la vie ici et maintenant? Où est donc l'obstacle? Tout ce que tu estimes être l'essentiel se trouve à ta portée! Non? " L'obstacle qui empêche de profiter davantage de la vie semble dû à l'état de sommeil où nous sommes plongés, sans nous en rendre compte. Nous vivons comme des automates. Prendre conscience, à un moment donné, que la vie est courte et qu'il faut d'autant plus en profiter, c'est avoir un choc, se réveiller subitement de l'état léthargique que nous entretenons par habitude, par lassitude aussi peut-être. Après l'enfance, la faculté d'émerveillement s'émousse rapidement.. La vie perd de son relief. Presque tous les gestes deviennent une corvée. Par exemple, faire les courses. On achète les fruits et les légumes sans s'investir! C'est pourtant un geste sacré, un acte par lequel on communie avec la nature. Et si je donne cet exemple c'est que la découvertes des fruits et des légumes est récente pour moi et qu'elle a été l'occasion d'une révélation. Profiter de la vie, ça me paraît aussi être plus attentif aux gestes de tous les jours. Par opposition à vivre dans son mental, absorbé par le bavardage incessant dans sa tête; engourdi par le bourdonnement des mots, le collage figé de pulsions émotionnelles, passant d'un état à un autre, dans une discontinuité, un éparpillement, un éclatement de la conscience d'être. C'est pourtant l'état habituel dans lequel nous vivons notre vie, un état dont il est d'autant plus difficile de se libérer qu'on n'en est pas conscient. Je pense même qu'il est impossible de s'en libérer tout à fait. Car cet état d'instabilité mentale semble faire partie de la nature humaine. Mais ce n'est pas, comme tel, un état malheureux, plutôt un état d'absence à soi qui empêche de profiter de la vie parce qu'elle est subie plutôt que vécue consciemment. Ce qui me frappe dans la plupart des commentaires que j'ai recueillis, c'est de constater jusqu'à quel point profiter de la vie se trouve dans les petites choses dont elle est faite, les gestes les paroles, les regards, les attentions… J'ai déjà dit que la voie sur cette planète est celle des petites choses; se lever, se laver, ouvrir le frigo… et tout le reste, jusqu'au moment où on ferme la lumière dans l'attente du sommeil. Les petites choses, par rapport à l'idée qu'on se fait qu'il n'y a que les grandes entreprises qui sont importantes. Alors que profiter de la vie, c'est porter attention à chaque moment de la vie: porter attention non pas à la notion du temps, mais, concrètement, à chaque tranche du temps de la vie. En définitive, le sentiment de profiter pleinement de la vie réside dans la conscience d'être; on peut faire les mêmes gestes avec ou sans cette conscience d'être. Le sentiment de plénitude n'est donc pas seulement dans ce qu'on fait, mais dans l'attention à ce qu'on fait et à ce qu'on est , dans le temps de la vie. Il n'y a là rien là de très nouveau, j'en conviens. Ce serait même plutôt banal. Mais il se trouve que pour s'éveiller à l'importance de la conscience d'être jusque dans les petits gestes, dans les tranches du temps de la vie, un choc est nécessaire. Et c'est généralement la mort autour de soi qui provoque ce réveil, cette prise de conscience. C'est peut-être même une fonction de la mort que d'éveiller ceux qui restent, du moins ceux qui n'ont pas le sommeil trop lourd, l'engourdissement trop collant, l'ankylose trop gluante... C'est la mort qui éveille à la vie. La mort des autres. Et la perspective, parfois même la menace, de sa propre mort… |
AUTEUR ANONYME.
COMMENTAIRE
Profiter de la vie ! Le simple fait de prononcer cette phrase révèle une certaine angoisse, comme quand on a le sentiment de s’être perdu, seul dans une forêt inconnue, c’est presque comme un mauvais rêve, j’ai perdu mon chemin et s’est de ma faute, j’ai regardé ailleurs au moment ou ne fallait pas et je me suis perdu.
Profiter de la vie cela peut prendre l’allure d’un paradoxe pour un Franc-Maçon, c’est d’avoir une tolérance modérée, sélective, envers soi-même d’abord, mais aussi avec autrui, en appliquant un principe de réalité à l’adage « on ne donne pas confiture aux cochons.»
Profiter de la vie c’est avoir plus d’empathie envers ceux que l’on reconnaît pour tels, de l’empathie jusqu’à l’émotion.
Redécouvrir la valeur des choses simples, pures, rechercher le silence au milieu d’une logorrhée qui bourdonne et tourne autour de nous, nous assaille et prend le pouvoir.
Profiter de la vie c’est oublier l’avoir, le statut social, pour retrouver l’essence, ce qui a permis d’acquérir ce statut. Ne pas estimer l’autre pour ce qu’il a, mais pour ce qu’il est, ce qui lui a permis d’avoir ce qu’il a.
Profiter de la vie c’est ce nourrir des qualités humaines de mon Frère, apprécier la constance de son amitié en toutes circonstances.
Profiter de la vie c’est avoir la joie de dire j’ai rencontré un homme bon, juste, intègre, fidèle, sa profession, sa réussite sociale devenant ainsi accessoire.
Profiter de la vie c’est dire j’ai rencontré un homme sincère, plutôt que j’ai rencontré le Président directeur général de…., ou le ministre de …, un notaire…., un médecin avec qui j’étais bien. J’ai oublié ce qu’il a au profit de ce qu’il est.
Profiter de la vie c’est découvrir à la mort de mon Frère sa modestie concernant ses biens matériels que j’avais le bonheur d’ignorer, mais ne retenir de lui qu’il était simplement mon ami, mon Frère.
JFG.