BIG BANG, G A D L U, INITIATION, COSMOLOGIE.
« Le silence éternel de ces espaces infinis m’effraie. » Pascal – Pensées.
Reconstruire le Ciel sur Terre, faire que le Temple terrestre soit à l’image du Temple céleste. Prendre conscience de l’immensité infinie de l’Univers est-ce à la portée de l’homme ? Pascal était déjà saisi de terreur devant les espaces infinis. L’on peut le comprendre quand on songe que notre Soleil entre dans la catégorie des naines jaunes et que pourtant son diamètre est 110 fois supérieur à celui de notre Terre. Plus difficile encore à imaginer, que UY Scuti l’étoile la plus grande connue à ce jour, et située à 9500 années lumières est 1700 fois plus grande que notre Soleil.
Pourtant nous imaginons cet Univers, par construction en nous-mêmes, notre esprit est donc infini n’a pas de limites, dans notre corps fini limité.
Nous parvenons à imaginer nos Temples à les reconstruire à l’image de l’univers, y mettre toutes les dimensions, nous parvenons à passer du profane extérieur chaotique au sacré ordonné.
Frêles apprentis silencieux sur la colonne du nord, faiblement éclairés par la pâleur de la Lune. Saisis d’angoisse ou remplis d’espérance, nous voyons brûler le feu des étoiles, le soleil au midi au loin sur la colonne des compagnons.
Blaise Pascal : « Je ne sais pas qui m’a mis au monde, ni ce que c’est que le monde, ni que moi-même. Je suis dans une ignorance terrible de toutes choses. » Charles Baudelaire à bien traduit l’angoisse de Pascal, sa peur du vide et de l’infini avec son poème le Gouffre (extraits) :
« Pascal avait son gouffre, avec lui se mouvant.
Hélas ! Tout est abîme, action, désir, rêve, Parole !
Et sur mon poil qui tout droit se relève.
Maintes fois de la Peur, je sens passer le vent.
(…) Le silence, l’espace affreux et captivant…
(…) J’ai peur du sommeil comme on a peur d’un grand trou,
Tout est plein de vague horreur, menant je ne sais où.
Je ne vois qu’infini par toutes les fenêtres,
Et mon esprit, toujours du vertige hanté,
Jalouse du néant l’insensibilité.
Ah ! ne jamais sortir des Nombres et des Êtres. »
Est-ce pour ne pas perdre la raison que nous construisons, reconstruisons sans cesse des Temples des espaces sacrés, des Temples à la Vertu, une cosmologie permanente. Mélancolie nostalgique d’un passé baigné par la joie de l’unité, désir de l’éternel retour.
Plongés dans un désordre mental, ayant perdu l’intelligence du cœur, mais aussi nourrit par l’espérance de voir les Vertus Théologales étendre leurs pratiques dans le cœur des hommes sur la terre entière. Parce qu’elles sont les pierres vivantes de notre être intérieur dont l’immensité est comparable à celle de l’univers.
« Les sentiments de Pascal sont remarquables surtout par la profondeur de leur tristesse, et par je ne sais quelle immensité : on est suspendu au milieu de ces sentiments comme dans l’infini. » F.R de Chateaubriand- Le Génie du Christianisme.
Jusqu’à un temps récents la cosmologie apparaissait plus comme une croyance, que comme une science. A Einstein en 1917 aborda la cosmologie avec la relativité générale. Mais c’est surtout l’Abbé Georges Lemaître, un chanoine catholique, astronome et physicien Belge, il a émis l’idée d’un atome primitif à l’origine du fondement de l’univers, la théorie du Big Bang était constituée, la cosmologie devenait une science, cependant repose t’elle sur des principes métaphysiques ? En 1948 Hermann Boudi et Thomas Gold propose une version différente : « l’univers n’est pas supposé uniquement homogène et isotrope dans l’espace. » L’univers n’aurait donc plus d’origine et ni d’âge. Une certaine quantité de matière serait produite en permanence, la matière ne serait pas apparue lors d’un événement originel donc cela mettait à bas la théorie du Big Bang. En 1965 la découverte d’un rayonnement diffus à 3 K (un rayonnement en provenance de toutes les directions du ciel, ayant les propriétés correspondant au rayonnement thermique d’un corps noir.) La théorie du Big Bang devient dès lors le modèle standard de la cosmologie.
En faisant beaucoup de syncrétisme, je dirais que cela conforte une analogie avec le prologue de l’évangile de Jean, pour peu que l’on associé la Lumière au Verbe et à l’Un. Néanmoins une théorie scientifique n’est pas comparable à ce que certains considère comme un dogme religieux, le prologue n’en n’étant par ailleurs un dogme, mais du domaine de l’ésotérisme même s’il est en relation avec le christianisme.
L’on peut envisager que l’atome primitif, le rayon de lumière originel peuvent êtres des émanations d’un créateur suprême, d’un Grand Architecte de l’Univers. Principe créateur premier, Architecte parce que constructeur capable d’élaborer des plans, ayant un caractère universel. Par extension l’on peut étendre notre réflexion sur les mythes antiques et plus particulièrement ceux de la Bible comme la Genèse, le Livre des Rois, ou encore les Chroniques par exemple qui contiennent des occurrences au Grand Architecte de l’Univers.
Ainsi se rapprochent les mots Big Bang, Grand Architecte de l’Univers, Cosmologie, Initiation et passage du profane chaotique au Sacré Ordonné suivant un plan.
Puisque que l’on est au stade de la recherche des occurrences, il faut préciser que l’Abbé astronome Georges Lemaître qui évoqua la notion d’atome primitif donc de Big Bang en 1931, n’en fût l’inventeur. C’est le poète Edgar Alan Poe qui fonda cette idée, cela démontre si besoin la puissance de l’imagination avec son poème en prose Eureka en 1948 qui fût traduit par Charles Baudelaire. Ce poème est un hymne à la Beauté. Sa lecture en Loge maçonnique aurait sans doute sa place, là où s’allie la recherche de la Force et de la Sagesse pour parvenir à la Beauté sur fond de référence à la Gloire du Grand Architecte de l’Univers.
Extraits de l’introduction du poème par son auteur :
« À ceux-là, si rares qui m’aiment et que j’aime !- à ceux qui sentent plutôt qu’à ceux qui pensent ; aux rêveurs et à ceux qui ont mis leur foi dans les rêves comme dans les seules réalités. J’offre ce livre de Vérités, non pas seulement pour son caractère Véridique, mais à cause de la Beauté qui abonde dans sa Vérité, et qui confirme son caractère véridique. »
« Ce que j’avance ici est vrai ; - donc cela ne peut pas mourir ; - ou, si par quelque accident cela se trouve aujourd’hui, écrasé au point d’en mourir, cela ressuscitera dans la Vie Éternelle. » E.A. Poe.
Puis, vous pourrez lire sous le titre complet du poème : « Eureka ou Essai sur l’Univers matériel et spirituel. » Ceci : « Donc, ma proposition générale est celle-ci : Dans l’unité originelle de l’Être Premier est contenue la cause secondaire de Tous les Êtres, ainsi que le Germe de leur inévitable destruction. »
En conclusion de cette réflexion, je vous laisse découvrir ou relire ce poème dans son intégralité accessible sur internet. Poème dans lequel se mêlent les théories scientifiques, les références aux mythes, l’imaginaire, l’intelligence du cœur, et la pratique des vertus. La dernière phrase du poème est la suivante : « En même temps, souviens-toi que tout est Vie, - que tout est la Vie, - la Vie dans la Vie, - la moindre dans la plus grande, et toutes dans l’Esprit de Dieu. »
Jean-François Guerry.
Bibliographie : Thomas Lepeltier (qui est Docteur en astrophysique Universitaire, enseignant à Newcastle et Oxford. Journalisme au journal Sciences Humaines.) Un regard philosophique sur la cosmologie. Travaux de la Loge Nationale de recherches Villard de Honnecourt. Numéro 55. Année 2004.