Le Franc-Maçon constructeur de sa citadelle, de son temple intérieur. C’est après avoir fait le vide en soi, préparer le terrain, aller chercher pierre après pierre les éléments, les matériaux pour construire un temple harmonieux, se perfectionner dans l’espérance d’atteindre l’orée de la sagesse.
Il faut s’être débarrassé des choses inutiles qui ne servent à rien et encombrent notre espace vital, nous empêchant de voir l’essentiel, l’essence même des choses et de comprendre notre place dans l’univers.
Il faut faire régulièrement des toilettes de printemps dans notre maison intérieure, pour contempler les roses écloses dans le jardin de notre âme.
Construire cette citadelle intérieure, ce n’est pas se réfugier chez soi, comme dans une tour d’ivoire, comme un mystique éloigné du monde, ce n’est pas non plus contempler avec suffisance autrui, ni se satisfaire de son image trompeuse tel Narcisse. C’est au contraire construire en soi une base solide avec des matériaux fiables, inépuisables, comme la pratique de toutes les vertus, mettre entre elles la fraternité indispensable ciment de l’édifice. Pour parachever l’œuvre installer au sommet un trône sur lequel règnera en maître absolu l’amour qui débordera dans la communauté des hommes, dans l’univers entier.
Se libérer enfin de tous les préjugés, de toutes les passions, accepter les événements qui résultent du cours général de la nature, accepter la vie et l’aimer telle qu’elle est. Construire sa citadelle, son temple, c’est retrouver cette unicité toute stoïcienne, pratiquer toutes les vertus sans distinction avec joie, elles sont toutes utiles à l’édifice, pour aboutir à une action la plus parfaite possible, celle du sage, la raison qui se trouve dans la nature devient alors compatible avec la raison humaine.
Émile Bréhier écrivit à ce sujet : « Il est impossible que l’homme de bien (c’est à dire celui qui pratique l’Ethique) ne soit pas le physicien et le dialecticien ; il est impossible de réaliser la rationalité séparément en ces trois domaines et par exemple de saisir entièrement la raison dans la marche des événements de l’univers sans réaliser du même coup la raison en sa propre conduite. »
Il faut donc bien commencer l’initiation par la construction de sa citadelle de son temple intérieur, pour trouver l’harmonie en soi et s’harmoniser ensuite avec l’Univers et y trouver sa place.
Émile Bréhier (12 avril 1876, Bar-le-Duc — 3 février 1952, Paris) est un écrivain, philosophe et historien français. Il est surtout connu pour ses travaux sur l'histoire de la philosophie. Il est le frère de Louis Bréhier, historien de l'art.
Agrégé de philosophie en 1900, il enseigne au lycée de Coutances, au lycée de Laval de 1903 à 1908, et au lycée de Beauvais. Il est docteur ès lettres en 1908 avec une thèse sur Philon d'Alexandrie. Il enseigne ensuite dans les universités de Rennes et de Bordeaux, et enfin à la Sorbonne à partir de 1919.
Il suit avec Charles Péguy les cours de Bergson au collège de France, en particulier les cours sur Plotin.
Mobilisé en 1914 au 344e régiment d'infanterie, il y gagne les galons de sous-lieutenant et est cité deux fois à l'ordre de la division et à l'ordre de l'armée. Atteint d'une très grave blessure, il est amputé du bras gauche et fait chevalier de la Légion d'honneur.
En 1925, il est détaché à l’université du Caire et, en 1936, à celle de Rio de Janeiro1. Directeur de la Revue Philosophique et de L'Encyclopédie Philosophique, il est l'auteur de nombreux et importants travaux sur la philosophie grecque et la philosophie médiévale (dont une traduction complète des Ennéades de Plotin) et surtout d'une magistrale Histoire de la Philosophie. Il avait succédé à Henri Bergson en 1941 à l'Académie des sciences morales et politiques.
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