PAR CLAUDIUS
Le dernier article sur les aspects du symboles m'a donné envie d'essayer de clarifier différents temps de l'approche symbolique.
Le symbole est présenté comme un pont jeté entre deux réalités : L'une tangible appréhendable par les sens, l'autre, inexprimable parce que non raisonnable au-delà, en-deçà ou ailleurs que dans le discours.
Et pourtant il y a cet insatiable désir de partager, de décrire, de dire et d'écrire sur les symboles !
Il me semble que comme dans tout langage traditionnel il y a différents niveaux de lecture qui participent à des degrés divers à la puissance symbolique.
Il ne convient pas d'en exclure ou d'en consacrer un à l'exclusion des autres, chacun a ses qualités et on choisit librement mais consciemment celui qui nous parle le mieux dans l'instant.
Une suite logique mais non chronologique nous propose d'aller du concret vers le subtil.
Le premier contact serait alors littéral : on lit et analyse l'objet c'est à dire ce qui se trouve là, posé devant nous. On y verra par exemple un arbre, on y reconnaîtra des racines, un tronc, des branches et une cime ; on pourra l'inscrire entre ciel et terre, y lire une tension verticalisante et un déploiement horizontal ... et puis, ... deuxième mouvement on explorera le contexte, l'histoire et la logique de l'apparition de l'arbre. La référence sera alchimique ou biblique par exemple, occidentale ou orientale, le contexte mettra l'accent sur la sève, la saison, la graine cachée dans le fruit, la profondeur des racines par rapport à l'étalement et la hauteur des branches, etc. On pourra de même chercher quand, au sein d'un courant traditionnel apparaît pour la première fois le thème et comment il colore et enrichit toutes les occurences ultérieures comme on pourra encore comparer différentes représentations traditionnelles de l'arbre.
Ainsi on développera tout un paysage autour de l'arbre ; cette mise en perspective nous invitera alors, troisième temps, à nous inscrire dans le tableau.
C'est le moment de s'avancer, de sortir de l'ombre pour dire ce que l'on sait, ce que l'on ressent, attrait ou malaise. C'est le temps du dialogue, temps de la question qui invite à la réponse. Que me demande cet arbre, questionne-t-il mon manque de verticalité, la nécessité de garder les pieds sur terre pour s'élever vers le ciel ou encore comment, à travers sa présence s'ouvre le dialogue avec les anciens, les ancêtres et les autres, comment transmettre, témoigner de ce que j'ai reçu et le faire passer plus avant.
Bref, c'est le temps de l'inter - prétation, temps de l'échange et de la parole qui peut toujours dire plus que ce qu'elle ne croit dire.
Le quatrième niveau est le temps du silence. Mystère ! Ouverture à l'inconnu, à la possibilité que l'on porte à notre insu et qui est travaillée par le symbole.
Forces secrètes qui ont poussé l'arbre sur notre chemin et attisent notre désir.
Arbre qui un beau jour fait irruption dans la beauté d'un instant allumant la flamme, petite lumière chaude qui n'arrête pas de nous mouvoir et nous émouvoir.
Attrait de l'être, non pas être substantif qui serait caché au plus profond de mes entrailles mais verbe in - finitif qui se vit dans la quête d'un présent insaisissable et se conjugue à tout passé pour ouvrir à l' à - venir.
Claudius.