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la Franc Maçonnerie au Coeur

la Franc Maçonnerie au Coeur

Un blog d'information, de conversations sur le thème de la Franc Maçonnerie, des textes en rapport avec la Franc Maçonnerie, comptes rendus et conseils de lectures.

Publié le par Thierry Didier
Tenture de l'Apocalypse de Jean de Patmos Angers

Tenture de l'Apocalypse de Jean de Patmos Angers

Dans la suite de ce Petit traité d'eschatologie Thierry Didier nous propose de comprendre les ressorts qui aident l'esprit humain à positiver. L'homme tel qu'en lui-même, selon sa volonté à lui de faire le choix. La révélation du sens de certains degrés maçonniques...
Jean-François Guerry.

 

                                 Concepts attenants à l’eschatologie

 

L’homme a besoin, pour s’éloigner de ses terreurs, d’illustrer celles-ci afin de les rendre plus lisibles. Quoi de mieux, dans ce cas, que le mécanisme eschatologique, qui inclut à l’infini en son sein la naissance, et la fin d’une idée, d’un être ou d’un monde. Cette fin supposée est à la fois positive et négative : négative, car l’idée de fin est associée à celle de la mort, mais positive aussi, car ce brusque arrêt a l’avantage de nous soustraire à toute responsabilité ultérieure. En psychologie, par exemple, il est reconnu qu’un évènement lambda est bien souvent moins générateur de stress s’il est qualifié négativement que s’il l’est positivement, car la charge d’avenir est dans le premier cas bien moindre que dans le second.

On a néanmoins le sentiment que le concept de l’eschatologie est tellement terrible pour la pensée qu’il est nécessaire de lui adjoindre des principes concomitants, des visions plus formelles, plus imagées, jouant le rôle de tampons, de viatiques, voire de passerelles. C’est peut-être aussi pourquoi un certain nombre de concepts l’accompagnent, étant comme des alibis à son existence .Á l’image des objets placés dans le tombeau des dignitaires de l’Égypte ancienne, destinés à leur faciliter leur seconde vie, l’élection divine, la prédestination, le jugement dernier, la survenue messianique, la damnation et le salut sont des à-côté nécessaires, incontournables, qui redonnent en permanence à cette notion d’eschatologie, dangereuse pour le mental, une image lisible, donc acceptable pour l’esprit humain. Ces concepts sont des sortes de facilitateurs, possédant un pôle divin et un pôle humain, ces pôles permettant de lier l’homme à son destin et à son environnement cosmique. Si je me risquais à une comparaison chimique, je dirais que ces concepts- satellites sont des « émulsionnants philosophiques ». Un émulsionnant, en chimie, est un corps qui possède un pôle hydrophile et un pôle lipophile, ce qui signifie qu’il attire à la fois l’eau et la matière grasse, évitant à une pommade par exemple, de « tourner en eau », en liant l’ensemble des composants.

Ténèbres et Lumière

Il en va de même des concepts déjà cités, qui arrime véritablement l’humain au cœur du mécanisme eschatologique.  Bien plus que de simples valeurs religieuses, ces concepts extrêmes sont susceptibles d’éclairer les recoins insondables du devenir de l’homme, parce qu’ils « jouent dans le même camp, » celui de la marge, celui des frontières de l’entendement et de la vie, telle que nous l’entendons. Les diverses valeurs qui bordent et précisent l’eschatologie dépendent selon moi du libre arbitre de l’individu, reprenant en cela la thèse de Pelage, moine breton du 4ème siècle, où il expose que le salut, tout comme la damnation ne sont en aucune façon préétablies par un plan divin, mais conditionnées par l‘attitude propre de l’individu. Cette approche recoupe bien notre vision maçonnique, qui est de considérer l’homme tel qu’en lui-même. Ce qu’illustre bien l’abord de la Providence, au 13ème degré, où il nous est montré en filigrane que la volonté individuelle invite naturellement la Providence à se manifester.

Comme nous le dit un rituel maçonnique,« Comment êtes-vous parvenu à cet endroit ? Par l’effet de la Providence » : la providence est l’expression matérielle et patente de faits particuliers dont on peut penser qu’ils dépendent et sont articulés autour d’une intention supérieure : seulement, cette providence ne peut se manifester que si on l’y invite par une volonté personnelle, inductive : c’est ce que reflète, lors de l’entrée du récipiendaire dans la Loge Royale, au 13ème degré, le mouvement de la corde centrifuge, née de l’élan du récipiendaire re-compensée par le mouvement centripète du retour .C’est selon moi ce même principe qui autorise l’apparition de la Jérusalem Céleste, qui ne descend vers nous que si l’on s’en approche. Cette conception s’est bien sur opposée à l’appareil ecclésial du moment, puisqu’elle ôtait complètement la préséance divine, y compris dans sa conception du péché originel, provoqué par Adam, puis porté par le reste du monde. Une théorie plus nuancée apparût plus tard, nommée le semi-pélagianisme, dans laquelle la Foi fut définie comme produite initialement par l’homme lui-même, avant de se voir renforcée au cours de la vie par l’influence divine : voilà une manière de ménager la chèvre et le chou qui déplût moins à l’institution apostolique romaine. Cela dit, il est nécessaire selon moi pour approfondir l’étude intellectuelle de l’eschatologie, d’y introduire, comme le fit le semi-pélagianisme, une part sinon de divin, en tout cas d’une portion qui échappe à notre individualité. Comme l’a dit Guérillot, il existe quelque chose « de plus grand que nous », ne serait-ce que par exemple l’humanité dans son ensemble. Hors de toute considération religieuse, le rapprochement d’une vision ethnocentrique et d’une vision déiste va avoir le mérite, par son judicieux mélange, d’ouvrir naturellement l’angle de notre compréhension. Les deux doctrines chrétiennes que je viens d’évoquer mettent, à l’exemple de la Franc-Maçonnerie, l’homme en avant, responsable à cet égard de ses choix et de ses décisions, incubés dans le sérail de nos loges. Ainsi, l’eschatologie pourra-t-elle expliciter certains fondamentaux de notre ordre, par exemple le confinement bénéfique (vase clos de la loge, du Cabinet de Réflexion, des textes rituels, séparation des ateliers supérieurs suivant le degré). La loge maçonnique est ce lieu de confinement, une sorte de réclusion momentanée que nous connaissons tous pendant les tenues, et qui étymologiquement, nous fait comprendre que ce terme « confinement » débute par le préfixe « con » - qui veut dire « avec ».

LUMIÈRE

Confiner c'est donc d’une certaine façon « faire avec la fin », cette fin n’étant pas une extrémité, mais simplement l’objet transitoire d’une réalisation. La nécessité de se référer en permanence à une fin supposée, qu’elle soit spatiale ou temporelle aura la vertu de potentialiser la pensée, la réflexion au moment immédiat, comme s’il s’agissait de la dernière cigarette. L’eschatologie est donc une mise en tension de l’individu par rapport à ce qui l’entoure, qui a l’avantage de mêler le confinement, source de progrès, et la notion de salut. C’est peut-être pour cela que la vision de Jean de Patmos est à ce point allégorique, voire onirique.  Peut-être parce que la puissance de sa vision nécessite des habillages à même d’en faciliter la perception et d’en atténuer la violence.

On a coutume de considérer le mécanisme de l’Apocalypse comme étant de nature eschatologique, soit. Mais le mécanisme eschatologique n’est pas exclusivement porteur d’Apocalypse, dans son sens restreint de catastrophe, de cataclysme, aussi cosmique qu’inéluctable. L’Apocalypse, c’est aussi la révélation, phénomène qu’on entend plutôt de façon positive   C’est sans doute pourquoi, au travers par exemple de la religion, la pensée humaine a été tentée de reprendre la main en qualifiant cette extrémité, et en n’accordant à l’issue fatale que les deux possibilités de salut et de damnation. Le salut n’est pas que l’obtention d’un droit à ressortir sauf d’un contexte, c’est aussi l’existence permanente d’un à-côté, dont l’existence est consubstantielle à la notion d’extinction que porte aussi l’eschatologie. Le salut devient ainsi une victoire permanente sur la fin, une tête émergeant de l’eau diluviale ; c’est aussi une façon d’être intemporel, éternel, ce qui fait de nous des êtres supportant leur existence. Car enfin, il est plus facile de se colleter avec une fin supposée, que de vivre éternellement dans un rapport de compréhension limité à notre propre mécanisme, à notre insuffisance. Voyez comme il est dangereux mentalement de s’approcher de la notion d’infini ou d’éternité. Cette partie de l’humanité qui subsistera à l’impact apocalyptique, et qui est constituée, CQFD, d’êtres choisis, appelle à considérer une forme de tri, d’élection, dont l’intérêt réside plus dans la sauvegarde qu’elle induit que dans l’être sauvegardé : ce dernier sert uniquement de témoin ou d’alibi à la survenue d’un germe, qui est interface entre passé et futur. Le 17ème degré est une sorte de « degré-laboratoire », sans qu’il faille y voir quelque chose de réducteur : on peut utiliser l’image de 2 fils, d’abord libres, indépendants, qui représenteraient le bien et le mal, puis un entrelacs de ceux-ci, qui verrait leur combat front à front, l’Apocalypse, d’où ressortiraient de nouveaux 2 fils, l’un portant le salut et l’autre la damnation

Si, dans le tableau du grade, la divinité ne représente qu’un élément parmi les 7 attributs divins évoqués, peut-être faut-il y voir là plus le germe d’une valeur que la valeur elle-même ; n’oublions pas que lorsque l’on a la « tête sous l’eau », la lumière est bien lointaine : tout au plus pouvons-nous y voir la futur Espérance » Apocalypse signifie dévoilement : ce dernier ne peut en effet apparaître mécaniquement que lorsque se mêle 2 concepts, le dévoilement lui-même et la chose à dévoiler. Ce qui nécessite la confrontation de ces 2 valeurs. Depuis la chute d’Adam, c'est-à-dire de l’Humanité toute entière, il y eut dichotomisation des principes, cristallisée dans le Bien et le Mal. Ces 2 valeurs ont, si je puis dire, évoluer côte à côte, servant d’alibi au pêcher, à la rédemption, mais aussi au sacrifice et à la miséricorde. L’Apocalypse est le seul moment où il est donné à ces 2 principes l’occasion d’exister de façon concomitante, maelstrom d’où ressortira le salut d’une part, et la damnation d’autre part.

Thierry Didier.

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Thierry Didier : Petit Traité d'Eschatologie Part III (Textes Inédits)

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