Hier mon article a suscité une réaction légitime de notre Frère Cincinnatus concernant les Bénédictins de Saint-Maur qualifiés de "Rationalistes et libres penseurs". Il convient de remettre cette définition dans le contexte de l'article à tendance sociologique ainsi que dans l'époque, et comme l'a dit Cincinnatus de partage de valeurs dans une société en pleine mutation.
BENEDICTINS ET FRANCS-MACONS JE M’EXPLIQUE.
Cette période ou les Lumières brisent les frontières sociales, les Loges acceptent les opératifs, les scientifiques, etc… En particulier en Angleterre la marmite bouillonne dans les Collèges d’oxford, de Dublin, jusqu'à la Royal Society et l’invisible Collège. Des hommes qui représentent toutes les catégories sociales pourvus qu’ils ne soient pas des Athées stupides, je précise stupides, se retrouvent dans les Loges. Les religieux sont aussi touchés par cette turbulence qui pénètre les esprits et les cœurs de hommes de bonne volonté. Ainsi ce sont bien des pasteurs qui ont mis en forme les célèbres constitutions fondatrices de la Franc-Maçonnerie spéculative ou considérées comme telles.
Si le clergé séculier dans sa majorité du moins sur le continent fait encore allégeance au pape et au dogme catholique Romain. Force est de constater qu’en de nombreux endroits le clergé régulier confronté à la misère est attiré par les idées développées par les Lumières et reprises par les Francs-Maçons.
Ce qui ne veut pas dire qu’il renonce a ses règles. Mais les moines placent au centre de leurs préoccupations la bienfaisance, héritiers en ce sens des pauvres chevaliers du temple.
C’est Eric Saunier dans son livre qui parle d’une forme de rationalité concernant ces moines, détachés des préoccupations de la curie Romaine, ils acquièrent une forme de liberté de penser et leur action plus sociale pour aider leurs semblables dans la difficulté, précurseurs en quelque sorte des organismes de secours de l’église. Dont l’église verra rapidement la mauvaise influence pour son unité et l’on connaît la suite les excommunications qui sont encore en vigueur et frappent ceux qui se disent de bonnes mœurs et fuient le vice pour pratiquer la vertu.
JF.
REVOLUTION ET SOCIABILITE EN NORMANDIE AU TOURNANT DES XVIIIème siècle et XIX ème siècle de Eric SAUNIER de 1999. Publication des Presses Universitaires de Rouen et du Havre : ISBN 2-87775-248-8 sur 560 pages au prix de 28,97€
Avec plus de 100 loges et chapitres de hauts grades, les cinq actuels départements normands furent, entre 1750 et 1830, profondément touchés par le « fait maçonnique ». Dans le cadre d’une recherche mise en place à partir d’un fichier de près de 6 000 francs-maçons et fondée sur une démarche prosopographique, l’auteur dresse le tableau d’une forme de sociabilité à travers laquelle se reflètent, durant le long temps révolutionnaire, notamment dans l’organisation des orients et les évolutions de l’institution maçonnique, les tensions sociales et l’importance des recompositions. Brisant la rigidité des cadres chronologiques posés par une historiographie habituée à prendre en charge la franc-maçonnerie à la fin de l’épisode napoléonien ou à l’abandonner à cette date, on voit alors comment l’événement révolutionnaire, par les mutations liées à l’émergence d’une nouvelle conception et de nouvelles pratiques philanthropiques puis par l’irruption du politique, opère une transformation visant à placer cette forme de sociabilité dans des conditions culturelles radicalement neuves, au moment même où s’amorcent les grands combats politiques et culturels qui touchent la France au XIXe siècle.
De grandes parties de l’ouvrage sont consultables sur internet.
Fondée vers 1725 par des émigrés britanniques fidèles aux Stuarts, la maçonnerie n'apparut en public qu'en 1737. La nouvelle Société séduisit l'aristocratie, la bourgeoisie et jusqu'aux couches populaires. Le pouvoir la toléra. L'ordre recéla en son sein deux courants: l'un rationaliste et philosophique, l'autre mystique et occultiste. Il acclama la Révolution, puis se divisa. École de l'Egalité au XVIIIe siècle, il devint au XIXe celle du Libéralisme. L'auteur: Pierre Chevallier, professeur émérite à l'Université de Paris-XII, auteur de l'Histoire de la Franc-Maçonnerie française (1725-1945), a aussi publié en 1979, Louis XIII, roi cornélien et en 1981, La Séparation de l'Église et de l'École, Jules Ferry et Léon XIII.