L’IMPOSSIBILITÉ D’ÊTRE SOI ? Part I

« Vivre et partager nos quêtes de sens, sans frontières, sans dogmes, sans hiérarchies »

Profession de foi du Centre Sésame – Co-fondateurs : Inès Weber et Abdennour Bidar.

Je vous propose une réflexion en plusieurs articles inspirée par la lecture en cours de Inès Weber : « Être soi » une quête essentielle au service du monde. Ce titre de ce premier article – Constat de l’existant- ou encore état des lieux. Au préalable, quelques mots sur l’autrice Inès Weber. Elle est psychologue praticienne exerce en cabinet à Avignon, après des études à la faculté de psychologie de Paris Diderot tout en étudiant conjointement à l’ESSEC. Elle affirme après avoir eu une approche du psychisme humain et sa propre psychanalyse, s’être ouverte à une vision plus vaste de la réalité, au-delà de sa manifestation la plus viable, à une expérience profonde de l’être. Elle fut sensibilisée d’abord par la pensée de Blaise Pascal, une première rencontre avec « ce qui en l’homme passe infiniment l’homme ». (Blaise Pascal)À travers l’exploration de l’inconscient, vous l’avez deviné elle marche aussi dans les pas de Carl Gustav Jung. Je souligne qu’elle nourrit une complicité intellectuelle avec le philosophe Abdennour Bidar et a fondé avec lui en 2015 Le Centre Sésame un centre de culture spirituelle non confessionnel. Cette rencontre personnelle avec Inès Weber par l’intermédiaire de son livre Être soi, qui m’a été offert par un ami de plus de trente ans, lecteur, contributeur de ce Blog et bien plus Rémy Le Tallec rien n’est là du au hasard. De surcroit, l’engagement de Inès Weber dans Le Centre Sésame, ont confirmer en moi, la certitude qu’il pouvait y avoir une analogie avec la démarche initiatique traditionnelle de la Franc-maçonnerie ou pour le moins un chemin parallèle de recherche de la connaissance.

Être soi, par l’exploration de son essence pour se rapprocher de la réalité de ce que nous sommes, la possibilité de vivre cette réalité et de la partager avec l’autre, les autres pour un service au monde. Si vous le souhaitez vous pourrez aussi retrouver Inès Weber dans Psychologie Magazine ou elle écrit des chroniques depuis 2018. Elle est aussi intervenue dans d’autres médias de la presse écrite comme Le journal Libération, Challenges bonheur magazine, Ça m’intéresse, ou encore de nombreux Podcasts.

Le Constat

Inès Weber nous propose comme introduction de son livre Être soi, trois citations, je vous livre la première des trois : « L’homme ne parvient à soi i que dans la mesure où il a fait l’expérience en lui-même. » (1).

Les patients qui se présentent à la porte de son cabinet, présentent des similitudes à mon sens avec les profanes qui frappent à la porte d’un temple maçonnique. La plupart d’entre eux ne sont pas des traumatisés de la vie du moins en apparence, ils n’ont pas été affectés par un malheur, un drame, un accident ou une maladie. Ces patients, ces profanes ne sont pas au premier degré guidé par un besoin de psychothérapie. Inconsciemment, ils sont à la recherche de soins pour leur âme plus que pour leur esprit. Ce sont des femmes et des hommes libres du moins en apparence. En Franc-maçonnerie la question leur est d’ailleurs posée : Madame, monsieur est-ce de votre propre volonté que vous vous présentez ici ? C’est spontanément qu’ils répondent oui, car ils savent que la Franc-maçonnerie n’est pas une secte n’en déplaise aux tenants du complotisme, et qu’ils peuvent et pourront quitter l’institution à tout moment, si tel est leur désir sans avoir à se justifier. Les Francs-maçons sont des hommes libres, ils ont choisi de se faire initier, sentant qu’il manque dans leur vie l’essentiel, c’est ce manque, comme tout manque qui provoque en eux une forme de souffrance. Ils sont à la recherche de leur essence, la société malgré ses progrès, ses techniques, ses avoirs matérialistes ne peut satisfaire ce manque. Ces hommes forment des colonnes d’hommes ordinaires, statiques, assimilés, englobés ayant pris dans la société souvent la place qui leur a été assignée, par leur éducation, leur statut social. Dans ces colonnes, contrairement à ceux qui ont eu le bonheur de vivre leur initiation, ils sont à la place où on les a mis et ils ne sont le plus souvent ni contents, ni satisfaits, ils n’ont pas trouvé leur place dans le cosmos. Ils sont parfois pourtant des actifs et des acteurs de notre société, ils participent à sa croissance matérielle, ils possèdent quantités de biens matériels jusqu’aux plus inutiles. Mais cela ne rend pas leur vie meilleure et harmonieuse, car ils ne sont pas eux-mêmes. Ils sont, comme dans la caverne de Platon que l’ombre d’eux-mêmes, ce sont des insatisfaits qui sont pourtant parfois comblés par la société, leur célébrité et leur moi social déborde. En contrepoids leur intériorité reste à conquérir et développer. En se regardant dans le miroir, ils ont parfois, un sursaut, une révélation, face à leur plus grand ennemi, mais aussi ils savent pouvoir compter sur leurs frères en humanité. Cette scène magique du miroir, ce choc initiatique est le commencement d’une longue mais exaltante route vers leur soi, l’accomplissement de leur être intérieur et une injonction à la persévérance dans ce travail. Le candidat à l’initiation a reçu la lumière, la porte qui est en dedans s’est ouverte brusquement, il découvre la possibilité de passer, comme il lui a été dit après les épreuves initiatiques, Puisqu’il en est ainsi, qu’il passe. Il ne le sait pas encore, mais il passe de l’avoir à l’Être, du monde des apparences au monde de l’essence.

L’initié, à couvert s’est éloigné du tourbillon des bruits extérieurs il avance en silence, il s’éloigne du matérialisme et de l’individualisme, un frère le tient par la main. Il n’est plus dans le monde, des ambitieux, des gagnants, des milliardaires à tout prix, qui ont vendu les débris de leur âme au plus offrant.

Inès Weber, nous alerte sur les marchands du temple, qui ont compris que les hommes en manque, en souffrance sont des proies faciles pour ces marchands de bien-être au kilo, qui savent qu’il y a un marché, des clients. Ces marchands qui exploitent le filon, qui ont pris les habits des gourous et exploitent l’égoïsme et l’égocentrisme. Hélas, ces faux marchands de bonheur, qui proposent une quantité de « Je », de « pour moi » s’éloignant « du nous » et du partage. Cette quête du bien-être est une philautie de la quête de l’Être.

L’homme de notre société, ne rêve plus gratuitement des espaces infinis, de l’absolu, de l’inatteignable. Qui oserait dire aujourd’hui, sans crainte d’être raillé : « Le silence éternel de ces espaces infinis m’effraie. » En tout cas pas ceux qui rêvent de conquérir l’espace et les mondes inconnus dans un but mercantile. Pascal avait compris la force de l’humilité et du silence dans un monde corrompu où la banalité du mal étend son règne. Nous avons oublié le connais-toi toi-même mis en avant par Socrate, qui nous implorait de prendre de soin de notre soi, plus que des choses matérielles, oublié aussi le deviens qui tu es du poète Pindare, repris par le Frère Goethe et même le va vers toi d’Abraham, las les églises se vident, les hommes perdent la raison. La foi et la raison pourtant porté sur les ailes de l’espérance ne sont plus au rendez-vous.

Inès Weber, constate aussi les dégâts dans notre âme, ce qui devient une souffrance pour la société entière, car l’on manque de sens, du sens, de vision de Lumière. Faut-il pour autant désespérer ? Non ! Définitivement non, il y a tant de choses à faire, tant de chantiers dirait le Franc-maçon, tant de Fraternité à cultiver. Il y a encore, des lieux, des havres de paix et d’harmonie, les loges maçonniques en font partie. Mais nos loges se doivent de refuser l’entre-soi, elles doivent accueillir sans prosélytisme débridé les hommes qui sont à la recherche de leur essence, de l’essentiel et elles doivent faire résonner à l’extérieur les bienfaits reçus dans les loges, sinon elles resteront des coquilles vides de sens.

                                            Jean-François Guerry.

À SUIVRE…  

Note : K. G. Dürckheim est un diplomate psychothérapeute et philosophe allemand. Initié au bouddhisme zen école de Rinzai, pratiquant du Kyūdõ avec le Maître Kenran Umej. Wikipédia.   

Fondé en 2015 par le philosophe Abdennour Bidar et la psychologue Inès Weber, le Sésame est un centre d’enseignement spirituel et de ressourcement personnel qui n’est affilié à aucune religion ou spiritualité particulière. Nous vous proposons de venir y partager trois expériences : la pratique du silence, l’étude des sagesses, la fraternité sans frontières. “Libres ensemble”, c’est notre devise, car ici au Sésame chacun est libre de tracer son propre chemin de sens. Cette liberté et responsabilité personnelle trouve ici seulement des ressources pour sa réalisation : le silence partagé permet à chacun de méditer, prier ou se recueillir comme il le souhaite; l’étude des sagesses d’Orient et d’Occident, du passé et du présent, offre des connaissances suffisamment vastes et approfondies pour que chacun y puise ce qui l’inspire; la rencontre de femmes et d’hommes de toutes croyances, convictions et démarches, qui s’enrichissent mutuellement de leur diversité et fraternisent entre esprits libres dans un compagnonnage universel. 

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RECENSION : Hermès, le retour !

Cahier N°2 Bathilde Vérité. Loge Nationale de Recherche de la Grande Loge Féminine de France

La Loge Nationale de Recherche de La Grande Loge Féminine de France, a fait paraître aux Éditions Numérilivre son deuxième Cahier. La Grande Maîtresse, Catherine Lyautey en signe la préface. Elle nous indique que ce cahier traite des influences des textes hermétiques dans le réveil de la Renaissance en général et en particulier à Florence dans cette République dirigée par Côme de Médicis. Ces textes hermétiques engendreront et nourriront l’alchimie qui prendra une place importante dans l’initiation maçonnique en général et plus particulièrement dans le Rite Écossais Ancien et Accepté, le plus pratiqué. Ce sont les penseurs humanistes, encyclopédistes et universalistes qui seront les acteurs d’un renouveau intellectuel et spirituel dans cette période qui mettra fin au Moyen-âge et annoncera la naissances des Lumières.

Les travaux de ce Cahier mettent en lumière à travers la vie de ces hommes, leur activité intellectuelle et leur élévation spirituelle, l’influence de l’hermétisme alexandrin, mais aussi le renouveau de la pensée grecque platonicienne, plus précisément plotinienne et même sous le regard accusateur de l’inquisition les prémisses de la liberté de penser. Ainsi ces penseurs s’affranchissent des dogmes de la chrétienté catholique. À l’instar de Jean Pic de la Mirandole, ils s’intéressent à toutes les traditions, à tous les penseurs. Ils ont étudié les textes hermétiques et philosophiques pour les connaitre, les comprendre, ils ont agi en les traduisant pour assurer leur transmission.  

Ainsi, les lecteurs qu’ils soient initiés ou non, s’ils ont le désir de savoir ils seront comblés. Ils iront sur les bords du Nil dans l’Égypte Ancienne ou encore dans la Grèce Antique. Ils découvriront que parfois les chemins se croisent et se rencontrent pour ceux qui veulent avoir accès à la Connaissance.

Marie-Dominique Massoni, dont les connaissances concernant l’alchimie ne sont plus à démontrer en sa qualité de Directrice de la rédaction, introduit les articles des autrices de ce Cahier, s’exclamant avec enthousiasme : Hermès, le retour !

Elle annonce la Docte ignorance de Nicolas de Cues, le travail de traduction des textes de l’hermétisme alexandrin et de la philosophie platonicienne (Le Banquet de Platon) et plotinienne (Les Ennéades de Plotin) par Marsile Ficin, le maître initiateur de Jean Pic de la Mirandole qualifié de Prince de la concorde et Phénix de la Renaissance. Pic de la Mirandole, ce génie précoce mort à 31 ans et curieux de toutes les traditions, de toutes les pensées, de toutes les cultures, voulant rallier les contraires, réunir les religions.

Dans les articles de ce Cahier, il sera question aussi de la magie, de l’astrologie c’est-à-dire de l’influence des astres sur les êtres. Marie-Dominique Massoni rappelle dans la fin de son introduction : Qu’il faut être à couvert pour s’ouvrir, pour ouvrir les travaux. Elle nous indique aussi que chacun par la lecture de ce Cahier pourra s’ouvrir un peu plus, un peu mieux, avancer sur le chemin de la Connaissance, par l’étude et par le jeu des analogies, qui défrichent, dévoilent les mystères à tous ceux qui travaillent et en sont dignes, à tous ceux qui frappent à la porte qui est en dedans.

La lecture du sommaire est déjà éclairante et suscite le désir de Savoir, de Comprendre et d’Agir, c’est-à-dire de s’initier, de maçonner, pour se construire.

Je recommande la lecture de ce Cahier compte-tenu de la profondeur des articles, qui sont semblables aux pierres d’un édifice posées au bon endroit pour quelles illuminent les générations.

                                                          Jean-François Guerry.

Lire : Les Cahiers de Bathilde Vérité N°2- Hermès, le retour.

Travaux de la Loge Nationale de Recherche de la Grande Loge Féminine de France.)

Éditions Numérilivre 142 pages avec notes, illustrations noir et blanc et couleur- Prix 15€.

Le concile de Florence, s’il échoue à réunifier les Églises d’Orient et d’Occident face à la menace ottomane, suscite chez les humanistes le désir d’accéder aux textes grecs encore inaccessibles. En 1471, Marsile Ficin traduit le Corpus hermeticum et déclenche un grand vent de l’esprit où tourbillonnent de nouvelles visions des anciennes sagesses à la lumière du christianisme.

Ficin, qui croit qu’Hermès Trismégiste est le contemporain de Moïse voire plus ancien que lui, est à l’origine de la notion de prisca philosophia, d’une Tradition, portée par de grands initiés, longtemps avant l’ère chrétienne. Soif spirituelle, renouveau des arts libéraux, des arts de la mémoire, de l’alchimie, conception d’une kabbale chrétienne, redéfinissent l’hermétisme à la lumière d’un néo-platonisme chrétien qui souhaite cependant, sous la houlette de Pic de la Mirandole, prince de Concorde, concilier Platon et Aristote.

Une efflorescence de publications, de rencontres, caractérise le XVe siècle. Le Cahier N°2 de la Loge Nationale de Recherche de la Grande Loge féminine de France se consacre au mouvement initial impulsé par Cosme de Médicis. Ses ramifications européennes suivront dans la prochaine livraison.

Les groupes de recherche sur le cosmos, les traces de l’hermétisme dans les rituels maçonniques et sur le cercle de Bathilde d’Orléans, ici autour des nouvelles théories et pratiques thérapeutiques, nous donnent à lire leurs travaux. L’œuvre de Nicolas de Cues encadre ce premier opus sur l’hermétisme à l’aube des Temps modernes.

Sommaire

Préface de Catherine Lyautey . 5

Hermès, le retour ! . 8

La Docte Ignorance de Nicolas de Cues . 13

L’Académie de Florence et Marsile Ficin : une aurore renaissante . 24

Marsile Ficin, Platon et la lumière de Dieu . 38

Pic de la Mirandole et la cabale chrétienne . 50

Les synthèses de Pic de la Mirandole . 62

Francesco Zorzi dit Georges de Venise . 71

L’Art de la mémoire, de l’Antiquité à la Renaissance . 83

L’Art de la mémoire dans Les jardins de Poliphile de Francesco Colonna . 91

Le Théâtre de la mémoire de Giulio Camillo . 106

La Vision du cosmos par Nicolas de Cues . 115

Génération, Régénération, Renaissance . 122

Bathilde d’Orléans thérapeute . 132