Je travaille sur ma pierre, si vulgaire, si rugueuse,
j'y mets toutes mes forces, et je frappe et je creuse,
Pour qu'elle polisse un peu, pour que j'y trouve grâce,
et, maladroitement, je passe et je repasse,
sur les angles tordus de ma quête impossible;
Je tente, exténué, d'appréhender ma cible,
la tâche est colossale, ma confiance vacille,
j'entraperçois alors que ce rêve est fragile
jusqu'au renoncement, et ma peine est immense.
Le martellement cesse autant que l'espérance.
Alors que mon esprit est fatigué de tordre,
alors que ma raison m'incline à ne plus mordre,
je sens monter en moi une force indicible,
une chaîne tendue vers un point invisible
dont je deviens le centre, et ce flux d’énergie,
m'imprègne de courage et s'opère la magie ,
et la transformation; je redeviens maillon,
plus fort, plus sûr de moi, je tombe mon bâillon,
Tandis que se profile, au seuil de l'allégresse,
ce sentiment puissant que mon esprit caresse,
la solidarité, la reine des vertus,
qui comme un étendard, toute d'amour tendue,
illumine ma vie, apprivoise l'espoir,
et les lendemains gris, jusqu'à me faire croire,
que tout peut s'arranger, que la profonde nuit
où s'enlisaient mes rêves, dans mon cœur s'est enfouie,
pour qu'éclate de joie l'humanisme triomphant,
où se forment mes vœux pour nos petits-enfants.
Je veux croire en cela, préférer à toute chose
justice et vérité, et défendre cette cause,
et répandre un message empreint de tolérance
et de cordialité, aiguiser tous mes sens,
et polir ma vertu, pour façonner ce temple
que mes yeux entrevoient, mais que l'esprit contemple...
Philippe Jouvert.
Avec l'aimable autorisation de l'auteur.
Sont cachées tapies sous les pierres les réponses.