De l'attentat de la Rue de Rennes au 13 Novembre.
ON N’OUBLIE PAS AVEC LE TEMPS !
En cette période de l’année, c’est le temps du souvenir, des souvenirs, mais pour les événements tragiques qui ont marqués cette année 2015 est-ce vraiment le temps du souvenir ou simplement celui de la trêve ? Je soumets à votre réflexion un texte de Arthur Schopenhauer extrait de Sur la Religion, Paralipomena § 174. Les religions ne peuvent revendiquer le monopole de la souffrance humaine, elles sont aussi espérance et amour, par contre leurs déviations, leurs « ismes » détruisent la fraternité. Efin je vous recommande la Lecture du Monde des Religions qui vient de sortir N°75 de Janvier-Février 2016. La page de couverture titre LE MAL AU NOM DE DIEU, Les Religions sont-elles violentes, je ferais plus tard un article à ce se sujet.
Bonne lecture.
JFG
Les religions ont souvent une influence immorale. Ce qui est mis au compte des devoirs envers DIEU est soustrait aux devoirs envers les hommes : il est très agréable de remplacer le manque de bonne conduite envers ceux-ci par des flatteries qu’on adresse à celui-là.
Dans chaque religion, on en arrive bientôt à ce que, pour les objets les plus immédiats de la volonté divine, on dépense moins en actions morales qu’en actes de foi, cérémonies du temple et rites en tout genre. (…) L’influence moralisatrice est moins évidente. Combien grande et certaine elle devrait pourtant être, pour offrir une compensation aux cruautés que les religions, principalement chrétienne et musulmane, ont suscitées, et aux calamités qu’elles ont apportées de par le monde ! Songe au fanatisme, aux persécutions sans fin, aux guerres de religion, aux croisades, songe à la cruelle expulsion et à l’extermination des Maures et de juifs d’Espagne, songe à la nuit de la Saint-Barthélemy, aux Inquisitions et autres tribunaux d’hérétiques, songe aux conquêtes sanglantes des musulmans sur trois continents, mais aussi bien à celles des chrétiens en Amérique, qui ont exterminé la plus grande part de ses habitants, tout cela bien entendu, in majorem Dei gloriam, pour la plus grande gloire de Dieu !
Arthur Schopenhauer.
Léo Ferré, le poète, l’anar, l’athée peut-être je ne sais ? En tout cas pas stupide, nous a offert ce poème sur le temps.
Avec le temps...
Avec le temps, va, tout s'en va
On oublie le visage et l'on oublie la voix
Le coeur, quand ça bat plus, c'est pas la peine d'aller
Chercher plus loin, faut laisser faire et c'est très bien
Avec le temps...
Avec le temps, va, tout s'en va
L'autre qu'on adorait, qu'on cherchait sous la pluie
L'autre qu'on devinait au détour d'un regard
Entre les mots, entre les lignes et sous le fard
D'un serment maquillé qui s'en va faire sa nuit
Avec le temps tout s'évanouit
Avec le temps...
Avec le temps, va, tout s'en va
Même les plus chouettes souvenirs ça t'as une de ces gueules
A la Galerie je farfouille dans les rayons de la mort
Le samedi soir quand la tendresse s'en va tout seule
Avec le temps...
Avec le temps, va, tout s'en va
L'autre à qui l'on croyait pour un rhume, pour un rien
L'autre à qui l'on donnait du vent et des bijoux
Pour qui l'on eût vendu son âme pour quelques sous
Devant quoi l'on se traînait comme traînent les chiens
Avec le temps, va, tout va bien
Avec le temps...
Avec le temps, va, tout s'en va
On oublie les passions et l'on oublie les voix
Qui vous disaient tout bas les mots des pauvres gens
Ne rentre pas trop tard, surtout ne prends pas froid
Avec le temps...
Avec le temps, va, tout s'en va
Et l'on se sent blanchi comme un cheval fourbu
Et l'on se sent glacé dans un lit de hasard
Et l'on se sent tout seul peut-être mais peinard
Et l'on se sent floué par les années perdues
Alors vraiment
Avec le temps on n'aime plus.
Léo Ferré 1968/69.
LEO A PROPOS DE SA CHANSON.
Elle me colle aux semelles, cette chanson. À me sortir aussi par les yeux, ma voix épuisée. Vous la trouvez « sublime et chargée d’émotions ». N’allez pas trop loin. Ne me secouez pas, je suis rempli de larmes. Et le mot n’est pas de moi. Vous savez, je n’ai pas sur cette chanson le même regard. Et puis, ce n’est pas une chanson. C’est l’histoire d’un bout de vie, une chose vécue, mal vécue. Je l’ai écrite en deux heures. En 68 ou en 69, je ne sais plus. Mais avec ces deux heures, il y avait cinquante- trois ans dans les flancs. Ça a fait un tube! Un malentendu. C’était un cœur qui chavirait, qui essayait de se raccrocher. Avec les mots des pauvres gens. Avec les mots de tous les gens. Avec le temps, douloureusement. Fallait-il des mots? Écoutez ma musique. Trois notes que j’égrène et que je répète. Sans les jouer ensemble. Il n’y a pas d’accord. Normal, avec ce que je raconte. Il n’y avait pas d’accord possible avec cette… Juste des arpèges qui descendent vers le tragique. Ma musique dit où va la chanson. Et la nave va… Vous trouvez ma vision des choses négative? Je ne sais pas. Négative? Le mot ne va pas. Je ne sais pas ce que ça veut dire. Dans une première version, je terminais par: « Avec le temps… on n’en peut plus ». Pas mal. Mais ça mettait la chanson de travers. Ce n’était pas une chute, juste une pirouette, une dégringolade. De la poésie en solde. « Avec le temps… on n’aime plus », ça fait la chanson. Ça termine sur une note juste. Sur la note juste, sur la vie en vrai. Mais si ça ne va pas, on peut tout changer. J’ai entendu une version qui se termine par: « Avec le temps… on aime plus », avec plein de « s ». Vous voyez, vous faites ce que vous voulez avec votre temps. Tout s’évanouit ou tout s’incruste. Rayez l’intrus!
Vous n’aurez pas manqué de voir dans cet extrait de la réponse que fit Léo Ferré à une de ses admiratrices, la disparition dans la dernière phrase de la forme négative. « Avec le temps… on aime plus. » a remplacé « Avec le temps on n’aime plus. » Je constate personnellement que l'âge aidant , je suis de plus en plus sujet à l'émotion, qui m'envahie de plus en plus, quand je suis confronté à l'horreur ou au bonheur les larmes me viennent et c'est une délivrance du coeur.L’espérance ! L’espérance aurait sans doute crié Léo.
JFG.