PENSER AVEC PAUL RICŒUR- Part II- Herméneutique.
L’œuvre de Paul Ricœur est foisonnante, fécondante. Sa pensée n’est peut-être pas singulière, elle emprunte le chemin du multiple pour aller vers l’unité. Elle s’est nourrie de sources différentes, comme un fleuve recevant ses affluents.
L’herméneutique est une des caractéristiques de sa philosophie. Boulimique comme il le reconnait lui-même dans la lecture et l’analyse des textes philosophiques et sacrés. Paul Ricœur travaille les textes en profondeur, il est attentif aux signes images et symboles. Dégager, extraire, les idées dissimuler derrière les symboles, c’est aussi la méthode du symbolisme maçonnique, une réflexion propice à être suivie par l’action dans la vie réelle, sans dogmatisme.
Être capable par exemple de faire une lecture symbolique de la Bible. Paul Ricœur a reçu une éducation religieuse à Rennes, orphelin très jeune de sa mère, puis de son père mort pour la France à la guerre, il a été recueilli par ses grands-parents.
Il s’est intéressé naturellement donc à la question du mal son travail, sur l’œuvre de Dostoïevski en témoigne. Le bien et le mal est aborder sous la forme de la dualité humaine, conscient d’une double nature de l’homme et de la volonté de rechercher une harmonie, une unité ; sans pour autant succomber au dualisme. C’est plutôt en être optimiste, que cette question est abordée en croyant de la possibilité sans limite de la perfectibilité de l’homme. C’est aussi la prise de conscience de l’initié Franc-Maçon dès son initiation au 1er degré, ses premiers pas sur le pavé mosaïque, héritier d’Énoch, Noé, Moïse, David. Cette dualité connue du Franc-Maçon, l’accompagnera jusqu’au degré le plus élevé de son initiation jusqu’au Nec plus ultra.
L’historien François Dosse, sans doute le meilleur biographe de Paul Ricœur dans des entretiens à France Culture évoque cette herméneutique de Ricœur ; comme le rassemblement de fragments découverts dans les textes étudiés pour en faire un tout. En Franc-Maçonnerie ceux qui au fil de ses plus de 300 ans d’existence ont pris le meilleur des textes sacrés des traditions et des philosophies, ces fragments ont été déposés dans les rituels maçonniques comme autant de pierres précieuses qui continuent d’éclairer les travaux maçonniques et le chemin initiatique qui trace une ligne de vie spirituelle et d’action.
Ainsi, les Sœurs et les Frères qui réfléchissent dans leurs loges et produisent des planches, des colonnes ou autres balustres, enrichissent le corpus pédagogique et permettent la transmission d’une tradition dans sa pureté. C’est élever et consolider les murs de soutien de leur institution, de créer des ponts pour l’accès des hommes à leur temple intérieur et construire une société nouvelle.
Cette méthode de recherche des fragments par Ricœur et les Francs-Maçons, permet à défaut répondre totalement et définitivement à nos apories, à nos questions existentielles. Cette méthode de recherche de connaissances et de la Connaissance nous aide dans nos médiations entre le bien et le mal. Médiations imparfaites mais qui tendent toujours à cette recherche d’unité, provoquant un apaisement de l’âme, cette ataraxie des grecs. On fait humainement avec nos moyens, ce que l’on peut, à défaut de se reconstruire totalement l’on peut au moins nourrir l’espérance de s’améliorer ou de se rénover. C’est le concept de la mort du vieil homme et de la re naissance d’un homme neuf, d’une société un peu meilleure. La philosophie de Paul Ricœur, est donc une philosophie de la Force, force de l’homme capable d’affronter les obstacles. Cette aussi, une philosophie des détours, du en même temps, mais qui n’est pas une mélasse, une pâle adaptation aux circonstances, ou les pas d’un tango tantôt à gauche, tantôt à droite. Elle est caractérisée par le courage, la volonté, elle n’est pas doute perpétuel, elle est doute constructif, parce « j’ai à être ».
Le travail intellectuel et spirituel sur les textes sacrés et philosophiques, l’herméneutique, chez Ricœur comme chez les Francs-maçons vise à la construction de soi et de la société, ce travail permet de se libérer de la faiblesse de l’immédiateté, c’est la recherche permanente du sens des choses.
Jean-François Guerry.
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