PAROLES DE FRERES
C’est avec le cœur qu’on entrouvre les portes…
Que voilà une jolie fonction ! Le cœur ouvrant les portes, aplanissant les obstacles, les incompréhensions, traduisant en mots d’amour des oppositions le plus souvent stériles, afin de construire unité et fraternité. Le cœur écoute et voit, il ressent les ondes qui traversent les corps. « On ne voit bien qu’avec le cœur, l’essentiel est invisible pour les yeux », dit le renard du petit prince d’A de Saint ex. Se sentir unique et donc précieux dans le cœur d’un ami de rencontre n’est-il pas chose exaltante et fondatrice de la meilleure part de l’histoire de notre vie ? Au fait « L’amour (n’est-il pas) la clé qui entrouvre la porte du bonheur ? »
Le cœur est le symbole de l’amour, mais il est également le centre de l’activité émotionnelle et spirituelle. La plupart des religions ont pointé le cœur comme symbole, tantôt de vie surnaturelle (Egyptiens), de siège des facultés de l’âme (Hébreux), de la demeure de Dieu (Musulmans). D’aucuns affirment encore que le cœur se situerait à un niveau supérieur englobant la totalité de l’être. Le cœur serait-t-il donc « aussi » le siège de ce qui touche au sacré ?
« Si l’homme fermait son cœur à l’iniquité, elle n’aurait aucune issue pour pouvoir se glisser dans le monde» Parole de philosophe que je n’ai pas identifié. Voilà donc une affirmation capitale, certes, mais…quand le mal s’empare de l’individu, à son insu, et que son cœur se ferme juste après, derrière cet envahissement, il se ferme à l’autre, son cœur se ferme et ce lierre meurtrier répand son venin jusque dans l’outrance et la déraison. Or si le mal est rentré, il peut également être refoulé. Pour ce faire il faut apprendre à le reconnaître, qu’il se nomme iniquité, égocentrisme, lâcheté, afin de mieux le traquer et l’expulser. Nous pouvons fermer nos cœurs aux sollicitations iniques, aux funestes projets. De même que nous pouvons les ouvrir dans un élan d’amour constructif et pérenne.
Le cœur possèderait ainsi des portes (selon Marie Lise Labonté) je la cite : « Ses portes vibratoires (les portes du cœur !) Donnent accès à un puits d’amour intarissable, et l’ouverture de ces portes nous apprend à discerner ce qui est juste ». Le cœur est le siège du subjectif, de l’élan, de la passion, des émotions. Le cœur « déraisonne » parfois et il convient donc de lui apprendre à s’ouvrir... Et ce n’est point chose aisée ! Il faut du temps, il faut user de silence et apprendre à écouter ! Puis apprendre à déceler les idées qui se cachent derrière les mots pour construire solidement, flanqué de racines épaisses et prospères, et pour s’élever pierre après pierre, jusqu’à reconnaître la porte altière, la troisième porte, celle dotée de la clef ouvrant sur l’invisible, cette clef des résolutions fondatrices du plus ambitieux des projets : l’empathie ambassadrice d’amour et de liberté.
Mais Il faut donc d’abord tuer l’égo ! Il faut être en capacité de reconnaître sa paranoïa et la soigner, taire le « moi je », apprendre l’humilité, ne pas s’arroger gloire et beauté, ne plus penser à soi en première intention, accéder à l’apaisement pour jouir d’une libération. Les émotions négatives pourront alors disparaître, possession, besoin de reconnaissance, primauté, jalousie…auront laissé la place à l’homme nouveau qui pourra dès lors se mettre en marche. Il entrouvrira la porte, et en la franchissant, il s’engagera résolument et durablement sur le chemin de vérité.
“Frapper et l’on vous ouvrira”…Pas si simple !
La porte évoque le mystère, un rite de passage, de naissance, vers un monde inconnu. Elle est invisible pour quiconque ne sait voir et écouter. Et puis elle semble infranchissable, elle est gardée, protégée, ce qui signifie que le passager doit être reconnu digne avant que d’espérer franchir cette frontière sur un inconnu tentateur. Comment se rendre digne de ce franchissement ? Certainement pas sur des critères d’apparence, de paraître. Non le passager doit oser le dépouillement, l’humilité, mettre à bas ses certitudes pour être reconnu apte. Cependant, et même si le gardien consent à laisser passer, encore faut-il être prêt pour cet engagement. Pour cet accostage sur les rives d’un monde invisible parsemé d’épreuves, car cette aventure nous entraîne à la découverte de nous-mêmes, à la rencontre de l’être authentique niché au tréfonds de notre cœur, cet être réel qui se révèlera également la clé des autres portes qui s’ouvriront au fur et à mesure de notre construction jusqu’au jour du parachèvement, jusqu’au jour où nous franchirons l’ultime porte…
C’est avec le cœur qu’on entrouvre les portes. Dès lors que l’on aura appris à ouvrir celles de son cœur, alors toutes les autres portes s’ouvriront. Alors les murailles de l’incompréhension et de la haine pourront disparaître pour que se répande des messages d’amour et de tolérance.
La beauté vraie est dissimulée à celui qui ne cherche pas, qui ne veut pas la voir, mais si l’on regarde avec son cœur, porté par un sentiment d’amour et de partage, alors les portes s’ouvrent, alors nous voyons clair, alors nous serons en mesure de poursuivre plus fort, plus vrai, notre quête.
L’être vrai se construit en donnant une place prépondérante à son monde intérieur au détriment des mille futilités qui avilissent ses pensées et ses actes au quotidien et il demeure libre. Il conserve cette liberté intérieure parce qu’il est en harmonie avec le monde. Dès lors il pourra susciter le développement d’un processus empathique et provoquer des réactions en chaîne, promouvant la voie du consensus garante de liberté, d’égalité et de fraternité.
Ce regard apaisé porté sur le monde, sur les êtres et les choses est un petit miracle pourvu que resplendisse un jour « l’image de soi dans le regard de l’autre ». Mais, n’est-ce pas Cher Antoine, « on ne voit bien qu’avec le cœur, l’essentiel est invisible pour les yeux ».
Liberté Intérieure
En conscience je promets de chercher l’harmonie
Comme la nature dispense sans compter ses trésors
Je m‘en vais de ce pas déceler les accords
Qui seront les ferments de ma nouvelle vie.
Je chercherai d’abord auprès de mes aînés
De quoi vêtir mon âme pour ne pas déchaîner
Les violentes passions qui entravent ma quête
Je fuirai les gourous, les menteurs, les prophètes
Les faiseurs de miracle, les marchands de bonheur
Je choisirai, paisible, ma route et mon labeur ;
Puis je regarderai par-delà mon miroir
Les êtres et les choses dont l’éclat a terni
Je leur demanderai de gommer le verni
Qui déforme mes pensées, qui m’attelle au perchoir
De la médiocrité ; Ainsi vont mes vœux, Pieux !
Pour libérer mon âme, gagner un paradis,
Elever ma pensée, et ordonner ma vie.
A force de chercher rencontrerai-je Dieu ?
A défaut de divin, j’y trouverai la Paix
Et la sérénité, la tranquille assurance
Que confère à l’esprit une bonne conscience
Quand on ose arracher, brûler le voile épais
Qui réduit notre champ, et nous prive d’existence.
Cela prendra du temps, une vie toute entière,
Le doute, omniprésent, enveloppera ma pierre
Et l’ouvrage sera plus ardu à polir.
Et puis tranquillement à force de fléchir,
A force de soumettre orgueil et volonté,
Des portes s’ouvriront sur de riches contrées
Et je contemplerai, ébahi, libéré,
Ce que le cœur a mis d’un élan impavide,
Ce que l’amour a fait, où tout semblait aride.
Alors s’établira la seule liberté,
La seule vérité qui console mon âme
En toute circonstance, ce pouvoir, ce grand art,
Qui fait ce que je suis, constitué et sans fard,
Qui devient comme un socle, ma lumière et ma trame.
Cette force colossale encore enfouie en moi
Qui sous-tend mes actions et dispose de mes choix,
Je la reconnaîtrai ; alors je serai libre,
Alors je serai Homme, tout suintant de Lumière
Etourdi et heureux, j’aurai l’âme qui vibre,
Et ces tressaillements, comme nos trois luminaires
Feront naître l’harmonie :
Sagesse, Force et Beauté.
Requête, quête, et conquête
Je travaille sur ma pierre, si vulgaire, si rugueuse,
J'y mets toutes mes forces, et je frappe et je creuse,
Pour qu'elle polisse un peu, pour que j'y trouve grâce,
et, maladroitement, je passe et je repasse,
sur les angles tordus de ma quête impossible;
Je tente, exténué, d'appréhender ma cible,
la tâche est colossale, ma confiance vacille,
j'entraperçois alors que ce rêve est fragile
jusqu'au renoncement, et ma peine est immense.
Le martellement cesse autant que l'espérance.
Alors que mon esprit est fatigué de tordre,
alors que ma raison m'incline à ne plus mordre,
je sens monter en moi une force indicible,
une chaîne tendue vers un point invisible
dont je deviens le centre, et ce flux d’énergie
m'imprègne de courage pour qu’opère la magie ,
et la transformation; je redeviens maillon,
plus fort, plus sûr de moi, je tombe mon bâillon,
et j’écoute mon cœur qui entrouvre une porte
Et puis deux, et puis trois, j’entends que l’on m’exhorte
A libérer mon âme, et à fermer les yeux
Pour répandre à mon tour le message ambitieux
D’un amour éperdu, audacieux et fertile.
Puis la vie s’illumine, j’apprivoise l'espoir,
rogne mes certitudes, jusqu’à me faire croire,
que tout va s'arranger, que la profonde nuit
où s'enlisaient mes rêves, dans mon cœur s'est enfouie
pour qu'éclate de joie l'humanisme triomphant,
Et que nous conservions tous nos rires d’enfant.
Je veux croire en cela, bannir les portes closes,
m’éprendre de justice, défendre cette cause,
et répandre un message empreint de tolérance
et de cordialité, aiguiser tous mes sens,
et polir ma vertu, pour façonner ce temple
que mes yeux entrevoient, mais que l'esprit contemple...
Philippe Joubert- Avec son aimable autorisation.