Le passage
D’ un monde à l’autre, d’un état à un autre, d’un temps à un autre, je vous souhaite à tous un bon passage en 6020.
À mon coup de maillet les travaux suspendus reprennent pour un nouveau cycle, comme le faisait les anciens en Bretagne avec le mell béniguet, le maillet bénit !
Ce maillet proche des mell gurun des pierres de tonnerre.
Le baiser du maillet sur le front, sur le 7ème Shakra est destiné à apaiser les souffrances était utilisé dans les campagnes de la région de Vannes. On trouvait ce maillet dans les églises paroissiales, au moment où les souffrances du mourant étaient intolérables le prêtre désignait les plus vieux de ses paroissiens, un vénérable, qui cassait la tête du mourant toujours à sa demande, une euthanasie avant l’heure. Cela n’est pas sans rappeler un rite maçonnique. On honorait ensuite celui qui avait franchit dignement la porte de l’au-delà.
Comme beaucoup de lieux celtiques ont été christianisés ont peut voir dans ce rite la résurgence du dieu Succelos, armé de la massue de Dagda qui donne la vie par un bout et la mort par l’autre, symbolisant le passage de l’être au non être.
Bon passage chers lecteurs pour cette nouvelle année 6020.
Jean-François.
Note : vous pouvez voir ces mell béniguet dans le mussée Miln-Le Rouzic de Carnac 56.
Les navigateurs de la baie de Quiberon connaissent bien le passage des Béniguets un bon raccourci entre la Trinité et Belle-Ile, mais qui demande une attention particulière.
« Maillet béni ». Un héritage préhistorique ?
L'existence en Bretagne d'un «maillet béni» servant à un rituel autour des agonisants a fait et fait encore l'objet de nombreux débats. Il semble que cet objet légendaire soit porteur d'un très ancien symbolisme.
Le Télégramme Publié le 25 mars 2012
Cette boule en dolérite est conservée dans une maison de Locmariaquer depuis des générations. Son existence avait été évoquée en 1892 mais personne ne l'avait vue depuis. Il n'y a que deux autres «maillets bénis» connus aujourd'hui. Photo François de Beaulieu
La légende du «maillet béni», généralement appelé «mel beniguet» en breton, qui aurait servi dans des temps lointains à fracasser le crâne des vieillards, n'a guère été prise au pied de la lettre que par quelques celtomanes naïfs. En fait, les témoignages concordent pour souligner qu'un «maillet béni»entrait dans l'arsenal des rituels de l'agonie pour faciliter le passage vers l'au-delà. Parmi ces rituels, on peut relever l'invocation de saint Diboan qui «guérit de toute peine» ou saint Tu-pe-tu qui fait «passer d'un côté ou de l'autre» (Tristan Corbière a consacré un poème à ce dernier). En certains endroits, on pouvait aller chercher un maillet béni qui était posé sur le front de l'agonisant.
Dix de perdus, un de retrouvé
Comme l'a fait remarquer l'ethnologue DonatienLaurent, on peut observer qu'une intéressante homonymie permet de confondre sous une même appellation une boule («mell», féminin) et un maillet («mel», masculin). Ce qui permet de comprendre que le fameux «maillet béni» pouvait aussi bien être, à l'oral, une petite massue ou un boulet. La première mention par l'historien Cayot-Delandre en 1847 fait la part belle à la celtomanie et concerne le site du Mané-Guen en Guénin: «Lesvieillards lassés de la vie se rendaient jadis sur son sommet afin que l'un des druides qui y résidaient les en débarrassât en les frappant avec la massue sacrée». Le plus célèbre «maillet» est en fait une boule et a longtemps été conservé dans un placard de la sacristie de la chapelle de Locmeltro en Guern (ilest aujourd'hui au presbytère); il est en granit, mesure 42 cm de circonférence et pèse 3kg. Unenote du linguiste JosephLoth (1847-1934) souligne que la présence du «mel» à Guern est ancienne: le nom même de Locmeltro est composé du préfixe «loc» qui désigne un oratoire ou une petite chapelle et de «meltro» qui signifie «le vallon de la boule» ! Onpeut d'ailleurs imaginer que le patronage de la chapelle par un saint Meldeoc quasi inconnu est né du besoin de christianiser les lieux et de proposer un nom «justifiant» celui du site. Une sorte de massue en bois ornée de cannelures et probablement achetée à Cléguérec est conservée au Musée du château des ducs de Nantes. Divers témoignages semblent attester l'existence d'un autre boulet à Quelven (Guern) et d'un maillet en bois déposé dans l'if du cimetière de Caurel. L'archéologue Zacharie Le Rouzic signale des «marteaux» à Carnac et «deux boules en schiste bleu foncé» qu'il aurait vues en 1893 dans la chapelle Saint-Germain en Brec'h (mais il n'y a pas de chapelle Saint-Germain à Brec'h, la plus proche est à Erdeven). C'est en 1892, qu'un amateur d'archéologie de Locmariaquer, M.Mahé signale l'existence d'un maillet béni. Il ajoute que ce dernier servait à tuer les vieillards avant une grande bataille afin qu'ils ne tombent pas aux mains de l'ennemi ! Or, ce maillet existe toujours: il a été retrouvé caché dans la terre battue sous la table de la cuisine d'une ferme de Locmariaquer. Ses propriétaires en connaissaient l'existence et disaient que la «pierrebénie» («men beniguet») «était utilisée jadis pour assommer et tuer les vieillards impotents devenus trop encombrants». On peut penser qu'il s'agit de l'objet dont parlait M. Mahé, d'autant plus que celui-ci était le propriétaire des terres de cette ferme et que les deux commentaires se rapportant au maillet sont très proches. L'objet, en dolérite comme beaucoup de haches polies, pèse 4,1 kg, sa circonférence la plus grande est de 44cm. Enfin, il faut citer le cas, noté en 1906, d'une hache préhistorique longtemps conservée par une famille de Corseul et que l'on venait emprunter «pour que les agonisants puissent l'embrasser au moment de mourir». Son dernier propriétaire s'est fait enterrer avec elle. Ceci suggère que les rituels liés au «maillet béni» n'étaient pas limités à un étroit territoire allant de Caurel, au nord à Locmariaquer, au sud. D'ailleurs, on a trouvé divers témoignages de rituels proches dans les îles britanniques.
Des racines très profondes
Des archéologues ont relevé que les figurations de haches se trouvaient en majorité à l'entrée des couloirs et des chambres des sépultures mégalithiques du néolithique armoricain. Ils en ont déduit qu'elles devaient être liées à des rituels de passage ou d'aboutissement. Par de complexes cheminements, ces symboles ont pu être recyclés dans des mythologies où des dieux sont armés d'une massue ou d'un marteau qui peut, soulignons-le, tuer ou ressusciter ! C'est le cas du dieu germanique Thor ou du celte irlandais Daghdha et ses homologues gaulois Taranis et Succelos. Les haches polies, «pierres de foudre», que l'on trouvait dans les champs n'étaient-elles pas la matérialisation de leur puissance ? On l'aura compris, les récits évoquant des vieillards achevés à coups de marteau reflètent seulement que l'on a perdu la pratique et la signification d'un rituel de passage aux profondes racines symboliques qui avait su s'adapter aux nouvelles religions presque jusqu'à l'aube du XXesiècle.
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Le Mell Béniguet
Locmeltro détient un étrange et rare objet classé Monument Historique: "Le Mell Béniguet" ou "massue sacrée". Il s'agit d'un boulet sphérique de 20 cm de diamètre, taillé pour arriver au poids symbolique de 7 livres ( 3.5 kg). Les anciens l'utilisaient pour achever les malades agonisants dont on ne pouvait soulager les souffrances particulièrement affreuses. Sous l'autorité du recteur, du conseil des sages et de la famille, 2 personnes étaient déléguées pour cet acte d'euthanasie. Le bedeau sonnait alors le glas: cinq coups pour un homme, quatre pour une femme et deux pour un enfant. Au début, du XXème siècle, Le Mell Béniguet était simplement posé sur l'oreiller du malade pour l'aider à mourir.
Il existe en Bretagne d'autre Mell Béniguet, de formes ou de matériaux différents, mais destinés au même usage: à Malguénac, Carnac, Guénin, Caurel et Saint-Nicolas du Pélem ainsi qu'en pays Gallo.
WIKIPEDIA
La coutume du mell beniguet
Joseph Loth a décrit la coutume du mell beniguet (ou mell benniget) ("marteau béni" avec lequel on frappait le crâne des mourants) à la chapelle Saint-Meldéoc de Locmeltro dans un article publié en 19036. Le mel beniguet, dont l'origine remonterait à la préhistoire, servait à abréger les souffrances des malades incurables ; petit à petit, il a été christianisé. Cette boule sphérique, en granite, aurait été utilisée jusqu'au XIXe siècle pour achever par compassion les malades et les agonisants. Cette cérémonie se faisait sous les auspices du recteur, du conseil de fabrique et de la famille, avec deux personnes déléguées pour ce faire, pendant que le bedeau sonnait le glas. Plus récemment, on le présentait au mourant en le disposant sous l'oreiller. Le malade était ainsi invité à partir pour l'autre monde. Cette coutume s'est perpétuée jusqu'au début du XXe siècle. Dans la région de Guern, lorsqu'on parle d'un malade agonisant, on entend encore parfois l'expression « Il faut l'emmener à Locmeltro »7.
Bernard Rio- extrait Voyage dans l'au-delà : les Bretons et la Mort, Bernard Rio, éditions Ouest-France 2013
Paradoxalement, ces relations qui perdurent sont de moins en moins acceptées par une société à la fois laïque et hygiéniste, où la part du sacré et de l’irrationnel est perçue comme un atavisme rétrograde. Ainsi l’existence du mell beniguet, le marteau bénit utilisé dans le pays vannetais pour libérer l’âme du défunt a été considéré comme une pratique barbare à la fois par les esprits cartésiens et le clergé catholique Or cette pratique originale subsiste au Vatican avec l’usage d’un petit marteau en argent utilisé par le camerlingue pour déclarer la mort du pape, de même les brahmanes vont pratiquer l’ouverture du 7e shakra du défunt avec un marteau symbolique avant de procéder aux funérailles. Cet exemple est révélateur de la complexité culturelle des rites funèbres en Bretagne. C’est à la fois la dimension symbolique des rites et la permanence des pratiques dans la Bretagne contemporaine que j’ai voulu d’abord étudier puis partager publiant cette enquête.