LE CHEMIN DE LA CITÉ TERRESTRE À LA CITÉ CÉLESTE PART III-
Philon constructeur d’allégories.
« Croire par orgueil excessif qu’on est l’auteur de ses réussites. »
Jean Daniélou.
Hénoch c’est la construction du premier temple de l’esprit, par la conversion, le perfectionnement de l’homme, Énosh c’est l’espérance humaine ancêtre de Noé, l’espérance infinie la preuve il vécut selon la légende 905 ans.
Construire un temple à la sagesse est-ce philosopher ? Faire de l’homme un temple prêt à accueillir le mystère de la création et de l’amour. Construire sa vie en pratiquant la vertu par préférence au vice est-ce maçonner. Construire sa vie à l’image du divin, être prêt à accueillir la Jérusalem céleste, pour ce qui est en bas soit semblable à ce qui est en haut.
La cité intelligible est-elle la création du Grand Architecte ou la réalisation de cette cité par l’homme, inspiré par le souffle mystérieux du Grand Architecte ? Le plan de la cité spirituelle est-il archivé dans la mémoire de l’homme et révélé au fur et à mesure de son perfectionnement spirituel. L’homme travaille dans la forge, il allie les métaux, il construit les outils symboliques qui lui serviront à la taille des pierres pour les rendre conformes à leur destination. Les métamorphoses des métaux, sont semblables aux métamorphoses de l’homme. L’homme métamorphosé va-t-il retrouver sa nature première, son origine ?
Philon, distingue deux sortes d’homme l’homme transformé, modifié, perfectionné celui d’ici et maintenant et l’homme des origines.
L’homme d’ici et maintenant est celui est l’homme sensible, composé de corps et d’âme. Il est raisonnable, celui du monde des idées. Il est homme ou femme, par nature il est mortel.
L’homme des origines est un, il est idée, genre, intelligible, incorporel, il est androgyne, incorruptible. Est-il vraiment humain ?
L’homme d’ici et maintenant est humble, conscient du principe d’unité, mais aussi il sait qu’il s’efforcera de l’atteindre sans jamais y parvenir, il quand même gardien de cette espérance. Il construit des temples de pierre, puis son temple spirituel.
On ne connaît l’action divine que par les puissances et les réalisations qui l’accompagnent. C’est par ce « biais » que l’on pressent l’existence du divin à partir de ses œuvres et non de son essence. C’est la théorie de Philon.
Peut-on voir une analogie entre la pensée de Philon et l’initiation maçonnique et la connaissance des puissances de Philon ? Avec son perfectionnement scalaire l’homme prend la conscience de ses potentiels, il prend conscience de la puissance qui interdit : « tu ne tueras point » il devient dès lors naturellement le gardien de son frère. Il prend conscience de la puissance qui commande de faire le bien, de la puissance de la compassion de la force du pardon qui succède à la pratique de la justice bien suprême. C’est le chemin qui va des « petites aux grands vertus », des petits mystères artisanaux des deux premiers maçonniques, aux grands mystères du troisième degré. Ultime degré des loges symboliques où l’homme est confronté avec le centre de l’idée, il est dans la chambre du milieu, entre l’équerre et le compas. Comme Aristote il prend conscience que la Vertu est au centre, elle est « Médiété ».
Le processus ascensionnel de l’homme vers la connaissance est favorisé par ses bons anges, lesquels reçoivent le souffle divin. C’est la théorie platonicienne, l’homme est capable de faire le bien et pas seulement le mal. Philon lui réserve le bien à Dieu, il en est l’unique possesseur.
Pour faire le bien, l’homme est obligé de coopérer, de communier avec Dieu, c’est aussi la thèse stoïcienne où le mot Dieu est remplacé par le mot nature qui est Dieu pour eux. Cette communion aboutit à la perfection de l’univers.
Pour Philon, Dieu est tout et seul, il surplombe l’univers, il n’est pas une partie de celui-ci de toutes les choses. Il est seul, il conduit le char céleste, cela nous rappelle les visions d’Ézéchiel et de Jean de Patmos, on retrouve ses allusions dans certains degrés de la Franc-maçonnerie, où les travaux sont faits à la Gloire du Grand Architecte qui est Dieu ou pas d’ailleurs !
Il est aussi intéressant de noter les rapports entre la pensée de Philon et la secte des Esséniens, rapports transmis par Eusèbe de Césarée. Philon remarque que les Esséniens ne connaissait pas le droit de propriété, pour Philon le sage n’a pas de patrie. Pour les Esséniens leur patrie est le monde, ils sont aussi pour l’égalité entre les hommes, et surtout ils privilégient l’éthique et la pratique des vertus. C’est sans doute pourquoi, lors de mon passage en 2000 à Qumrãn sur les rives de la mer morte, au pied de la citadelle de Massada dans les ruines des Esséniens, en écoutant la planche historique de Dan un frère apprenti de la Loge La Lumière N°1 à l’Orient de Tel Aviv, j’ai ressenti une émotion particulière.
On remarque aussi que Philon fût proche des Thérapeutes retirés dans le désert d’Alexandrie ou vers le lac de Mariolis, ces contemplatifs de la nature adeptes de la loi mosaïque, qui rythmaient leur vie par le nombre sept, qui séquençait leurs travaux spirituels.
Cette Lumière de l’Orient visiblement influençait la pensée de Philon, c’est vers elle que son regard était tourné.
« Prendre soin de l’Être, n’est-ce pas s’occuper d’abord de ce qui va bien en nous, regarder vers ce point de Lumière qui dissipera nos ténèbres. » (Philon d’Alexandrie).
Jean-François Guerry.
À SUIVRE …. De l’âme et d’autres choses.
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