Publié le 13 Février 2025 par Jean-François Guerry

VOYAGES ET ÉPREUVES INITIATIQUES

VOYAGES ET ÉPREUVES INITIATIQUES

n parle souvent à propos des voyages initiatiques d’épreuves, de cheminements longs et difficiles. Avec les images de chemins tortueux, remplis de pièges, ou d’ascensions de montagnes dont les sommets nous paraissent infranchissables. Une relecture du stoïcien Sénèque et plus particulièrement de La constance du sage et de la tranquillité l’âme m’a rappelé les analogies avec les voyages et les épreuves initiatiques maçonniques. Sénèque a écrit ces textes pour son ami Sérénus en proie au doute et à l’ennui. D’emblée dans son introduction, il parle de l’excellence du sage, faisant mention que les stoïciens prennent une voie virile une voie exigeante, une porte basse. Leur souci n’est pas de faire paraître aux débutants, aux apprentis une voie agréable mais de les libérer le plus tôt possible et de les porter au faîte. De leur permettre de résister aux coups du sort, accéder à la vie heureuse qui passe par des épreuves, les chemins où Sénèque appelle les apprentis sont difficiles et rocailleux. Mais sérieusement, comment peut-on espérer accéder au sommet sans efforts par un itinéraire tout plat ? Il indique cependant qu’il faut garder confiance et sérénité, en effet ces chemins ne sont pas si escarpés qu’on le croit parfois. C’est souvent dans leur première partie qu’il y a des obstacles, des pierres, des rochers, et qu’ils nous apparaissent inaccessibles, comme tant de choses que nous n’avons pas expérimentées. Parce que nous voyons mal, nos yeux sont bandés ! Peu à peu, notre vision s’améliore et les chemins nous paraissent plus doux, et le faîte semble accessible. On se mesure peu à peu avec l’ambition, l’égoïsme, la démesure, le fanatisme et on change, on se transforme. L’être invulnérable nous dit Sénèque n’est pas celui qui n’est pas frappé par des épreuves mais celui qui résiste et ne subit pas dommages, parce qu’il est sage et n’a pas succombé à la facilité et l’injustice. De la même manière que certains corps ne flambent pas comme du papier mais résistent au feu destructeur.

On ne peut douter que né homme dit-il encore, le sage puisse s’élever au-dessus des choses humaines, il envisage tous les maux, les plaies et les souffrances avec tranquillité. Pour peu qu’il soit capable de construire sa citadelle intérieure, le maçon dirait son temple intérieur. Le maçon dès son initiation a compris que le vice n’était pas plus fort que la vertu, ses frères sont là pour en témoigner. Chaque fois que le mal se trouve en face de la vertu, il s’éloigne toujours. Alors, le chemin s’éclaircit vers le sommet de la montagne, là où l’air est plus pur. Le sage est celui qui endure, travaille, pratique sans cesse, est fidèle et persévérant il lasse ses ennemis et leur médiocrité.

Certes on reçoit parfois des coups, mais l’on se forge et l’on résiste, chaque fois ont remet l’ouvrage sur le métier on tisse sa tunique spirituelle, et on tisse des liens avec les hommes ses frères.

Qui doute dans la chaîne d’union fraternelle, de cette assiette stable appelée euthymia en grec sujet d’un remarquable ouvrage de Démocrite et que l’on peut aussi appeler tranquillité de l’âme ou harmonie, un chemin vers la tranquillité d’esprit, qui suppose une intranquillité permanente, un travail spirituel jusqu’aux portes de ….

Jean-François Guerry.

Source : Sénèque – De la constance du sage et de la tranquillité de l’âme.