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es 2 autres sens possibles du mot avatar se réfèrent d’une part à la notion de changement ou de métamorphose, et d’autre part, à celle d’avanie ou d’avarie, rejoignant la signification familière de mésaventure, de malheur. Dans cette acception commune, le mot désigne un phénomène qui vient perturber, modifier ou amender un parcours de pensée ou d’action. L’avatar devient alors ici une forme de réalité perturbante, de frein cognitif s’imposant par sa puissante matérialité, et qui viendra gripper ou malmener un élan, une dynamique souvent vertueuse. Ce sens-là, qui est finalement le plus utilisé dans le langage commun, est une forme d’exacerbation vulgaire de son sens premier de « descente, d’incarnation d’un dieu sur terre » où la matière, considérée comme moins noble que l’esprit, viendrait poser des anicroches, des blocages à un parcours marqué préalablement par une forme de légitimité. Nous pourrions alors paraphraser cette sentence du 26ème degré du REAA, « la matière attend », visant à transcender, par une variante où c’est « l’esprit qui attendrait », entravé dans son élan vertueux par ce « condensat d’incident et d’évènement fâcheux » que symbolise alors l’avatar.
Plus l’orthodoxie du parcours ou de l’objet visé se verra légitimée et avalisée, plus un avatar qui y introduira une dissonance en ressortira « grandi et puissant ». Ces sens différents du mot avatar semblent totalement étrangers l’un à l’autre. Pourtant ils peuvent relever d’une même ontologie, celle de générer des « points de fixation », voire de transformations d’un objet, des « agrégats de sens », aptes, selon les cas, à incarner une divinité, ou bien à être une pierre d’achoppement dans le monde ordinaire. Nous pourrions ainsi distinguer les avatars par la nature de leur substrat : s’il est divin, le support demeure religieux, s’il est matériel, l’ « abaissement de fonction » qui en découle en fera au mieux un obstacle, ou pire une transformation mésaventureuse. Lorsque le profane, ou même un initié trop peu avancé n’a pas cette capacité à se séparer intellectuellement de l’avatar, c’est-à-dire à le cerner, il y verra un obstacle, là où l’initié complet y trouvera un accessit, un moyen de conduction entre soi et le divin : nous retrouvons là l’opposition de sens majeure des 2 acceptions les plus répandues.
Dans le monde terrestre, la matière donne des points d’accroche qui permettent aux vertus de manifester leur force. Mais lorsque ces points d’accroche s’attachent à des objets moins vertueux, plus triviaux, ce caractère incarné, qui fait habituellement les « beaux jours » d’une source divine ineffable, devient pour l’occasion une forme d’« hyper immanence » qui emporte tout sur son passage, qui engorge, qui submerge et donc s’oppose aux dynamiques les plus prévisibles. L’avatar deviendra alors un « pavé dans la mare » du libre développement de la pensée et de l’action. Ce « pavé » imposera à l’initié de continuer à s’améliorer, afin de dépasser ce blocage inhérent à son insuffisance. C’est l’accession au 24ème degré du REAA qui autorisera ce dépassement. En effet, Le 24ème degré s’attache particulièrement, sans jamais le citer, à l’émergence de l’avatar, en tant que mix d’une forte matérialité mâtinée d’une spiritualité émergente. Je cite cette sentence dudit degré du REAA : D- « Comment êtes-vous devenu éclairé ? R- « En étudiant le Livre de la Loi, perpétuellement ouvert aux yeux de l’Univers ». Á rapprocher de ce que dit Victor Hugo dans « Les travailleurs de la mer » : « La masse suprême ne dépend point de l’homme : il peut sur le détail, non sur l’ensemble, le tout est providentiel […] Ce que nous faisons ne va pas au-delà de la surface, l’homme habille ou déshabille la terre ».
Si ce « livre perpétuellement ouvert » du rituel de Prince du Tabernacle, 24ème degré du REAA, est ce que Hugo appelle masse suprême, il n’en demeure pas moins que sa lecture variera selon l’individu. Le sens de cette sentence maçonnique sera alors de définir au mieux ce qu’est la source de toute chose, débarrassée alors des anastomoses de la culture du moment : le terme « perpétuellement ouvert » permettra de signifier cette constante, indépendamment de l’initié. Alors, si les « yeux de l’Univers » caractérisent la somme des interprétations possibles d’un objet, étudier le « Livre de la Loi », Loi entendue comme les mécanismes d’action du principe créateur sur la matière, pourra s’effectuer en 3 temps successifs, qu’on appelle au 24ème degré, nous en reparlerons plus avant, des perspectives. L’avatar nous montre que tout phénomène visible physiquement ou mentalement ne se départ jamais de l’intrication d’un sujet, l’observateur, et d’un objet, l’observé. Le phénomène n’a pas non plus nécessité d’être une observation stricto sensu : l’avatar peut aussi être l’émergence d’un sentiment, d’une volonté ou d’une sensation.
Thierry Didier
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