COUPS DE SEMONCES INUTILES
Nous vous demandons d’arrêter ! Nous dans le temps des semonces, puis des débats inutiles érigés en méthodes dilatoires, nous vous avons élus pour faire et non pour dire, et nous que faisons-nous ?
Nous sommes dans une société des paradoxes, l’information, les connaissances circulent et meurent à grande vitesse, nous sommes submergés par des informations inutiles, qui ne font qu’ouvrir des débats et paralysent l’action.
Les colères et les indignations ont leurs limites, elles nourrissent la violence. À force de manifester sans rien faire d’autre, on perd confiance en soi, donc on perd confiance dans l’autre. Comment espérer en confiance, sinon en passant de la connaissance de la réflexion à l’acte. C’est toujours à l’autre de faire ce que nous ne faisons pas nous-même.
Le désir d’être autre, de s’améliorer de se bouger disparaît. L’initiation maçonnique, comme d’autres traditions permettent le travail sur soi, pour substituer l’être à l’avoir, le faire au dire, agir et transmettre au lieu de se soumettre. Ne pas faire à l’autre ce que l’on voudrait pas qu’il nous fit.
En finir avec la haine de soi, prémisse à la haine de l’autre. Être autre, ne pas être dans la contemplation narcissique, de ses apparences, de son ego.
Ce souvenir humblement comment nous sommes venus au monde, comment nous avons reçu ce merveilleux don de la vie. Être dans cette logique du don et non dans celle du dû, comme le propose le père dominicain Dominique Collin spécialiste de la pensée de Kierkegaard :
« Est-ce que je vis dans ma vie dans la logique du don ou dans celle du dû, du mérite ? Notre réponse à cette question travaille tous nos liens affectifs, professionnels… »
Les sentences, les semonces contenues dans nos rituels maçonniques sont des sirènes d’alertes pour nos consciences, pour modifier nos comportements, pour nous rappeler à nos devoirs, à notre devoir. Mais ces semonces ne peuvent suffire à arrêter un bateau s’il dérive, elles ne peuvent se suffire à elle-même. Elles ne sont que des balises cardinales pour repérer les eaux saines.
Recevoir la lumière comme un don, puis faire œuvre avec amour sans violence, transmettre et défendre avec force et humilité, sans attendre. Tenter l’expérience du faire, plutôt que d’être dans la seule colère du dire.
Jean-François.
À propos de : Dominique Collin, licencié en philosophie et théologie de l’université de Louvain, père dominicain de l’église Saint-Jean l’Évangéliste de Liège en Belgique. Il a produit une thèse de doctorat au centre Sèvres sur : Les discours édifiants de Kierkegaard sous la direction de Christophe Theobald.