Publié le 9 Février 2025 par Jean-François Guerry

LA SAGESSE DES SENS ?

Marc Chagall Moïse recevant les Tables de la Loi Musée Marc Chagall Nice

LA SAGESSE DES SENS ?

Existe-t-il une sagesse des sens ? Force est de constater, qu’il faut un support à l’esprit et à l’âme, et que ce support est le corps et que nous avons des sens qui l’anime. Nous devons faire en sorte donc d’avoir un corps sain, malgré qu’il soit soumis souvent à la providence ! Mens sana in corpore sano[1]. Ce n’est donc pas par hasard qu’il nous ait demandé de travailler nos sens et avec nos sens. Il y aurait au terme de ce travail « une Sagesse des sens » ?

Un lieu commun établit que la civilisation occidentale privilégie le sens de la vue et que la tradition hébraïque favorise l’écoute : les hommes plus attentifs à l’appel de Dieu (Ou du principe) renonceraient à la voir et le représenter. En effet si l’on écoute la voie de son être intérieur, pour n’est besoin d’une représentation divine, d’un concept divin, le seul fait d’avoir la foi serait suffisant, pour atteindre une sérénité une ataraxie de l’âme ? Donc choisir d’écouter, plus que de voir ?

Pourtant ce partage des sens entre Athènes et Jérusalem, n’est- t-il pas réducteur ? Si non, pourquoi nous faire voir un cartouche représentant les cinq sens ?

Georges Pauli 1912- Mens sana in corpore sano

Il y a je pense une nécessité des cinq sens et du travail avec nos cinq sens constitutifs de l’homme dans son étoile. Et, il y a une intrication particulière entre la vue et l’ouïe. Nous pouvons entendre lors d’une cérémonie d’initiation alors que le postulant aux mystères a les yeux bandés : puisqu’il en est ainsi, qu’il voit et qu’il m…Car à ce stade si le postulant entend, il n’est pas sûr vu la posture dans laquelle il se trouve qu’il écoute, mais il est sûr qu’il ne voit pas ! Il ne pourra envisager et méditer sur la Lumière de la Vérité que quand ses yeux seront décillés, c’est-à-dire que ses yeux l’amèneront à voir ce qu’il ignorait. L’ouïe et la vue intriquées lui permette, de mettre fin à son ignorance. Alors, se mêlent le sensible et le spirituel, le corps et l’esprit pour ne faire qu’un. Bien écouter, bien voir pour passer du visible à l’invisible, de la matière à l’esprit, être admis aux Mystères après avoir été purifié par les éléments.

Cette cérémonie initiatique, met en harmonie nos sens et notre esprit, nous réconcilie avec nous-mêmes et surtout avec les autres. Elle se finalise par un élan qui nous porte vers nos ennemis d’hier avant tout nous-mêmes et les autres qui deviennent nos frères dans une chaine d’union fraternelle. Nos sens sont donc des supports, des instruments qui aident à aller vers une altérité inconditionnelle, indicible. Il y a donc une Sagesse des sens, à condition que nous sachons nous en servir c’est-à-dire les maîtriser.

Jean-François Guerry.

[1] Juvénal – Dixième satire 90-127 ap-JC.