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la Franc Maçonnerie au Coeur

la Franc Maçonnerie au Coeur

Un blog d'information, de conversations sur le thème de la Franc Maçonnerie, des textes en rapport avec la Franc Maçonnerie, comptes rendus et conseils de lectures.

Publié le par jean françois
LES RITES

DES RITES

 

La revue Esprit (Comprendre le Monde qui vient). Dans son numéro d’avril 2018 a pour thème : « Le passage de témoin ».

Trois interventions, celle de Marcel Hénaff sur le lien entre générations, celle de Daniel Innerarity la coalition des vivants et enfin celle de l’anthropologue  Julien Clément sans rites comment passer les âges.

 

C’est cette dernière intervention qui a attiré mon regard de Franc-Maçon. Julien Clément s’est intéressé aux rites d’initiation avec le prisme du sport en particulier du Rugby. C’est donc naturellement qu’il a étudié les rites de Samoa, développés dans son livre : Cultures physiques, le Rugby de Samoa aux Editions Rue D’Ulm dans la collection Sciences Sociales.

 

Le Haka est la caractéristique des joueurs de Rugby de cette île du pacifique, Haka signifiant danse. C’est une danse guerrière mettant en exergue la masculinité de ces peuples du pacifique : « le sport serait le lieu d’expression d’une virilité dont la guerre était le précédent réceptacle. » Les Hakas font donc partie des danses pratiquées pour un accès à la masculinité, à l’âge adulte.

« La mise en place de ces danses, ainsi que les tatouages du pacifique témoigne de la prégnance de cette affirmation de soi masculine… »

 

Le sport, et en l’occurrence ses attributs, la danse et le tatouage remplace la guerre. Le tatouage Samoa pratiqué entre les genoux et la taille en évitant les parties génitales, fait partie d’une cérémonie rituelle. Ces rites ancestraux ont disparus sous le joug de la christianisation.

Comme l’indique Julien Clément, les corps dans nos sociétés contemporaines : « ne sont plus le lieu des passages en tant que support du marquage social dans le cadre de rites d’initiation. »

Il est maintenant plus difficile de distinguer l’évolution, la transformation, la mutation des hommes vers l’âge adulte, le corps extérieur n’est plus le lieu de cette transformation de soi. C’est donc à l’intérieur que la transformation initiatique se produit, sur le plan individuel.

 

Quels sont les rites « visibles » collectifs de notre société, Julien Clément met les enterrements de vie de garçon ou de jeune fille, peut-être les sorties étudiantes du jeudi soir. « C’est l’inscription sociale » dans un groupe qui devient initiation.

Julien Clément au regard de la modification des rites funéraires en particulier  avec la crémation souligne la difficulté de la transmission : « L’affaiblissement des rites funéraires est l’un des symptômes de la difficulté à penser le passage des générations. L’absence d’une perspective longue, au-delà même des vivants, peut-elle être source d’une difficulté à organiser les relations entre eux ? »

 

Il éclaire ensuite notre relation aux nouveaux nés. « Des êtres fabriqués de manière scientifiques. » Dont on suit l’évolution de manière médicale. Leur prise en charge par l’état (politique familiale) ; soulève le problème des interactions famille, état, religion, se traduisant par un abandon partiel de la position spirituelle imposée par la famille.

 

Julien Clément termine son article par cette réflexion : « Etre adulte, au fond, n’est-ce pas commencer à offrir des cadeaux ? »

 

C’est à peu près le seul rituel qui demeure dans nos sociétés contemporaines, cadeaux de noël, de départ, de bienvenue. On peut parler de rite à ce sujet, mais à mon sens pas de rite initiatique, il y a donneur mais pas récepteur actif. Certes l’initiation est un commencement  elle se donne, se transmet ; mais surtout l’initié participe il est acteur, il est actif, il est au centre de l’initiation, c’est de sa libre volonté qu’il est initié lors d’une cérémonie qui n’est qu’une mise sur un chemin a parcourir par lui-même. Il s’initie lui-même par degrés d’évolution de sa conscience.

 

En franc-maçonnerie, pour passer de l’état profane à l’état d’initié, il faut un rituel, au terme duquel celui qui préside à la cérémonie et qui a été investi par ses frères, pour transmettre une tradition, dans un cadre sacralisé. Détient le pouvoir de créer, de constituer et de recevoir, le postulant. L’initiant est garant de la tradition et du rite. Au terme de la cérémonie d’initiation le postulant commence sa véritable démarche initiatique sur le plan individuel, et, avec le soutien du groupe des anciens, détenteurs des clés de la tradition qui lui sont remises à lui d’ouvrir les portes.

 

Julien Clément s’interroge sur la disparition possible des rites dans notre société, il parle d’adaptation de ces rites, faut-il y voir une dégradation, une adaptation des traditions, ou s’agit t’il plutôt d’une modernisation constante des rituels initiatiques, en particulier leurs modifications pour coller à l’évolution du langage. Il faut me semble t’il une manipulation la plus minime possible au risque sinon de perdre l’essence, la pureté qui relie les générations. C’est la force de la franc-maçonnerie cette initiation occidentale. Les mots, signes, les attouchements gardent toutes leurs valeurs symboliques et imprègnent les générations successives de frères qui se retrouvent étant les maillons d’une chaîne d’or pur, métal de l’Art Royal qui inspire leur démarche. Les rites maçonniques sont bien vivants et pratiqués chaque jour dans les espaces sacrés des temples.

 

JF.    

LES RITES
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