LA REPUBLIQUE ET LAMARTINE.
Lamartine poète, romancier fut aussi un homme politique de premier plan. Son engagement pour la défense République et la devise Républicaine est souvent oublié, de même que son militantisme pour l’abolition de l’esclavage, c’était un ferme partisan de la non violence jusqu’à la défense des animaux il était pour le végétarisme. Ses combats conservent donc toute leur valeur de nos jours.
Dans ses œuvres il expose une pensée sociale teintée de religion, tout en refusant de croire aux miracles. Je retiendrais parmi ses œuvres « Le Voyage en Orient » considéré comme le chef d’œuvre du récit de voyage, qui le rapproche de Gérard de Nerval lui aussi inspiré par l’Orient.
En cette journée électorale je vous livre le discours que Lamartine adressa à ses presque Frères en mars 1848 et retrouvé dans le livre d’Emmanuel Pierrat : « Les FRANCS-MACONS ET LE POUVOIR » paru chez First Editions.
« Je n’ai pas l’honneur de savoir la langue particulière que vous parlez, je n’ai jamais eu dans ma vie l’occasion d’être affilié à aucune Loge. Je vous parlerai donc, pour ainsi dire, une langue étrangère en vous remerciant.
Cependant je sais assez de l’histoire de la Franc-Maçonnerie pour être convaincu que c’est du fond de vos Loges que sont émanés, d’abord dans l’ombre, puis dans le demi-jour, et enfin en pleine lumière, les sentiments qui ont fini par faire la sublime explosion dont nous avons été témoins en 1790 et dont le peuple de Paris vient de donner au monde la seconde et j’espère dernière représentation. Il y a peu de jours.
Ces sentiments de Fraternité, de Liberté, d’Egalité, qui sont l’évangile de la raison humaine, ont été laborieusement, quelquefois courageusement scrutés, propagés, professés par vous dans les enceintes particulières où vous renfermiez jusqu’ici votre philosophie sublime.
Ces sentiments, qui avaient dû se cacher, peuvent maintenant se proclamer au grand jour ; leur propagation sera d’autant plus persistante qu’ils se répandront de toutes les bouches, et qu’ils répandront sur la nation tout entière sans qu’on ait besoin de les dissimuler sous des symboles quelconques.
La raison n’a plus besoin de symboles ; elle est aujourd’hui le soleil sans nuages ; vos yeux sont assez forts pour le fixer, et si vous gardez encore quelques années ces drapeaux, ces signes de liberté, d’égalité, de travail, avec lesquels vous vous présentez devant nous, vous ne les garderez plus comme une nécessité, vous les garderez comme un fidèle et glorieux souvenir des travaux que la Franc-Maçonnerie a supporté dans les temps difficiles, et dont elle présente maintenant le témoignage au genre humain.
Encore un seul mot, messieurs :
Je disais tout à l’heure que je ne savais pas parler le langage de la Franc-Maçonnerie, mais je sais parler comme vous cette grande langue du peuple que le peuple a si noblement parlée pour nous pendant ces trois jours.
Je vous remercie, non pas au nom du gouvernement provisoire de la République, qui n’est qu’une émanation passagère, fugitive et désintéressée, qui n’est qu’une émanation du peuple, qui n’a d’autre droit que celui de son dévouement et de la circonstance de vous parler comme gouvernement ; mais je vous remercie au nom de ce grand peuple qui a rendu à la France et le monde témoins des vertus, du courage, de la modération et de l’humanité qu’il a puisés dans vos principes, devenus ceux de la République française. »
Alphonse, Marie, Louis Prat de Lamartine.
JF.