Un blog d'information, de conversations sur le thème de la Franc Maçonnerie, des textes en rapport avec la Franc Maçonnerie, comptes rendus et conseils de lectures.
L'acronyme VITRIOL les douze clefs de la philosophie de Basile Valentin Paris 1659
LA MORT INITIATIQUE
« Les planètes errantes restent dans le ciel la terre est semblable à elles par sa production de métaux. Le Soleil est le père de la pierre, l’errante Cynthia (lune) est sa mère, le vent a emmené le fils en son sein et la terre l’a alimenté. »
Je succombe aujourd’hui à une forme paresse provisoire, qui m’oblige à suspendre pour une journée mes travaux personnels, j’ai besoin de reprendre des forces. Un besoin de temps long sans doute et pourtant, nous sommes servis, question de temps long en ce moment ! Une sorte d’essoufflement sans doute, non Covid heureusement.
Et je pense avec regret aux deuxièmes Rencontres Maçonniques de Kerdréan qui devaient avoir lieu les 10 avril et 10 mai toutes les deux reportées sans doute après l’automne. Le 10 avril Jean-Claude Sitbon devait nous donner une conférence sur le thème de la Mort Initiatique en Franc-Maçonnerie, et Hervé Deroeux sur la Symbolique de la Construction des Cathédrales.
Bien que les deux thèmes semblent éloignés, ils sont intimement liés. Il s’agit bien de mourir et de renaître plus radieux que jamais. De la construction d’un temple de pierre et d’un temple de l’esprit, de la construction de l’homme en général et de faire de lui un temple capable d’accueillir le divin en lui. Pour cela il faut mourir aux ténèbres et renaître à la Lumière, dans un cycle continuel de perfectionnement.
Celui qui faire en sorte de voir l’ordre surgir après le chaos, doit passer par l’épreuve de la terre, descendre découvrir la pierre cachée du philosophe, le V I T R I O L, pour pouvoir remonter ensuite à la lumière. Post tenebras lux… L’initiation au Nadir précède celle au Zénith, ainsi le temple recouvre toute la surface de la terre.
Le feu obscur de l’âme, ne contient pas seulement le mal, mais aussi un roi couronné, celui de l’Art Royal. La réunion des contraires doit s’opérer, le maître n’ignore pas ses passions, il cherche à les dominer quand elles sont des vices et les cultiver quand elles sont des vertus. Par purifications lentes et progressives, vers une véritable métamorphose, pour pouvoir entrer par la porte du dedans. Mourir, renaître.
Quelques lignes extraites du livre le Retour d’Henoch de Fermin Vale Amesti, alias Albanashar Al Wali sur le thème de la Mort Initiatique. L’auteur a repris des textes anciens :
« Aucun homme ne peut, sans mourir, franchir les barrières d’ignorance existentielle qui bornent son humanité. L’initiation est une mort, et toute mort est une initiation, c’est-à-dire une mort avec compensation qui exige toujours une renaissance à un tout autre état sans commune mesure avec le premier… »Jean d’Encausse
« En vérité, en vérité je te le dis : à moins de naître à nouveau, nul ne peut voir le royaume de Dieu. » Jean 3-3
« Les hommes vivent de mort et meurent de vie. Vie et mort, veille et sommeil, jeunesse et vieillesse, sont une même chose : elles sont mutuelles métamorphoses. » Héraclite d’Éphèse.
Un poème intitulé Mort et Vie de l’Espagnol José Maria Bianco illustre bien le cycle du temps, le cycle mort et vie, le cycle ténèbres lumière, le chemin du réel.
« Adam, en voyant pour la première fois la nuit qui allait éliminer et éteindre le monde, crut que, avec l’astre moribond, c’était la création qui agonisait.
Mais ensuite, en voyant les doux corps lumineux, apparaître et grouiller dans un second Univers sans fin...enveloppé dans un profond spasme de gratitude, il prie et attend.
Un nouveau soleil en voilait mille : son coucher fut un nouvel orient, et bientôt cette lumière endormie réveilla le même Adam, pure et brillante.
Pourquoi la mort intimide-t-elle l’âme ? Si la lumière trompe tellement doucement, pourquoi la vie doit-elle aussi nous tromper … ? »
C’est à cette supplique universelle que l’on reconnaît les Mystes de toutes les traditions, ceux qui ont été initiés aux petits mystères et recherche la grande voie, ils sont prêts à mourir aux préjugés. Ils supplient : conduisez-moi des ténèbres à la Lumière.
Monsieur et Madame Souhalor ont l’honneur de vous annoncer la naissance de leur fils Aimé.
Monsieur et Madame Publick ont l’honneur de vous annoncer la naissance de leur fils Alban.
Monsieur et Madame Gamote ont la joie de vous annoncer la naissance de leur fils Albert.
Pierre Dac.
En cette période très médiatisée, il est important d’avoir des nouvelles fraîches du monde entier de Tripoli et d’ailleurs. Ainsi dans la série les grands reportages de l’Os à Moelle, j’ai reçu des nouvelles de Pierre Maxime compère de Pierre Dac au sujet de sa note de frais.
La note de frais d’un taxi pour Tobrouk : « Tripoli pour être honnête »
Le 13 Novembre 1939-1945 Stop : Les Anglais reprennent Tobrouk, en Libye… À l’époque grand reporter à ‘La Triperie du Gatinais’, je me trouvais sur place. Je me souviens… Seul, dans le désert, je guettais fébrilement un taxi qui m’emmènerait à Tobrouk, où je pourrais assister au combat et câbler mes impressions au journal. Las ! Pas le moindre taxi à l’horizon. Seul de temps à autre un Mirage traversait le ciel en vrombissant. Mais avez-vous déjà essayé de héler un avion ?
Je demandais donc à un autochtone qui passait par là : « Où est-ce que je pourrais trouvé un taxi pour Tobrouk ? « Ti te postes devant le Magic-Palace à la Porte des Lilas, me répondit-il, il passe tous les soirs à 9h » Cet homme était fou : le soleil, le jour et la lune, la nuit devait lui taper sur la tête.
Je continuai donc à héler dans le désert, hagard comme Saint-Lazare. J’étais à bout de force lorsque le taxi arriva. Je faillis défaillir en constatant qu’il n’était pas libre. Il y avait à l’intérieur Lino Ventura, déguisé en fusilier marin, P’tit Charles Aznavour costumé en médecin militaire, Hardy Krüger sapé en capitaine allemand, Maurice Biraud comme d’habitude et un autre dont je ne rappelle plus le nom. Néanmoins ils m’acceptèrent avec eux.
J’ai retrouvé le double de la note de frais de cette course. En voici le détail :
Prise en charge : 10 dinars (prix majoré pour conduite de nuit)
Prise en surcharge : 10 dinars
Supplément pour cause d’embouteillage causé par le croisement d’une colonne de chars : 5 dinars
Deux goulées à la gourde du conducteur : 8 dinars
Un double album du P’tit Charles Aznavour : 800 dinars
Un code de la route franco-allemand : 100 dinars (dans ce taxi chaque passager devait aider le conducteur à interpréter les signaux de la piste)
Un biscotte et deux boîtes de corneed-beef : 250 dinars
Une amende pour ne pas avoir poussé assez fort quand le taxi était enlisé : 160 dinars
Une taxe d’itinéraire pour transport hors des villes : 40 dinars
Amortissement du matériel pour conduite hors voies délimitées : 300 dinars
Assurance contre obus, mines, et tempêtes de sable : 1000 dinars
Prix de la course au compteur et pourboire : 5 000 000 dinars
Sans compter le moment où l’on a été bloqué par un gigantesque feu rouge (un puits de pétrole qui s’est enflammé.. et, pendant ce temps là, le compteur tournait) et la course du retour qu’il m’a fallut payer à un conducteur qui à prétendu qu’il ne trouverait personne à charger dans l’autre sens, puisque nous nous trouvions dans le désert…
Mon journal a payé et a cessé de paraître… Pierre Maxime.
C’est factuel, nous sommes de corps et d’esprit, une lapalissade me direz-vous ! Allons plus loin, la dixième satire de Juvénal parle de mens sana in corpore sano (Un esprit sain dans un corps sain). Cette dixième satire fait partie d’un corpus de seize satires (voir à la fin de texte la traduction de la première satire).
Juvénal a sans doute été inspiré par la spiritualité antique, constatant la dégradation du monde qui l’entourait, il s’est fait moraliste. Son affirmation a été relayée par Pierre de Coubertin, créateur de l’esprit olympique moderne, lui-même inspiré par les valeurs, les vertus du miracle Grec. Il y a dans cette formule une volonté d’harmonie, de liberté du corps et de l’esprit. Une inspiration à la fois pour le sport de haut niveau, et pourquoi pas pour une élévation d’esprit.
Montaigne dans le livre I de ses Essais au chapitre 55- Sur les Odeurs. Démontre son intérêt pour la santé du corps. François Rabelais médecin du corps à l’esprit truculent ne dédaigne pas non plus la formule. Il parle de tête bien pleine, alors que Montaigne parle de tête bien faite. Mieux encore Rabelais incite au développement physique, mais aussi moral spirituel quand il dit-il faut apprendre : la Chevalerie et les armes. On peut penser qu’il visait dans la Chevalerie sa spiritualité, ou au moins ses vertus.
Après la Renaissance, les Lumières ont proclamé le Sapere Aude (Pensez par vous-mêmes d’Horace) repris par Emmanuel Kant qui en fit la devise des Lumières.
Les satires de Juvénal sont une critique acerbe, sans pitié de son époque. Esprit libre, poil à gratter, nous dirions aujourd’hui lanceur d’alertes. Kant retient de ses satires leur caractère moralisateur. Ce fut sans doute un poète qui disait la vérité, il a été condamné puis exilé en Égypte.
Les préoccupations de Juvénal sont encore d’actualité, il nous faut, nous préoccuper de notre corps et de notre esprit de leur intégrité, de leur défense.
L’état de confinement dans lequel nous sommes, est propice me semble-t-il à cette réflexion. Sommes-nous toujours libres de corps et d’esprit ? Parvenons-nous à réaliser l’harmonie entre les deux ? Ou sommes-nous déposséder à la fois de notre corps et de notre esprit ?
J’aurais tendance à dire partiellement, comme dans une sorte de copropriété non choisie, et gérer par un syndic non élu dont le nom s’appelle GAFAM. Nous avons renoncé à une partie de nous-mêmes, par faiblesse et confort.
Force est de constater que nous sommes de plus en plus connectés à des objets électroniques qui sous prétexte de nous libérer des tâches quotidiennes dévalorisantes, interviennent dans notre vie, et rendent obsolètes les interventions de notre corps.
Alexis Jenni parle dans un article récent de décorporisation, celle-ci étant bien sûr amplifiée par le confinement, période où nous ne pouvons même plus nous serrer la main. Il écrit :
« Avouons-le, on est mieux en confinement avec cette quincaillerie que sans, parce que sans téléphone et sans internet ce serait bien pire qu’avec ce serait un isolement radical, monacal, carcéral, et on n’est pas tous faits pour ça. »
Pourtant il y a, je dirais un côté angoissant, presque terrifiant, puis-je vivre sans mes applications ? Et je sais par ailleurs qu’elles sont pilotées par des serveurs pas toujours sympathiques, mais plutôt très informatiques, des Starts up souvent éphémères revendues à d’autres Starts up, qui sont elles des stars dans leur domaine et souvent impérialistes. Elles sont situées à l’autre bout du monde, on s’émeut facilement de la délocalisation d’une usine textile, et en même temps l’on se précipite pour se vendre à ces GAFAM.
Nous avons après la décorporisation de notre corps, procédé à sa délocalisation. C’est une « face de bouc » qui dirige notre vie quotidienne, et une Amazone avec sa monture UPS qui nous apporte à notre domicile notre viatique. Restez chez vous, dormez, connectez-vous, on s’occupe de tout, on s’occupe de vous. Nous sommes devenus addicts au Botox de la silicone valley, et nous serons bientôt transformés, par l’intelligence artificielle, le rêve !
Alexis Jenni cite Marc Zuckerberg un des jeunes empereurs de la planète qui dit et en plus semble le croire, ce qui est encore plus grave :
« Se connecter c’est bien, quand nous serons tous connectés, le mal disparaîtra. »
Le Dieu Marc décide pour nous ce qui est bien et ce qui est mal. De tels propos placés dans la bouche d’un religieux lui vaudrait au minimum une fiche S. Une surveillance rapprochée pour qu’il ne tombe pas dans l’intégrisme et le terrorisme.
Bonne nouvelle, non pas pour le peuple, mais pour la foule qui cherche la Lumière et la Vérité elle est à portée de Smartphone, à portée de clic. Nous avons même retrouvé la Parole Perdue, le Dieu Marc et ses apôtres l’on mise en vente libre dans leurs enceintes connectées.
Le nouveau monde est arrivé, la Jérusalem informatique est descendue sur terre, les GAFAM ont pris possession de notre corps et de notre esprit, plus besoin de se sentir, de se voir, ni même de se serrer la main.
J’ai quand un petit doute sommes-nous encore sains de corps et d’esprit ? Pouvons-nous encore Sapere Aude (Penser par nous-mêmes), au fait qu’en pensez-vous ?
Jean-François Guerry.
L'Acacia méconnu
SATIRE I- DE JUVENAL. Pourquoi Juvenal compose t’il ses satires Traduction de Jean Dusaulx 1770
Écouterai-je toujours, et ne répliquerai-je jamais, tourmenté tant de fois par la Théséide de Codrus, qui s'enroue à la déclamer ? C'est donc impunément que l'un m'aura récité ses comédies, l'autre ses élégies ? Impunément j'aurai perdu tout un jour à entendre l'éternel Télèphe, ou cet Oreste qui couvre tant de pages, et leurs marges et leurs revers, quoiqu'il ne soit pas encore achevé ?
Non, personne ne connaît mieux sa propre maison que je ne connais, moi, le bois consacré à Mars, et l'antre de Vulcain voisin des roches Eoliennes. Je n'entends plus chanter que les tempêtes enfantées par les vents, les supplices infligés par Eaque aux ombres criminelles, les exploits de celui qui ravit la toison d'or, et les combats du centaure Monychus, lançant contre les Lapithes des arbres entiers : les jardins de Fronton, les statues, les colonnes, tout en retentit, tout en est ébranlé ; et il faut essuyer ces lieux communs du plus grand comme du moindre des poètes.
Et nous aussi, nous avons tremblé sous la férule ; et nous aussi, apprentis orateurs, nous avons conseillé à Sylla de goûter, en citoyen privé, les douceurs du sommeil. Lorsque les poètes fourmillent ici de toutes parts, ce serait pousser la discrétion jusqu'à la sottise, qued'épargner un papier qu'ils vont salir.
Mais pourquoi choisir de préférence la carrière déjà parcourue par le célèbre nourrisson du pays des Aurunces ? - Avez-vous un instant de loisir ? puis-je compter sur une oreille impartiale ? Écoutez.
Quand un eunuque ose se marier ; quand Mévia, le javelot en main et le sein découvert, attaque un sanglier farouche ; quand ce barbier, qui me rasait dans ma jeunesse, le dispute, lui seul, en richesses à tous nos patriciens ; quand un homme de la plus vile populace d'Égypte, un Crispinus, autrefois esclave dans Canope, rejette nonchalamment sur ses épaules la pourpre tyrienne, et, les doigts en sueur, agite ses bagues d'été, trop délicat pour supporter des anneaux plus pesants, il est bien difficile de se refuser à la satire. Serait-il, en effet, dans cette ville corrompue, un mortel assez patient, assez insensible, pour se contenir à la rencontre de l'avocat Mathon, remplissant de sa rotondité une litière qu'il ne possède que d'aujourd'hui ? à la rencontre de ce délateur d'un illustre patron, prêt à ravir aux nobles qu'il ruina les débris de leur fortune ? Massa le craint, Carus tâche de l'adoucir par des présents, et le tremblant Latinus lui livre son épouse Thymèle. Peut-on se taire quand on se voit légitime héritier, supplanté par ceux qui ne doivent leur place dans les testaments qu'à leur honteux service de nuit, et qui, des bras d'une vieille opulente, car c'est aujourd'hui le chemin de la fortune, s'élèvent jusqu'au faîte des honneurs ? Proculéius n'obtient qu'une part de la succession, Gillon reçoit les onze autres : chacun hérite à proportion de sa virilité. Qu'ils trafiquent de leur sang, et puissent-ils devenir aussi pâles que celui dont le pied nu a imprudemment foulé un serpent, ou qu'un rhéteur prêt à monter à la tribune de Lyon !
Dirai-je quelle indignation m'enflamme et me dévore, quand je vois ce ravisseur des biens d'un pupille réduit au dernier opprobre embarrasser les rues de son nombreux cortège ? Quand je vois cet autre vainement condamné (pourvu que l'argent reste, qu'importe l'infamie ?), ce Marius, qui, dans son exil, commence à boire dès la huitième heure, et jouit de la colère des dieux, tandis que toi, province victorieuse, tu pleures tes pertes non réparées ? Et je ne rallumerais pas la lampe du poète de Vénusie ! Et je ne flétrirais pas de tels excès ! Irai-je retracer les fables d'Hercule ou de Diomède, le labyrinthe retentissant des cris du Minotaure, Dédale franchissant les airs d'un vol audacieux, et le jeune Icare tombant au sein des flots, lorsqu'un infâme, feignant de compter les solives et de ronfler sur les verres, obtient dans le testament des galants de sa femme la place qu'elle ne peut elle-même accepter ? Lorsque cet autre prétend commander nos cohortes, pour avoir consumé le bien de ses ancêtres à nourrir des chevaux, pour avoir fait voler un char sur la voie Flaminie ? Car, nouvel Automédon, il guidait celui dans lequel Néron caressait sa bizarre maîtresse. Je ne remplirais pas mes tablettes en plein carrefour, lorsqu'un faussaire, qu'un sceau contrefait, qu'un testament supposé, comblèrent d'honneurs et de richesses, affecte dans sa litière, ouverte des deux côtés et portée par six esclaves, les airs d'un Mécène dédaigneux ? Voici cette noble matrone, qui, pour apaiser la soif de son époux, lui présente un vin dont la douceur perfide recèle le venin d'un reptile, et qui, plus consommée que Locuste, enseigne à ses parentes novices l'art d'envoyer au bûcher, à travers les rumeurs du peuple, les cadavres livides de leurs maris empoisonnés.
Voulez-vous parvenir ; osez quelque forfait digne de Gyare et des cachots : on vante la probité, et elle se morfond. C'est le crime qui donne ces jardins, ces palais, ces tables précieuses, ces chefs-d'oeuvre antiques, et ces coupes, dont un chevreau en relief décore le contour. Un père qui corrompt la femme avare de son fils, des épouses infâmes et des adolescents déjà souillés par l'adultère, tout cela permet-il qu'on se livre au sommeil ? Non ; et si la nature a refusé le génie, l'indignation du moins dicte des vers, quels qu'ils soient, des vers tels que nous en faisons, Cluviénus et moi.
Depuis que la barque de Deucalion fut soulevée par les eaux du déluge jusqu'au sommet du Parnasse ; depuis que ce fils de Prométhée consulta l'oracle de Thémis ; que des cailloux amollis reçurent par degrés la chaleur du sentiment ; que Pyrrha fit éclore des filles nues, aux yeux des hommes surpris, toutes les actions des mortels, tous leurs sentiments, désir, crainte, colère, volupté, joies, intrigues, seront la matière de mon livre. Quand le torrent du vice fut-il plus rapide, le gouffre de l'avarice plus profond, la manie des jeux de hasard plus effrénée ? Non content de venir aujourd'hui avec sa bourse, le joueur fait apporter son coffre-fort. C'est là, dès que les instruments du jeu sont distribués, que vous verriez naître les plus funestes débats ! Perdre cent mille sesterces, et ne pas vêtir un esclave transi de froid, n'est-ce que de la fureur ?
Autrefois nos ancêtres bâtissaient-ils tant de maisons de plaisance ? leurs soupers clandestins étaient-ils à sept services ? Une mince sportule attend maintenant la foule des avides clients à l'entrée du vestibule. Encore a-t-on soin d'examiner vos traits, de crainte que, sous un nom supposé, vous n'usurpiez la portion d'un autre : vous ne recevrez rien avant d'avoir été bien reconnu. Alors, le magnifique patron fait appeler, par un crieur, tous ces fiers descendants d'Enée (car les plus nobles personnages, confondus dans la foule, assiègent aussi sa maison) : «Donnez d'abord au préteur, dit le maître ; donnez ensuite au tribun. Mais cet affranchi est arrivé le premier. - Oui, je suis le premier, et je ne craindrai point de défendre mon rang : je suis né sur les bords de l'Euphrate, et mes oreilles percées déposeraient contre moi, si je voulais le nier. Mais les cinq boutiques me produisent quatre cent mille sesterces de revenu. La pourpre des sénateurs a-t-elle rien de préférable. Lorsqu'on voit Corvinus réduit à garder un troupeau étranger dans les champs Laurentins ? Je suis plus riche, moi, que Pallas et Licinus : les tribuns attendront». Que les richesses l'emportent ; que celui qui naguère arriva dans Rome avec les pieds marqués de craie ne cède point la préséance aux premiers magistrats, puisque ton culte parmi nous, funeste argent, est le plus auguste et le plus sacré, quoique nous ne t'ayons point encore érigé de temples ni d'autels, ainsi qu'à la Paix, la Victoire, la Bonne Foi, la Vertu, la Concorde, dont le sanctuaire retentit des cris de la cigogne, quand elle salue son nid au retour du printemps.
S'il est vrai que les premiers de l'Etat supputent à la fin de chaque année les produits de la sportule, et de combien elle accroît leurs revenus, que feront les malheureux clients, qui n'ont que cette ressource pour se vêtir, se chauffer, se nourrir et s'éclairer ? Voyez-vous cette foule de litières voler à la rétribution ? L'époux y traîne sa femme enceinte ou languissante. Un d'entre eux (son stratagème est maintenant connu), montrant une litière fermée, demande la sportule pour son épouse absente. «C'est ma Galla, dit-il ; expédiez-nous promptement : que tardez-vous ?... Galla, mets la tête à la portière... Elle repose, ne la tourmentez pas».
Examinons les dignes soins qui partagent le reste de la journée. Après la sportule, on escorte le patron au Forum, où l'on voit et la statue d'Apollon, si connue des plaideurs, et les statues triomphales de plusieurs généraux, parmi lesquelles je ne sais quel Égyptien, quel chef d'Arabes, osa faire ériger la sienne, décorée de superbes inscriptions, monument, il est vrai, que chacun peut souiller à son gré. Excédés de fatigue, les plus anciens clients se retirent enfin, et renoncent à un repas si longtemps désiré. Trompé dans son espoir, chacun court acheter des légumes, et du bois pour les cuire. Cependant le monarque de cette troupe famélique, assis au milieu de ses lits sans convives, dévore ce que les forêts et les mers fournissent de plus exquis : de cent tables qu'il possède, belles, spacieuses, antiques, une seule lui suffit pour épuiser un patrimoine immense. - Tant mieux ! Nous n'aurons plus de parasites ! - Mais ce luxe sordide en sera-t-il moins insupportable ? Conçoit-on la voracité d'un homme qui se fait servir, pour lui seul, un sanglier tout entier, qui semblait destiné aux nombreux convives d'un somptueux festin ? Au reste, le châtiment suit de près ton intempérance, lorsque, gonflé d'aliments, et l'estomac surchargé d'un paon mal digéré, tu cours, au sortir de la table, déposer tes vêtements et te plonger dans le bain. De là tant de morts subites, tant de vieillards intestats. La nouvelle récente d'un tel événement égaye nos soupers : les amis du défunt, furieux d'avoir été frustrés, le conduisent sans regrets au bûcher.
La postérité n'ajoutera rien à la dépravation de nos moeurs : je défie nos neveux de surpasser leurs pères. Le vice est au comble : déployons toutes nos voiles. - Un moment, direz-vous : es-tu doué d'un génie égal à ta matière ? Tel que tes devanciers, te sens-tu capable de céder franchement à toutes les impulsions de ton âme enflammée ? - Qui donc craindrai-je de nommer ? Que m'importe la haine de Mucius, ou son indifférence ? - Soit : mais nomme Tigellinus... que quelqu'un s'en avise : son cadavre empalé servira de fanal, et, traîné sur l'arène, il y tracera un large sillon. - Quoi ! Cet empoisonneur qui fit périr trois de ses oncles sera, dans sa litière, mollement assis sur le duvet, d'où le monstre laissera tomber sur moi ses regards méprisants ? - S'il vient à ta rencontre, presse du doigt tes lèvres impatientes : le délateur n'attend, pour t'accuser, que ces seules paroles : Le voilà. Tu peux, avec sécurité, mettre Turnus aux prises avec Enée : la mort d'Achille ne choquera personne, ni celle du jeune Hylas cherché vainement après qu'il eut suivi son urne dans les flots. Lorsque l'ardent Lucilius, au contraire, frémissant d'une généreuse indignation, s'arme de sa plume, comme d'un glaive menaçant, le criminel rougit et sent son coeur se glacer ; la sueur des remords se répand dans son sein : de là cette rage et ces pleurs, avant-coureurs de la vengeance. Réfléchis donc, tandis que la trompette n'a pas encore donné le signal : le casque en tête, il n'est plus temps de reculer. - Eh bien ! Voyons ce que l'on permet contre ceux dont les cendres reposent le long de la voie Latine et de la voie Flaminie.
« Ce temple est comme le ciel dans toutes ses dispositions. »
Cette inscription qui figure à l’entrée du temple de Ramsès II, démontre l’importance du temple demeure spirituelle. Demeure de Dieu, des dieux, du principe, de l’esprit, reproduction sur terre du ciel, ou descente du ciel sur la terre.
Construire, pour faire, que tout ce qui est bas soit semblable à ce qui est en haut. Les Juifs libérés d’Égypte n’eurent de cesse que construire une demeure, un temple à leur Dieu pour qu’il soit toujours avec eux. L’architecture de leur temple est semblable en de nombreux points avec l’architecture des temples d’Égypte, réminiscence sans doute de leur captivité, ils firent de même au retour de leur exil à Babylone.
Tous les adeptes des traditions de par le monde construisent des temples, voulant séparer le profane ce qui est hors du temple du sacré qui est à l’intérieur.
Le symbolisme de la construction, fût donc adopter également par la franc-maçonnerie tradition initiatique occidentale. La portée de ce symbolisme va au-delà des religions :
« Dieu bâtit son temple dans le cœur, sur les ruines des églises et des religions. » Ralph Waldo Emerson.
Il y a donc de multiples temples, mais aussi une constante, à chaque fois que l’homme édifie un temple. Il transcende l’espace, il le marque, jusqu’à l’infini. De nombreuses cathédrales furent construites sur des lieux déjà sacralisés par d’autres traditions, lieux qui constituent une géographie sacrée en relation sans doute avec des forces telluriques cachées, secrètes, comme le site de la cathédrale de Chartres dont le choix n’est pas un hasard.
C’est ainsi qu’au-delà de la matière, des apparences, des pierres qu’il faut chercher l’église de Jean qui n’est pas celle de Pierre. Il y a des signes apparents pour l’ensemble des adeptes et des signes réservés aux initiés. Le temple est avant tout un centre spirituel.
L’architecture sacrée permet un passage du chaos à l’ordre, des ténèbres à la lumière, du profane au sacré. Le premier temple des francs-maçons est sans doute cette caverne, ce temple noir ou est plongé le postulant à l’initiation après que de sa libre volonté il ait frappé à la porte du temple matériel. Il est alors invité à découvrir seul, dans le silence et l’obscurité. Les mystères de la caverne, de sa caverne, invité à ranimer la flamme sacrée, éternelle qui brille au fond de son cœur.
Il va comprendre peu à peu le processus qui le conduit intuitivement à vouloir réaliser en lui, l’harmonie, son unification. Là dans ce temple noir prémisse de son apprentissage, il voit déjà les concordances entre les choses terrestres et célestes.
Son apprentissage de l’architectonique, de l’art de la construction régi par les formes géométriques sacrées, les nombres de l’essence des choses. Sont les bases de la compréhension d’abord des petits mystères artisanaux, puis des grands mystères de l’art royal.
C’est pourquoi l’art de la construction demeure essentiel dans l’initiation maçonnique depuis plus de 300 ans (naissance approximative de la franc-maçonnerie spéculative). Un bon maçon ne saurait se séparer de ses outils, il doit aussi savoir choisir les bons matériaux, les belles pierres, les tailler, les polir, les ajuster son édifice, acquérir cette maîtrise, il pourra alors espérer pouvoir transmettre ce qu’il a reçu. C’est le travail de toute une vie, de sa vie, de sa vie spirituelle.
Constamment rechercher la lumière et la vérité dans les ténèbres. La multiplicité des temples, symbolise la progression, le perfectionnement de l’initiation maçonnique. L’ont retrouve leurs architectures symboliques dans les tableaux de loge des différents degrés, ces tapis mystico magiques qui transforment le temple matériel, en espace sacré de loge. Nous pénétrerons dans la connaissance de l’ultime temple le jour de notre passage à l’Orient éternel.
Le temple physique du Roi Salomon, du soleil, symbolise la lumière, la vérité, la gloire. Le temple du corps humain reflète une lumière universelle, puisque le principe a fait l’homme à son image. Le temple véritable, suprême est sans doute le temple animique, celui de l’âme. C’est un temple caché, dans l’obscurité.
Dans le livre des Rois l’on peut lire :
Dieu prend possession de son temple.
« Or, quand les prêtres sortirent, du sanctuaire, la nuée remplit le temple de Yahvé et les prêtres ne purent continuer leur fonction à cause de la nuée : la gloire de Yahvé remplissait le temple de Yahvé !
Salomon dit : Yahvé a décidé d’habiter la nuée obscure. Oui je t’ai construit une demeure princière. Une résidence où tu habites à jamais. »
C’est ainsi que la lumière luit dans les ténèbres. Cela n’est sans doute pas un hasard si l’on trouve les tombeaux dans les centres obscurs des pyramides, et si les corps des saints reposent dans les cryptes des cathédrales à l’abri de la lumière, ne recevant que quelques faibles rayons de lumière. L’homme meurt dans la terre, et un homme neuf réapparaît plus radieux que jamais.
Il appartient donc au cherchant de descendre au plus profond de lui-même à la recherche sa lumière, de cette lumière qui luit dans ses ténèbres. De réaliser en lui l’harmonie, et de faire sortir de son corps cette lumière spirituelle, pour qu’elle irradie au-dehors en explosant les portes du temple.
Encore faut-il avoir connu le temple au noir, commencer la métamorphose vers le temple blanc de la connaissance, puis réaliser l’œuvre au rouge de l’amour fraternel.
Je me suis interrogé sans doute comme beaucoup d’autres après ma visite à l’abbaye de Conques pourquoi Pierre Soulages, le peintre de l’Outrenoir, avait construit des vitraux noirs dans cette abbaye l’occultant ainsi des lumières extérieures. Les verriers des cathédrales gothiques, cherchaient au contraire à faire pénétrer la lumière extérieure. En fait je pense que c’est un retour à l’essence de la lumière, comme dans les obscures Églises romanes. Pierre Soulages a voulu sans doute magnifier symboliquement la lumière intérieure de l’abbaye, le feu spirituel qui brûle à Conques et est ravivé continuellement par le feu qui met en mouvement les pèlerins sur la route de Saint-Jacques, ceux qui veulent aller plus loin, plus haut.
Pierre Soulages a voulu nous ouvrir les yeux, nous faire voir que ce qui est important c’est ce qui brille en nous, c’est cette lumière-là qu’il nous faut capter et comprendre d’abord et nous la lumière extérieure illusoire. À ce propos dans son livre consacré à Pierre Soulages, Christian Bobin écrit :
« Impossible de s’éprouver abandonné devant un tableau de Pierre. On est enfin, devant quelqu’un. Et ce quelqu’un, c’est nous. »
Franc-maçon nous passons de la caverne, du temple noir, au temple de Salomon physique, puis à la loge sacralisée, ouverte au temps spirituel dont les fenêtres sont bien présentes, mais occultées, pour retenir la lumière intérieure qui anime tous les frères.
Le travail de l’inconscient est une pratique sur la voie initiatique, pour essayer d’accéder à un état de conscience plus élevé. Quand on parle d’inconscient l’on pense immédiatement à Carl Gustav Jung et l’on met en rapport sa théorie de l’individuation avec l’initiation maçonnique.
Jung a eu un rapport intéressant avec les arts, son « Musée Imaginaire », selon Christian Gaillard un des spécialistes de Jung, est un parcours passionné à la recherche des connaissances de toutes les traditions, qu’il a misent en correspondance avec « toutes les chambres de son esprit ».
Ce psychanalyste des profondeurs, s’est promené dans tous les arts de l’antiquité, des arts primitifs, des traditions orientales, des arts chrétiens, à l’alchimie occidentale, avec le regard d’un analyste et la pratique d’un clinicien, faisant des expériences sur lui-même.
Il a revisité tous ces héritages, sans préjugés, ni limites. Cela a donné une forme originale de fécondité à son esprit, un élan renouvelé à ses recherches sur l’homme, une modernité appuyée sur les traditions. En se gardant de tout syncrétisme, assimilation mélange, conservant son jugement propre, il y a des parallèles qui ne se rejoignent pas, mais il y aussi des cercles qui partent d’un même point et qui ont un centre commun.
L’orthodoxie familiale traditionnaliste de la mère de Jung ne laissait pas pourtant présager cette ouverture d’esprit. Ce chercheur parfois rebelle au monde moderne, fût en même temps un aventurier au sens propre par ses nombreux voyages et au sens figuré par l’ouverture du compas de son esprit.
Curieux des mœurs, des langues, qui lui étaient étrangères, déchiffreurs des manuscrits parfois inconnus et insolites, comme certains manuscrits alchimiques, recherches sans doute guidées par son intériorité profonde. C’est souvent sur lui-même qu’il expérimentait ses recherches, conscient de la force de l’intuition et de la sienne en particulier.
Homme décrit comme ayant une double face, tel un Janus. Voltaire était bien présent dans sa bibliothèque et en même temps à l’entrée de sa demeure l’on pouvait lire l’adage d’Érasme :
« VOCATUS ATQUE NON VOCATUS, DEUS ADERIT. » (Qu’on l’appelle ou non Dieu sera là.) Cela nous rappelle l’oracle de Delphes.
Jung homme des lumières extérieures et de la lumière intérieure, réalise ainsi en lui une totalité de l’être.
Son approche des arts, témoigne à la fois de son intérêt pour l’alchimie, mais aussi de son désir de faire trace.
Adepte du religere, non pas du religare des pères de l’Église, de ce religere de Cicéron, c’est-à-dire du cueillir, réfléchir et considérer, c’est son côté scientifique qui a mon sens apparaît dans son choix étymologique. Mais en même temps une recherche de sacralité. Unifier les deux termes c’est résister à l’altérité absolue, comme le fit Saint-Augustin. Jung est dans la recherche d’un chemin extérieur qui mène à l’intérieur.
Jung s’ouvre ainsi aux Mythes, aux Archétypes de l’antiquité, il s’intéresse à la vie des symboles, mais avec son regard d’analyste.
Grand voyageur, en Inde alors qu’il était à Bombay il resta dans le bateau, il a écrit dans Ma vie :
« Tellement subjugué par mes impressions de voyage, je ne descendis pas à terre à Bombay et me plongeais dans mes textes alchimiques latins.. »
Il précisera plus tard :
« Cependant les Indes ne sont pas restés sans laisser en moi des traces, au contraire, elles en ont laissé qui vont d’un infini vers un autre infini. »
J’avoue avoir moi-même ressenti de telles choses lors de mes voyages en Inde, dans l’Inde hors des chemins trop balisés, mais aussi en Amérique centrale au Guatemala près des temples Mayas par exemple.
Nous sommes fortement impressionnés par des cultures, des arts qui nous sont inconnus, mais aussi proches à la fois car ils véhiculent des concepts communs à ceux dont nous sommes imprégnés. Il y a comme une remontée de notre mémoire profonde, c’est sans doute ce que Jung appelle l’inconscient collectif. L’on peut alors se sentir chez soi à des milliers de kilomètres de notre environnement habituel.
On touche là à l’universel, comme si nous avions participé il y a longtemps à ces constructions mythiques. C’est un bien commun de l’humanité que nous partageons. L’empathie naît alors avec les gardiens locaux de ces traditions mères ou filles peu importe, elles sont de la famille.
Mais d’un autre côté le presque pareil demeure nous rappelant nos traditions plus intimes, plus proches, c’est pourquoi on hésite à mettre le pied-à-terre, descendre de notre bateau, les marins savent qu’ils ont un port d’attache. C’est dans ce port qu’ils ont construit leur temple intérieur.
Si l’expérience de Jung enrichit notre inconscient collectif par la découverte de celui-ci dans les régions inconnues de notre esprit. Elle révèle aussi que celui-ci est indissociable de notre inconscient particulier, les deux renforçant notre conscience du particulier à l’universel.
C’est cette impression qui fait que nous ne sommes des étrangers nulle part, si nous pouvons nous connaître nous-mêmes, nous connaissons les autres.
Jean-François Guerry.
PS : Après tout ce ne sont sans doute que des divagations intellectuelles, mais je ressens cela, c’est tout.
NOTE ÉDITEUR
La psychanalyse, depuis ses origines, est fascinée par l'Art. L'interprétation des oeuvres, les réflexions sur la vie des artistes et sur les processus de création lui donnent l'occasion de renouveler son approche des formes mises en jeu par le travail inconscient. Si les textes de Sigmund Freud sur la peinture sont bien connus, en revanche, les rapports passionnants de Carl Gustav Jung avec l'Art restent à découvrir. Des arts de l'Antiquité aux traditions orientales, des arts et rites primitifs à la création contemporaine, des arts chrétiens à l'alchimie occidentale, Jung s'est retrouvé aux prises avec un héritage qu'il a revisité sans cesse pour en retrouver l'élan le plus vrai et en éprouver la fécondité pour le monde moderne. A la suite de toutes les oeuvres marquantes qui permettent de retracer ce parcours impressionnant, des réalisations de Jung lui-même sont reproduites dans cet ouvrage. C'est, en effet, une de ses originalités que de s'être livré au dessin, à la peinture et à la sculpture dans le secret de sa bibliothèque ou dans le jardin de sa maison de Bollingen, au bord du lac de Zurich. Le musée imaginaire de Carl Gustav Jung, fait de découvertes inattendues et de retrouvailles intimes, est un livre indispensable pour comprendre la dynamique même de l'oeuvre de ce pionnier de la psychanalyse.
Dans un article du Blog le 25 avril paru sous le titre « Les Prophètes ». Je mentionne Walt Disney comme étant un franc-maçon, c’est une erreur. Le poète, écrivain, historien de la franc-maçonnerie Charles-Bernard Jameux par ailleurs Directeur de Collection chez Dervy Éditions. Me signale fraternellement cette erreur. Charles-Bernard Jameux qui a participé à l’édition de la version française chez Dervy du livre Freemasonry un panorama de l’ordre Maçonnique dont les rédacteurs en chef sont Andrée Buisine et Michaël Segall (qui figure pourtant en bonne place dans ma bibliothèque depuis 1996) cite dans sa deuxième partie « Beauté » page 221 dans le paragraphe : La littérature pour enfants.
Pour extrait :
« Il n’y a rien d’étonnant à ce que Walt Disney (qui dans sa jeunesse avait été membre des De Molay, tout comme l’acteur John Wayne) ait immortalisé par le dessin animé la marionnette Pinocchio et son maître, ainsi que Bambi, création du Frère Félix Fulton !
Quand à Mowgli, le jeune héros du Livre de la Jungle, il n’est autre qu’un jeune Loewton. Ses ainés l’aident à découvrir la voie juste. »
Cela méritait une rectification Walt Disney, étant trop souvent considéré comme un franc-maçon, ce qui n’est pas formellement le cas, même s’il a fréquenté de nombreux frères
CQFD où CQFÉcrire, avec ma demande d’excuses auprès des lecteurs et mes remerciements à Charles-Bernard Jameux, j’ai dit, définitivement.
Cet ordre tire son nom de Jacques de Molay, le dernier grand maître des Templiers. Il regroupe des garçons de 12-21 ans, sans obligation de lien de parenté avec un franc-maçon.
WIKIPEDIA.
Charles-Bernard Jameux apporte un complément d'information le livre FREEMASONRY: a celebration of craft est de John Hamill et Robert Gilbert (éditions Mackenzie 1992) avec une préface du Duc de Kent TRGM de la GLUA;
Charles-Bernard incita Segall et Buisine à la traduire en français pour les éditions Dervy.
En page 101 il y a une reproduction de Bambi le nom de Disney n'est pas cité comme franc-maçon.
En revanche le nom de Disney est cité page 70 du "Dictionnaire des francs-maçons illustres" de Monique Cara et de Jode Pam paru également chez Dervy en 2006. Où il est mentionné comme De Molay et son frère Roy Disney lui franc-maçon initié à la GL Mainstream de Californie. Et donc de ce fait le nom de Disney est à l'index en fin de dictionnaire.
Il faut être toujours ivre. Tout est là : c'est l'unique question. Pour ne pas sentir l'horrible fardeau du Temps qui brise vos épaules et vous penche vers l...
En ce moment il est interdit de se serrer la main, les mains. Nous pouvons encore tendre la main. Cela nous révèle l’importance de ce geste simple aux significations multiples, ce geste de témoignage de notre empathie envers les autres, cette tradition occidentale dont il est difficile de se passer. C’est sans doute lié à l’importance de la main appendice pour le moins utile qui fait partie de notre humanité.
Le volume 11 du dictionnaire Littré consacre 19 pages de la page 594 à 613 à cette main.
Elle sert au toucher, à l’action, à la construction, elle est la force pour le guerrier. Elle est le sentiment quand elle est offerte avec son baiser posé dessus. Demande, expression quand elle se lève, offrande quand elle se tend. Elle peut être belle quand elle est fine chez une femme, belle aussi quand elle est usée, calleuse chez le vieillard, ou abimée par le travail chez l’artisan. Elle peut être plein, bonne, une aide au passage.
La main de l’autre tendue, pour aider, servir incite à tendre la notre, elle devient fraternelle, solidaire c’est le coup de main non violent. L’on connaît l’importance de la première main tendue, elle entraine les autres. Elle est la sérénité quand nous sommes entre de bonnes mains. Elle peut se faire douce et être de fer même recouverte de velours.
Elle est l’instrument des artistes, le prolongement de leur esprit, mais aussi de leurs rêves. Elle est chaude quand il fait froid en nous, elle réconforte, rassure.
Le Littré toujours ne compte pas moins de 70 définitions de sa fonction.
Dès lors il n’est pas étonnant que nos serrements de mains nous manquent, que nous ayons hâte de pouvoir les retrouver.
Pour le franc-maçon, ou le compagnon la main reste le plus beau de ses outils, elle lui sert à accomplir son chef-d’œuvre. Elle aussi un instrument de mesure, à sa mesure elle guide le tracé. L’on reconnaît sa valeur à la sureté de son tour de main.
Aujourd’hui encore la main dans la gestuelle initiatique est bien présente. Elle symbolise bien des secrets, elle incarne le sceau du secret, la main de justice. Pour l’apprenti elle est régulatrice du verbe, posée sur la gorge elle maîtrise les passions, empêche de parler pour ne rien dire. Elle est aussi dans cette position châtiment pour le parjure. Tendue elle est la fidélité et la persévérance dans les serments. Tendue encore dans les invocations elle sacralise la parole. Le maillet saisi par la main est la force et la volonté.
Dans les signes de reconnaissance elle ponctue par ses pressions successives les degrés de l’élévation spirituelle, de celui qui reçoit les signes.
Présente dans toutes les cérémonies initiatiques, elle guide le postulant aux mystères, plongée dans l’eau elle purifie symboliquement. Élevée vers le ciel elle est un signe de détresse. Posée sur le corps elle est délimite la matière de l’esprit. Posée sur le volume de la loi sacrée elle jure fidélité aux serments.
Elle encore à elle seule plusieurs symboles de la construction, par sa mise en équerre, mais aussi physiquement elle mesure par son empan cet intervalle entre le pouce et le petit doigt, ainsi que par sa paume intérieure, elle est signe du visible et de l’invisible, elle renferme nos lignes de vie.
Il y aurait bien plus encore à dire sur cette main qui constitue un maillon de la grande chaîne d’union entre les hommes, entre les sœurs et les frères. Nos mains sont précieuses elles sont le véhicule physique de notre volonté, de notre conscience. En particulier notre main droite, quand nos mains sont séparées nous sommes un peu en exil, quand elles ne peuvent plus se serrer elles se dessèchent. Comme il est dit dans le Psaume 136 – extrait :
« Et de là fit sortir Israël. Main forte et bras étendu. Car éternel est son amour. »
Psaume 137- Chant de l’exilé extrait :
« (1) Au bord du fleuve de Babylone nous étions assis et nous pleurions en nous souvenant de Sion..
(4) Comment chanterions-nous un cantique de Yahvé. Sur une terre étrangère ? Si je t’oublie, Jérusalem que ma droite se dessèche !
Espérons que nous pourrons bientôt serrer nos mains, en attendant nous demeurons ensemble par la pensée.