DE LA MATIÈRE À L’ESPRIT, DE LA MATIÈRE DE L’ESPRIT
Passer du un de la matière, par le deux de l’intuition, pour s’élever au trois de l’esprit, qui est un. C’est le parcours initiatique du profane, qui en apprenti reçoit la lumière, est éclairé en compagnon par ses sens, se place au centre de l’étoile flamboyante, reçoit les influences extérieures, réalise son œuvre au blanc, pour s’illuminer en maître, en faisant couler le feu de son sang sur la rose, il se régénère comme le phénix.
Telles sont les étapes de l’initiation maçonnique. La matière est le substrat, la pierre dure, la pierre brute sans laquelle l’aventure ne pourrait pas s’écrire, se buriner. Ce substrat, ce support de culture, comme le définisse les horticulteurs, qui élèvent les roses. Ou cette molécule de départ des biochimistes propre à provoquer les réactions, ce substrat c’est l’homme ancien, le vieil homme celui qui pénètre dans le cabinet de réflexion, celui qui recevant des chocs initiatiques successifs, va s’éveiller, se réveiller, passer de l’horizontale à la verticale pour partir à la recherche de la lumière de l’esprit et la faire grandir en lui.
La mise en mains des outils, sera prolongée par le réveil des sens, la pratique des arts qui libèrent, qui couronnent ses relations avec le monde externe, cette pratique va résonner en lui progressivement les portes vont s’ouvrir derrière les symboles les idées vont germer, la conscience intérieure va se développer sous l’influence de l’esprit. Pour les non croyant cette téléologie n’implique aucune théologie, pour les croyants l’intervention divine est la force qui les pousse vers leur monde intérieur. Le franc-maçon qui ne s’impose aucune limite dans sa recherche de la vérité, met sa foi maçonnique ou pas, entre les mains de sa croyance en un Grand Architecte indicible, innommable, il ne se laisse imposer aucun dogme.
Pour parvenir à la réunification de l’un, notre sensibilité est essentielle, elle en est l’essence, le carburant. D’apparence passive, quand elle travaillée, elle entre en ébullition dans notre marmite intérieure, nous ressentons en permanence à la vue des merveilles de la nature et de nos semblables. Il y a un phénomène « d’auto initiation », notre intuition devient intention, in tension intérieure permanente.
Nos sens nous ont permis de nous connecter avec le monde extérieur, notre esprit nous connecte avec intériorité, élève notre conscience. Nos sens seuls ont leurs limites nos yeux même décillés ne voient pas tout, nous avons besoin du secours des microscopes, des télescopes, nos oreilles n’entendent pas les ultra-sons.
Mais notre intuition, notre imagination sont sans limites, notre esprit est un sixième sens qui permet l’accès à toutes les dimensions, les contrées inconnues, fabuleuses, mystérieuses, ses mondes magiques, hors de l’espace et du temps.
Ces contrées sont accessibles à tous ceux qui cherchent, à tous ceux qui demandent, à tous ceux qui frappent à la porte de leur moi intérieur, ils entrent alors en contact avec eux-mêmes et l’univers entier.
JF.
D'infinis paysages (extrait)
Nous avons beau nous éloigner
le paysage ne nous quitte pas
Qu'il s'ouvre comme un livre d'heures
à chaque levée matinale des arbres
sur les talus
nous le savons en nous lové
si intérieur
qu'il instille sa sève goutte à goutte
dans notre sang
jusqu'à se ramifier
Et si marcher n'était
qu'aller à sa rencontre
pour mieux s'empayser des autres ?
Et si écrire ou lire
n'était que traverser sa vie
comme on traverse un paysage,
laisser à la neige des pages
le soin de consteller
le silence des marges,
à ces mots simples le pouvoir
de ralentir le coeur
le pouls de la pensée ? (...)
Printemps des poètes 2011