Destin de vie ou libre arbitre, le Franc-Maçon chercheur de lumière, chercheur de la parole, du verbe, du logos, veut faire alliance avec les hommes justes et bons, il prend garde de ne pas s’égarer dans le labyrinthe de l’erreur, il fait son devoir d’homme envers lui-même, envers la société en prenant conscience de son être le plus profond à l’écoute permanente de sa conscience il sait ou est son devoir, mais s’il ne le connaît pas toujours.
Il est à l’écoute des messages diffusés par son cœur, en quête de sa verticalité, il fait le choix de la vertu, qui libère, de la tolérance qui l’enrichit, de la justice qui l’éloigne de la vengeance et de la haine. Bienfaisant de la cité idéale, il porte à son doigt la bague, l’alliance et aspire à être reconnu comme tel.
JF.
Ci-dessous un texte qui ressemble à un conte initiatique, histoire vraie ou pas, c’est une histoire de vie.
Tout ça autour d'une bague
J'ai parfois le sentiment que les êtres et les événements s'expliquent les uns par rapport aux autres. Autrement dit, qu'il existe une interaction entre les éléments de ma vie... laquelle je vois de plus en plus comme un système.
Tenez, à propos de maîtres, je peux bien parler d'une rencontre provoquée par le hasard – mais vous me direz après ce que vous pensez du hasard... Ce fut pour moi une rencontre déterminante. Cet être étonnant pratiquait l'acupuncture à Paris, à une époque où la médecine chinoise nous paraissait encore plus marginale qu'aujourd'hui. Mais à vrai dire, aucune profession n'aurait pu le définir. Scientifique de formation, artiste par inclination, ce curieux personnage était aussi un ésotériste avancé, un homme de pouvoir et un mystique.
Notre rencontre était pour le moins improbable. Je ne m'intéressais pas vraiment à la médecine chinoise à ce moment-là, et rien ne m'explique – même actuellement – que je me sois un jour retrouvé chez lui. Je devais en fait le rencontrer trois fois. Nous avons passé ensemble au plus trente ou quarante minutes chaque fois, le temps d'une consultation ou d'un traitement. Pourtant, je n'hésite pas à le considérer comme un de mes maîtres tellement ces rencontres ont été marquantes. Je ne saurais dire tout ce que cet être extraordinaire m'a communiqué, car je continue toujours à déchiffrer des bribes de ses propos d'antan. Au fur et à mesure que ma vie se joue, je retrouve dans ma mémoire certains de ses conseils qui m'éclairent sur le sens profond des épreuves que je traverse.
Lors de notre dernière rencontre, ce sage étonnant m'a fait des prédictions qui se sont jusqu'ici toutes réalisées.
Tout ça autour d'une bague... Je portais à cette époque une bague excentrique, œuvre d'un joaillier new-yorkais de renom: Sam Kramer (sa boutique se trouvait sur la 8e Rue, dans Greenwich Village), qui était devenu notre ami, à ma femme et à moi. Cette bague intriguait beaucoup mon mystérieux acupuncteur; il me demandait toujours de la retirer pour le temps des traitements. Lors de notre dernière rencontre, au moment de me la rendre, il me suggère d'en faire une lecture psychométrique. Il conserve donc la bague entre ses mains un certain temps, garde les yeux fermés. Après quoi il me dit que, selon lui, les vibrations qu'elle dégage ne me sont pas favorables et que je ne devrais pas la porter... " Mais, ajoute-t-il aussitôt avec un peut sourire malicieux, vous tenez beaucoup à cette bague. C'est même un bijou auquel vous vous identifiez. Vous ne suivrez donc pas mon conseil. Heureusement pour vous, vous allez la perdre un jour! Et souvenez-vous bien de ce que je vous dis maintenant : vous entrerez alors dans la phase la plus significative de votre vie active. "
Il a été très clair sur les points suivants, qui se sont tous concrétisés. J'allais perdre cette bague au moment d'un échec professionnel. Je l'ai effectivement perdue le jour même où le syndic est venu fermer les portes du Centre culturel du Vieux-Montréal (dans l'ancien édifice de la Bourse de Montréal, devenu aujourd'hui le Centaur) dont nous étions, mon ami Léon Klein et moi, les directeurs-fondateurs. Je traverserais, par la suite, une crise sur le plan psychologique. Il a même parlé de " labyrinthe initiatique ". Or, je me suis effectivement retrouvé, à cette époque, en pleine dépression. Je ferais des expériences psychiques qui ne seraient pas sans risques. Je suppose qu'il devait s'agir de mes expériences psychédéliques, lesquelles se sont avérées un tantinet dangereuses... Je renoncerais au théâtre et au monde du spectacle en général. Ce que j'ai fini par faire effectivement. Je m'engagerais dans la diffusion de la tradition ésotérique... Et bien d'autres détails que j'ai en partie oubliés, mais qui me sont revenus et qui continuent de me revenir au fur et à mesure qu'ils se produisent.
Toutefois, je dirais qu'il m'a transmis son enseignement surtout par son attitude. Lors de notre dernière rencontre, au moment de nous séparer, il m'a annoncé avec sérénité sa mort prochaine. Je ne le reverrais plus. Du coup, il m'a appris à vivre debout avec la présence de ma mort à mes côtés, et peut-être aussi à mourir debout. En sortant de chez lui, j'avais les larmes aux yeux. La force de caractère de cet homme me bouleversait. Alors que je me rendais à la station de métro la plus proche, je revoyais les images d'un vieux film français, Taras Boulba, magistralement interprété par le grand comédien Harry Baur. Touché à mort au cours d'une bataille, le guerrier légendaire demande qu'on le tienne appuyé contre un arbre afin que ses hommes puissent le regarder mourir. " Après leur avoir appris à vivre debout, je veux leur apprendre à mourir debout... " Et je me répétais : " mourir debout... mourir debout ".
Et alors que je m'engouffrais dans un wagon, les larmes coulaient sur mes joues. Je me souviens très bien de cette scène... Je venais de comprendre de l'intérieur que le destin est inéluctable.