RENCONTRE AVEC MON ÂME.
En soulevant successivement les voiles mis sur nos yeux, ces voiles, qui obscurcissent la vraie lumière, nous progressons tout au long de notre vie.
Le franc-maçon qui pénètre dans le cabinet de réflexion, cette caverne sombre ou ne se reflète dans le miroir qu’une ombre de lui-même, ne sais pas encore, que les petits, puis les grands mystères lui seront dévoilés peu à peu, qu’il lui faudra patiemment gravir les barreaux de l’échelle mystérieuse.
Quand sous le premier bandeau il découvrira l’horizon infini de sa conscience, qu’il sera face à lui-même, il aura la liberté de passer le pont avec la force de son esprit, pour aller vers son âme. Cette âme si difficile à définir, que l’on préfère parfois oublier par pudeur. Cette âme dont François Cheng parle si bien dans son livre de l’âmeet dont il dit en préambule : « Je l’avais étouffée en moi, de peur de paraître ridicule. »
L’une des plus grandes joies du franc-maçon c’est peut-être de redécouvrir cette âme oubliée, qu’il va falloir fortifier en lui, cet âme si personnelle, qui va le mener vers l’autre, et sentir par je ne sais quelle magie que les âmes communiquent entre elles.
On m’a dit que la franc-maçonnerie n’enseigne rien, quelle est cependant une école, mais une école de l’éveil, de l’essor, de ce qu’il y a en nous, elle est donc une école de la découverte de nous-même, de la rencontre avec notre âme. Symbole de la paix intérieure, cette âme, rend soudain dérisoire les gesticulations du paraître de notre ego.
Après avoir développé nos vertus morales, la force de notre esprit, le glaive de la justice en main, nous poserons notre âme dans balance de l’équité avant de franchir le fleuve sur la barque qui mène à la vallée des Rois, là où nous retrouverons tous nos frères qui ont quittés momentanément notre chaîne d’union fraternelle, pour franchir la porte de l’orient éternel.
Alors le voile se lèvera comme le dit Sri Aurobindo :
« Une vision s’éclaira sur les hauteurs sans horizon, une sagesse s’illumina, venue des profondeurs sans voix : la vérité s’élargit d’une interprétation plus profonde immense inversion de la nuit et du jour ; toutes les valeurs du monde changèrent exhaussant le but de la vie.(…) l’univers n’était plus ce tourbillon absurde. »
Cette connaissance du grand architecte qui régit l’univers entier et nos âmes en particulier, est bien exprimé dans ce poème du Lama Anagrika, que Jean-Jacques Gabut nous offre à nouveau dans son livre :Origines et fondements spirituels et sociologiques de la maçonnerie écossaise.
Je cite :
« Qui es-tu, ô puissance
Qui frappe à la porte de mon cœur ?
Es-tu un rayon de soleil de sagesse et d’amour
Né de l’aura éblouissante
D’un muni silencieux
Qui éclaire ceux dont l’esprit est prêt
A recevoir la noble image de la délivrance ?
Es-tu celui qui doit venir,
Le sauveur de tous les êtres,
Qui parcourt le monde sous mille formes inconnues ?
Es-tu le messager de celui
Qui, parvenu sur la rive, nous laisse le radeau
Pour traverser le courant en fureur ?
Qui que tu sois,
Ô puissant illuminé,
Les pétales de mon cœur s’ouvrent tout grand,
Le trône de lotus est prêt à te recevoir.
N’est-ce pas toi que je rencontre
Partout où je te vois ?
Je te vois dans les yeux de mes frères
Je reconnais ta voix
Dans celle de mon gourou.
Je sens ta présence
Dans les soins amoureux d’une mère.
N’est-ce pas toi qui as animé la pierre
Qui a pris forme pour apparaître à mes yeux ?
N’est-ce pas toi dont la présence a sanctifié
Le rite de l’initiation
Qui brille dans mes rêves
Et inonde ma vie de Lumière ?
Toi, Lumière
Dont les rayons compatissants transforment et sanctifient
Même notre faiblesse ;
Toi par qui le poison de la mort
Devient élixir de vie…
Ô Amour suprême
Reprends ma vie terrestre
Et laisse- moi renaître en toi.
Le franc-maçon, fidèle et persévérant parvenu au terme de sa vie terrestre aura abordé tous les mystères sortant de la nuit, il aura vu le soleil de pure lumière se régénérer en lui, il aura aussi humblement eu la force de revenir parmi les siens, de redescendre de l’échelle mystique pour porter son message d’amour, il aura rencontré son âme.
JF.