L’HOMME EST LA MESURE DE TOUTES CHOSES.
Le Franc-maçon libre, tolérant respectueux des autres, de l’autre prendra la mesure de toutes choses, recevra toutes les opinions avec son ouverture d’esprit, afin de les étudier, les mesurer et c’est en conscience qu’il déterminera son jugement, parce qu’il s’efforce avant tout de rechercher la vérité, qu’il défend la justice et s’efforce avec ses facultés intellectuelles de rechercher cette éthique de la justice qui est la justesse. Il suit en cela la voie des maîtres. Pour prendre la mesure des choses il apprend le maniement des outils physiques dans les loges opératives adossées aux cathédrales de lumière, c’est là, à couvert que les apprentis et les compagnons recevaient leur matériel, mais aussi qu’ils se construisaient eux-mêmes en pénétrant les secrets des petits mystères.
Les maçons spéculatifs ont symboliquement repris les outils de mesure des maçons opératifs pour s’élever vers les connaissances spirituelles, par l’usage de leur intellect et de leur raison par la pratique des vertus universelles, cherchant toujours les idées derrière les symboles.
Tous héritiers des fraternités johanniques, inspirés par l’évangile de Jean de Patmos et son Apocalypse. Le Franc-maçon cherche la mesure, l’harmonie, l’équité il travaille pour se transformer et transformer la cité des hommes et la rendre meilleure. C’est symboliquement qu’il appelle à la descente sur terre la Jérusalem céleste et se prépare pour l’accueillir. Il s’efforce de tracer les plans de la future cité avec le Kalame grec de la raison, l’instrument d’écriture des scribes égyptiens, le roseau de l’ancien, du nouveau testament et de l’islam.
« Celui qui me parlait tenait une mesure, un roseau d’or, pour mesurer la ville ses portes et son rempart ; cette ville dessine un carré sa longueur égale sa largeur. Il la mesura donc à l’aide du roseau, soit douze mille stades ; longueur et largeur et hauteur y sont égales. Puis il en mesura le rempart, soit cent quarante-quatre coudées. L’Ange mesurait d’après une mesure humaine. »
Apocalypse de Jean 21- 15,16, 17, 18.
Ainsi l’on fait appel aux vertus intellectuelles de l’homme pour construire la cité nouvelle, la cité de justice et de paix mais qui ne peut se construire qu’avec la force et la permanence de l’amour.
Nous sommes appelés sans cesse à réaliser cette construction symbolique qui dépasse le cadre religieux pour toucher à l’universel tout est symbole. Un célèbre psaume, nous enjoint à ne pas oublier cette cité idéale qui donne un sens à notre vie.
« Comment chanterions-nous un cantique de Yahvé sur une terre étrangère. Si je t’oublie, ô Jérusalem, que ma droite s’oublie ! Que ma langue s’attache à mon palais si je ne me souviens de toi, si je n’élève Jérusalem au-dessus de la première de mes joies !
Psaumes : Hymnes – Chant de l’exilé – 136-137.
Ce psaume illustre le passage du matériel au spirituel, de l’avoir à l’être, du profane au sacré, de la cité de pierre à la cité spirituelle. Par l’édification en l’homme de son temple spirituel, secret de son perfectionnement.
Le Franc-maçon avec l’aide de son intelligence en se référant aux outils symboliques va progressivement passer de la théorie des spéculations intellectuelles à la pratique spirituelle, c’est la méthode des travaux maçonniques véritables exercices spirituels qui sont de formation et non d’information. Ces exercices spirituels maçonniques forment un véritable corpus pédagogique contenu dans les Rites et mis en application dans les Rituels et les instructions maçonniques. Ces exercices spirituels deviendront alors des exercices existentiels, voie du perfectionnement individuel au service de son atelier et de la cité. L’objectif étant la conversion de son regard sur les autres, l’autre et sur le monde, permettant de mieux mesurer avec humilité toutes choses.
Jean-François Guerry