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la Franc Maçonnerie au Coeur

la Franc Maçonnerie au Coeur

Un blog d'information, de conversations sur le thème de la Franc Maçonnerie, des textes en rapport avec la Franc Maçonnerie, comptes rendus et conseils de lectures.

Publié le par jean françois
RECENSION : TRANSPARENCE.....

LE MONDE DE DEMAIN EST AUJOURD’HUI

 

 

Toutes les obédiences maçonniques visent au perfectionnement de l’homme et de l’humanité. Elles s’intéressent aux progrès de la science et des techniques, depuis quelques années la vitesse des améliorations technologiques est fulgurante, grâce à l’informatique, le numérique et ses applications, ces améliorations ont libéré l’homme des contraintes matérielles, facilité sa vie quotidienne. La phase suivante est la prise de contrôle de l’homme lui-même.

Les états sont incapables de contrôler ses avancées, les firmes regroupées en Trusts préparent les lois et les amendements de nos élus qui manquent de moyens, alors même que nous voulons les réduire les considérant comme inefficaces.

 

Les comités d’éthique font un travail remarquable et conséquent, mais interviennent souvent sous la pression des problèmes et parfois trop tard.

 

Nos obédiences maçonniques multiplient les conférences publiques, agissant comme des lanceurs d’alertes, en particulier sur les conséquences du Transhumanisme, mais leur influence est réduite par rapport à la puissance des GAFAM. Nous sommes des colibris, des pompiers Australiens face au feu incontrôlé, qui brûle tout sur son passage.

 

Faut-il en passer par là ? Le feu régénérant toutes choses, si nous restons conscients, nous gardons en nous l’espérance du Phénix, d’un nouveau monde non pas numérique, mais plus humain.

 

Les meilleurs défenseurs de ce nouveau monde plus humain sont les artistes, il nous faut protéger leur indépendance et diffuser leurs œuvres. Rémy Le Tallec nous propose une recension du Roman de Marc Dugain : « Transparence » une contribution à cette prise de conscience et à cette espérance d’un monde meilleur.

 

Jean-François Guerry.

RECENSION : TRANSPARENCE.....

Marc Dugain – « Transparence », (Gallimard, 2019)

 

Transparence

 

Roman d’anticipation, « Tr        ansparence » nous transporte en 2069, 140 ans après la crise financière mondiale de 1929 (un tout petit siècle et demi…), et accessoirement, un siècle après mai 1968. 

 

L’accélération du monde de l’économie, des avancées de la science et du digital, et l’évolution exponentielle des principes fondamentaux de l’humanité sont, la toile de fond de l’histoire. Transparence est donc une entreprise multinationale créée dans ce mouvement de la révolution numérique qui consistait (nous sommes en 2069 bien sûr…) à  collecter des milliards d’information sur les individus afin d’approcher la connaissance absolue de chaque être humain. 

 

L’objectif de cette masse de connaissances était de réduire le champ des probabilités au profit de la certitude et de diminuer tous les risques susceptibles de menacer l’individu ou simplement créer chez lui la moindre angoisse. Eliminer toute incertitude, toute contrainte et toute sanction, bref, tout élément anxiogène, c’est-à-dire tout ce qui implique une responsabilité personnelle.

 

L’accélération des flux et la multiplication des réseaux s’ajoutant au mimétisme d’accumulation de biens matériels, propre à la société actuelle, marginalisent de fait une partie des populations, qui se sentent rejetés, et donc partagés entre inquiétude et colère, ce qui est mauvais pour les affaires. L’objectif de ces multinationales du numérique est donc d’accumuler des milliards d’informations sur chaque individu afin de le connaître intimement et orienter/canaliser ses comportements. 

 

La présidente française de Transparence – à la veille de perpétrer un coup d’état financier à l’échelle planétaire - est accusée d’avoir orchestré son propre assassinat en public. Situation inouïe et absolument incompréhensible pour tout esprit cartésien, et extravagant défi pour les plus fins limiers de la police … !

Mais, au-delà de l’intrigue policière-prétexte surréaliste, Marc Dugain met le doigt sur nombre de questions bien actuelles posées par les avancées déjà connues et leur développement prévisible par les tenants de performances numériques/scientifiques et économiques tous azimuts.

 

Les grandes entreprises du numérique sont devenues une sorte d’état transversal assujetties à aucune autre loi que la leur. Souvent même, elles n’ont pas mesuré les dévoiements possibles de leur performance technologique. A la tête de leur propre état, elles pilotent les autres états traditionnels en les subventionnant et en leur fournissant toutes les informations possibles sur leurs populations.

 

Cette collecte d’informations individuelles est facilitée par les multiples fichiers officiels privés et publics en tout genre d’une part, et aussi largement facilitée par les individus eux-mêmes, friands de connexions et applications digitales en tout genre. Le goût de l’exhibitionnisme, l’appétit de reconnaissance, de divertissement ou la simple convivialité sont des armes passives fournies généreusement et gracieusement par leurs utilisateurs, aux réseaux dits sociaux qui en font bon usage, le leur… ! Et c’est l’individu qui devient transparent. 

 

Le vieux rêve de l’immortalité

Logique de ce monstre doux qu’est le progrès numérique/scientifique, avec un tel niveau d’information sur l’être humain, les possibilités technologiques de la société « Transparence » doivent lui permettre de réaliser une technique de l’immortalité, ce vieux rêve de l’humanité. Pour ce faire, elle crée une autre société bien nommée « Endless », qui promet donc l’immortalité à certains heureux élus, en transplantant les milliards de leurs données personnelles connues dans une enveloppe corporelle, et y apportant la cas échéant quelques améliorations… Quant aux critères de sélection des bénéficiaires, c’est la Présidente qui les définit elle-même... 

 

Un monde glaçant

Dans le « Meilleur des Mondes » de Huxley (écrit en 1932), le « soma », drogue consommée de façon obligatoire, procure aux sujets (qui sont devenus des matricules) une euphorie permanente. La société d’Orwell (« 1984 » écrit en 1949), drogue aussi ses citoyens pour fabriquer des individus dociles, surveillés par les  télécrans omniprésents de Big Brother. Ces deux ouvrages visionnaires sont d’une troublante actualité pour certains de leurs aspects, et même déjà dépassés par d’autres : manipulation du vivant, eugénisme, reconnaissance faciale à grande échelle, surveillance de la pensée, manipulation de l’information, contrôle social…

 

Et le monde que nous promet « Transparence » dans le monde de demain,  est lui aussi proprement glaçant. Et pourtant, tous ses ingrédients sont déjà actifs dans notre début du XXIème siècle, comme on peut le voir à l’œuvre tous les jours (notamment le « crédit social » en Chine), et comme le décrivait déjà Marc Dugain dans son précédent ouvrage « L’homme nu » (Plon/Laffont, 2016). 

 

Dans la société de « Transparence », et sa succursale, « Endless », la servitude volontaire des usagers addicts/connectés aboutit au dévoilement absolu de chaque individu, physiquement, intellectuellement, psychiquement.

 

L’accélération du progrès sans vision éthique

Tout le monde sait aujourd’hui que l’accélération continue des échanges développe  une aliénation de l’homme. Mais, comment le Franc-Maçon peut-il considérer, d’abord cette inquisition douce qui pénètre les reins et les coeurs, puis cet eugénisme qui permettrait à certains l’immortalité promise par le transhumanisme, et sur quels critères ? Ici, les heureux élus seraient forcément les plus bavards sur leurs données personnelles, les dossiers les plus fournis sur les réseaux dits sociaux, et les autres…etc  

Qu’en serait-il des êtres de lumière qui illuminent l’âme du monde, et de toute la bienveillance et de la générosité anonymes ?

Qu’en serait-il de la spiritualité qui fonde l’être humain en général et le franc-maçon en particulier ? La paix et l’harmonie de l’homme et du monde, ordo ab chao, auxquels aspire chacun, ne signifient pas l’acceptation de n’importe quoi au nom d’une « fraternité bienveillante ». Mille questions se posent devant la tyrannie douce de ce « progrès » légitimé par l’autorité morale d’une aura technico/scientifique, sans les garde-fous d’une éthique partagée. 

 

On le voit, on est bien loin des utopies libertaires de mai 68 ou altruistes du Woodstock de 1969.

Lucide, fataliste, visionnaire ? Peut-être un peu des trois, et bien sûr, ce n’est qu’un roman, mais, comme ses prédécesseurs dans le genre, un roman dit bien souvent plus que certains savants traités, et en ce sens, il s’agit d’un roman de toute première importance !

 

RLT

PS : Pour illustrer la pertinence cet ouvrage, on peut aussi lire avec le plus grand profit le n° de mai 2019 de la revue Esprit consacré à « l’Idéologie de la Silicon Valley »

 

 

Rémy Le Tallec.

RECENSION : TRANSPARENCE.....

Biographie résumée de Marc Dugain

Marc Dugain nait le 3 mai 1957 au Sénégal où son père est coopérant. Il revient en France où il accompagne durant son enfance son grand-père (Eugène Fournier) qui travaille alors à La maison des Gueules cassées de Moussy-le-Vieux ; ce château, qui accueillit les soldats de la Première Guerre mondiale mutilés du visage, sera à l'origine de son premier roman La Chambre des officiers en 1998. Il habite Grenoble dès l'âge de six ans et y poursuit sa scolarité au lycée Champollion.

Il obtient ensuite un diplôme de l'Institut d'études politiques de Grenoble et un diplôme d'expert-comptable. Il travaille dans la finance au sein du réseau des Caisses d'épargne et crée une société d'ingénierie financière spécialisée dans le financement des moyens de transport. Il devient entrepreneur dans l'aéronautique et dirige, notamment en 2000, les compagnies aériennes Proteus Airlines et Flandre Air.

À trente-cinq ans, il commence une carrière littéraire en racontant le destin de son grand-père maternel, « gueule cassée » de la guerre de 14-18, dans La Chambre des officiers, publié en 1998 et qui le fait connaître. Dès lors, Marc Dugain se consacre entièrement à l'écriture, en traitant de sujets variés.

Source Wikipédia.

RECENSION : TRANSPARENCE.....
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