CONFESSION, INTROSPECTION, ÉLÉVATION
Le mot confession est le plus souvent associé à une faute ou des fautes qu’il faudrait avouer, pour obtenir l’indulgence et le pardon en accomplissant une pénitence, une peine morale, afin de revenir dans un état primordial purifié. La confession est aussi un ensemble de pensées que l’on confie à une personne chère de confiance en qui l’on croit, que l’on reconnaît pour ses qualités de tempérance, de tolérance, de douceur, de miséricorde. Confesser c’est ouvrir son cœur et son âme dire ce que l’on pense sincèrement l’on se confesse, à un ami, mieux un frère, mieux encore à soi-même à sa conscience.
S’il est des Confessions célèbres, ce sont bien celles de Saint-Augustin évêque de la ville d’Hippone clé de l’Algérie Romaine, elles constituent un monument philosophique et littéraire, elles sont aussi une Gloire à Dieu, que certains nomment le Grand Architecte ou le Grand Géomètre de l’univers, l’horloger qui règle le temps et la vie.
Les confessions de Saint-Augustin sont un processus d’élévation de l’intelligence et des valeurs de l’homme, pour un dépassement de lui-même. À l ‘époque où elles furent rédigées vers 395–400, il était impossible de séparer l’élévation de l’homme de la croyance en Dieu, en un Dieu. L’homme de la cité, le sage est aussi un croyant.
C’est par une réflexion sur lui-même que Saint-Augustin aborde la question du pour quoi de son existence. C’est à une véritable chasse aux trésors enfouis en lui-même que va se livrer Saint-Augustin. Il fait appel à la mémoire ancestrale, mais aussi à la phénoménologie il essaye de sortir des abstractions en s’appuyant sur l’étude de ce qu’il est, il devient ainsi le premier auteur autobiographique.
La qualité littéraire de ses écrits est remarquable et rend la compréhension aisée, il reste donc encore aujourd’hui un philosophe très lu, cette qualité d’écriture permet l’accès à l’exégèse symbolique et à des allégories parfois difficiles qui seraient sans elle difficiles à comprendre, mais si riches de sens.
Ces confessions sont une recherche de la Vérité, par une remontée aux origines, une recherche de la parole perdue. Ces confessions présentent donc des similitudes avec le travail initiatique du Franc-Maçon à minima dans la méthode.
On décèle dans ses Confessions une volonté de pratique des vertus, la recherche d’une éthique dans une période où les mœurs étaient corrompues.
Saint-Augustin lui-même « Confesse » avoir vécu sa part d’ombre, avant de chercher la Lumière. Je cite :
« Toutes les années de ma vie qui ont précédé mon baptême dans le christ, dans la mesure où l’on considère mes passions et mes erreurs, je les réprouve et je les déteste avec tous, car je ne voudrais pas, en essayant de justifier ce temps-là, paraître rechercher ma propre gloire, et non celle de celui qui, par sa grâce, m’a délivré de moi-même. Quand j’entends blâmer cette période de ma vie, quelque soit le sentiment dont on s’inspire, je ne suis pas assez ingrat pour m’en plaindre : plus on incrimine mes fautes, et plus je loue, moi, mon médecin. »
Tel le Franc-Maçon, qui travaille à chasser le vice et pratiquer la vertu, travaille à reconnaître ce qu’il est véritablement en combattant son orgueil, et il travaille aussi à la Gloire du Grand Architecte de l’Univers. Comme pour Saint-Augustin, les ténèbres, la souffrance précédent la Lumière et la joie, le chaos précède l’ordre.
La lutte contre l’empire des sens, les viles passions, ne doit pas être un acte à sa propre gloire, mais un devoir, le devoir nécessaire, humble, mais à hauteur d’homme. Ce devoir qui n’est possible que grâce à la charité qui est acte d’amour, essentiel pour Saint-Augustin comme pour les sœurs et les frères. Saint-Augustin travaille pour que « les âmes soient fraternelles. »
La charité est bien le seul ferment, la seule levure qui fait le meilleur pain qu’est l’homme, ce pain du partage fraternel. Il y a chez Saint-Augustin bien sûr la foi en Dieu, mais aussi la foi en l’homme.
Jean-François Guerry.