Les voyagesforment la jeunesse ce lieu commun, pourrait être étendu, à ils forment la vie. Mon dernier petit-fils à une idée en tête, irrésistible, il veut partir, voyager, quitter son monde, ses habitudes. Pour lui c’est le Canada, un parfum de nouveau monde. Pour d’autres c’est l’Australie un besoin d’espace, de grandeur comme un désir fou d’infini. Ce n’est pas moi, qui est fait tant et tant de voyages, qui vais le dissuader, il faut bien que les ailes se déploient, l’oiseau doit sortir du nid.
Cela me rappelle la belle cérémonie maçonnique du passage au grade de compagnon, celui qui veut partager le pain qu’il a reçu de ses frères, il veut quitter sa loge, armé de son bissac soigneusement rempli par les frères de sa loge. Le vénérable Maître veut le retenir, il écarte les bras, mais il part, il ne se retourne pas, il est heureux comme Ulysse a dit Brassens, il va faire un beau voyage.
Il a un besoin irrésistible de se construire, de mettre fin à ses tensions internes, à la mémoire de son enfance et à l’envie de sa maturité. Il veut devenir un homme. Il veut mener se combat pour trouver la vie bonne, l’harmonie. Il lui faut mettre de l’ordre en lui au milieu de son chaos. Il fait route vers son chez lui, il va édifier sa place dans le cosmos, chercher son idéal de sagesse.
Son voyage est une évasion vers un autre ailleurs, son départ est un moment intense, il a la fièvre de celui qui part, l’angoisse de la solitude, la peur de l’inconnu, mais il sait qu’il est prêt, il a franchi la porte, il a fait le premier pas, puis le second, puis le troisième, il est entre les colonnes qui le soutienne. Ce premier voyage, est une étape de sa vie initiatique, il cherche déjà la lumière. Il se libère peu à peu, il brise les chaînes qui le retenaient, il va à la découverte de l’autre, vers lui-même.
Dans ce voyage il laisse derrière lui la lourdeur de ses bagages inutiles, des encombrants accumulés par l’intellect, il se vide de ses avoirs futiles. Il a la certitude d’un autre monde au-delà de cet horizon qui recule sans cesse. Il est dans l’action. Partir sans réfléchir pourquoi pas ! Ne pas se retourner partir, pour retrouver son chemin véritable.
Fuir dans notre société où le bien être est adulé, où la philosophie du risque zéro devient une dictature de l’esprit. La fuite prend le visage du courage. Fuir pour être face à soi-même, et donner un véritable sens à sa vie, à la fin du voyage.
Démolir ce que l’on a construit, tout abandonner, puis reconstruire. J’ai toujours eu beaucoup d’admiration pour tous ceux qui savent renoncer à tout pour accomplir leur rêve.
Avoir la force de s’ouvrir, de conquérir des mondes inconnus, avoir la force et l’envie de porter, de donner, un peu de soi aux autres, même si cela est modeste, c’est le geste du colibri qui veut éteindre l’incendie dans la forêt. Où celui du père qui a la force de sourire, en mettant son fils unique dans le train qui l’éloigne de lui, mais qui lui donnera un sens à sa vie.
JF.
CONFERENCE DROIT HUMAIN
Avec :
Philippe MAHOUX, conférencier
sénateur honoraire belge, chirurgien, co-auteur de la loi sur les soins palliatifs et l’euthanasie.
En présence de :
Alain MICHON, Grand Maître National de la Fédération Française du Droit Humain.
Georges JUTTNER, Président de la commission de bioéthique de la Fédération.
Jeudi 26 avril 2018 à 19h Entrée libre
Auditorium du Musée, place Lavalette, Grenoble
TRAM B – arrêt Musée-Notre Dame