RECUPERATIONS

Le mot d’emblée résonne mal et pourtant, Arnaud Beltrame fait paraît-il l’objet de récupération, l’émotion la compassion est encore présente dans tous les esprits. Sa chair serait-elle déjà l’objet de convoitises ? Le corps d’Arnaud est-il comme celui d’Osiris éparpillé.

Après cet assassinat chacun veut sa part : les militaires veulent le colonel, les catholiques le fidèle pratiquant, les francs-maçons le frère exemplaire, les républicains en font l’incarnation du premier et du dernier mot de leur devise, liberté et égalité.

Faut-il s’en offusquer, s’en lamenter, je ne pense pas, le cœur d’Arnaud était semble-t’il assez grand pour recevoir tout le monde. Il aurait dit peut-être aux égoïstes aux égocentristes : « je suis ce que je suis » tout simplement. Il aurait peut-être rajouté dans ma loge maçonnique, il y a des frères croyants, des agnostiques, des athées, des républicains, des démocrates, tous ils font en sorte de rejeter les dogmes, ce sont eux qui font passer la parole du Muthos au  Logos comme le rappelait un de mes frères récemment dans ma loge.

Alors récupérations oui et tant mieux ! Isis, et après Horus, l’enfant de la veuve ont réussit à récupérer, a régénéré Osiris, ils l’on placé sur le trône d’un nouveau royaume, d’un saint empire où la vertu a triomphé du vice.

C’est la porte de ce royaume, que nous montre Arnaud Beltrame, c’est là qu’il nous attend, dans cette demeure où il y a plusieurs appartements, pour tous les hommes de bonne volonté, dans cette demeure de l’esprit, où le compas est largement ouvert.

Arnaud Beltrame n’est ni un catholique, ni un républicain, ni un démocrate, ni un franc-maçon, il est tout cela à la fois, par l’exemple de sa vie, la force de son esprit. Il est un homme debout, universel, et si chacun d’entre nous pouvait récupérer une infime partie de ce qu’il fût, en restant soi-même, alors nous serions tous des frères, et nous ferions notre devoir comme nous y incitait il y a déjà longtemps le pasteur protestant Martin Niemöeller lors de sa détention dans le camp de la mort de Dachau :

Quand ils sont venus chercher les communistes

Je n’ai rien dit,

Je n’étais pas communiste.

Quand ils sont venus chercher les syndicalistes,

Je n’ai rien dit,

Je n’ai rien dit, je n’étais pas syndicaliste.

Quand ils sont venus chercher les juifs,

Je n’ai pas protesté,

Je n’étais pas juif.

Quand ils sont venus chercher les catholiques

Je n’ai pas protesté,

Je n’étais pas catholique.

Puis ils sont venus me chercher.

Et il ne restait plus personne pour protester.

En cette période où nous sommes tous meurtris Juifs, catholiques, athées, musulmans, tous, en cette période de Pessah fête de la liberté, de la libération des Juifs d’Égypte, et de la naissance d’Israël, en cette période où les catholiques fêtent la nouvelle alliance et la résurrection, où les francs-maçons réaniment la Lumière, où tous les hommes fêtent le retour du printemps, où tous nous avons soif de liberté et d’amour. Merci Arnaud d’avoir donné à boire à ceux qui ont soif.

JF.

Note : Muthos  la parole unique, Logos parole individuelle apparue avec la démocratie, que chacun peut s’approprier, dans un monde de tolérance.