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la Franc Maçonnerie au Coeur

la Franc Maçonnerie au Coeur

Un blog d'information, de conversations sur le thème de la Franc Maçonnerie, des textes en rapport avec la Franc Maçonnerie, comptes rendus et conseils de lectures.

Publié le par Jean-François GUERRY
Portes du sacré

Portes du sacré

LE RETOUR DU SACRÉ COMME RECOURS

 

« Si tu veux que brille la flamme médite dans le Temple et agis sur le forum, mais gardes-toi de faire du Temple un forum. »

J. Corneloup.

 

La définition du sacré par antiphrase nous amène au fait que ce qui est à l’opposé du sacré est le profane. Si l’on admet que le Temple est un lieu sacré tout ce qui est dehors de celui-ci est profane. Pourtant l’on admet aussi que la Terre et l’Univers sont sacrés. Le sacré se manifeste donc par son extériorité et son intériorité, en fait tout lieu, toute chose, peut-être sacrée si elle est passée par un rituel de sacralisation. Il suffit de quelques éléments et d’un rituel pour faire d’un lieu un espace sacré. À la question quelle est l’étendue de votre Loge, l’apprenti répond : Elle s’étend de l’Occident à l’Orient du Midi au Septentrion et du Zénith au Nadir.

Le postulant à la connaissance du sacré quand il franchira la porte de la loge si les travaux ont été dûment ouvert, passera du profane au sacré, d’un lieu profane à un lieu sacré, mais aussi et surtout prendra conscience qu’il est lui-même un Temple sacré. Il sera progressivement initié aux mystères secrets qui permettent d’accéder au sacré.

Mircea Eliade philosophe des religions a fait une étude phénoménologique et historique des faits religieux, permettant ainsi à tous croyants ou non de concevoir que le sacré est du domaine des dieux, au-delà de la simple raison. Ceux qui sont dans le monde profane seraient à la périphérie du cercle et ceux qui auraient pénétrés le cercle jusqu’à son centre seraient initiés et dans le monde sacré, séparé. Ainsi, la Franc-maçonnerie se décline en trois catégories, symbolique, chevaleresque et sacerdotale.

Cependant le Franc-maçon n’oppose pas le sacré au profane, la matérialité et la spiritualité (comment d’ailleurs cela serait-il possible, nous sommes faits de chair et d’esprit !), les deux sont complémentaires. Comme l’à écrit le poète et orateur latin du IIème siècle Juvénal dans sa 10ème satire : Mens sana in corpore sano . Mais la matérialité ne peut et ne doit dominer la spiritualité.

En remontant à l’origine de la parole et de son écriture, l’on observe que le sanscrit Rita,Rite veut dire sacré. Nous avons perdu, la parole et le sens du sacré dans notre société, l’irruption brutale et invasive de la matérialité mondialisée, nous a fait oublier que le sacré est absolu et éternel alors que le profane est séculier et temporaire. Nos constructions modernes sont là pour le démontrer, les super et hypermarchés sont les temples de la matérialité et de la consommation. J’ai souvent été frappé de voir que certaines personnes, (j’exclu bien sûr les handicapés) pouvaient passer leur journée assise sur les bancs d’un de ces temples de la consommation.

Le sacré adjective l’espace, le temps, les objets même, mais surtout l’être, le sacré le sépare du profane. Le sacré est partout où le chercheur de la Vérité pose son regard, sur un chemin, sur un livre, sur une pierre, un animal, une forêt… Le sacré véhicule aussi les Traditions et les événements. Ignorer le sacré et surtout ignorer le mystère du sacré en soi-même, c’est ignorer une partie de soi, celle liée à l’esprit. C’est célébrer sa partie la plus basse la plus vulgaire.

À nier le sacré, à désacraliser notre société nous avons mis à bas nos vertus morales. Ceux qui hurlent leur haine du passé, de leur passé, sont prompts à brûler les édifices sacrés, qui ne sont pas que des lieux religieux, mais aussi des lieux qui correspondent à des biens communs où les hommes fraternisent. Je pense à nos mairies maisons communes, médiathèques, écoles. Ils détruisent des lieux symboliques de spiritualité au sens large, et surtout ils détruisent une partie essentielle d’eux-mêmes.

Ils ignorent que le sacré n’est pas que religieux, il habite des valeurs morales telles que la liberté, l’égalité, la fraternité, la tolérance qui peuvent être qualifiées de sacrées.

La manifestation du sacré apparaît quand des événements viennent détruire ce que l’on a de plus cher au sens moral, cette hiérophanie comme dit Mircea Eliade naît de cette prise de conscience que le sacré est indispensable. Face aux dernières émeutes en majorité nous n’avons pas compris pourquoi une minorité s’est livré à la destruction de lieux et bâtiments parce qu’inconsciemment pour nous ces lieux étaient sacrés. Alors que pour leurs destructeurs ces lieux ne suscitaient que de la haine. C’est pourquoi, il nous faut entreprendre le retour au sacré, comme le retour à un paradis perdu.

Comment ? La Franc-maçonnerie, peut jouer un rôle si elle sait communiquer, elle peut faire prendre conscience quelle est une entrée, une porte du sacré par l’initiation. Qu’elle élève le niveau de conscience de ceux qui en sont les adeptes sincères et courageux. Cela nécessite de ses membres, un travail des efforts, je dirais des exercices spirituels.

Le Franc-maçon sait que lorsque sa loge est consacrée elle devient une image du cosmos, et cela dès l’ouverture des travaux. Il est dit : « Mes frères nous ne sommes plus dans le monde profane, nous avons laissé nos métaux à la porte de la Loge. Élevons nos cœurs en fraternité et que nos regards se tournent vers la Lumière. »

Si nous élevons notre conscience, nous introduisons du sacré dans notre vie, dans toutes les choses et dans le monde. Ces choses et ce monde deviennent alors des biens sacrés et communs, que nous efforcerons de protéger, d’entretenir et de rénover et non de détruire ou brûler.

Ainsi, remettre du sacré, étendre le champ du sacré au-delà des religions est un impératif, une nécessité, alors nous pourrons nous réunir en toute fraternité et chanter ensemble la gloire du sacré.

                                                     Jean-François Guerry.

LE RETOUR AU SACRÉ COMME RECOURS

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Publié le par Jean-François GUERRY
À TOUS LES LAPINS, CHIENS ET SINGES ŒUVRIERS DU BÂTIMENT.

À TOUS LES LAPINS, CHIENS ET SINGES ŒUVRIERS DU BÂTIMENT.

 

L’on désigne vulgairement par bâtiment toute construction destinée à servir d’abri et à isoler. Où encore ensemble des professions, des activités en relation avec la construction. Servir d’abri au premier degré est bien compréhensible, cela aussi, peut être interprété comme mettre à l’abri des regards de ceux qui n’ont pas à savoir parce qu’ils ne sont pas en capacité de comprendre dans l’instant.

Isoler peut-être aussi nécessaire pour méditer et comprendre. Cette définition est donnée par le dictionnaire Larousse dont le symbole est le souffle symbolique de la semeuse qui répand toutes les akènes d’un pissenlit, comme autant de mots emportés par le vent sur toute la surface de la terre. Il nous est souvent recommandé de ne pas prendre les mots pour idées et de chercher l’idée derrière le symbole. Les architectes ont dessinés des images, que les bâtisseurs ont façonnées dans la pierre ou le bois, comme symboles de principes de vie permettant une élévation spirituelle, ensemble il forme une morale sociale, ou une éthique spirituelle. Ainsi au-delà du visible apparaît l’invisible qui est le réel.

Chapelle Notre-Dame de Trémalo

Le profane en franchissant la porte de certains édifices passe du monde profane au monde sacré. Pas si simple ! Le prix du péage se règle en exercices spirituels qui se décomposent en exercices de formation (et non d’information) et en exercices d’application. Il nous donc Savoir, pour Comprendre et ensuite Agir. Ce qui impose au postulant aux mystères cachés un travail, une discipline constante, une ascèse. Auparavant le postulant doit être prêt et préparés par des préparateurs attentifs et respectueux des règles communiquées de générations en générations dans leur pureté.

Je reviens un instant au symbole de notre Larousse : La semeuse des akènes de pissenlit est située dans le centre d’un cercle représentant le globe terrestre, elle disperse ces akènes du savoir, des savoirs, qui ne sont pas la Connaissance elles deviendront Connaissance en montant vers la sphère céleste, si le souffle de la semeuse est puissant, les akènes sont comme les mots de passe donnés par le Vénérable Maître au nouvel initié.

À seig...mon Die..

Les compagnons bâtisseurs (Lapins, chiens, et singes) ont soufflés dans leurs constructions, temples, églises, des traces pour savoir et comprendre, des clés, des fragments de leur art et de leurs pensées. Le badaud s’il n’est pas un simple nigaud, il s’arrête regarde, lève les yeux, regarde plus loin que l’extrémité de son doigt, il demande, cherche à savoir et à comprendre. Cela commence en général par un long silence interrogateur, puis une écoute, en effet il sait que ce n’est pas dans une basse-cour qu’il discernera peut-être la vérité. Il élève son regard vers les chapiteaux peuplés de symboles.

Chien au phallus

Certains édifices positionnés dans certains lieux ont une architecture cosmique, cette architecture se retrouve dans les édifices religieux qui font partie de notre patrimoine culturel et cultuel. Les symboles, burinés, gravés, polis, sont souvent universels et sacrés. Si l’on respecte certaines règles dans la visite de ces bâtiments, l’on ressent en nous une résonnance du sacré.

Cette résonance a été particulièrement bien décrite et étudiée par Georges Prat architecte et géobiologiste dans son ouvrage paru en 2004 Résonances du Sacré pour extrait : « Pour puiser l’énergie tellurique nos chapelles ou cathédrales se servent des rayonnements des métaux, tels que or, argent, fer, nickel. Les Temples millénaires eux, utilisent les rayonnements des métaux très rares comme le Platine, le Lithium, le Sélénium, le Palladium. »

Georges Prat a également repéré sur Terre : « Vingt cinq Temples qui possèdent une étoile à cinq branches virtuelles mais magistralement énergétiques, imprimée dans l’architecture par nos prédécesseurs avec leur seule force spirituelle ».

Il a remarqué une particularité une seule étoile fonctionne sans le support d’un lieu de culte. « Vingt-cinq lieux ont une étoile dite magique parce qu’elle correspond à un ensemble particulier de nombres, c’est-à-dire une vibration unique qui est note de musique et couleur. »

« Cinq lieux étoilés sont des portes cosmiques. » Vingt ans plus tard  Bernard Rio spécialiste du patrimoine et de l’environnement, un écrivain et chercheur érudit ayant travaillé sur l’architecture des sites religieux, leur fondation, leur symbolisme. Il a écrit un ouvrage monumental Les Portes du Sacré. Il associe dans son ouvrage la géographie sacrée et la géobiologie, il met au jour l’esprit des bâtisseurs, il confirme la place de l’homme debout entre Terre et Ciel. Cet homme s’il franchit les Portes du Sacré avec méthode et rigueur, il reçoit les forces telluriques, ressent les courants d’eau, et les forces célestes. Toutes ces forces énergétiques mettent l’homme en capacité  de parcourir un chemin initiatique qui n’a pas été choisis au hasard. Ce livre en main le chercheur de la Vérité, de la Lumière, de la Parole perdue, posséderas les clés pour visiter ou revisiter les lieux où rien n’a été fait par hasard. Badaud même attentif je reconnais être passé à côté parfois de l’essence de ces lieux, sans donc rien ressentir, voir sans voir faute de regarder où il faut. Les Portes du Sacré nous apprennent la langue des images, la langue des oiseaux, nous permettent de comprendre les légendes et les mythes fondateurs de la construction des Temples de l’esprit.

En découvrant l’importance et l’influence des courants d’eaux dans les édifices, l’influence des métaux. Cela nous rappelle que Hiram architecte du Temple de Salomon expert dans l’art des métaux, à construit la mer d’airain et les colonnes de bronze à l’entrée du Temple, est-ce un hasard ? La multitude des coïncidences mis au jour par Bernard Rio, finit de nous convaincre à la fois d’une méthode de construction qui ne laissa rien au hasard, ni à la facilité technique, mais orientée vers la spiritualité, méthode potentialisée par toutes les forces énergétiques regroupées dans les édifices. Ceux qui ont construits ces édifices guidés par leur foi religieuse, soit en les substituants à d’autres édifices plus anciens d’autres religions, soit en les créant ils ont tenu compte de leur géographie et leur emplacement et ont effectué une relation avec leurs dédicaces.

Christ Jaune et Gauguin

Je vous recommande particulièrement une visite effectuée hier en compagnie de Bernard Rio à la Chapelle Notre-Dame de Tremalo, certains trouveront leur bonheur avec la relation de la peinture de Paul Gauguin et son christ jaune. Mais surtout pour les autres, il faut voir absolument les 48 sablières de la charpente, où je vois pour ma part. Un véritable livre d’instruction imagé au deuxième degré de compagnon, faisant appel à nos sens pour donner un sens à notre vie, ce livre de symboles sculptés accessibles à tous les lapins et bien sûr aussi aux chiens et aux singes.

                                            Jean-François Guerry.

 

LE LIVRE DE Bernard Rio « Les Portes du Sacré » Éditions AR GEDOUR www.argedour.bzh

Parution fin 2022. Déjà réédité 3 fois. 504 Pages illustrées Noir et blanc et couleur.

Sablières de Notre Dame de TRÉMALO
Sablières de Notre Dame de TRÉMALO
Sablières de Notre Dame de TRÉMALO
Sablières de Notre Dame de TRÉMALO
Sablières de Notre Dame de TRÉMALO
Sablières de Notre Dame de TRÉMALO

Sablières de Notre Dame de TRÉMALO

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Publié le par Jean-François GUERRY
Les Racines Profondes de la Franc-Maçonnerie, plongent dans le Nil
Photo de adambichler sur Unsplash

LES RACINES PROFONDES DE LA FRANC-MAÇONNERIE

 

La méthode initiatique de la Franc-maçonnerie est l’art de la construction, sitôt franchit la porte de son atelier le Franc-maçon observe la présence des outils déposés à même le sol. Lui qui ne sait ni lire ni écrire comprend quand dans cet espace tout est symbole. Toutes les idées qui sont derrière les symboles vont progressivement naître en lui après avoir observé en silence, il voudra comprendre, connaître et devra agir, c’est-à-dire construire se rendant compte avec le temps qu’il se construit lui-même, se métamorphose. En interprétant les mythes anciens et les légendes il y découvre les vertus qui pratiquées rendent l’homme un peu meilleur. Plus il élève sa conscience, plus son regard change sur le monde, au-delà de l’apparence et du visible, de ce que lui permet d’aborder sa Raison, il devient capable de concevoir l’invisible grâce à son intuition et son imagination, il conçoit l’infini et l’absolu sachant humblement qu’il est hors de sa portée. Mais cette simple contemplation met de la joie dans son cœur, il sait qu’il est sur le chemin de la Vérité et de la Lumière.

Toute son énergie se déploie pour construire avec ses frères le Temple de l’esprit, là où la matière cède peu à peu sa place à l’esprit, la lumière éternelle qui habite tout homme. L’obscurité de l’ignorance diminue peu à peu donc au profit de la lumière de la Connaissance, comme le disait à peu près Gaston Bachelard : en réfléchissant et en rêvant sur les symboles, on rêve sur ses rêves, l’esprit s’élève vers des constellations imaginaires le désir naît alors de percer les mystères de la vie.

Celui frappe à la porte d’un temple maçonnique, ne comprend pas toujours bien sa démarche lui-même, il pressent ou il a été pressenti par son parrain comme un chercheur, un demandeur prêt à recevoir. Il se soumettra de sa propre volonté aux épreuves initiatiques au terme desquelles il sera reconnu comme sincère et prêt à être fidèle et persévérant, il aura donc l’autorisation de passer pour connaître les mystères de la Franc-maçonnerie. Devenu myste lui-même, s’il garde en lui les secrets qui lui ont été confiés, s’il respecte le silence, plus tard il connaîtra la mort symbolique de la matière et renaîtra à la vie spirituelle. Prenant conscience de son horizontalité et de sa verticalité le myste partira à la recherche des sources et des traditions, des racines profondes de ce corpus initiatique lentement façonné ceux qui l’ont précédé des siècles avant. Comment peut-il y parvenir, parce qu’il est apte à recevoir les forces telluriques et célestes. Les pieds fermement posés dans la position requise suivant l’injonction qui lui ait faite il tourne son regard vers le centre de sa loge, il participe alors à une cosmogonie, il élève peu à peu son esprit puis son âme. Il s’interroge sur le principe de la création de toutes choses, sur ce Grand Architecte de l’Univers, sur cette théogonie mise en poème par Hésiode en Grèce huit siècle av -J.C, ce passage du chaos à l’ordre.

Celui qui a faim et soif de connaissance, va naturellement chercher  qui il est, d’où il vient et où il va. Sur le plan historique l’origine de la Franc-maçonnerie est bien documentée à la fois dans sa forme opérative et celle que l’on appelle spéculative.

Sur le plan de ses sources spirituelles, traditionnelles, c’est plus diffus, on a affaire à des revendications multiples, l’on finit par conclure sans doute par commodité que ses sources sont nombreuses et proviennent de toutes les traditions occidentales et moyen orientales, cela ne froisse personne ! Cependant si l’on se livre à un travail sur les analogies entre les initiations, les symboles universels, l’ésotérisme des traditions anciennes, ce qui n’est visible qu’aux initiés, l’on discerne souvent trop de ressemblances pour que ce soit un hasard. Il y aurait un arbre commun, et des branches diverses mais nourries par des racines profondes, ce qui donne à la Franc-maçonnerie son caractère universel.

À la lumière d’un ouvrage de Bernadette Cappello, je vais m’interroger, aujourd’hui, sur une possible source de la pensée maçonnique qui serait née sur les bords d’un fleuve sacré le Nil. Les courants d’eau comme les courants telluriques (terre) et célestes (soleil et lune) irriguent la matière et dans un limon fertile (chemia), pénètre la force de l’esprit qui transforme la matière et anime l’âme.

Il est admis sans équivoque que la plupart des Rites maçonniques s’inspirent du symbolisme de la construction, Temple de Delphes et mystères d’Éleusis, Temple de Salomon et sa loi mosaïque, Temples de Mitrha, et Cathédrales qui couvrent l’occident et le Christianisme. Pourquoi pas dès lors faire référence aux Temples et constructions de l’Égypte ancienne. Nous rappelant que Moïse fût à la fois Juif et Égyptien, que de nombreux philosophes grecs comme Pythagore et les néoplatoniciens firent le voyage d’Alexandrie. Plotin fils de Romains  est né en Égypte à Lycopolis, il fût initié aux mystères isiaques, ce n’est pas non plus par hasard que son œuvre principale fût nommée les Ennéades du nom des neuf divinités égyptiennes de la fondation de l’univers. Les exemples pourraient être multipliés, nombreux furent ceux qui passèrent dans la « marmite d’Alexandrie ». La rédaction de la septante, ensemble de livres de la bible hébraïque fût rédigée en grec mais sur les bords du Nil. La chrétienté primitive se développa aussi sur les bords du fleuve sacré, elle fût imprégnée par le juif Philon d’Alexandrie, religieux et philosophe sans doute le premier, à avoir prononcé le nom de Grand Architecte de l’Univers. Ses principales idées furent sa doctrine du logos et l’allégorisme. Si l’on rajoute l’hermétisme et son premier livre du corpus le poïmandres sans doute du à Hermès, il ne reste plus qu’à enfiler ses chaussures ailées pour se convaincre que c’est bien là que se trouve les racines profondes de toutes les traditions d’occident et du moyen orient. Les manuscrits Nag Hammadi viennent encore si besoin est abonder cette thèse. Pas étonnant que le jeune général français Bonaparte ait été impressionné par les pyramides et les temples égyptiens.

C’est là aussi donc que la Franc-maçonnerie du Rite de Memphis Misraïm puise sa symbolique et se répand en occident. Ce rite selon Bernadette Cappello : « Porte une intentionnalité, c’est-à-dire un projet de connaissance ». Soulignons que Bernadette Cappello fût grand Maître de la Grande Loge Féminine de Memphis Misraïm de 2006 à 2012, cette universitaire témoigne avec son approche éclairée de son Rite des liens entre l’ancienne Égypte et la bouillante marmite intellectuelle, philosophique et spirituelle de la cité d’Alexandrie. Peut-on aller jusqu’à imaginer que c’est des mystères de l’Égypte ancienne, que sont nés le miracle grec, les traditions juives et chrétiennes, qui allaient se répandre peu à peu en occident et imprégnerait aussi la Franc-maçonnerie.

Au-delà de la connaissance de son Rite B. Cappello dans son deuxième ouvrage : Mystère et secrets de la cérémonie de fondation d’une loge maçonnique. Grâce à sa grande culture Égyptienne, Hébraïque, Cabalistique, théologique chrétienne et philosophique nous donne accès, nous révèle un certain nombre d’analogies entre le temple antique Égyptien, l’église chrétienne et le Temple Maçonnique. Elle précise à propos de son rite : le Rite de Memphis Misraïm est dépositaire d’un patrimoine spirituel spécifique. Il introduit une filiation symbolique avec l’ancienne Égypte issue à la fois des mystères d’Aset-Isis divine mère et de l’hermétisme.

Or nous connaissons l’importance du corpus hermeticum texte simple qui illustre et démontre la jonction entre le ciel et la terre. Texte qui fût remis en valeur par l’Académie Néoplatonicienne de Florence créée par Cosme de Médicis et dirigée par Marsille Ficin (1433-1499) entouré de des savants de l’époque dont Pic de la Mirandole et Giordano Bruno dont il se dit qu’il pourrait être un des précurseurs de la Franc-maçonnerie dans sa forme contemporaine dite spéculative et qui allait naître en Écosse. Les textes de l’hermétisme alexandrin, enrichis par la découverte plus tardive des manuscrits de Nag- Hammadi écrits en copte et découverts sur les bords du Nil démontre l’importance la Gnose. B. Cappello, voit en creux dans son Rite de Memphis Misraïm la synthèse des traditions anciennes ou encore le lien entre ces traditions, ou leur regroupement en une sorte de tradition unique, universelle, primordiale disait René Guénon l’inclassable. Guénon qui n’hésita pas a tourner son regard de l’occident vers le moyen orient et l’orient, jusqu’aux états multiples de l’être.

Mais ne nous éloignons pas du Nil, l’Égypte serait fondatrice spirituelle supposée des traditions hébraïque et chrétienne et de la philosophie grecque. B.Cappello démontre les analogies à ce propos entre la construction des temples égyptiens et celui du Roi Salomon, voire des cathédrales : « Ces trois traditions véhiculent un point commun : celui de préparer ici-bas, et dans son sanctuaire intérieur, image du Temple cosmique, le retour à l’unité primitive, l’harmonie des premiers temps, ceux d’avant le temps. » Ce qui peut nous faire réfléchir et éclairer peut-être la formule maçonnique : « Il n’y a pas de temps. »

Maçons contemporains, nous discernons aussi l’importance essentielle du tracé du tableau de loge (de préférence avec une craie à la main), au moment de la sacralisation du temple. Devant nos yeux se construit un temple de pierre et simultanément en nous en silence notre Temple intérieur. Nous assistons, à l’élévation des colonnes, des marches de l’occident, jusqu’aux marches de l’orient pour accéder au sanctuaire et tournons notre regard vers la Lumière, la Grande Lumière unique et éternelle.

Peu importe la voie traditionnelle spirituelle choisie, elle a une dimension cosmique et spirituelle, elle est universelle, elle est le lien entre existence et essence.

                                            Jean-François Guerry

 

 

Pour aller plus loin :

Lire : Bernadette Cappello Mystère et secrets de la cérémonie de fondation d’une loge maçonnique. Collection Quête spirituelle sous la direction de Joël Gregogna aux Éditions Numérilivre 211 pages illustrées-  25€

www.numerilivre.fr

 

Notes pour réfléchir :  Hermès dit Lactance à découvert, je ne sais comment, presque toute la Vérité.

Les livres d’Hermès sont un trait d’union entre les dogmes du passé et ceux de l’avenir.

Les prêtres égyptiens selon Platon auraient dit des Grecs : Ô Grecs, vous n’êtes que des enfants. Des vieux enfants aussi incapables de chercher la Vérité que de conquérir la justice.

Platon ne serait qu’un Moïse ?

Une stèle du Musée de Berlin dit Monsieur Mariette appelle le soleil le premier né, le fils de Dieu, le Verbe. Sur l’une des murailles du Temple de Philae… et sur la porte du Temple de Medinet-Abou on lit : « C’est le soleil, qui a fait tout ce qui est, et rien n’a été fait sans lui jamais. » Cela rappelle les paroles de Saint-Jean 14 siècles plus tard.

POIMANDRÈS

poimandrès

Cette lumière, c’est moi, l’intelligence, ton Dieu, antérieur à la nature humide qui sort des ténèbres, et le Verbe lumineux de l’Intelligence, c’est le Fils de Dieu.

Ils ne sont pas séparés, car l’union c’est leur vie.

La parole de Dieu s’élança des éléments inférieurs vers la pure création de la nature, et s’unit à l’Intelligence créa- trice, car elle est de même essence (omooÚsioj).

En la vie et la lumière consiste le père de toutes choses.

Bientôt descendirent des ténèbres... qui se changèrent en une nature humide et trouble, et il en sortit un cri inarticulé qui semblait la voix de la lumière; une parole sainte descendit de la lumière sur la nature.

Ce qui en toi voit et entend est le Verbe du Seigneur ; l’Intelli- gence est le Dieu père.

Je crois en toi et te rends témoignage ; je marche dans la vie et la lumière,

O Père, sois béni, l’homme qui t’appartient veut partager ta sainteté comme tu lui en as donné le pouvoir.

saint jean

Dans le principe était le Verbe, et le Verbe était avec Dieu, et le Verbe était Dieu.

Il était dans le principe avec Dieu.

Toutes choses sont nées par lui, et rien n’est né sans lui, de tout ce qui est né.

En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes.

La lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas contenue.

C’est la lumière véritable qui illumine tout homme venant en ce monde.

À ceux qui l’ont reçue elle a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, à ceux qui croient en son nom.

Les Racines Profondes de la Franc-Maçonnerie, plongent dans le Nil
Message reçu d'un lecteur du Blog F.R Marie. qui a fait un voyage initiatique en Égypte.
Au sujet des origines égyptiennes possibles de la FM , en 1992 j’ai eu l’occasion de faire un voyage en Egypte, organisé par des FF et SS égyptologues pour des SS et des FF de toutes obédiences.
 
Nous avons pu voir et visiter des choses et des lieux qui ne sont pas ouverts au public. Notre attention a été attirée sur 2 choses en particulier.
 
Au temple de KARNAC un obélisque cassé est présenté horizontalement. Au sommet de cet obélisque pharaon est représenté recevant ses « pouvoirs » du dieu  PAR LES CINQ POINTS PARFAITS DE LA MAÎTRISE !!! ‘(En haut à droite de la photo)
 
Une allée monumentale  va du site de KARNAC ou temple de LOUXOR. Elle se termine par des sphinx qui l’a borde à gauche et à droite. Si on on considère le temple de LOUXOR comme l’ORT,  la partie de gauche de l’allée figure la colonne du Nord. Le premier sphinx sur la « colonie du nord », au plus prêt de l’ORT, a les yeux bandés !!!
 
Pour informations

 

Les Racines Profondes de la Franc-Maçonnerie, plongent dans le Nil
Les Racines Profondes de la Franc-Maçonnerie, plongent dans le Nil
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Publié le par Jean-François GUERRY
ERRATUM : Une lectrice vigilante Hirit à relevé une erreur dans mon texte. Spinoza n'a pas été condamné par l'église mais par la communauté juive. Mes excuses pour cette erreur et mes remerciements à Hirit.

 

Jean-François GUERRY

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Publié le par Jean-François GUERRY
MON AMIE LA ROSE
Photo de c_quintero sur Unsplash

Rose, rouge est le ciel quand le soleil se couche lentement à l’horizon, mais qu’est-ce qu’il y a sous la rose sub rosa, quel est le mystère de la rose ? Quel symbole ? La rose est présente dans toutes les traditions. 

Johannes Scheffler dit Angelius Silesius, médecin, poète mystique 1624-1677 originaire de Silésie, fût d’abord luthérien, puis adepte de la Rose-Croix enfin s’est convertit au catholicisme. Il a subi l’influence de Maître Eckart, Jacob Boehme entre autres. Il nous a donné des écrits dont le plus célèbre est Le pèlerin chérubinique, un voyageur errant à la recherche de la Lumière et de la Vérité. Un des distiques remarquables de son Pèlerin chérubinique est Sans pourquoi : La rose est sans pourquoi ; elle fleurit parce qu’elle fleurit, n’a de souci qu’elle-même, ne cherche pas si on la voit. »

Ce distique est bien mystérieux et pourtant conforme à ce que doit être un distique. C’est-à-dire la réunion de deux vers formant un ensemble complet par le sens. La rose est ainsi ici symbole de complétude, symbole d’amour complet, image de l’amour vivant réalisé.

Je me suis longtemps interrogé sur les paroles du Vénérable Maître au terme de ma cérémonie d’initiation, quand il m’a remis une rose symbole substitué à la deuxième paire de gants blancs qui était remise à l’initié pour être donnée à celle qui estime le plus, qu’il aime le plus. À mon sens cette rose n’a que peu de chose en commun avec cette deuxième paire de gants, sauf si ce n’est un symbole de pureté. Et si cette rose n’était que moi-même, c’est pourquoi elle est un don offert en signe d’amour et de fidélité à celle que j’aime. Un humble don puisque cette rose est posée entre ciel et terre comme moi-même au centre de la croix au point central de jonction entre ciel et terre. Entre l’horizontalité humaine, entre le monde visible accessible par mes sens et le monde invisible spirituel concevable par mon esprit. Cette rose qui pousse dans l’humus et s’élève vers le ciel par la grâce de la rosée céleste. Cette rose qui est au centre de moi-même et déverse dans mon cœur les larmes des matins lumineux, pour que mon cœur explose de joie et d’amour. Comment dès lors ne pas remettre à celle que j’aime le plus cette rose symbole d’amour. Cette rose a en réalité toujours été cachée secrètement en moi comme un trésor.

Je voudrais vous confier maintenant une anecdote récente. Le Vénérable Maître de ma loge symbolique organisant la cérémonie d’initiation d’un profane, m’a confié la tâche d’acquérir la rose rouge à lui remettre selon la coutume. La fleuriste chez laquelle je me suis rendu, m’a fait cette proposition singulière que j’ai d’abord interprété comme une action commerciale. Elle m’a dit : Pourquoi ne prenez-vous pas une rose éternelle, ces roses sont naturelles et pourtant elles ne se fanent jamais ! Comment en effet se fait-il que je sois passé à côté de ce symbolisme fort de l’éternelle beauté de la rose ? Ainsi, se réalise avec l’image de cette rose éternelle, la permanence de l’initiation et sa force principale qui est la transmission du message d’amour, sans lequel tout le reste n’est rien comme le disait Saint-Paul. Et voilà, que la rose et son éternité répondent à la question : Pourquoi la rose est sans pourquoi. Il nous reste à répondre au mystère essentiel, celui de notre essence, pourquoi la rose symbole à été déposée couverte de rosée céleste au centre de nous-mêmes, sans doute pour que notre cœur assoiffé d’amour puisse toujours battre, il reste encore une dernière question, qui ou quel puissant principe, et toujours il a déposé cette rose en nous, je ne sais pas. Je suggère, pour que tous les hommes un jour s’aiment d’amour et soient tous frères. Il va nous falloir aller cultiver nos jardins pour cueillir de nombreuses roses éternelles.

 

                                            Jean-François Guerry.

 

 

 

                                   

Les paroles de la chanson
« Cherche la rose »
{La rose, la rose}

Dans le sable du désert
Sur les dunes de la mer
Et tant pis si tu te perds,
Cherche la rose {la rose}

Aux lucarnes des prisons
Où l’on rêve de pardon
Où se meurt une chanson
Cherche la rose {la rose}

Sous les mousses, les orties
Dans les flaques de la pluie
Sur les tombes qu’on oublie
Cherche la rose {la rose}

Où s’attristent les faubourgs
Chez l’aveugle, chez le sourd
Où la nuit rêve du jour
Cherche la rose {la rose}

Au fond de ton cœur meurtri
Où la source se tarit
Où dans l’ombre monte un cri
Cherche la rose

Et battant tous les pavés
Si tu n’ l’a point trouvée
Tu l’auras au moins rêvée
Cherche la rose {la rose}
Cherche la rose {la rose}
La rose {la rose}
La rose {la rose}
La rose {la rose}
La rose {la rose}..
PAROLES DE Henri Salvador
On est bien peu de chose Et mon amie la rose Me l'a dit ce matin À l'aurore je suis née Baptisée de rosée Je me suis épanouie Heureuse et amoureuse Aux rayons du soleil Me suis fermée la nuit Me suis réveillée vieille
Pourtant j'étais très belle Oui, j'étais la plus belle Des fleurs de ton jardin
On est bien peu de chose Et mon amie la rose Me l'a dit ce matin Vois le dieu qui m'a faite Me fait courber la tête Et je sens que je tombe Et je sens que je tombe Mon cœur est presque nu J'ai le pied dans la tombe Déjà je ne suis plus
Tu m'admirais hier Et je serai poussière Pour toujours demain
On est bien peu de chose Et mon amie la rose Est morte ce matin La lune cette nuit A veillé mon amie Moi en rêve j'ai vu Éblouissante et nue Son âme qui dansait Bien au-delà des nues Et qui me souriait
Croit, celui qui peut croire Moi, j'ai besoin d'espoir Sinon je ne suis rien
Ou bien si peu de chose C'est mon amie la rose Qui l'a dit hier matin

PAROLES DE Cécile Gautier/Jacques Lancome

MON AMIE LA ROSE

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Chers Sœurs et Frères

 

Vous trouverez ci-joint le programme des entretiens d’été 2023 organisés par le Collège Maçonnique et tout spécialement Alain-Noël Dubart et Marie-Thérèse Besson et dont le thème général est :

Et si nous parlions d'amour ?

Il est nécessaire de vous inscrire, une seule fois, pour la totalité du cycle. Il est possible de s’inscrire à tout moment au cours de l’été.

 

Pour vous inscrire cliquez Ici puis renseignez les informations demandées.

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Si vous souhaitez inscrire un(e) profane, vous mettez des « XXXX » dans les cases concernant des éléments maçonniques.

Vous recevrez un mail de confirmation d’inscription en retour avec un lien qui ne sera pas actif.

Chaque semaine, par mesure de sécurité vous recevrez un nouveau lien de connexion pour l’entretien du jeudi suivant.

 

Découvrez en cliquant ici l'ensemble du programme des Entretiens d'été 2023 du 29 juin  au 7 septembre sur le thème :
 

Et si nous parlions d'amour ?

COMMUNIQUÉ COLLÈGE MAÇONNIQUE

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LE PARTAGE DES BIENS COMMUNS

LE PARTAGE DES BIENS COMMUNS

 

Mais au fait de quoi l’on parle à propos de biens communs ? L’emploi du pluriel, marque la polysémie de l’expression et ouvre la réflexion, voire le débat ce qui est ou doit être considéré comme des biens communs. Au sens le plus large possible les biens communs seraient ces biens que la nature à mis à notre disposition : la terre, l’eau, l’air, le feu énergie et lumière. Ces biens, nous sont donnés pour un usage raisonné et temporaire, nous sommes en quelque sorte locataire de ces biens ; puisque nous sommes de passage, et qu’à l’échelle du temps historique linéaire, la durée de notre passage est infiniment petite à peine quantifiable, ce qui devrait réduire notre vanité notre arrogance et favoriser notre humilité. Il semble que cette infime durée nous déresponsabilise, suivant l’expression après nous le déluge !

Notre éducation à ce sujet est inexistante, ont entend pas non plus les parents dire à leurs enfants prend soin de la terre, de l’eau, de l’air, des ressources naturelles dont l’usage irraisonné ne leur permet pas de se renouveler. Avons-nous sincèrement le désir de transmettre ces biens communs. Suis-je propriétaire ou locataire des biens communs ? Ces biens communs dans la Rome antique Res communis n’étaient pas privés par essence. Jusqu’à ce que les progrès de la technique attisent l’envie par certains de se les approprier pour leur seul profit. Ils sont souvent transformés en biens publics et puis par dégradation en biens privés. Pourtant Abel qui fait pâturer ses animaux sans enclos en nomade nous est si j’ose dire plus sympathique que Caïn l’exploitant agricole.

Les biens communs, devenus biens publics sont de fait la propriété de l’état, c’est jusqu’à là un moindre mal car l’état c’est nous. Mais ils vont progressivement attirer la convoitise des marchands. L’on parle souvent des responsabilités régaliennes de l’état, et peu de sa responsabilité de la gestion de nos biens communs, l’état à une tendance récurrente à la délégation pour fuir ses responsabilités ? Ainsi, des sociétés privées ou des individus s’emparent de la gestion et de l’exploitation de ces biens communs naturels. Je pense aux ressources d’eau, des sources naturelles, voire des nappes phréatiques dans certains pays, des énergies fossiles, des bords de côte, des plages qui sont privatisées, jusqu’à des morceaux de trottoirs savamment découpés en terrasses de débit de boisson, ou encore aux voies de communication routes et autoroutes et en ce moment des parcelles de terre publique accueillant des panneaux solaires.

On génère ainsi par cette marchandisation des sources naturelles à marche forcée de l’amertume un sentiment d’inégalité, de suppression de liberté, donc un manque de fraternité.

Le capitalisme favorisé par l’état n’ayant plus de limites sous-traite même ses délégations, qui échappent dès lors à tout contrôle. La multiplication des intermédiaires entrainant l’élévation des coûts. L’argument d’une meilleure gestion plus rigoureuse et moins onéreuse disparaît souvent, il suffit de voir les résultats des communes gérant la distribution de l’eau par exemple. Les biens communs ainsi monétarisés créés des inégalités générant des clivages et des fractures sociales.

À cet instant je vous invite à relire la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme du 10 décembre 1948. Dans le premier paragraphe de son préambule il écrit : « Considérant que la reconnaissance de la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine et de leurs droits égaux et inaliénables constitue le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde. »

Dans les droits égaux et inaliénables l’on peut concevoir que l’accès et l’usage des biens naturels et communs fait partie de ces droits. Puis vient l’Article premier : « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité. »

L’accès et l’usage des biens communs est un témoignage de fraternité. Est-il inconcevable que cela constitue une priorité, surtout dans nos riches sociétés occidentales. Les fonctions régaliennes royales d’un état ne sont-elles pas outre la sécurité, la défense de son territoire, de rendre la justice dans le droit et je rajoute d’assurer à ses citoyens l’accès et l’usage égal aux biens communs. Premier pas nécessaire et essentiel pour faire communauté nationale et non communautarisme ou communauté d’intérêts. L’appartenance à cette communauté ne peut se faire qu’en agissant les uns avec les autres et les uns pour les autres. En clair construire en commun, nous avons bien été capable de construire des Temples et des Cathédrales de pierre, il s’agit là de construire des Temples de l’esprit propices à accueillir une société unie autour de biens communs. Cela implique un rééquilibrage entre liberté et droits individuels et liberté et droits communs, une prise de conscience du commun. Une appropriation du collective du commun, pour éviter de brûler les Mairies que l’on appelle aussi Maisons Communes. C’est peut-être un début de solution à nos maux, faire à tout prix du commun.

        

                                    Jean-François Guerry.  

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Tableau de Jean Beauchard Eklablog.

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ET SI LA FRANC-MAÇONNERIE ÉTAIT UNE PHILOSOPHIE DE L’AUTRE ?

 

La Franc-maçonnerie est-elle une philosophie de l’autre et non pas une philosophie de l’être est-ce inconcevable ? Si elle était une initiation qui révèle l’autre, une épiphanie de l’autre. Après tout pourquoi pas, puisque qu’elle affirme être fondée sur la fraternité. Encore faut-il s’entendre sur la définition de la fraternité, n’est-elle qu’un mot ? Et sur l’autre, qui ne peut être un concept, en effet selon Aristote le concept est ce qui se réfère à l’essence et non au propre de l’autre. Le concept ne serait qu’objet et non sujet. Selon une définition classique le concept est la représentation abstraite d’un objet ou d’un ensemble d’objets ayant un caractère commun, une idée que se fait l’esprit humain d’un objet de pensée.

Depuis l’antiquité les philosophies sont des philosophies de l’être, elles réduisent la définition de la fraternité dans un rapport de l’être par rapport à moi, une réduction de l’autre à moi, ignorant sa différence radicale, sa singularité. Seul Levinas changera cette idée de l’autre, et deviendra la référence en terme de philosophie de l’altérité en  proposant un regard différent du visage de l’autre il concevra l’autre comme radicalement totalement définitivement absolument différent. Inaugurant une rupture par rapport au mot Frater qui considère la fraternité comme l’ensemble de l’espèce humaine illustrée par la formule : tous les hommes sont frères. Qui va même plus en envisageant un regroupement des hommes dans un au-delà suivant une autre formule mise en chanson : ce n’est qu’un au revoir mes frères, car nous nous reverrons tous… Cette fraternité prend la forme une forme communautaire, elle est même une suprématie que dénonce Levinas : un pouvoir de moi, de mon moi sur l’autre qui dès lors se transforme en objet, c’est le concept de l’autre. Qui passe de sujet unique à un objet, perdant tout ou partie de sa singularité. Autrui dans la philosophie de Levinas n’est pas moi ou une forme de moi, il est autre que moi. Sa pensée est différente de celle de Platon qui reconnaît la famille humaine comme Une, c’est aussi la pensée des religions monothéistes exprimée dans l’injonction : tu aimeras ton prochain comme toi-même. Injonction que l’on retrouve dans le Lévitique (* 1) ou encore dans les Évangiles Marc(* 2), Mathieu (* 3), Luc (* 4), les Épîtres de Jacques (* 5), les Épîtres de Paul aux Romains (*6)aux Corinthiens (*7) et enfin les Épîtres de Jean. L’on trouve aussi cette injonction dans les Hadîths de l’Islam (*9) L’on peut aussi croiser cette injonction formulée différemment dans les traditions orientales comme le Bouddhisme, le Confucianisme, l’Hindouisme et en occident dans l’humanisme. Il demeure que cet amour fraternel de l’autre à une forme conditionnelle : je l’aime pourvu qu’il me soit semblable, cela ressemble bien à un repli identitaire. La fraternité devient se transforme en une sorte de complicité entre êtres semblables, une complicité avec mon prochain. Plus facile, à accepter et à réaliser, une sorte de fraternité entre-soi. C’est une fraternité atténuée, diminuée, en fait une solidarité vantée par Léon Bourgeois qui lutta sans succès pour quelle se substitue jusque dans notre devise républicaine. La fraternité, l’altérité devenant alors un rapport réciproque entre êtres semblables, un rapport symétrique de visage à visage. L’autre devenant exclusivement mon proche, mon prochain, je le reconnais comme tel, alors je lui donne l’accolade fraternelle.Nous sommes dès lors, même si ce n’est pas agréable à dire dans une catégorie de fraternité, une fraternité sélective. Qui introduit en creux une reconnaissance singulière, particulière donc non universelle, une fraternité du donnant donnant, une fraternité qui exclue la gratuité du don et qui écarte l’étranger.

Vous m’objecterez avec justesse que la Franc-maçonnerie qui puise ses valeurs et surtout ses vertus dans toutes les traditions et les philosophies est de ce fait universelle, que de plus le Franc-maçon initié ayant progressé vers les plus hautes sphères de la Connaissance spirituelle a pris conscience d’une religion universelle appelée Tradition Primordiale unique est donc aussi fraternel avec son proche, son prochain que son lointain. Est-ce aussi sûr ? Certes, il s’engage au terme de son initiation s’il en est un, à répandre dans le monde qu’il qualifie de profane les vertus et valeurs morales qu’il a reçues. Ce qui induit qu’il pense détenir de fait une suprématie sur l’autre qui ne posséderait pas ces vertus et valeurs. Il introduit donc un rapport de domination et non de responsabilité de l’autre. Le fait même qu’il soit le gardien de son frère introduit un rapport hiérarchique entre lui et l’autre. Comme le Franc-maçon sincère envisage de répandre sur toute la surface de la terre les vertus qui naissent de la charité. Il conviendrait peut-être de privilégier une formulation différente à l’injonction : tu aimeras ton prochain comme toi-même. Par tu aimeras tous les hommes, outu aimeras ton prochain et ton lointain, ou encore tu aimeras tout le vivant, ou enfin simplement tu aimeras. Ceux qui ont écrits les textes vétero et néotestamentaires ont forcément réfléchi à ce problème, c’est pourquoi peut-être ils ont fait précéder cette injonction d’une injonction plus originelle, plus créatrice tu aimeras ton Dieu. Dieu que l’on peut remplacer par Grand Architecte de l’Univers, c’est-à-dire un principe et non un concept.

Nous avons pris la mesure de la difficulté de définir l’autre, l’altérité et la fraternité ; à contrario de l’égalité et de la liberté qui peuvent êtres conçues, encadrées par des règles, parfois contestées mais il existe toujours une possibilité d’amélioration. La fraternité c’est plus difficile, d’ailleurs si l’autre est mon frère quel est notre père commun, notre origine commune ? Suis-je prêt à admettre que tous les hommes sur toute la terre sont mes frères ?

C’est là, je reviens à Levinas parce qu’il est génial ! Il rattache la fraternité à la justice qui est une conséquence de la fraternité. Pour lui la fraternité c’est autrui, c’est tous les autres et c’est la fondation de la justice. Si nous, nous arrêtons un peu en réfléchissant sur ce que nous demande la Franc-maçonnerie. Elle nous demande d’aimer les autres nos frères et de défendre la justice, de lutter contre toutes les oppressions, les tyrannies, les dictatures de toutes sortes. La philosophie de Levinas sa philosophie première est une métaphysique de l’éthique. Qui va au-delà de la morale qui régit les rapports sociaux, elle recherche de la plénitude de l’homme de sa complétude donc en analogie avec l’initiation maçonnique. La fraternité nous apparaît comme un avant ontologique et éthique, elle est originelle sans fin et sans commencement elle est. Elle fait partie de nous, elle peut surgir du tréfonds de nous-mêmes à tout moment, par exemple lors d’attentas comme Charlie Hebdo ou les Twin Towers de New-York ou un Tusnami, elle est donc espérance. Il nous faut en faire l’expérience, l’éprouver à travers un danger, elle ouvre la porte pour atteindre l’invisible, elle est le lien entre tous. Elle se manifeste lors de ces dangers, elle apparaît alors comme un lien entre tous les hommes, révèle notre humanité, notre compassion fraternelle, notre altérité diraient les bouddhistes. Elle attachée à nous-mêmes, elle est attachante, bien plus que l’égalité et la liberté qui ne peuvent se réaliser sans elle, à ce titre elle mériterait de trôner en tête de notre devise républicaine.

L’on pourrait aller jusqu’à dire qu’elle nous est consubstantielle liant cœur et raison. Hannah Arendt disait ce qui nous manque : « C’est un cœur intelligent. » Les Francs-maçons avec humilité le savent quand ils parlent de l’intelligence du cœur. Je dirais presque pour conclure qu’il nous faut savoir vivre en fraternité et au minimum être capable de partager le plus souvent possible des moments de fraternité comme l’écrivait Régis Debray. Décidemment la Franc-maçonnerie qui fait une part belle à la fraternité, est sans doute proche d’une philosophie de l’autre qui présente des analogies avec celle de Levinas. Pour finir par un chant d’espérance je vous soumets ces quelques lignes du poète de l’Isle sur la Sorgue René Char : « Ensemble nous remettrons la nuit sur ses rails et nous irons tour à tour nous détestant et nous aimant jusqu’au étoiles de l’aurore. »

René Char. – Les Visages du temps- Une sérénité crispée.

 

                                                     Jean-François Guerry.

Notes et commentaires toutes les citations sont issues de la Bible de Jérusalem et les commentaires personnels.

*1- Lévitique : 19- 18 dans « Prescriptions morales et cultuelles. »

« Tu ne te vengeras pas et tu ne garderas pas de rancune envers les enfants de ton peuple. Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Injonction qui croise celle de la genèse tu seras le gardien de ton frère. Qui fait référence à ton peuple et ton prochain semblant écartant les autres, les étrangers, les différents ceux qui ne sont ni de ton peuple et les lointains, les étrangers.

 

*2-Évangile de Marc 12- 31,32, 33 dans « Premier commandement. » « Voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux-là (le premier était tu aimeras ton Dieu…) Le scribe lui dit : « Fort bien, Maître, tu as eu raison de dire qu’il est unique et qu’il n’y a pas d’autre que Lui, l’aimer de tout son cœur, de toute son intelligence et de toute sa force, et aimer le prochain comme soi-même, vaut mieux que tous les holocaustes et tous les sacrifices. » L’on voit ici que le premier amour est celui de Dieu du principe de l’Un qui est tout l’alfa et l’oméga. Le second amour va vers le prochain et le lointain ? La conclusion fait remarquer que l’amour surpasse tous les dons ou que l’amour est le don le plus ultime jusqu’au sacrifice de soi. On remarque aussi l’alliance de la Raison et du Cœur pour parvenir à l’amour, cette union est l’intelligence du cœur.

 

*3-Évangile Mathieu : 7- 12 dans « Règle d’or. » « Ainsi, tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le vous-mêmes pour eux : voilà la loi des Prophètes. » Loi des Prophètes mais aussi Loi maçonnique !

Évangile Mathieu : 22- 39 dans « Le plus grand commandement » « Le second lui est semblable (Après le premier qui est l’amour de Dieu) : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. »

 

*4 Évangile Luc : 10- 27 dans « Le grand commandement » « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute âme, de toute ta force et de tout ton esprit ; et ton prochain comme toi-même »

Évangile Luc : 10- 36, 37 dans « La Parabole du bon samaritain » « Lequel de ces trois, (Le prêtre, le Lévite et le Samaritain) à ton avis, s’est montré, s’est montré le prochain de l’homme tombé aux mains des brigands ? » Il dit Celui-là qui a exercé la miséricorde envers lui. » Cette parole semble être l’exception qui confirme la règle, c’est-à-dire que l’amour semble être universel, appliqué envers le lointain, le bon samaritain ne faisant pas de distinction entre les hommes en pratiquant la miséricorde vis-à-vis de son lointain. Reste une interrogation se sent-il responsable de son lointain ou supérieur à son lointain en lui accordant sa miséricorde ? Je dirais pour ma part qu’il pratique l’amour de son lointain en donnant ses deniers à l’aubergiste qui prend soin du blessé, parce qu’il fait ce don sans ostentation, comme doit le faire un bon Franc-maçon de manière à ne pas humilier celui qui reçoit, il ne recherche pas à obtenir un avantage pour son don.

 

*5,6,7 Épîtres de Jacques, Paul et Jean.

Épître de Jacques dans : « Le respect des pauvres ». 2- 8 « Si donc vous accomplissez la Loi royale suivant l’Écriture : Tu aimeras ton prochain comme toi-même, vous faites bien ; mais si vous considérez les personnes, vous commettez un péché et la Loi vous condamne comme transgresseurs. » Cette interprétation interroge une deuxième fois, donc il y aurait une exception supplémentaire à la règle d’amour vis-à-vis de son seul proche. Cela rejoint une fois de plus la Loi maçonnique qui impose l’amour de l’autre en général qu’il soit riche ou pauvre pourvu qu’il soit vertueux (Levinas ajouterait peut-être, même s’il n’est pas vertueux, comme un devoir absolu d’aimer l’autre.) Il s’agit là de l’amour de l’homme comme humain et non comme personne.

En 2-13 dans l’Épître de Jacques ont lit : « Car le jugement est dans la miséricorde pour qui n’a pas fait miséricorde ; mais la miséricorde se rit du jugement. »

 

Épîtres aux Romains 13- 8,9,10 dans « La charité résumé de la Loi. » « N’ayez pas de dettes envers personne, sinon celle de l’amour mutuel. Car celui qui aime autrui a de ce fait accompli la loi. En effet, le précepte : Tu ne commettras pas d’adultère, tu ne tueras pas, tu ne voleras pas, tu ne convoiteras pas, et tous les autres se résument en cette formule : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. La charité ne fait tort au prochain. La charité est donc la Loi dans sa plénitude. ». Cette Épitre s’inscrit dans un contexte des lois morales sociales qui font société, comme une réponse des croyants à des interrogations de non croyants démontrant que la Loi d’Amour s’applique dans l’humanisme également et pas seulement dans la religion.

Première Épître aux Corinthiens 13- de 1à 7. Dans « La hiérarchie des charismes. Hymne à la charité. » « Quand je parlerais les langues des hommes et des anges, si je n’ai pas la charité, je ne suis plus qu’airain qui sonne ou cymbale qui retentit. Quand j’aurais le don de prophétie et que je connaîtrais tous les mystères et toute la science, quand j’aurais la plénitude de la foi, une foi à transporter les montagnes, si je n’ai pas la charité, je ne suis rien. Quand je distribuerais tous mes biens en aumônes, quand je livrerais mon corps aux flammes, si je n’ai pas la charité, cela ne sert à rien. La charité est longanime ; la charité est serviable ; elle ne fanfaronne pas, ne se gonfle pas ; elle ne fait rien d’inconvenant, ne cherche pas son intérêt, ne s’irrite pas, ne tient pas compte du mal ; elle ne se réjouit pas de l’injustice, mais elle met sa joie dans la vérité. Elle excuse tout, elle croit tout, espère tout, supporte tout. » On peut difficilement faire un hymne plus beau et bon de la charité, qui est ici totalité de la Loi universelle d’amour.

 

Première Épître de Jean 4- 7,8, 21 dans « Aux sources de la charité et de la foi » « Bien-aimés, aimons-nous les uns les autres, puisque l’amour est de Dieu et quiconque aime est né de Dieu, et connaît Dieu. Celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu car Dieu est Amour.

Oui voilà le commandement que nous avons reçu de lui : que celui qui aime Dieu aime aussi son frère.

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PARUTION : Pierre Coïc – Parcourir le Rite Écossais Ancien et Accepté du 4ème degré au 30ème degré. Éditions Maïa.

 

Pierre Coïc

Parcourir, c’est-à-dire prendre le chemin et plus même le faire partager. Telle est l’ambition de Pierre Coïc, fort de son presque demi-siècle de pratique du Rite Écossais Ancien et Accepté. C’est un témoignage que se propose de nous transmettre l’auteur, une réflexion qui va du 4ème degré au 30ème degré sur le Rite Maçonnique le plus pratiqué dans le monde. Dans un préambule il avertit ses lecteurs avec humilité qu’il n’entend pas lever le voile sur une Vérité, mais simplement les faire bénéficier si tel est leur désir de son interprétation personnelle d’un Rite si riche qu’il permet à chacun par sa pratique de donner du sens et un sens à sa vie, de construire sa vie et de s’insérer à sa place dans le monde. C’est le projet de l’initiation maçonnique, la perspective de tous ceux qui frappent un jour à la porte du temple. Un parcours qui permet de mettre de l’esprit dans la matière, de transformer l’homme en humain, de passer de l’avoir à l’Être. C’est sans doute pourquoi le « Parcours » auquel nous invite P. Coïc commence au 4ème degré du Rite au-delà donc des trois premiers degrés symboliques, au moment où l’initié tourne son regard vers les hautes sphères de la Connaissance Spirituelle, le moment où le Temple est dans l’homme, le moment où l’initié a suffisamment persévérer sur la route du Devoir pour pouvoir comprendre que ce qui est en bas est comme ce qui est en haut que le temple à construire est dans l’homme, que le temple est l’homme.

C’est donc un homme libéré des pesanteurs, qui nous convie à la suivre dans son parcours et a en partager le meilleur des valeurs et des vertus cultivées sur le temps long nécessaire à la réalisation de l’homme spirituel ami de la sagesse si tel est notre désir. De nombreux ouvrages traitent du Rite Écossais Ancien Accepté, si l’on met à part ceux qui traitent de son histoire, de ses racines profondes et récentes, de ses cérémonies, de ses symboles disséqués. Il reste les ouvrages qui rendent compte en creux, dans les interlignes de la transformation de l’homme grâce à la pratique du Rite, ce sont pour moi les marqueurs essentiels qui donnent sa valeur au Rite. Ce sont les ouvrages dont la lecture provoque chez le lecteur, des réflexions sur son propre parcours, des ouvrages qui obligent de temps à autre de lever la tête. Le cheminement à travers la progression des degrés initiatiques, installe une hiérarchie qui ne peut en aucun cas être d’honneur, mais qui est spirituelle. L’on constate au fur et à mesure de la progression des initiés que leurs paroles se font plus rares et leurs silences plus grands, comme un retour au premier degré de leur initiation. Fort de ce constat je reviendrais vers vous pour une ou des récensions lorsque comme à mon habitude j’aurais lu intégralement le livre de Pierre Coïc, qui est désormais disponible.

                                                     Jean-François Guerry.

Pierre Coïc – Parcourir le Rite Écossais Ancien et Accepté du 4ème au 30ème degré.Éditions Maïa. 34€

www.editions-maia.com

Note éditeur :

 

Vie du livre

Vivre le Rite écossais ancien et accepté est une aventure que je vous propose de partager à la vue de mon entendement. C’est-à-dire qu’il n’y a aucune vérité qui ne sortira de cet ouvrage, rien qu’une simple interprétation d’un vécu et pas plus sur les différents degrés parcourus. S’il y a une certitude, ce sera celle qu’il m’a semblé percevoir jusqu’à sa prochaine remise en cause, car c’est ainsi que la vie maçonnique s’exprime, par des recherches et des conclusions qui forment un nouveau point de départ et, de cette manière, on avance sans se soucier du but à atteindre, l’essentiel est le chemin.
La vie maçonnique est une ascèse, c’est-à-dire qu’elle entraîne à produire un effort visant à la perfection spirituelle par une discipline constante de vie.

L’auteur, en quelque sorte, traduit quarante-huit années de pratique maçonnique, et l’analyse qu’il présente sur les différents degrés du Rite met en relief la particularité de chacun des degrés évoqués. S’il témoigne certes de son parcours dans son ouvrage, il va au-delà, car il s’ouvre au partage de son expérience.

PARUTION : Pierre Coïc - Parcourir Le Rite Écossais Ancien et Accepté du 4ème au 30ème degré aux Éditions Maïa.

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Publié le par Jean-François GUERRY
LU DANS LA PRESSE. Pierre Fauve L’État sauvage- de Plougastel- Daoulas. (Là où est la fin de la terre)

LU DANS LA PRESSE. Pierre Fauve L’État sauvage- de Plougastel- Daoulas. (Là où est la fin de la terre)

 

Je succombe au désir de vous faire partager ce courrier d’un lecteur du journal le Télégramme du 17 juillet 2023 en rapport avec les événements récents qui ont secoués le pays. Je ne sais pas si notre pays est apaisé mais il me semble que les cendres des dégâts sont encore chaudes et que la volonté d’éteindre rapidement l’incendie et de passer à autre chose, n’est pas à la hauteur du problème, et que ce n’est pas dans l’immédiateté permanente que les solutions pourront voir le jour. Je laisse la plume à Monsieur Pierre Fauve.

 

 Schopenhauer avait raison :« Les hommes sont mille fois plus acharnés à acquérir des richesses que la culture. »

Les images de jeunes pillant des supermarchés (détruisant au passage des médiathèques) dans la nuit incendiaire nous rappellent que l’accès à la consommation immédiate est l’allumette qui enflamme la mèche des banlieues depuis longtemps : le temps long d’une intégration sociale est perçu comme une énorme frustration impossible à contenir à l’heure des paniers d’Amazon qu’on remplit en trois clics sur nos écrans.

Ajoutez à cela le désœuvrement, la ghettoïsation des cités, les réseaux sociaux, antinomiques à toute analyse et recul, qui accélèrent la réaction et libèrent les instincts, la frustration engendrée par la réussite pécuniaire insolente des influenceurs ou des sportifs, miroirs en creux de votre condition, l’insatisfaction spinoziste de désirs d’avoir et non d’être, les nouveaux intégrismes écologiques qui remplacent le sacré, l’amplification du communautarisme et la dérive Wokiste, le sentiment d’un déclassement social pérenne, l’effondrement de piliers qui soutenaient la voûte démocratique, sans compter les amalgames et les discours irresponsables d’élus censés guider la chose publique (res publica), et vous assistez, au journal de 20h à une maïeutique explosive qui remplace l’État de droit par l’État sauvage.

Assez de frontières, de filtres, de lois, de règles de présomption d’innocence, d’autorité morale et civique, passons directement à l’accusation, l’insulte, la menace, la violence, la destruction : la radicalité des propos qui assoit la notoriété médiatique et électoraliste est devenue la ligne droite de votre point A à son point B. Finalement, on n’a jamais cru à autant de choses depuis que l’on ne croit plus à rien : « Le vieux monde se meurt, le nouveau tarde à apparaître et, dans ce clair-obscur, surgissent les monstres » : Gramsi était un visionnaire, nous y sommes. Le débat qui nous empêche de nous battre est devenu impossible. Reste l’espoir de Pandore car, là ou croit le péril, croit toujours ce qui sauve.

L’inefficacité du chéquier à tout faire, Didier Veller je réagis au « Courant d’ère » d’Hervé Hamon publié sous le titre « L’exil et la haine » (*). D’abord, la situation actuelle découle des petites et grandes lâchetés de nos dirigeants depuis trente-cinq ans : les Mitterrand, Chirac, Sarkozy, Hollande et Macron sont tous coupables, sauf, que le dernier cité subit le cumul des erreurs de ses prédécesseurs, en plus des siennes il a eu, au moins le mérite de comprendre que la politique du chéquier à tout faire était inefficace. Il faudrait arrêter d’infantiliser « les exilés » et leurs parents. Comment alors qu’une vague de violence se répand dans les villes, des parents responsables laissent-ils, sans lui poser de questions, leur enfant mineur et cagoulé de noir sortir à 11h du soir ? Au vu de leur échec scolaire ces « exilés », lorsqu’ils incendient les écoles et les bâtiments des services publics, manifestent surtout leur haine d’eux-mêmes.

Cette analyse en forme de constat, donne dans sa conclusion la seule et unique solution si l’en est encore c’est le duo de la responsabilité des parents et de l’état qui doit mettre en place le cadre pour que l’éducation nationale soit efficace, sans faiblesse. Et pour tous ceux qui légitimement ou non ne supportent pas l’exil et ses contraintes, l’état doit agir comme le fit Darius en son temps avec les juifs chassés de Jérusalem en favorisant le retour à leur terre natale, non pas en les expulsant mais en créant et accompagnant leur retour avec ceux qui sont rester vivre au pays. La tâche est difficile elle nécessite courage, engagement, abnégation, mais surtout pas haine et exclusion, et plus encore patience et persévérance et non immédiateté, qui pourrait croire que l’on peut apaiser un pays et résoudre ces problèmes en 100 jours, l’ambitieux Napoléon en a fait déjà l’amer constat.

*Le Télégramme du 9 juillet 2023. 

Auteurs cités dans l'article ci-dessus
Didier Veller

Didier Veller

Didier Veller dédicacera son quatrième ouvrage « Besoins d’ailleurs. Mes chroniques maliennes 2003-2008 et 2015-2022 », ce mercredi 3 mai 2023, à Carantec. Cet ancien fonctionnaire du ministère des Finances, né à Paris mais qui a choisi Carantec comme port d’attache depuis 1987, raconte dans cet ouvrage riche en anecdotes sa vie de tous les jours au Mali, « pays paradoxal et complexe ». Son regard est d’autant plus affûté qu’il y a effectué deux séjours à des périodes et à des postes d’observation très différents. Le premier séjour en tant que chef du service économique à l’ambassade de France et le deuxième en tant que chef de bureau pour l’Afrique de l’Ouest de Sikana, une ONG éducative française. Entre-temps, le Mali a connu le coup d’État de 2012, la guerre de 2013 et la propagation du djihadisme.

Antonio Gramsci

Antonio Gramsci

 

Des concepts toujours agissants

Gramsci, une pensée devenue monde

Mener la bataille des idées pour soustraire les classes populaires à l’idéologie dominante afin de conquérir le pouvoir… Fréquemment citées, mais rarement lues et bien souvent galvaudées, les analyses qu’Antonio Gramsci développe alors qu’il est incarcéré dans les geôles fascistes au début des années 1930 connaissent une remarquable résurgence. De l’Europe à l’Inde en passant par l’Amérique latine, ses écrits circulent et fertilisent les pensées critiques.

par Razmig Keucheyan 

 

Pourquoi ce qui a été possible en Russie en 1917, c’est-à-dire une révolution ouvrière, a-t-il échoué partout ailleurs ? Comment se fait-il qu’à l’époque le mouvement ait été défait dans les autres pays européens — en Allemagne, en Hongrie, mais aussi dans l’Italie des « conseils de Turin », lorsque les ouvriers du nord du pays, en 1919-1920, occupèrent leurs usines pendant plusieurs mois ?

Cette question est au point de départ des célèbres Cahiers de prison (1) d’Antonio Gramsci, lequel, jeune révolutionnaire, avait fait ses premières armes lors de l’expérience turinoise. Rédigée quelques années après le reflux de ce processus, cette œuvre politique majeure du XXe siècle livre une profonde méditation sur l’échec des révolutions en Europe, et sur la façon de surmonter la défaite du mouvement ouvrier des années 1920 et 1930. Trois quarts de siècle après la mort de Gramsci, elle continue de parler à tous ceux qui n’ont pas renoncé à trouver les voies d’un autre monde possible.

Etrangement, elle parle aussi à ceux qui s’acharnent à empêcher que cet autre monde advienne. « Au fond, j’ai fait mienne l’analyse de Gramsci : le pouvoir se gagne par les idées. C’est la première fois qu’un homme de droite assume cette bataille-là », déclarait ainsi M. Nicolas Sarkozy quelques jours avant le premier tour de l’élection présidentielle de 2007 (2).

La récupération de l’auteur des Cahiers de prison par l’extrême droite, dont étaient issus certains proches conseillers de M. Sarkozy — notamment M. Patrick Buisson —, est en réalité une vieille affaire. Il est ainsi une référence centrale pour la « nouvelle droite », son principal théoricien Alain de Benoist qualifiant sa stratégie de « guerre culturelle » de « gramscisme de droite » (3). Ce détournement n’a pourtant pas empêché que, tout au long du XXe siècle, Gramsci fasse l’objet de réinterprétations stimulantes par les courants révolutionnaires à travers le monde.

Que la révolution ait été possible en Russie mais non en Europe occidentale tient selon Gramsci à la nature de l’Etat et de la société civile. Dans la Russie tsariste, l’essentiel du pouvoir est concentré dans les mains de l’Etat ; la société civile — partis, syndicats, entreprises, presse, associations... — est peu développée. Prendre le pouvoir dans ces conditions, comme l’ont fait les bolcheviks, suppose avant tout de se saisir de l’appareil d’Etat : armée, administration, police, justice... La société civile étant embryonnaire, quiconque détient le pouvoir d’Etat est en mesure de l’assujettir. Bien entendu, une fois l’Etat saisi, les ennuis commencent : guerre civile, relance de l’appareil productif, rapports délicats entre la classe ouvrière et la paysannerie…

En Europe de l’Ouest, en revanche, la société civile est dense et autonome. Sous l’effet de la révolution industrielle, elle se constitue progressivement en siège de la production. Elle détient une part importante de la somme totale du pouvoir, si bien qu’il ne suffit pas de s’emparer de l’Etat : il faut encore régner dans la société civile, le problème étant qu’on ne la conquiert pas de la même façon. Cela suppose que le changement social prenne des formes distinctes du cas russe. Non que les révolutions en Europe de l’Ouest soient devenues impossibles, loin s’en faut ; mais elles devront s’inscrire dans une « guerre de position » au long cours.

Du péronisme aux « subaltern studies » 

Gramsci veut être fidèle à la révolution russe — il est un admirateur de Lénine, à qui il ne cesse de rendre hommage dans les Cahiers de prison. Mais il a également compris que cette fidélité impliquait, en pratique, de changer la façon de faire les révolutions. Sa théorie de l’« hégémonie » trouve son point de départ dans ce constat. La lutte des classes, dit Gramsci, doit désormais inclure une dimension culturelle ; elle doit se poser la question du consentement des classes subalternes à la révolution. La force et le consentement sont les deux fondements de la conduite des Etats modernes, les deux piliers d’une hégémonie. Quand le consentement vient à manquer — comme ce fut par exemple le cas en 2011 dans le monde arabe —, les conditions sont réunies pour le renversement du pouvoir en place.

La première édition des Cahiers de prison paraît à la fin des années 1940. Elle est placée sous la responsabilité de Palmiro Togliatti, le secrétaire général du Parti communiste italien (PCI), qui gardera jusqu’au début des années 1960 la haute main sur la mise en circulation des écrits de son défunt camarade (lire « Au service de la révolution »). Dès cette époque, l’œuvre de Gramsci sert de point de ralliement à tous ceux qui, dans le monde, cherchent à combiner fidélité à la révolution d’octobre et volonté d’adapter le processus à des contextes sociopolitiques parfois très éloignés du cas russe. C’est ce qui explique la rapide diffusion internationale des thèses de Gramsci, et la constitution de courants gramsciens sur l’ensemble du globe. Des Cahiers de prison, on peut ainsi dire qu’il s’agit de l’une des premières théories critiques mondialisées.

Trois cas très différents les uns des autres illustrent cette circulation. L’Argentine devient dès le milieu du XXe siècle le lieu d’une importante tradition gramscienne, avant que d’autres pays du continent, comme le Brésil, le Mexique ou le Chili, se plongent eux aussi dans l’étude des Cahiers de prison. La rapidité et l’ampleur de la réception de Gramsci en Argentine s’expliquent par l’importance de l’immigration italienne. Elles sont également dues au fait que ses principaux concepts — « hégémonie », mais aussi « césarisme » ou « révolution passive » — y sont mis à contribution pour comprendre ce phénomène politique typiquement argentin qu’est le péronisme.

Plus généralement, ils servent alors à analyser les régimes militaires « progressistes » ou « développementalistes » — outre Juan Domingo Perón en Argentine, Lázaro Cárdenas au Mexique ou Getúlio Vargas au Brésil — qui apparaissent dans la région. Ces pouvoirs mettent en œuvre des formes de « modernisation conservatrice », ni révolution ni restauration, fréquentes au XXe siècle dans les pays du tiers-monde, qui se modernisent tout en s’assurant que les inégalités de classe ne soient pas fondamentalement remises en cause.

La notion de « révolution passive », que Gramsci forge dans les Cahiers de prison lorsqu’il examine la formation de l’Etat-nation italien au XIXe siècle, décrit précisément ce type de processus politique ambivalent. Parfois, ces révolutions sont conduites par un « césar » — d’où l’idée de « césarisme » —, c’est-à-dire par un chef charismatique qui établit un lien immédiat avec les masses, dont les exemples, là encore, ne manquent pas dans l’Amérique latine des siècles passés et présent.

Parmi d’autres, des penseurs comme José Aricó, Juan Carlos Portantiero, Carlos Nelson Coutinho ou Ernesto Laclau produisent alors des lectures novatrices des Cahiers de prison, dont l’influence s’étend d’ailleurs bien au-delà de l’Amérique latine (4). A l’exemple de Gramsci lui-même, beaucoup de leurs interprètes les plus importants sont engagés dans la lutte révolutionnaire qui fait rage sur le continent dans les années 1960 et 1970.

Le parti des opprimés 

A l’autre bout de la planète, les idées de l’intellectuel italien atteignent l’Inde dès les années 1960. Il est une grande référence des études postcoloniales (postcolonial studies). Le principal fondateur de ce courant, le Palestinien Edward Said, y a recours pour formuler sa critique de l’orientalisme, c’est-à-dire des représentations de « l’Orient » en vigueur dans le monde occidental (5). Sous l’influence de Said, mais aussi des historiens marxistes britanniques Eric Hobsbawm et E. P. Thompson, émerge dans les années 1970 un secteur spécifiquement indien des études postcoloniales : les études subalternes (subaltern studies).

Ce courant, représenté notamment par Ranajit Guha, Partha Chatterjee (6) et Dipesh Chakrabarty, emprunte son nom directement à Gramsci. L’expression « subalternes » figure en effet dans l’intitulé du cahier de prison n° 25, dont le titre exact est « Aux marges de l’histoire. Historiographie des groupes sociaux subalternes ». Les « marges de l’histoire », c’est-à-dire les groupes sociaux absents des histoires « officielles », mais susceptibles, lorsqu’ils entrent en activité, de bouleverser l’ordre social.

La circulation des concepts gramsciens de l’Italie du début du XXe siècle à l’Inde des années 1970 s’explique par la proximité des structures sociales de ces pays, et notamment par la présence dans les deux cas d’une paysannerie importante. Dans le texte qu’il écrit en 1926, juste avant son incarcération, « Quelques thèmes de la question méridionale », Gramsci préconise une alliance entre la classe ouvrière du nord de l’Italie, numériquement minoritaire mais économiquement et politiquement ascendante, et la paysannerie du Sud, encore nombreuse à cette époque. Les « subalternistes » indiens préconiseront le même type de stratégie dans leur pays.

Un troisième courant s’est attaché à penser la géopolitique à l’aide des concepts proposés par l’auteur des Cahiers de prison. Il se présente sous l’appellation de théorie « néogramscienne » des relations internationales. Son fondateur est le Canadien Robert Cox, un marxiste novateur qui a également occupé des fonctions de direction à l’Organisation internationale du travail (OIT) à Genève. Kees Van der Pijl, Henk Overbeek et Stephen Gill, parmi d’autres, s’inscrivent dans cette mouvance. Ces auteurs ont en particulier analysé la construction européenne, dont ils tâchent de comprendre la crise actuelle (7). Pour une part, elle s’explique à leurs yeux par l’incapacité du projet européen à obtenir le consentement actif des populations continentales. Or, pour qu’une hégémonie s’établisse durablement, à l’échelle d’un pays ou d’un continent, les dominants doivent convaincre les dominés qu’elle sert au moins en partie leur intérêt.

Par ailleurs, dès le début du XXe siècle, on assiste à une interpénétration croissante des élites européennes et américaines. Cela explique que la construction européenne ait le plus souvent été subordonnée aux intérêts de l’empire américain, et ne soit pas parvenue à se doter d’un projet politique autonome.

Gramsci n’aura cessé d’œuvrer à la construction du « parti des opprimés », à l’échelle aussi bien italienne que mondiale, par le biais de ses activités dans la IIIe Internationale. Il liait donc la théorie et la pratique, ce qui s’avère — hélas — rarement le cas chez les intellectuels critiques actuels.

Razmig Keucheyan

Maître de conférences en sociologie à l’université Paris-Sorbonne (Paris-IV) ; éditeur de l’anthologie de textes d’Antonio Gramsci Guerre de mouvement et guerre de position, La Fabrique, Paris, 2012.

 

Article du Monde Diplomatique.

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