Le symbolisme, est la méthode initiatique du Franc-Maçon attaché à la tradition. Son parcours est nourrit par son ouverture aux symboles. De nombreux auteurs, philosophes, historiens, théologiens, humbles cherchants bâtisseurs de leur vie, de la cité, de la Jérusalem céleste, peuvent êtres qualifiés de symbolistes. Ce même symbolisme a inspiré un courant artistique à la fin du 19ème siècle, les œuvres produites s’inspirent de la spiritualité, de l’imagination et des rêves de leurs auteurs.
Marie-Madeleine Davy philosophe, historienne médiéviste, fortement engagée dans la vie de l’esprit. Elle a fréquenté Mircea Eliade, Simone Veil, et Teilhard de Chardin.
Ouvrir un livre de Marie-Madeleine Davy, c’est ouvrir la porte qui est à l’intérieur de soi, s’est lever le voile sur son soi véritable, pour atteindre une forme de joie, à l’orée du bonheur, de l’harmonie, et de la paix intérieure. Chaque mot, chaque phrase résonne sur notre carapace de chair et pénètre notre cœur, l’émotion monte progressivement, et bientôt se sont des perles d’amour qui ruissellent sur nos joues.
J’ai extrait du prologue de son livre : Initiation à la symbolique Romane. » Quelques lignes qui expriment sa pensée sur le symbolisme, qui toucheront le profane aussi bien que le Franc-Maçon.
« Dans la mesure où le monde se sépare entre sacré et profane, se divise entre naturel et surnaturel, le symbole se réfère aux seules réalités spirituelles. En soi, le symbole ne suppose ni cette séparation, ni cette opposition. Dans la mentalité primitive, une telle division serait inconcevable, mais le XIIème siècle s’achemine vers la distinction du naturel et du surnaturel qui s’affirmera au XIIIème siècle et qui deviendra pour l’homme une pierre d’achoppement. La dualité ne s’offre point comme une opposition entre la chair et l’esprit. Le problème est tout autre. Il existe deux mondes. Ceux –ci ne sont point superposés l’un à l’autre ; On pourrait les comparés à des regards orientés dans des sens différents. Aucun pont ne les relie. Ces deux mondes portent des noms respectifs : le sacré et le profane, ils expriment un monde relié et un monde isolé. »
Suit une réflexion qui prend aujourd’hui encore toutes sa signification :
« Le danger pour la réalité spirituelle ne provient pas de ceux qui l’ignorent ou la nient, il se trouve là ou des hommes s’en servent comme d’un instrument de puissance. Alors il devient difficile non seulement de découvrir sa beauté, mais de croire à son existence. Le charnel possède sa grandeur, seule est haïssable la caricature du spirituel. »
A propos de sa recherche sur la symbolique Romane elle écrit :
« L’essentiel de notre propos consiste dans l’importance donnée à l’expérience spirituelle. Celle –ci est nourrie par les symboles ; se sont eux qui la provoquent, l’animent, lui confèrent une valeur abyssale.
La différence entre les hommes se réduit à celle-ci : la présence ou l’absence de l’expérience spirituelle. Si lumineuse qu’elle soit, cette expérience n’est pas acquise une fois pour toutes, elle est vouée à des approfondissements successifs, (l’initiation Maçonnique est scalaire, elle est gloire au travail, vigilance et persévérance) c’est pourquoi l’homme en qui elle s’accomplit est attentif aux signes de présence, aux symboles qui tels des lettres lui apprennent un langage, le langage de l’amour et de la connaissance. L’homme spirituel est instruit par les symboles et quand il veut rendre compte de son expérience ineffable, c’est encore aux symboles qu’il a nécessairement recours.
Ainsi le symbole devient l’alpha et l’oméga de l’expérience spirituelle, ou plutôt il constitue tout l’alphabet de ce langage mystérieux comparé à celui des anges. Il n’est plus seulement langage, il devient verbe transformant la terre d’ombre en une terre de lumière, c’est à dire une terre transfigurée. »
Les quelques lignes qui suivent pourraient enrichir les propos de l’orateur qui manifeste la joie de la Loge lors de l’accueil d’un nouveau Frère, elles sont une première réponse au regard étonné de ce nouveau Frère :
« Les symboles sont autant de regards animés, de mains pleines de trésors. L’important est de savoir qu’ils sont en nous et autour de nous, attendant patiemment d’être reconnus. »
Le Frère ainsi ré veillé pourrait dire comme Marie-Madeleine Davy
« Dans le silence de midi tout devient signe, déchiffrement, lecture, émerveillement. La Lumière n’éblouie pas mon regard. Car elle est devenue ma patrie. »
JF.
Source : Initiation à la symbolique romane- de Marie-Madeleine Davy Éditions Flammarion Collection Champs Histoire. Format poche 8,20€
ISBN 978_20812_1884_0
Le douzième siècle, cette Renaissance médiévale, est le grand âge de l'art roman. L'homme de ce temps possède une exacte connaissance de sa situation : il est pèlerin de la Jérusalem céleste et, de ce fait, voué à une marche ascendante. Relié à un monde invisible dans lequel il se meut, il sait d'où il vient et où il va. Sa certitude relève de sa foi. Que cette foi se développe à l'intérieur de l'Eglise ou qu'elle soit hétérodoxe, elle demeure vivante. Le moine y répond à l'intérieur de son cloître, le professeur dans son enseignement ; l'artiste en témoigne sur la pierre ou par la couleur. Le monde est un, du macrocosme au microcosme, et il est signe de l'Invisible. L'art et ses symboles l'enseignent. Du portail de Cluny à la littérature du Graal, Marie Madeleine Davy nous donne accès à l'extraordinaire richesse symbolique du douzième siècle