L’UNIVERSEL EST-IL MORT ?
La Franc-Maçonnerie dans sa diversité, qu’elle soit plus spirituelle, plus humaniste, plus sociétale convie l’Universel, et se reconnaît dans le principe d’universalité qui mène à la liberté et à la fraternité, sans frontières. Le culte, de l’Universel se trouve dans les professions de foi de la plupart des obédiences maçonniques.
Le dictionnaire Littré définit l’universel ainsi : « Ce qui s’étend à tout, qui s’étend partout. » La nature et les êtres vivants sont donc partie de l’universel, l’homme aussi.
Pascal disait de l’homme universel qu’il est un honnête homme : « Il faut qu’on ne puisse dire, ni, il est un mathématicien, ni un prédicateur, ni éloquent, mais il est un honnête homme. Cette qualité universelle me plaît seule. »
La Franc-Maçonnerie parle d’un homme libre et de bonne mœurs.
Si l’universel, prétend s’étendre à tous, et partout. Il nous faut admettre que bien souvent il incarne le service minimum. Les défenseurs par exemple de notre C M U (Couverture Médicale Universelle), face à leurs destructeurs n’invoquent pas une grande idée humaniste et fraternelle, mais simplement une nécessité de se protéger des maladies des autres ! Ces autres qui sont quelque part, une partie de nous-mêmes, sont prêts à laisser mourir des enfants, des femmes et des hommes en leur fermant la porte de nos hôpitaux. On ne peut prendre en charge toute la misère du monde disait un homme politique célèbre. Suis-je après tout le gardien de mon frère ?
Voilà un des symptômes de la dégradation de l’universel, faut-il désespérer pour autant. L’Universel est peut-être un dieu à faire naître. Stéphane Barsacq en parlant de Christiane Rancé écrit : « Elle préfère garder l’œil ouvert sur le dedans. Au fond, tout ce que Christiane Rancé écrit pose une question celle du dieu à naître. En d’autres termes, l’espérance. »
Si l’universel s’étend à tout, il est présent dans notre conscience, notre cœur et notre âme, il ne demande qu’à grandir.
Vous me considérerez sans doute comme un grand naïf, c’est un honneur dans la naïveté il y a une forme de pureté.
Est-ce par hasard que dans certaines obédiences maçonniques on interroge les frères sur le principe de l’universel, au-delà même de la croyance du principe mystérieux du Grand Architecte de l’Univers. Sommes-nous des soldats, des combattants de l’universel ? Force est de constater, que s’il y a des soldats de l’universel, c’est qu’il y a un combat, contre qui, contre quoi ?
Au commencement de notre démarche initiatique, nous avons promis d’aider nos frères dans l’honneur, d’êtres des amis des pauvres et des riches pourvu qu’ils soient vertueux. Pourquoi dès lors cette dégradation de l’universel ? N’y aurait-il pas eu une contamination virale de notre société, avec ce virus pour le coup universel qui est le mondialisme, une sorte de variance de l’universel.
Le grand rêve humaniste des lumières, les formidables progrès de la technologie qui ont accompagnés ce rêve, l’on supplanté. Les lumières ont sorti l’homme des ténèbres, mais sa vanité en fait un homo deus. Il ne s’agit pas de rejeter les formidables découvertes et techniques qui améliorent notre vie, la science n’est pas en cause. C’est son usage qu’il nous faut maîtriser. « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme. » La pensée du médecin philosophe Rabelais est toujours d’actualité.
Pourquoi les obédiences maçonniques ont organisé de nombreuses conférences sur le Transhumanisme ? Peut-être dans la crainte, de voir l’homme augmenté se suffire des progrès technologiques, alors pourquoi envisager le perfectionnement de l’homme par lui-même.
Le mondialisme et ses sociétés les GAFAM ont pris en main, nos destins, nos cerveaux. Les start-up nous poussent sur le toboggan du pseudo progrès nous ne maîtrisons plus les technologies, pire nous adhérons par facilité, plus besoin de penser par soi-même, les lumières se sont éteintes avec Sapere aude. En Chine l’intelligence artificielle règne.
Bientôt l’homo deus de la start up décidera du sexe de nos enfants, de leurs qualités intellectuelles. Les Kits de prêt à penser, seront distribués avec les Kits de prêt à procréer. Les bébés clonés seront proposés sur catalogue. Comme le dit Laurent Alexandre au nom de l’égalité, je dirais plutôt de l’égalitarisme qui pourra refuser au paysan éthiopien, à l’ouvrier chinois, la possibilité d’un bébé qui sera étudiant à Harvard, le rêve !
Alors le travail sur soi, le travail en loge, le perfectionnement de l’homme prendra du plomb dans l’aile ! Ce sera la fin de la liberté, qui est avant tout le commencement, puisque tout sera déterminé par avance. Qui pourra prétendre à un choix de vie, qui pourra parler de libre arbitre. Qui pourra croire à l’amélioration de l’homme, il sera déjà « amélioré » dans l’éprouvette, programmé d’avance.
Je brosse un tableau noir ! Pas sûr les chinois ont déjà développé l’intelligence artificielle sans aucune modération, contrainte éthique.
Nos fameux comités Théodule sont incapables de faire appliquer ne serait-ce qu’une fiscalité équitable aux GAFAM, il est illusoire de croire qu’ils seront un bouclier contre les dérives du mondialisme et de ses technologies. Elon Musk veut déjà nous implanter des puces électroniques pour améliorer nos performances !
L’homo deus, a expulsé l’homo theologus, il a expulsé les lumières de l’universel, pour les remplacer par les technologies du mondialisme.
Marc Halévy pense que notre société manque de mystique et de sacré. La Franc-Maçonnerie qui reconnaît la valeur de l’un et du multiple doit remettre l’homme à sa place dans le cosmos, dans l’universel, il ne peut pas devenir que l’instrument ou le terrain d’expérience pour le profit de quelques sociétés nourries au mondialisme, il ne doit pas succomber au mimétisme.
Dans son livre Météores Stéphane Barsacq à lette P écrit :
Le Paraclet
« Celui qui démasque les représentations persécutrices, et chasse toute violence sacrée, comme les faux dieux. René Girard l’a ressaisi : « Livrée à elle-même, l’humanité ne peut pas sortir de la spirale infernale de la violence mimétique et des mythes qui en camouflent le dénouement sacrificiel. Pour rompre l’unanimité mimétique, il faut postuler une force supérieure à la contagion violente : L’Esprit de Dieu, que Jean appelle aussi le Paraclet, c’est-à-dire l’avocat de la défense des victimes. »
Nous sœurs et frères, nous avons le devoir d’écouter les exclus de la mondialisation, car ils sont aussi les exclus de l’universel que nous prétendons défendre.
Jean-François Guerry.