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la Franc Maçonnerie au Coeur

la Franc Maçonnerie au Coeur

Un blog d'information, de conversations sur le thème de la Franc Maçonnerie, des textes en rapport avec la Franc Maçonnerie, comptes rendus et conseils de lectures.

Publié le
DU RAPPORT DE SOI À L’AUTRE

DU RAPPORT DE SOI À L’AUTRE

 

 

 

Linitiation maçonnique, c’est d’abord l’attachement à la connaissance de son soi. L’oracle du temple de Delphes : le connais-toi, toi-même, et tu connaîtras le monde et les dieux.  À imprégner toute la philosophie antique et nombre de traditions initiatiques, la franc-maçonnerie en fait partie.

Architecte de son temple intérieur, responsable du plan de sa vie, conscient qu’il devra construire et se construire, avec naïveté ou une ambition démesurée, utopiste, le franc-maçon envisage de réparer, voire de construire ou de reconstruire le monde, de le rendre meilleur, plus humain, plus spirituel.

 

L’on parle souvent du parcours initiatique, comme d’une spiritualisation progressive, d’élévations d’états de conscience. De travail d’acquisition des savoirs, des connaissances, de volonté et de pouvoir. Savoir, pouvoir, connaître, chercher la vérité pour gagner sa liberté, puis transmettre ; c’est l’empreinte des recherches des philosophes antiques.

 

Emmanuel Levinas a proposé une autre manière de penser, révolutionnaire : la passivité phénoménologique. Constatant les limites de notre conscience, que savons-nous du monde au-delà de notre ligne d’horizon ? Pouvons-nous donner trop de pouvoir à notre conscience ? L’autre étant différend de nous-même, sa conscience est différente de la nôtre. Pouvons-nous prétendre le connaître à travers le seul prisme de notre conscience.

La philosophe Corine Pelluchon explique la pensée de Levinas :

 

« Autrui me tombe dessus, lui que je n’avais pas deviné et qui n’est pas dans mon horizon. Puisque l’horizon est constitué par la conscience. Avec l’autre on est dans l’éthique. »

 

Notre rapport habituel à l’autre ne serait donc qu’un rapport de soi à soi, un solipsisme du moi. C’est-à-dire, que nous avons des certitudes, et que ces certitudes n’existent que par rapport à nous-mêmes.

Nous ne considérons l’autre que par rapport à notre savoir, notre pouvoir, notre conscience, et toujours nos certitudes. On est dans le moi d’abord, le par rapport à moi ! Comment dès lors vivre dans une forme d’éthique, et dans le soin de l’autre. La franc-maçonnerie nous mets en garde vis à vis de nos certitudes.

 

Nous sommes dans une sorte d’obsession de la maîtrise de soi, du pouvoir. Comment accueillir l’autre ?

Pour Levinas, il nous faut si j’ose dire en rabattre, être dans la passivité,l’écoute, pour être dans l’éthique. C’est sans doute pour cela qu’il nous faut accepter de l’apprenti, l’écoute de l’autre et êtres d’éternels apprentis pour sortir de nos certitudes, connaître l’éveil et l’essor spirituel.

L’étalement de nos savoirs, de nos connaissances, n’est qu’un rapport de soi à soi, un égoïsme, ce n’est pas la Connaissance, ni non plus une éthique.

 

Cette passivité de Levinas nous permet de penser notre existence comme une réceptivité et non seulement comme un projet.

 

Que demande le postulant ? La lumière V…, Que reçoit l’apprenti ? La Lumière.

 

D’où l’incontournable transmission qui vient de l’autre et du mystérieux Grand Architecte, bien au-delà de notre conscience.

 

L’obsession encore de la maîtrise de soi, notre volonté de connaissance, n’est pas suffisante à la réalisation d’une éthique de vie. La volonté et l’action ne valent rien sans l’humilité et l’amour.

Quand je reçois d’autrui, je reçois ce que je suis et j’ai le sentiment d’une épiphanie, d’une essence inconnue.

 

Jean-François Guerry.

 

Inspiration : la pensée de Emmanuel Levinas. 

DU RAPPORT DE SOI À L’AUTRE
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