PALIMPSESTE.
Au sens propre, il s’agit d’un parchemin dont on a effacé l’écriture pour pouvoir écrire un nouveau texte. Sans oublier au préalable que nous lus le texte de ce parchemin, il subsiste dans notre mémoire les traces de ce qui était écrit dans ce parchemin. On peut parler de racines profondes.
La liste est longue des textes que nous avons lus et dont nous avons gardé en mémoire l’essence, la substance. Ce processus est valable dans le temps et l’espace, les fondateurs de la Franc-Maçonnerie spéculative n’y ont donc pas échappé.
La lecture des ouvrages de Charles Bernard Jameux, poète, écrivain, historien de la Franc-Maçonnerie spéculative de sa naissance, éclaire ce processus (Cf L’art de la mémoire et la formation du symbolisme maçonnique. Ou encore Franc-maçonnerie : temps, mémoire, symboles édités aux Éditions Dervy)
La lecture au premier degré des rituels maçonniques, la multiplicité des mots, et les références qu’ils contiennent à propos des textes vétéros et néotestamentaires, pourrait facilement nous faire penser que la Franc-maçonnerie est une ‘sorte’ de religion au sens courant, puisque fortement inspirée par la Bible, ce serait oublier l’influence des autres traditions. Il n’en demeure pas moins que les premiers mots du maçon font référence au symbolisme de la construction du temple de Jérusalem. C’est là qu’intervient le principe du palimpseste, de l’effacement et de la réécriture à partir de la mémoire et de l’interrogation de notre esprit.
La Franc-maçonnerie à mon sens se rapproche de la philosophie, cette philosophie de l’antiquité qui marchait sur ses deux jambes théorie et pratique, (Théoria et Praxis). Plus que de la transmission d’une théologie, il s’agit de transmettre un art de vivre, un choix de vie, pas un espoir de salut. Maçonner c’est le faire, faire par l’initiation ici et maintenant (Hic et Nunc) : S’inscrire s’enraciner et prendre forme dans de nouveaux hic et nunc a écrit Edgar Morin.
Ainsi une écoute de la source hébraïque, de la pensée hébraïque n’est pas réservée à ceux qui pratiquent la tradition juive. L’on peut penser cette tradition autrement que sous le prisme de la théologie, l’on peut s’en servir comme une possible orientation de la pensée, l’interroger et l’interpréter, ce n’est rien d’autre que chercher les idées sous les symboles. Ce serait religion si nous reconnaissions les valeurs bibliques comme des autorités.
Le Franc-maçon est à l’écoute de toutes les sources et les traditions, il n’en retient que les valeurs et les interprètent pour construire et sculpter sa vie.
Du palimpseste effacé il reste l’essence dans notre mémoire.
Jean-François Guerry.