Le Sens de l’Honneur – II- Recension du 6ème Cahier de l’Alliance.
Dans le prolongement de la parution d’hier : la philosophe Corine Pelluchon nous parlait de « Réparation du monde ». Pour elle, réparer le monde ne veut pas dire recoller les morceaux, mais défendre la vie…
Le Sens de l’honneur thème travaillé dans le 6ème Cahier de l’Alliance, fait partie à mon sens de l’architecture de la vie en général et de la vie maçonnique en particulier, le terme réparer est chargé de l’humilité nécessaire, pour faire la distinction entre honneur et orgueil. Comme j’aime à le répété, il y a en Franc-Maçonnerie des hiérarchies, celles qualifiées à mon sens improprement d’honneur, doivent faire l’objet de la part des Francs-Maçons sincères de vigilance, afin de ne pas sombrer dans le ridicule de la « cordonite ». La voie initiatique de la Franc-Maçonnerie est une hiérarchie spirituelle, qui se vit dans l’honneur.
Depuis que les Francs-Maçons opératifs ont déposés définitivement leurs outils dans les colonnes du temple, pour en faire des symboles. Ils ont, entamés la construction d’un monde plus spirituel, plus sacré, la construction de leur vie véritable, en recherchant la vérité et la parole perdue. Ils veulent construire un monde meilleur, avec humilité c’est leur honneur.
Les Dialogues de l’Alliance contribuent à cette tâche, en remettant sans cesse l’ouvrage sur le métier, comme le disait Nicolas Boileau, ces Dialogues tissent un espace où les hommes et les femmes se rencontrent avec un esprit largement ouvert, comme peut l’être le compas maçonnique, de cette élévation d’esprit, de ce débat apaisé et fraternel naît la lumière.
LE SENS DE L’HONNEUR EN DÉBAT…
La première intervenante dans le débat est la journaliste agrégée de lettres modernes Natacha Polony.
« L’honneur, c’est l’idée qu’il y a des valeurs qui valent plus que la vie individuelle elle-même… »
Le ton est donné, pour cette combattante énergique et passionnée qui est présente dans de nombreux médias.
L’honneur a « quelque chose de noble de chevaleresque »
L’on ressent dans ses propos sa sensibilité pour la mise en avant, la priorité du collectif, du partage, l’individu doit se surpasser au profit du groupe, c’est son honneur.
Elle s’interroge et nous interroge sur la propriété de l’honneur, sur son appartenance, serait-il l’apanage d’une aristocratie, est-il compatible avec la démocratie ?
À la question l’honneur ne risque-t-il pas d’être une simple posture ? Sa réponse est : « l’indispensable association de l’honneur et du courage. »
Platon s’invitera une nouvelle fois dans le débat avec la valeur de justice indispensable à la vie de toute société.
Alexandre Adler, Journaliste, agrégé d’histoire poursuit le débat avec l’humilité du doute.
« Si on ne sait pas toujours ce qu’est l’honneur, on sait bien ce qu’est le déshonneur. »
D’emblée il rejoint la vertu de courage de Natacha Polony en affirmant : Je revendique « L’honneur d’être Franc-Maçon et de le dire parce qu’il n’y a aucune raison de ne pas le faire. »
Si l’on peut émettre certaines réserves, pour les Francs-Maçons à dévoiler leur appartenance compte-tenu de l’opinion publique souvent négative sur la Franc-Maçonnerie en général. L’on peut aussi sans ostentation et sans recherche de gloriole revendiquer son appartenance, et avoir le courage de dire, j’en suis, parce que mes frères me reconnaissent comme tel.
Alexandre Adler évoquera sa famille, en particulier son père engagé dans la légion étrangère lors de la guerre d’Espagne. Nous confrontant ainsi au réel de l’honneur, qui n’est ni concept, ni une abstraction, mais un engagement, une manière de vivre ses engagements dans l’honneur.
Je ne puis à cet instant que penser à mon grand-père et à mon oncle qui furent honorés par une autre légion, c’est de l’honneur, l’un au titre d’officier de marine dans la royale et l’autre comme grand commis de l’état, homme de devoir. L’on peut aujourd’hui légitimement se poser la question de l’attribution de ces médailles.
Alexandre Adler dans ce débat délivre aussi un message d’espérance. Je dirais qu’il nous montre que l’honneur existe, qu’il est bien vivant comme un arbre vertical que nous devons protéger, car il produit chaque les fruits les meilleurs qui soient.
Le magistrat Éric de Montgolfier quatrième et dernier intervenant dans ces Dialogues, apporte une contradiction, une critique positive, que l’on pressent inspirée par son vécu professionnel. Je le cite : « Je trouve que l’on abuse de la notion d’honneur…. Les hommes et les femmes doivent s’attacher… au respect de la parole donnée. »
L’on sent là le magistrat imprégné des droits et des devoirs. Il ne croit pas « qu’il y ait un honneur à être Franc-Maçon, mais que le Franc-Maçon se condamne à l’honneur. »
Pour ma part j’accepte ave joie et humilité cette condamnation. Éric de Montgolfier ne semble pas non plus croire au courage. Il croit ou au moins nous encourage à l’humilité, il préfère à l’honneur, la notion de devoir, et insiste sur le respect du choix.
Jean Dumonteil directeur de la rédaction des Cahiers de l’Alliance, écrivain, Vénérable Maître de la Loge nationale de recherche de l’Alliance, anime ensuite le débat entre les quatre intervenants. Chacun apportera sa pierre et sa sensibilité confirmant ainsi l’esprit d’ouverture et dialogue de ces Cahiers de l’Alliance.
Jean Dumonteil portera la conclusion, en mettant en lumière les mots courage, lâcheté et fraternité. Cette fraternité chère aux Francs-Maçons qui n’est pas clanique, mais ouverte à toutes les femmes et les hommes en recherche de la vérité et défenseurs de la justice.
Jean-François Guerry.
À suivre …. Les articles décrivant une architecture de l’honneur : l’honneur ?- Métaphysique de l’honneur.- Honneur vertu et voie initiatique.- Le serment maçonnique, ses origines, son histoire. – Méditation sur l’honneur.-
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