LE TROUBLE DE LA VÉRITÉ
C’était presque un monde fictif, un monde où la vérité était donnée, imposée, indiscutable, la vérité semblait naturelle, elle était une lumière qui venait d’en haut, le reste n’était qu’un monde des apparences, les hommes étaient asservis à cette vérité unique.
Ils ont voulu construire eux-mêmes leur vérité, sortir de l’obscurantisme pour aller vers les Lumières à la recherche de leurs vérités individuelles, en s’émancipant des dogmes ils ont créé leur vérité. Il leur fallait tout oublier et repartir à la recherche de l’unique vérité tout en étant conscients qu’ils ne l’atteindraient jamais, mais il leur fallait êtres sur le chemin de la vérité, cette beauté universelle. Etty Hillesum a écrit en 1943 :
« Je crois que la beauté du monde est partout, même là où les manuels de géographie nous décrivent la terre comme aride, infertile et sans accidents. Il est vrai que la plupart des livres ne valent rien, il nous faudra les réécrire. »
Nietzsche a fracturé la notion de vérité unique, il nous a fait découvrir notre monde aux vérités multiples, cette pensée a initié la dégradation progressive de La Vérité. Dans notre société contemporaine, les vérités se détruisent d’un jour à l’autre, plus rien ne fait sens, nous sommes dans une société de défiance où la communication a remplacé l’information, la théorie du complot se nourrit chaque jour de fausses nouvelles.
C’est le règne du « ils », qui a remplacé le« nous ». À force de mensonges on ne croit plus en rien, on soupçonne par avance, il n’y a plus de bonnes intentions, il ne reste que l’ombre des mauvaises, des calculs, on ne croit plus en rien, la Vérité est usée.
Les femmes et les hommes ont besoin d’un projet commun, qui donne le cap, qui donne du sens à leur vie, qui éclaire leur avenir et celui de leurs enfants.
Nous sommes peut-être au périgée de ce trouble de la vérité, mais paradoxalement Nietzsche, nous donne les solutions, il refuse les dieux qu’ils qualifie de créations de l’homme, d’idoles construites par l’homme lui-même, qui n’apportent que souffrances et humiliations, il n’est pas tendre non plus avec la science, qu’il qualifie de stupide interprétation du monde. Il poursuit à propos des philosophes, des métaphysiciens et des religieux qu’ils sont les seuls à avoir besoin de dieux, qu’ils considèrent comme sources de vérités.
Pour lui seul l’art a grâce à ses yeux, il est l’affirmation de l’existence, pourquoi pas ! Le franc-maçon couronne la force et la sagesse avec la beauté, visible dans la nature, mais surtout en lui-même. Il pratique l’Art Royal celui de la construction de son temple intérieur, de son homme intérieur. L’initiation maçonnique fait progresser l’homme neuf à la recherche de La Vérité, élève sa spiritualité, en le libérant, une spiritualité avec ou sans dieux c’est son choix en fonction de sa foi, de son doute, de sa conscience. Dans tous les cas le franc-maçon élève sa conscience, sa méthode de travail, l’effet que produisent sur lui les valeurs des symboles universels, lui permette de passer du trouble à la Lumière de la Vérité.
JF.
À propos de l’Art :
Ne prends donc pour motif que ce que tu trouves beau, soit dans les sensations qui te sont habituelles, soit dans les images que tu construis à ton gré en combinant des sensations et des souvenirs. Étudie le monde extérieur dans ses lois et non ses accidents. Garde toi surtout du travail de copie, qui est inintelligent, donc nuisible. Les langues parlées ou écrites se servent de signes conventionnels. L’art est un langage universel qui s’exprime par les symboles. »
Paul Sérusier.