LA POLYSÉMIE DES MOTS, UNE RICHESSE …
Derrière les mots, des images, des symboles, derrière les symboles des idées, derrière les idées l’infini, le monde imaginal un autre monde que celui connu par les sens et l’intellect. Un troisième monde, un intermonde à découvrir entre le sensible et l’intelligible. Un monde de l’inconscient, que révèle la polysémie des mots.
S’abstenir de réduire, de dogmatiser, ouvrir son cœur et son âme tendre vers l’absolu, déchirer les voiles, pousser encore et encore les portes, laisser entrer le souffle, ouvrir les fenêtres.
Partir de l’un vers le multiple, pour retourner à l’unique, la polysémie des mots est un levier pour connaissance. Elle permet l’accès à la richesse des différences, la connaissance de l’autre, le respect de l’autre.
Dans un monde univoque au même son, on oublie que le même mot cache des différences de significations, ce monde des apparences, n’est pas le monde réel. La polysémie est plurivoque.
La pensée occidentale contemporaine, sous une apparente diversité est une pensée souvent unique. L’individuel se confond avec l’individualisme.
L’initiation maçonnique, est un éveil, un essor de l’être intérieur, une tension vers la spiritualité, le sacré, le divin sans dogmes, elle donne un sens et du sens à la vie. Par l’appropriation des mots de passe, de reconnaissance, des mots sacrés, des images et des symboles, l’on avance par degré sur le chemin de la Connaissance, de la vérité, de la parole originelle. Chacun ses propres mots sur le même chemin, toutes les valeurs essentielles des traditions sont transmises par les mots justes qui sont universels et se retrouvent dans une tradition première, primordiale, le multiple se retrouve dans l’un.
À chacun ses mots, ses rites, ses rituels, la sève, le suc, l’essence, la moelle de toutes les traditions se retrouvent une tradition primordiale. Ainsi l’Occident va à la rencontre de l’Orient, le nadir le soleil à minuit, va à la rencontre du soleil au midi, au zénith. Le fil à plomb est toujours présent au centre de l’espace sacré pour nous rappeler que ce qui est en haut est semblable à ce qui est en bas.
La polysémie des mots incarne la pensée de l’autre, impose le respect et l’écoute de l’autre. En franc-maçonnerie l’on vient comme on est, avec ce que l’on a sa soif de connaissance, sa faim de nourritures spirituelles, l’on sait que nous aurons à boire et à manger tant que nous aurons faim et soif. Nous recevrons, mais notre devoir sera aussi de transmettre, de donner ce que nous avons reçu, nous donnerons avec nos mots et nos frères transmettrons avec les leurs, ce qui compte c’est le sens, la direction, l’harmonie des notes dans cette partition universelle.
En douceur, mais aussi avec la force des mots, l’exigence de l’action. À chacun l’image de son Grand Architecte, de son Géomètre suprême, ce principe qui régit le monde dans son ensemble et nous tous en particulier à un nom aux multiples significations, nous sommes incapables de le prononcer, mais nous pouvons en épeler quelques syllabes, un jour peut-être, nous pourrons au-delà de nous-mêmes retrouver ce nom, cette parole unique et multiple.
Jean-François Guerry.