Publié le 12 Février 2025 par Thierry Didier et Erwan Le Bihan

LE GRAND ARCHITECTE DE L'UNIVERS - Thierry Didier -Part II

Tableau de William Blake

n roman légendaire constitué de schémas narratifs correspondant à des images psychiques réelles, peur, perte, vacuité, frustration, colère, etc… viendra compléter et protéger notre esprit. Á ce stade, une question fondamentale se posera : pourquoi ne cantonnons-nous pas nos visions et nos découvertes au sol massif de la réalité du terrain ? Eh bien sans doute parce que notre solitude ontologique nous impose de « créer du prochain », et de le positionner au plus haut de notre conscience, afin de le rendre le plus légitime possible. Car le prochain est à la fois un objet et la projection dudit objet : l’espace métaphysique et confessionnel qu’il occupe alors chasse la crainte affreuse d’être seul dans l’univers. Il existe néanmoins quelques invariants dans la psyché de l’initiatique en général, et de la franc-maçonnerie en particulier. La 1ère d’entre elles est la construction, entendue aussi bien dans son sens mécaniste, celui des outils, que dans son sens sacré, présent aussi bien dans le canon biblique que dans les textes apocryphes où les actes alternent avec les mystères, c’est-à-dire où les faits vont, en plus de se dérouler, construire en profondeur une trame discrète voire secrète.

Ceci pour dire que l’homme est très fragile, non seulement physiquement mais aussi psychologiquement, et qu’il se doit, pour résister à sa solitude métaphysique, de meubler l’espace restreint qui l’entoure, avant de transposer ce dernier dans un monde plus universel. Cette restriction spatiotemporelle est une des finalités de la sacralisation de nos travaux maçonniques. Le 2ème précepte de la Table d’Emeraude ne nous dit-il pas : « Tout ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, pour réaliser le miracle d’une seule chose » ? Bien sûr, on peut y voir sous tendu le fait que toute créature est constituée des mêmes éléments, hydrogène, carbone, etc… que l’Univers. Cette expérience de la vie, basée sur le principe d’analogie et sous l’action du mimétisme qui en découlent, permettra à bon compte de ne pas sombrer dans la folie. L’humain a en effet toujours eu besoin de productions mentales et physiques pour occuper l’espace vital, pour les projeter ensuite sur le ciel, qui n’est que l’écran de l’univers.

Ainsi chaque aménagement confessionnel de cet espace, sentiment, action, sensation ou intuition se verra mimétisé sur l’écran noir et blanc du cosmos. Par un curieux renversement des valeurs, né du judéochristianisme, c’est à cette gouvernance divine qu’on attribuera en retour nos actes d’humains. Le cherchant, et en particulier le franc-maçon se devra donc de transposer dans l’écran de fond de l’univers, tout ce qu’il aura été à même de découvrir pour cerner son prochain. Le prochain est une valeur chère à la chrétienté, à la fois le but et le viatique de toute existence. En fait les hommes projettent dans le ciel non seulement leurs productions matérielles et spirituelles, mais aussi l’esprit du temps qui le parcourt : primal (chasse, cueillette), puis délégataire (culture, élevage), puis mécaniste (vapeur, électricité…) et enfin mimétique, (numérique, IA). La transposition dans le monde tangible d’éléments nés dans les tréfonds de notre conscience paraît évidente, surtout pour l’initié, qui a coutume d’utiliser au mieux tout ce qui est mis à sa disposition. C’est d’ailleurs tout l’intérêt des outils symboliques définis dans les 2 premiers grades du REAA, qui faciliteront cette volition.

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Thierry Didier

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