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la Franc Maçonnerie au Coeur

la Franc Maçonnerie au Coeur

Un blog d'information, de conversations sur le thème de la Franc Maçonnerie, des textes en rapport avec la Franc Maçonnerie, comptes rendus et conseils de lectures.

Publié le par Jean-François Guerry
CONTREPOINT : « QUAND LE BATEAU COULE »

CONTREPOINT : « QUAND LE BATEAU COULE »

 

 

Sauve qui peut, les femmes et les enfants d’abord ! L’ami Georges lui dans sa supplique pour être enterré sur la plage… à écrit : Où quand le bateau fait naufrage. Le capitaine crie ‘je suis le maître à bord ! Sauve qui peut, le vin et le pastis d’abord. Chacun sa bonbonne et courage.

 

Il nous faut en cette période beaucoup de courage, de force mais aussi de l’humour, jusqu’à la dérision en restant conscient et humble.

 

Même si cela n’est pas dans l’air du temps, efforçons-nous de ne pas critiquer nos enfants et nos petits enfants en refusant de nous critiquer nous-mêmes. Refusons de leur voler les joies de leur jeunesse, pour nous protéger nous qui avons vécus souvent insouciants. Qu’avons-nous fait après tout pour les protéger ? Pourquoi sommes-nous incapables de gérer une crise sanitaire, il paraît que gouverner c’est prévoir où est passer notre culture du risque zéro ?

 

Protéger les plus anciens, les plus fragiles oui ils ont droit à notre reconnaissance, mais pas au détriment des jeunes qui vont souffrir longtemps de nos inerties administratives et politiques.

 

Notre priorité est l’instruction, l’éducation, la connaissance pour nos jeunes, ils sont notre avenir commun. Il faut préserver leur éducation.

 

« Je crois que tout commence à l’école. »

 

A écrit Jean Guehenno. Cet été j’ai eu la joie de recevoir tous mes petits- enfants, tous attentifs à notre santé, pleins de précautions. Nous devons à jeunes notre reconnaissance, Quand le bateau coule sauvons les enfants d’abord !

 

Jean-François Guerry.

 

 

 

PS : Je pose ma plume en vacances jusqu’au 10 octobre prochain. Chères lectrices et lecteurs merci de votre fidélité et protégez-vous bien !

CONTREPOINT : « QUAND LE BATEAU COULE »
CONTREPOINT : « QUAND LE BATEAU COULE »
CONTREPOINT : « QUAND LE BATEAU COULE »
CONTREPOINT : « QUAND LE BATEAU COULE »
CONTREPOINT : « QUAND LE BATEAU COULE »

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Publié le par Jean-François Guerry
DROIT HUMAIN, LES DROITS HUMAINS : Recension – Soyez parfaites, mes Sœurs ! Les pionnières du Droit Humain.

DROIT HUMAIN, LES DROITS HUMAINS : Recension – Soyez parfaites, mes Sœurs ! Les pionnières du Droit Humain.

 

 

Dans le blason de l’obédience Maçonnique le Droit Humain, nous pouvons lire : « Ordre Maçonnique Mixte international » Il caractérise ce corps maçonnique ouvert aux hommes et aux femmes, le terme international affirme cette ouverture vers l’universel.

L’universalisme est un marqueur de la pensée maçonnique, un des buts de la Franc-Maçonnerie est de réunir ce qui est épars. Passer de la dualité à l’unité, faire des différences une richesse. Se souvenir que l’homme est un.

La devise de la république est : « Liberté, Égalité, Fraternité », c’est aussi la devise de nombreux Francs-Maçons.

Cela dit, il est difficile de comprendre pourquoi les portes, de certains temples maçonniques restent closes, pour les femmes. Alors qu’elles représentent une grande moitié de l’humanité. C’est une question qui m’a été posée bien des fois et qui je l’avoue me met mal à l’aise. Les raisons généralement invoquées sont souvent des prétextes : « Il existe des obédiences purement féminines ! » Conclusion, il est normal qu’il y ait des obédiences exclusivement masculines, ou encore : « Les femmes sont naturellement initiées ! » Conclusion elles n’ont rien à attendre de la Franc-Maçonnerie. Ou enfin : « La mixité en Loge est de nature à semer le trouble dans les travaux ! » Sans vouloir clore cette liste certains se retranchent derrière la tradition, les pères fondateurs de la Franc-Maçonnerie n’ont pas souhaité accueillir les femmes dans leurs Loges, autant de bonnes ou mauvaises raisons, que chacun appréciera en conscience.

 

Malgré cet ostracisme des femmes se sont levées pour défendre leur droit d’être initiées, bousculant les habitudes en ouvrant les portes des temples. Elles se sont grâce à leur persévérance, et leurs qualités.  « Soyez parfaites, mes Sœurs.. » leur juste place dans la sphère maçonnique. Ces femmes et un homme sont à l’origine de la création de l’obédience mixte de la Fédération Française du Droit Humain. Annick Drogou et Dominique Segalen les ont mises à l’honneur dans un livre au caractère historique, mais qui va bien au-delà. La Fédération du Droit Humain, par ses thèmes de réflexion, sa participation active dans la vie de la cité, entend faire entendre la voix de ces femmes et de ces hommes.

Les auteures de ce livre, à travers la biographie de ces pionnières, de ces indignées de l’époque qui sont su transformer leur indignation en action contre l’injustice qui leur était faite, en réalisant un beau projet. Ces femmes étaient des féministes avant l’heure, des philanthropes, des conférencières cultivées. Elles voulaient simplement l’égalité.

 

Elles ont eu non déplaisent à leurs détracteurs, le supplément d’âme nécessaire pour cette entreprise et aussi un cœur énorme, pour se lancer dans cette construction maintenant établie depuis 127 ans, et qui continue de prospérer.

 

Marie Deraismes est la figure emblématique de ces sœurs. Elle a eu une ancêtre dans sa famille au nom prophétique d’Anne Soleil. Vous découvrirez dans sa biographie son amour de l’art. Les maçonnes et les maçons travaillent en force, sagesse et beauté. Maria Deraismes écrit :

 

« C’est l’art qui délivre l’individu des intérêts mesquins qu’impose le côté matériel de son existence. »

 

Elle tient rubrique dans le journal « L’Avenir des Femmes. » ainsi elle devient une conscience pour ses sœurs, elle écrit encore :

 

« L’humanité ne marche que sur un pied, elle laisse se décomposer, et se perdre la moitié de ses forces et n’amène que l’anarchie des mœurs. »

 

Force est constater tous les progrès encore à faire pour l’égalité homme femme, malgré des avancées significatives.

 

Découvrir la biographie de ces femmes dans ce livre est déjà un pas, une avancée. C’est un livre à mettre entre les mains de tous les maçons et de toutes les maçonnes, mais aussi entre les mains de toutes les femmes et les hommes qui rêvent de faire progresser l’humanité vers plus d’égalité et de justice, en toute liberté et fraternité.

 

Je reviendrais surement plus longuement sur cet ouvrage, d’ors déjà je vous encourage à sa lecture.

 

Jean-François Guerry.

 

 

A lire : Soyez parfaites, mes Sœurs ! Les pionnières du Droit Humain. Auteures : Annick Drogou, Dominique Segalen – Numérilivre- Éditions des Bords de Seine

ISBN : 978 236 632 1456 Prix : 20 €

DROIT HUMAIN, LES DROITS HUMAINS : Recension – Soyez parfaites, mes Sœurs ! Les pionnières du Droit Humain.

RÉSUMÉ

4 avril 1893. Seize femmes, dans le sillage de Maria Deraismes, s’apprêtent à braver l’interdit en posant l’évidence de la Maçonnerie en mixité, dans l’équité de statut et dans l’égalité d’identité. Qui sont-elles? Des indignées. Indignées par le sort déprécié fait aux femmes, par l’absence de tous droits, par les injustices dont sont victimes les enfants. Révoltées par les exactions dont la société donne le triste spectacle historique et politique. Féministes, conférencières, philanthropes, pacifistes, elles honorent une réputation justifiée de militantes insérées dans le tissu politique, social et civique. À ces femmes reconnues pour leur maîtrise de la parole publique et écrite, la Franc-Maçonnerie va apprendre la maîtrise du silence. Et le cheminement initiatique les confirmera dans la certitude qu’elles ne sont pas condamnées à une place définitivement inférieure, en leur offrant l’espace de leur juste place librement, mutuellement et rituellement consentie. Prenez place…

CITATIONS DROITS HUMAINS

 

«Une lutte politique qui ne place pas les femmes au cœur de  celle-ci, au-dessus, au-dessous et à l'intérieur, n'en est pas une.»

Arundhati Roy, auteure indienne

 «Il ne peut pas y avoir de paix sans justice et respect des  droits humains.»

Irène Khan, avocate bangladaise et ancienne secrétaire générale  d'Amnesty International

«Lève-toi, debout, défends tes droits ! Lève-toi, debout,  n'abandonne pas le combat !»

Bob Marley, chanteur jamaïcain

 

Les droits de l'homme ne valent que parce qu'ils sont universels.

Jacques Chirac.

Dans "La Croix l'Hebdo"

 

7 Dates Clés:

 

1944 : Les femmes Françaises deviennent électrices et éligibles elles voteront pour la première aux élections municipales de 1945.

 

1949 : Sorie du Deuxième Sexe dans lequel Simone de Beauvoir conteste l'éternel féminin et écrit le fameux :"On ne naît pas femme on le devient" Suit un vif débat dans l'opinion.

 

1970 : Création du mouvement de libération des femmes MLF.

 

 

1974-1975 : loi Veil qui libéralise la contraception, remboursée par la S S et dépénalisent l'avortement.

 

 

1981: Création d'un ministère délégué aux droits de la femme occupé par la Députée Socialiste Yvette Roudy 

 

 

1999-2000 : Loi sur la parité tendant à favoriser l'égal accès des hommes et des femmes aux mandats électoraux et obligeant à présenter un nombre égal de femmes et d'hommes aux scrutins de liste.

 

 

2017 : En octobre, révélations par le New York Times de cas de harcèlement de d'agressions sexuelles commis par le producteur  Harvez Weinstein c'est le début du mouvement  MeToo.

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Publié le par JF GUERRY et Loge Kleio
SILENCE MUSIQUE

Le patronyme de Kleio choisit par cette Loge de la Grande Loge de l'Alliance Maçonnique Française est le thème d'un travail intéressant, un présent inspiré par cette muse. Démonstration est faite du rôle primordial au sens de premier de la colonne d'harmonie, harmonie dans le monde "ordo ab chao", harmonie dans les loges, harmonie dans la vie. La variété de la musique, nait une forme de douceur, d'unité et de plénitude. À chacun sa musique, petite ou grande, classique ou moderne, pourvu que symphonie et harmonie règnent sur la terre. Nous constatons en ce temps d'abstinence musicale le manque, et donc le désir encore plus fort pour cet art qui avec la poésie sont nécessaires à l'élévation spirituelle.

 

Merci donc aux Frères de la RL Kleio.

Jean-François Guerry.

SILENCE MUSIQUE

C’est avec beaucoup d’émotion que je prends la parole devant vous ce soir

pour vous présenter mon travail ; je remercie le Vénérable Maître de m’avoir

donné l’occasion de cette réflexion, et vous remercie par avance mes F. : de

l’honneur que vous me faîtes en m’accordant votre bienveillante attention.

J’espère par ailleurs ne pas froisser par mes propos la muse Clio, inspiratrice des

travaux de l’atelier, qui m’oblige notamment à respecter scrupuleusement

l’Histoire dont elle fut l’inventrice. De plus, même si elle est moins liée à la

musique qu’Euterpe, Terpsichore ou Polymnie, Clio, qui fut souvent représentée

trompette ou guitare à la main, n’est pas étrangère à la musique et au chant.

C’est à travers la musique en effet, que je veux partager avec vous une

réflexion maçonnique : car si ce qui se termine bien se termine en chansons,

c’est que tout a commencé par la musique, une musique originelle qui a permis

au monde d’échapper au chaos. « Ordo ab chaos » grâce à la musique qui

exprime l’harmonie, et notre colonne d’harmonie est là pour en témoigner. Mais

les forces du chaos sont toujours présentes, au mieux endormies et cherchent à

la moindre occasion à déconstruire l’oeuvre humaine : Dionysos est là qui appelle

à l’orgiaque ; le diable lui-même est tapi dans la musique : « diabolus in

musica » !

Rappelons-nous en effet de ce moment décisif de la guerre entre les Titans

et les Dieux où Zeus semble avoir perdu. Gaïa, furieuse du sort de ses premiers

enfants qui sont enfermés dans le tartare, a enfanté un monstre terrible,

Typhon, qui a pris le dessus sur Zeus à la suite d’un combat effroyable. Quelles

sont les caractéristiques de ce monstre ? 100 têtes de serpent dont les yeux

crachent le feu sortent de ses épaules. Mais, caractéristique plus déroutante

encore, de ses têtes sortent des sons incroyables : il peut imiter tous les

langages, parler aux dieux avec des sons intelligibles, mais aussi émettre le

mugissement du taureau, le rugissement du lion, et pire encore, car le contraste

est épouvantable, les adorables jappements d’un bébé-chien ! Typhon est

l’expression d’un chaos qui véhicule un anti-logos, quand Zeus, lui, est cosmos,

ordre qui préfigure le logos, c'est-à-dire l’intelligibilité d’un monde ordonné.

Alors Typhon a terrassé Zeus, et lui a pris ses tendons pour le neutraliser.

Zeus n’est plus capable du moindre mouvement ; si Typhon l’emporte, c’en est

fini de l’édification d’un cosmos harmonieux et juste. Si par contre Zeus

l’emporte, la justice règnera sur l’univers. L’issue du combat, vous pouvez vous

en douter puisque nous sommes là ce soir pour l’évoquer ! Mais comment

Typhon a-t-il finalement été vaincu ?

Zeus neutralisé mais conscient – c’est la force de l’esprit ! - conçoit un

plan : il va demander à Cadmos, un roi rusé, fondateur légendaire de la ville de

Thèbes, de se déguiser en berger et d’aller jouer auprès de Typhon de la syrinx

de Pan, une flute dont sortent des sons enchanteurs. La musique est si douce

que Typhon tombe sous le charme et finit par s’endormir, ce qui permet à

Cadmos de récupérer les tendons de Zeus qui se les réajuste et se trouve alors

fin prêt pour la victoire finale. En récompense de quoi Zeus donne à Cadmos la

main de la déesse Harmonie, qui était elle-même fille d’Arès, le dieu de la

guerre, et d’Aphrodite, déesse de l’Amour. Il est ainsi extrêmement significatif

que ce soit par la musique, l’art cosmique entre tous qui repose sur

l’ordonnancement des sons, que le cosmos soit sauvé. Il est non moins

significatif que l’harmonie résulte de l’union de la guerre – Arès – et de l’Amour

– Aphrodite -. Car l’ordre domine le chaos, mais se nourrit de son énergie

primordiale et en aucun cas ne peut le détruire car il disparaitrait avec lui : il a

besoin de son énergie vitale. L’ordre est une mise en forme sublime mais qui ne

peut se passer de la force initiale du chaos. C’est ainsi que Dionysos, fils de Zeus

et deux fois né, dieu étrange et destructeur, siège parmi les dieux de l’Olympe.

Les occasions sont nombreuses qui voient se poursuivre l’affrontement

entre l’ordre et le désordre : quand Dionysos et Apollon rivalisent, Midas en fera

les frais et Nietzsche le fil directeur de sa pensée ; Dieu et Satan s’affrontent, et

ce sera Job dont la foi sera mise à l’épreuve.

Attardons-nous sur les effets, dans la théorie de la musique, de

l’affrontement entre Dionysos et Apollon, qui va réguler les pratiques musicales

du monde grec et latin jusqu’au XVème siècle. Car il n’échappe pas aux pouvoirs

politiques et religieux que la musique est un art ambivalent à la fois très

formateur, l’harmonie musicale renvoyant à l’harmonie du Monde, et sa

maîtrise étant considérée comme gage de la plus grande sagesse, mais aussi

potentiellement dangereux car capable de posséder l’auditeur et de le conduire

dans le dérèglement des passions.

Ainsi Aristote, prenant la suite des réflexions platoniciennes, fonde-t-il

une théorie de l’ethos des modes musicaux, une éthique musicale qui

structurera la composition de la musique en distinguant une musique éthique,

morale, et une musique orgiastique. Tout s’organise autour d’une théorie de

l’effet produit par la musique (la dunamis) éthique lorsqu’elle est sur le mode

dorien, orgiastique lorsqu’elle est sur le mode phrygien. Le mode phrygien

déclenche des transes et des états de possession ; Aristote insiste sur le fait que

le mode phrygien est orgiastique et passionnel, et qu’il en résulte un transport

dionysiaque. A l’inverse, le mode dorien est éthique et digne de figurer dans le

programme d’éducation des jeunes gens bien nés. Tout au plus la musique

composée sur le mode phrygien peut-elle être écoutée, avec distance, mais son

exécution ressort de musiciens serviles et de basse condition.

On l’entend, ce qui est en jeu dans cette opposition de modes musicaux,

est une mise en garde à l’endroit des effets de la musique, quand il pourrait en

résulter une possession et une entrée dans la transe, alors qu’on en attendait

une élévation de l’âme et un accès au sublime. Cette ambivalence de la musique,

et le risque qui lui est attaché, va parcourir tout le moyen-âge et la musique

sacrée sous forme de règles de composition et de mises en garde. Attention

danger ! : « diabolus in musica ». D’autant que, comme le dira Pascal : «… le

malheur veut que qui veut faire l’Ange fait la Bête ! ».

Alors, tel intervalle musical est proscrit dans la composition de la musique

sacrée (le fameux Triton, interdit dans l’harmonie chorale et dans la mélodie,

parce qu’il crée à l’écoute une tension et non un apaisement) ; les instruments

de musique sont proscrits de l’Eglise où seules les voix humaines sont

autorisées : c’est le chant grégorien. Les instruments en effet sont matériels, et

nous rapprochent de la terre, domaine du Diable, non de l’esprit. Seule la voix,

que nous partageons avec les Anges, est aérienne et nous élève vers le ciel divin.

Jérôme Bosch nous donne au début du XVIème siècle une vision de l’enfer

remplie d’instruments de musique gigantesques. Enfin, on va mathématiser la

musique en la tempérant, garantissant ainsi une maîtrise humaine et quasiment

divine des intervalles musicaux qui nous permette d’entrer en résonance avec

l’harmonie céleste.

 

 

 

Mais qu’on ne s’y trompe pas ! L’enjeu n’est pas seulement d’esthétique

musicale, ou de privilège d’un pouvoir en place qui voudrait se réserver un

copyright, une forme de composition qui lui soit exclusive. C’est bien plutôt

d’une reconnaissance du pouvoir de la musique dont il s’agit comme l’indiquait

Saint-Augustin dans son De Musica, qui distinguait soigneusement la gradation

de son pouvoir : le plus bas niveau est l’emprise corporelle qu’elle exerce (par

exemple sur les ours qui se dandinent), tandis qu’à son plus haut niveau la

musique peut nous faire entre-apercevoir l’harmonie éternelle du divin.

Mais pour nous autres maçons, la voie de la musique est-elle celle de la

contemplation du divin par une sorte d’extase activée par le rituel, sachant

qu’au moindre faux pas, à la moindre distraction, le diable se glisserait en nous

pour prendre possession de notre temple intérieur ? Il me semble que Mozart,

dans le testament symbolique qu’est la Flûte enchantée, nous indique une autre

voie.

Certes le registre de la magie et de l’envoutement semble bien être celui

de la Reine de la nuit qui offre à Tamino une flûte censée le protéger et le rendre

tout puissant ; parallèlement, Papageno reçoit un Glockenspiel qui fait danser le

furieux Monostatos comme l’ours de Saint-Augustin, et il s’agit bien là d’une

réminiscence dionysiaque. Mais l’opéra signera la défaite des pouvoirs de la

Reine, ce qui indique les limites du pouvoir de sa virtuosité vocale qui force une

admiration fascinée mais pas un abandon consenti. Parallèlement, dès que le

Glockenspiel se tait, Monostatos redevient Monostatos. Or, lorsque cesse

l’opéra, l’auditeur n’est plus tout à fait le même : il a été transformé subtilement

par un transport qui ne cesse pas avec les notes. La musique ne se contente pas

d’éblouir par la virtuosité, ni d’exercer un pouvoir magique qui protège les uns

et envoute les autres, elle est avant tout instrument de conversion et de

transformation des passions humaines. Elle permet de triompher de la peur, de

risquer la mort, et d’expérimenter la conversion à un amour véritable. Elle

conduit les amants à leur plénitude, et Pamina assure qu’à la fois l’amour et la

flute conduiront leurs pas.

L’émotion musicale que promeut Mozart est donc très loin d’un

enchantement magique produit par un pouvoir ensorcelant qui viendrait de

l’extérieur, ou très loin aussi d’un envoutement hypnotique qui mettrait en

transe. Il s’agit au contraire d’un ravissement dans le mouvement d’un transport

en devenir : en un mot, d’une initiation par le ravissement.

La musique en effet ne nous ravit que si, délibérément et en hommes

libres, nous acceptons d’être guidés par elle et de l’accueillir, et ce avec la même

simplicité que Tamino et Papageno acceptant le don d’instruments magiques. Et

c’est à cette condition de consentir qu’alors seulement nous pouvons être

transportés par elle. C’est un ravissement qui demande à la fois le silence

consentant de la réception, et l’exigence continue de la quête et qui nous invite,

en apprentis, à une autre forme d’écoute : celle de l’approbation en silence.

Comme l’écrivait Mozart dans une lettre à sa femme : « J’arrive de l’opéra

(ou se jouait La Flûte), la salle était pleine comme toujours ; le duetto « Mann

und Weib » et le Glockenspiel au premier acte ont été bissés comme d’habitude,

ainsi que le trio des enfants au second acte. Mais ce qui me cause le plus de joie,

c’est l’approbation en silence ! On voit combien cet opéra monte de plus en plus

haut. »

C’est précisément dans cette forme d’accueil et d’écoute, d’ouverture

volontaire et d’approbation en silence que s’exerce de la façon la plus avancée la

tolérance maçonnique qui est un instrument de transformation de soi : une sorte

d’hospitalité inconditionnelle, pour reprendre l’expression de Jacques Derrida,

que nous sommes à même d’éprouver dans les liens de la fraternité.

L’hospitalité inconditionnelle ne relève ni de la morale, ni même de l’éthique,

mais est un principe à maintenir, un devoir lié à la réalité humaine du fait que

nous sommes irréductiblement exposés à la venue de l’autre.

A l’égard d’un visiteur, j’ai deux attitudes possibles : l’invitation, si je le

reçois en fonction des règles en usage chez moi et que j’impose ; la visitation,

comme pour les Anges, si je laisse ma maison ouverte. Dans le premier cas,

l’hospitalité est conditionnelle ; dans le second, elle est inconditionnelle, ou

pure, ou absolue. L’étranger de la visitation peut être n’importe quel F. :. Pour

l’accueillir, l’hôte lève les barrières immunitaires avec lesquelles il se protégeait :

il accepte de s’exposer à ce visiteur dont les lois et les comportements sont

différents des siens, de s’adapter et de se transformer en fonction de ce qui

arrive. A ce stade, c’est accepter de s’effacer pour laisser de la place à notre F. :

dans notre propre univers : difficile en pratique, c’est la condition

incontournable du ravissement que nous offre la Franc-Maçonnerie. C’est, mes

Frères, tout le charme que je nous souhaite dans la pratique de l’Agape.

 

P.C.

Vous pouvez retrouver tous les travaux de la Loge Kleio sur son site : WWW.KLEIO.BIZ

Cleio Tableau de Mignard

Cleio Tableau de Mignard

POURQUOI PAS ....

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Publié le par Jean-François Guerry
LA SCIENCE PEUT-ELLE DONNER DES RÉPONSES À TOUT ?

LA SCIENCE PEUT-ELLE DONNER DES RÉPONSES À TOUT ?

 

 

Cela ressemble à une question posée par un enfant, qui agace les adultes. Dans une époque depuis longtemps révolue, un humoriste Fernand Raynaud, a créé un sketch à partir de ces questions enfantines, le personnage qui jouait le rôle du père à cours d’inspiration, fini par répondre à l’enfant à toutes ses questions par la formule : c’est étudier pour ! Cela prête à rire et pourtant, plus de 50 ans après, nous n’avons pas toujours les réponses.

 

Que cherchent par exemple tous ceux qui sont croyants ou non, scientifiques, philosophes, artistes, simples citoyens sur le Camino, le chemin de Saint-Jacques de Compostelle. Pour quoi accepter de souffrir dans cette marche pénible. J’ai trouvé un commencement de réponse, oui seulement un commencement il y a déjà longtemps dans un petit livre qu’un de mes frères m’a mis malicieusement entre les mains, cela devrait te plaire.. Plaire n’était sans doute pas la bonne formule pour ce livre d’Henri Vincenot  Les Étoiles de Compostelle. La preuve cela m’a donné l’envie et le désir d’aller plus loin, plus haut, comme les jacquets. J’ai commencé, la marche avec ma tête et peut-être j’ai eu quelques réponses à mes questions. C’est un livre qui fait lever la tête.

 

Ce roman initiatique, merveilleux, poétique, mystique où se rencontrent le Celtisme et l’art Roman, qui sent bon la terre, où l’on voit la route qui serpente se dessiner quand la brume du matin, se lève que la lumière remplie peu à peu le ciel, que l’horizon s’enflamme. Ce livre ouvre la boite aux questions, nous amène à nous interroger sur nous-mêmes et notre rapport à la nature et au cosmos. C’est une fontaine où coule l’eau pure de l’esprit en éveil.

 

Beaucoup des réponses aux questions sont dans le regard des autres qui sont sur le même chemin. Faire ce chemin n’est pas qu’un plaisir égoïste, c’est aussi bon pour le moralcomme le chante la compagnie créole. Oui c’est bon pour le moral, et aussi pour l’habitude de la morale dont l’aboutissement, est la sagesse. Pour l’éthique aussi qui rend notre vie sociale meilleure. Cela nous donne à réfléchir sur notre façon d’être et d’agir, sur notre fraternité, notre rapport à l’universel. Emmanuel Kant a dit à ce sujet :

 

« Agis de façon telle que tu traites l’humanité, aussi bien dans ta personne que dans tout autre, toujours comme fin et jamais comme moyen. »

 

Les épreuves de l’époque actuelle nous incitent au renforcement de la fraternité et de la solidarité. Il y a encore bien des progrès à faire par nous-mêmes avant de nous livrer au transhumanisme. Augmenter l’homme, qui n’est pas encore un compagnon fini. Si nous étions finalement plus faits pour marcher, jardiner, méditer, aimer que pour absorber toutes les techniques ?

 

Jean-François Guerry.

LA SCIENCE PEUT-ELLE DONNER DES RÉPONSES À TOUT ?
LA SCIENCE PEUT-ELLE DONNER DES RÉPONSES À TOUT ?
UNE FUITE
LA SCIENCE PEUT-ELLE DONNER DES RÉPONSES À TOUT ?

Fuite

 

Sous le soleil glacé, ses ritournelles meurent,

La pluie dégoulinant sur l’arrête de son cœur

Il ressemble à l’intrus apprivoisant son corps

Pour tuer la passion, jurant de port en port…

 

Il est seul sur la grève et contemple le port

Au bout de la jetée quand sa compagne dort

Quand il fait froid dehors et qu’il maudit son sort

Sous la lune diaphane qui révèle son décor…

 

Il dît un jour: «je pars!», je fuis vers l’horizon

Où disparaissent, tels d’erratiques fantômes,

Les souvenirs honnis des années polychrome

Sur la rive assassine de mon destin abscons.

 

Il est seul sur la grève et contemple le port

Au bout de la jetée quand sa compagne dort

Quand il fait froid dehors et qu’il maudit son sort

Sous la lune diaphane qui révèle son décor…

 

Se retournant il vît, sur le pas de la porte

Sa compagne d’hier; elle était résignée

Les bras le long du corps comme une pâle escorte,

Qui taisait ses reproches sous un air indigné.

 

Il est seul sur la grève et contemple le port

Au bout de la jetée quand sa compagne dort

Quand il fait froid dehors et qu’il maudit son sort

Sous la lune diaphane qui révèle son décor…

 

Un instant il doutât; il ne lui devait rien,

Ni promesse ni tendresse, il lui laissait du bien,

Et quelques souvenirs, mais l’amour était mort

Il ne pouvait plus rien sinon briser le sort.

 

Il est seul sur la grève et contemple le port

Au bout de la jetée quand sa compagne dort

Quand il fait froid dehors et qu’il maudit son sort

Sous la lune diaphane qui révèle son décor…

 

Cette halte assassine qui durât tant d’années,

L’avait privé d’espace et puis de liberté,

La belle insouciance de ses années d’errance,

Où il se sentait vivre sans aucune allégeance.

 

Il est seul sur la grève et contemple le port

Au bout de la jetée quand sa compagne dort

Quand il fait froid dehors et qu’il maudit son sort

Sous la lune diaphane qui révèle son décor…

 

Regardant par-delà le sentier pierreux

Partageant le vernis d’un jardin de banlieue,

Son regard se posa sur la branche d’un chêne

Qui pointait vers le ciel où se brise les chaînes.

 

Il est seul sur la grève et contemple le port

Au bout de la jetée et sa compagne pleure

Il fait si froid dehors, elle tremble de peur

Sous une lune absente  qui éteint le  décor…

 

Philippe Jouvert.

LA SCIENCE PEUT-ELLE DONNER DES RÉPONSES À TOUT ?

Le Cercle et le Carré

 

Cercle vivant soleil, lune stabilité,

Centre du tout quête de spiritualité !

 

 

Carré le matériel, notre monde créé,

Sa quadrature en est la parfaite harmonie

Voie du milieu entre fini et infini.

 

 

Réunion du centre, du cercle, du carré

Offre une réponse sublime : « le Sacré »

Alliance entre manifesté et primordial,

Voie Appia de l’Esprit vers le transcendantal.

 

Jean-Pierre Rousseau Gawr’né extrait de Mémoires de Confinement.

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Publié le par Jean-François Guerry
HILDEGARDE DE BINGEN - Une féministe entre terre et ciel

HILDEGARDE DE BINGEN, UNE FEMME DE LUMIÈRE !

 

Entre le premier et le deuxième millénaire, une femme exceptionnelle à la fois, philosophe, écrivaine poétesse, écologiste, soignante, pharmacologue, musicienne, féministe, indépendante, ne fût pas qu’une mystique visionnaire, cette contemporaine allemande de Bernard Clairvaux, à vécu au temps des croisades. Elle n’hésita pas à s’opposer à la fois au pape et aux chefs d’états, a été une véritable encyclopédie à elle seule elle vécue, malgré une santé dans sa jeunesse jusqu’à l’âge de 81 ans une exception pour son époque.

 

Cette femme mis fin à la prévarication morale de la genèse, la faute originelle de la femme et la chute, qui permettait le maintien de l’obscurantisme religieux, elle annonça donc à sa manière le siècle des lumières qui viendra bien plus tard. Il suffit de lire la biographie de Régine Pernoud pour finir de s’en convaincre.

 

Dans cet Antiphonaire, le refrain de ce psaume du chant grégorien Hildegarde de Bingen a écrit :

 

         « Antiphonaire à Marie »

Qu’il est grand le miracle !

Dans la figure humble de la femme entra la Reine.

Ainsi voulut Dieu

Car l’humilité s’élève au-dessus de tout.

Oh ! la béatitude que recèle cette figure !

Car le mal dont s’est rendue coupable la femme cette femme, plus tard, l’a anéanti, répandant le doux parfum de la force divine et ainsi elle orna le ciel bien plus que jadis la femme n’a perturbé le monde.

 

On a retenu de Hildegarde de Bingen ses visions mystiques en lien avec sa théologie cosmique. Mais aussi la particularité de ses chants grégoriens, elle à produit aussi les biographies de Saint Disibod et de Saint Ruppert. On verra qu’elle s’intéressa aussi à l’architecture sacrée romane.

 

Ses œuvres littéraires : Le Scivias, Le Livre des mérites de vie et le livre des œuvres divines forment un véritable triptyque visionnaire.

 

Quel rapport me direz-vous entre cette femme et la Franc-Maçonnerie ? Cette visionnaire est sur les traces des prophètes comme Ézéchiel et Jean de Patmos que l’on rencontre dans les rituels maçonniques.

Est-ce la conscience de Hildegarde qui parle à travers ses visions, est-elle la voie d’une transcendance, que l’on qualifie de Dieu ou du Grand Architecte ? Elle écrit à ce sujet :

 

« O homme fragile, cendre de cendre, pourriture de pourriture, dis et écris ce que tu vois et entends. Mais parce que tu es timide pour parler et peu habile pour exposer et peu instruite pour écrire ces choses, dis et écris non selon la bouche d’homme, ni selon l’intelligence d’une invention humaine, ni selon la volonté de composer humainement, mais selon ce que tu vois et entends de célestes merveilles venues de Dieu. Répète-les telles qu’elles te sont dites à la manière de quelqu’un qui entend les mots de celui qui l’instruit, et expose-les selon la teneur de la parole telle qu’elle est voulue, qu’elle t’est montrée et telle qu’elle t’est prescrite. Ainsi donc, toi homme, dis ce que tu vois et entends. Cela non à ta manière, ni à la manière d’un autre homme, mais selon la volonté de Celui qui sait, voit et dispose toute chose dans le secret de Ses mystères. »

 

Hildegarde de Bingen défit avec ses paroles, la parole de sa hiérarchie ecclésiastique. Bernard de Clairvaux viendra la soutenir, il a dit d’elle :

« Qu’il fallait se garder d’éteindre une aussi admirable lumière animée de l’inspiration divine. »

 

Hildegarde fût donc une sainte féministe, connue pour son franc-parler. Elle était en lutte, « contre les maîtres et les prélats endormis, qui ont délaissé la justice. » Hildegarde étonne et détonne au milieu de ces hommes suffisants, elle revendique néanmoins son ignorance, son manque de culture, sa misérable condition de femme, alors que pour son époque elle est extrêmement cultivée.

 

Ses visions d’Hildegarde se font en pleine conscience, ce qui la place plus du côté des prophètes que des mystiques, elle agit donc dans le siècle, dans le but de modifier son siècle.

 

Les Francs-Maçons observeront que sa méthode de travail est allégorique, quelle repose sur la personnalisation et le symbole. Elle associe à ses recherches la géométrie, la nature, les matériaux comme les pierres, fussent t’elles précieuses, elle ne laisse pas de place au hasard. Hildegarde parle d’horizontalité, de verticalité. Ainsi elle délimite l’espace, elle voit une harmonie par exemple entre l’architecture romane et l’homme. Autre exemple concernant sa définition des points cardinaux, Hildegarde est terrorisée par le nord, les points cardinaux ne sont pas des zones neutres. Les Francs-Maçons du Rite Écossais Rectifié eux aussi pensent que les points cardinaux ne sont pas zones neutres :

 

L’ORIENT - terre de salut – science du bien

L’OCCIDENT – terre de crainte – science du mal

Le MIDI – terre de justice – science de la perfection

Le NORD – terre de terreur – science des fautes

 

On notera également que les églises romanes n’ont pas d’ouverture dans la partie nord. Pour le Frère D-F :

« Sa vision de l’espace est en accord avec la conception scientifique actuelle, l’espace n’est pas vide mais composé d’un nombre incalculable de corps célestes (étoiles, galaxies).»

HILDEGARDE DE BINGEN - Une féministe entre terre et ciel

 

Hildegarde fait également un rapport entre ses visions et les énergies : vision de Dieu et énergie divine, vision de l’univers et énergie cosmique, vision de l’homme et énergie humaine. Nous pouvons faire une analogie entre le G A D L U et l’énergie divine agissante créatrice, cette énergie organisatrice nous fait penser au « Grand Horloger » de Voltaire.

 

Une autre notion importante de Hildegarde « La Viridité » du latin VIRIDITAS, qui signifie verdeur, vitalité, fécondation. On retrouve là les idées que défendra René Descartes, la séparation corps esprit et d’une autre manière la pensée d’Emmanuel Levinas qui lui ne voit une diachronie entre corps et esprit et non pas une synchronie.

 

Pour Hildegarde l’homme est perméable aux énergies cosmiques. Au contact de ces énergies il éveille sa conscience peu à peu, instituant ainsi un rapport entre le macrocosme et le microcosme. Dans cette position intermédiaire entre terre et ciel, il tend vers la spiritualité, il acquiert une conscience plus élevée, plus spirituelle. Comment grâce à ce que les philosophes antiques appelait les exercices spirituels bien définis par Pierre Hadot.

 

Élever sa conscience spirituelle tout en sachant, humblement que nous n’atteindrons jamais, la perfection mais en ayant le désir. C’est le parcours initiatique du Franc-Maçon qui travaille avec persévérance et fidélité, qui sait qu’il n’est pas nécessaire de réussir pour persévérer… Il dira encore au terme de ses degrés de perfectionnement : « J’ai encore à me perfectionner .. » cette formule prend là tout son sens.

L’homme pour Hildegarde est à la fois un récepteur et un émetteur d’énergie, recevant l’énergie il a la force de remettre de l’ordre dans le chaos, en fuyant le vice et pratiquant la vertu pour faire régner la justice. On arrive là à une sorte d’harmonie de symphonie c’est ce que pense aussi Hildegarde. Ces visions, lui inspire cette triade : « L’éternité est le père, le verbe est le fils et le souffle est l’esprit. »

 

L’énergie divine d’Hildegarde est le feu divin régénérateur, le feu porteur de lumière, qui pénètre le corps et l’âme de l’homme. Ce feu a besoin d’être entretenu par l’intelligence humaine, mais surtout par la force infinie de l’amour. C’est ce feu, cette force mystérieuse de l’amour qui amène l’homme vers la sagesse, l’humilité, la paix et la justice.

 

Nous pouvons faire aussi un rapprochement entre l’énergie et les éléments terre, eau, feu mais surtout l’air, le souffle. Hildegarde relie ces éléments à sa Viridité, dans des cercles concentriques et spiralés. Une succession ténèbres lumière qui élève peu à peu vers un équilibre, une harmonie spirituelle. L’homme devient un constructeur solide, trapu, les pieds sur terre la tête dans le ciel, c’est cet homme qui a édifié les églises romanes.

 

Il faut lire sur ce sujet l’initiation à la symbolique romane de Marie Madeleine Davy – la note de l’éditeur pour extrait : « …le monde est un, du macrocosme au microcosme,

, et il est le signe de l’invisible. L’art et ses symboles l’enseignent. Du portail de Cluny à la littérature du Graal. »

 

Quelle est la doctrine d’Hildegarde ? C’est la restauration du nouvel homme, du nouvel Adam. Elle a inscrit l’homme dans un cercle, comme Vitruve et Léonard de Vinci. Elle s’efforce de démontrer la puissance de l’esprit sur la matière, du compas sur l’équerre, concrétisant la conscience spirituelle de l’homme. Pourquoi la musique revêt aussi pour elle une importance majeure, parce qu’elle est l’art de l’harmonie. Elle savait en pédagogue que cette régénération de l’homme devait être joyeuse. Elle met en rapport la parole, le souffle et la musique pour faire une symphonie. Je cite Hildegarde :

 

« L’âme est symphonique de même la parole désigne le corps, la symphonie manifeste l’esprit, car l’harmonie céleste annonce la Divinité et la parole publie l’humanité du fils de Dieu. »

 

La musique d’Hildegarde est un outil pour la méditation, cette musique écoutez les yeux clos, ouvre l’âme.

 

Jean-François Guerry.

 

 

Les auteurs qui ont inspirés cet article : Marie Madeleine Davy, Régine Pernoud Biographe de Hildegarde, D F un Frère des Marches de Bretagne.

 

 

HILDEGARDE DE BINGEN - Une féministe entre terre et ciel
HILDEGARDE DE BINGEN - Une féministe entre terre et ciel

Les chants grégoriens tardifs composés par Hildegarde, la mélodie va du plus grave au plus aigu. Le mouvement mélodique oscille de la tonique à la dominante pour retourner à la tonique, en vertu du principe d'unité, imprimant une forte solidité. La sonorité transperce l'âme et éveille l'esprit.

La tonique grave monte du ventre vers les aigus jusqu'à la tête pour redescendre à nouveau. Créant une sublime harmonie.

D.F

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Publié le par Jean-François Guerry
AU SECOURS LAISSEZ LE COMPAS OUVERT !

 

AU SECOURS LAISSEZ LE COMPAS OUVERT !

 

 

En bientôt 35 ans de Maçonnerie, malheureusement je n’ai pas vu faiblir cette obsession de vouloir fermer le compas.

 

Je m’explique les obédiences ont leurs règles, leurs critères, leurs références, leurs landmarks, leurs traditions et c’est bien. Après tout ce sont des ordres initiatiques, mais aussi fraternels, elles revendiquent toutes leur caractère universel. Leur ouverture d’esprit et la promesse pour leurs membres de l’ouverture et de l’élévation de leur esprit. Elles offrent au chercheur de Lumière une voie initiatique occidentale spécifique personnelle dans un cadre collectif.

 

Rassembler les contraires, réunir ce qui est épars pour créer et nourrir un centre d’union fraternel, au sein duquel se retrouvent les femmes et les hommes riches de leur différences sociales, religieuses, politiques. C’est grâce à ces corps maçonniques que toutes les femmes et les hommes peuvent se parler, s’écouter, et vivre ensemble une aventure extra ordinaire, ne se fixant aucunes bornes, aucunes contraintes, si ce n’est le respect mutuel, la tolérance sans faiblesse, un devoir d’exemplarité.

 

Alors pourquoi refuser l’entrée du temple à celui qui ne croit pas aujourd’hui à un Dieu unique, à un principe créateur par ailleurs qualifié d’universel ? Au nom de quel dogme, de quelle tradition, de quelle régularité. C’est oublier les paroles du prophète Jésus rapportées par Jean 14-2

 

« Dans la maison de mon père il y a plusieurs demeures. »

 

Celui qui a le compas largement ouvert a aussi le cœur ouvert. L’athée ou l’agnostique à sa place avec le croyant, il n’en n’est pas moins un être qui tend vers la spiritualité, comme le croyant il a en lui l’intelligence du cœur.

Parlant des massacres de Charlie Hebdo et de l’Hyper cacher qui nous reviennent en mémoire avec l’ouverture du procès. Dominique Quinio qui signe une tribune dans le journal « La Croix » écrit :

 

« Peut-être est-on encore plus troublé quand on a la conviction que le fait de croire n’est pas un obstacle à la liberté de conscience. »

 

La foi peut relier, parce qu’elle n’est pas seulement religieuse. Des hommes au nom des religions et des hommes au nom de l’athéisme qui peut être tout aussi dogmatique ont commis des horreurs. La laïcité ce n’est pas nier toute aspiration spirituelle. L’amour fraternel est partage, chacun à sa place, sa dignité dans l’humanité, pourvu qu’il s’efforce de chasser hors de lui la barbarie pour la remplacer par l’amour de la justice, de la paix et de l’harmonie.

Toujours ouvrir le compas de la fraternité. Le père des chrétiens qui s’apprête à publier une troisième encyclique sur le thème de la Fraternité :«Fratelli tutti» tous frères. Cela dépasse toutes les religions, encore un effort pour effacer la bulle qui excommunie tous les Francs-Maçons, il n'y a pas des Fraternités, mais une Fraternité.

 

Jean-François Guerry.  

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Publié le par Jean-François Guerry
L’HOMME UNIVERSEL ET SON SIGNE

L’HOMME UNIVERSEL ET SON SIGNE

 

 

Il nous faut remonter aux sources du ciel, aux sources du Nil, le fleuve sacré qui fertilise et donne la vie dans les pas du poète, qui voyage de l’occident à l’orient pour retrouver la lumière originelle, celle qui éclaire tous les hommes. Gérard de Nerval fasciné par les couleurs, par le feu de l’Orient a fait le Voyage vers la source de l’humanité.

Yves Hivert Messeca a écrit :

 

« Gérard de Nerval dans son Voyage en Orient est la recherche de la réponse à ses deux questions : la diversité actuelle des religions, des cultes résulte-elle d’une rupture d’une unité spirituelle primordiale ?

 

René Guénon parcourant au cours de sa vie les diverses traditions est arrivé également à cette hypothèse, résolue avec sa Tradition Primordiale, Originelle. Les Francs-Maçons traduisent cette unité spirituelle, par le terme de religion universelle, religion pris dans le sens de ‘religere’, une religion sans dogmes. 

 

« La deuxième interrogation de Gérard de Nerval est comment retrouver, restaurer, aujourd’hui cette unité religieuse en harmonie avec la modernité ? »

La solution le poète la trouve dans l’ésotérisme des religions, en particulier pour lui dans l’ésotérisme Ismaélien. La recherche démontre les relations entre les Druzes et les Templiers. Pour Gérard de Nerval, la Franc-Maçonnerie est une forme de syncrétisme universel, où se retrouve les valeurs de toutes les traditions, et le meilleur des valeurs religieuses qui sont universelles.

 

En suivant le chemin de cette hypothèse, nous trouvons des signes, des symboles, des analogies, qui la renforce. Sur les bords du Nil, les hommes avaient les pieds dans la terre noire, limoneuse, l’al-chemia, ils regardaient le jour le dieu Soleil qui brûle et régénère toutes choses, et ils suivaient la nuit l’étoile flamboyante. 

 

Dans cette position intermédiaire entre terre et ciel, ils savaient que ce qui est bas est semblable à ce qui est en haut. Disciples d’Hermès, ils seraient compagnons d’Hiram autour de la table ronde. La croix ansée, le Thau, la croix de vie de l’immortalité de la régénération du Maître, du grain qui tombe à terre sur les bords du fleuve et renaît en mille épis, dans les champs qui reverdissent souffle le verbe de la vie.

 

Dans ma loge pleine des symboles de la construction et de la reconstruction de l’homme intérieur, le fil à plomb, l’escalier tournant, spiralé ou l’échelle mystérieuse, sont les axes du chemin vers les hauteurs de la spiritualité. Ce chemin vers la Connaissance, n’est accessible pour la substance cartésienne dont nous fait, n’est pas possible que par l’esprit. L’homme qui pense et est, se rapproche du principe de l’essence, dont il est une infime partie, un point dans l’éternité.

 

Il y a réciprocité, analogie dans le visage de l’homme entre la substance et l’essence, il y a réunion du visible et de l’invisible.

 

Les secrets du Temple de Salomon sont nés sur les rives du Nil, Moïse les rapportés de son exil à travers le désert, jusqu’à la Jérusalem trois fois sainte. La ville de la rencontre des traditions, là où les Chevaliers du Temple ont connus l’ésotérisme de l’islam. Le  Thau , égyptien, la croix latine, nous rappelle aussi la clé d’ivoire, sésame du saint des saints et ouverture vers la tabernacle où le cœur brûle de l’amour universel.

 

Jean-François Guerry.  

Il serait peut-être judicieux dans nos écoles de donner des cours sur l'histoire des religions.
Des nouvelles du Blog

Hier il atteint les 1000963 pages lues depuis sa création, pas la peine d'en faire la publicité il a horreur de ça !

Merci quand même à tous les lecteurs, et aux 600 abonnés.

Merci aux fidèles commentateurs: Claudius, Cincinnatus, le Frère Tuck, Isabel et tous ceux que je n'oublie pas.

Jean-François et ses contributeurs Rémy Le Tallec, Philippe Jouvert, Jean-Pierre Rousseau, Hervé le Marseillais, et le premier d'entre-eux De Neuville.

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Publié le par Jean-François Guerry, Philippe Jouvert , Jean-Pierre Rousseau
DES TÉNÈBRES À LA LUMIÈRE

 

DES TÉNÈBRES À LA LUMIÈRE…

 

 

La lumière succède aux ténèbres. Notre désir de Lumière, notre recherche de la Connaissance, de la Parole Perdue, de la Vérité, nous pousse à frapper à la porte de notre temple intérieur. En frappant les premiers coups de ciseau sur la pierre brute, nous voyons jaillir la première étincelle de Lumière, l’étoile flamboyante dans le ciel.

 

Nous ne sommes que d’infimes points dans l’immensité de l’univers, dans l’éternité. Mais nous sommes des points lumineux, par la volonté d’un principe, inconnu, indéfinissable, incommensurable, impénétrable, innommable, mystère de la vie. La multiplication de ces lumières infimes, vivantes, brûlantes d’amour éclairent le monde. L’esprit est venu habiter le corps et fait grandir les âmes, les rends plus belles.

 

« Je ne sais pas ce que je suis, je ne suis pas ce que je sais : Une chose, et pourtant aucune chose, un petit point et un cercle. » (Angelus Silésius)

 

Ces points lumineux dans l’éternité sont autant d’hommes différents, mais la loi de la maçonnerie nous demande de réunir dans une grande chaîne fraternelle, ce qui est épars. Comme nous devons en nous-mêmes réunir ce qui est épars. Afin d’atteindre l’harmonie en nous et avec force et vigueur en fonction de nos possibilités dans le monde, avec humilité.

Nous devons construire des temples de l’esprit, des tabernacles pour protéger les secrets de la vie bonne, vertueuse, sage pour que vive à jamais la Lumière de l’esprit dans le cœur des hommes.

 

Atteindre l’absolu, au-delà de nous-mêmes, s’accrocher modestement aux branches de l’étoiles, voir le char lumineux, qui porte le trône. Travailler sans relâche à la descente de la Jérusalem céleste sur terre, nourrir l’espérance que ce qui est en bas soit semblable à ce qui est en haut, installer le Saint-Empire.

 

« Il faut se jeter au-delà de soi-même. »

 

« Homme si tu lances ton esprit au-delà du lieu et du temps. Tu peux à chaque instant être dans l’éternité. » (Angelus Silésius)

 

Dévoiler, rompre sans cesse les écorces, pour que l’invisible devienne visible. Combattre le mal, l’injustice, la barbarie pour que la Loi d’Amour vienne dans le cœur des hommes ; et dans le monde. 

 

L’homme sait que la Lumière vient après les ténèbres, c’est pourquoi il est un Chevalier de l’esprit sur la route qui mène à la lumière. Même si nous ne sommes que de minuscules points lumineux dans l’univers, quoique de plus beau qu’une étoile qui brille dans le ciel d’une nuit d’été.

 

Jean-François Guerry.

DES TÉNÈBRES À LA LUMIÈRE

Le Chaos et l’enfant

 

Le temps semble figé, les secondes, comme des jours,

Interminables, passent. Au fonds de la nuit

Qui noie le monde, le silence s’installe sans bruit,

Tandis que l’Homme pleure l’Universel Amour.

 

Des larmes amères coulent, elles noient sa mémoire,

Elles roulent, roulent le long de son désespoir,

Elles deviennent fleuve, et s’en vont, océanes,

Alimenter ses peurs, et révéler ses pannes.

 

Je suis là, impuissant, contemplant le désastre,

L’imminente tragédie de l’inhumaine race.

 

Les survivants se terrent. Dans le ciel et les astres

On ressent la moiteur d’une crainte tenace.

 

Je passe et puis repasse, inconsolable et seul,

Lente rétrospective, les années d’avant deuil. 

L’épilogue d’une race bouffie d’orgueil.

 

Je contemple le fil où s’enchaînait ma vie

Je le tire et ramène des lambeaux de bonheur,

D’éphémères instants, de rassurantes heures

De pénibles souvenirs que je croyais enfouis ;

 

Le tumulte incessant de nos lourdes consciences

Nous tiens les yeux ouverts ; contemplant ce décors

Qui force au repentir ébranle nos croyances,

J’aperçois dans la rue l’insoutenable effort

Que déploie un enfant traînant une valise.

 

La scène est incongrue, parce que tout se brise,

Son fardeau semble lourd, mais il est silencieux

Il avance tranquille, assuré, lumineux

Presque heureux d’être là, au milieu de la nuit…

 

Il chavire parfois, et puis trébuche aussi,

Mais inlassablement, il se remet debout,

Fièrement, sans faiblir, et il avale ainsi

Sans hâte, pas à pas, l’interminable route.

                                                                                            

Qui est-t-il ? Où va-t-il ? D’où vient ce garnement ?

Il semble comme étranger à ce monde dément

 

Pourquoi inflige-t-il cet effort dérisoire

A mes yeux las d’amour, las de temps, et d’espoir ? 

Ne devine-t-il pas la terrible menace 

Qui plane sur nos têtes, comme une ultime farce ?

 

Je dois le rattraper, éteindre son sourire, 

Le convaincre, expliquer, lui éviter le pire.

 

J’entreprends de rejoindre l’impertinent enfant.

 

Ma lente procession pour atteindre l’impie,

Est freinée par le vent qui bruyamment glapit,

J’avance pesamment, résolu, haletant,

Et la tête baissée et les deux yeux rivés

Sur la cible mouvante que je veux entraver.

 

Une main sur l’épaule, l’enfant fait volte-face,

Et brusquement je sais, et ma colère s’efface.

 

Contemplant ce visage que je connais par cœur

Je découvre incrédule, dans ces traits la douceur

D’un gamin de sept ans pointant de son index

Un horizon blafard qui me laisse perplexe.

 

Image de l’innocence, d’un printemps révolu,

D’un cœur ouvrant les portes de l’amour, résolu

A répandre l’espoir par-delà les sceptiques,

Tous ces morts en sursis, au regard famélique.

 

Je fus cet enfant-là, celui qui disparaît,

Qui semble s’évanouir la besogne remplie,

Sans qu’un son sur ses lèvres ne m’instille la paix

Ni n’efface l’angoisse qui me tord et me plie.

 

 

Je demeure fourbu, éreinté, écrasé,

Le choc fut salutaire mais la nuit est glacée.

 

Tandis que je relève, comme un pantin cassé

Mon corps et ma raison, tandis que mon passé

M’est ainsi révélé, je recommence à croire,

L’image s’accentue au centre du miroir.

 

Le scepticisme cède, remplacé par l’espoir

Et Je suis désarmé par ma propre victoire.

 

Pouvons-nous retrouver ce puissant élixir,

Ce possible bonheur, et s’il n’est pas trop tard,

Alors quel est le prix qu’il nous faut consentir

Pour que nos lendemains ne soient pas des hasards ?

 

Sommes-nous à la fois la lumière et le fou ?

Déchiffrons-nous toujours du symbole l’atout ?

 

Au tréfonds de nos cœurs où siège le repentir

Pouvons-nous retrouver l’originel arôme ?

La saveur des saveurs qui fait ce que nous sommes

De solides maçons, des Hommes en devenir.

 

L’enfant, omniprésent, veille dans la pénombre

De nos cœurs fatigués, comme en un cabinet

Sanctuaire apaisant que le bonheur encombre

Où l’âme se régénère, où l’empathie renaît,

Pour célébrer la vie, remercier l’univers

Modérer nos passions et vaincre nos travers.

 

Saisissons la valise et trainons-la partout

Car elle contient tout !

Nos doutes et nos farces,

Nos amis, ennemis,

Nos rêves et nos envies,

Car nous ne sommes ni sourires ni grimaces,

Mais seulement, je crois, des maillons minuscules

Dans une solide chaîne où l’espoir s’accumule.

 

Et quand l’indécision, et quand l’intolérance

Frappent trois petits coups, mais avec insistance,

Ouvrons-la, tout en grand, et puisons nos destins !

 

Philippe Jouvert.

L'homme créateur

L'homme créateur

MÉMOIRES DE CONFINEMENT

 

L’Homme inlassable créateur de lui-même.

 

Le 09 mai 2020

 

Le regard de l’autre, seul face à la cité,

Qui peut savoir vraiment, ce que l’on peut cacher.

Donner de soi du vrai en toute sincérité

Voilà précieux challenge dont on doit s’enticher.

 

 

Pour porter nos acquis du dedans au dehors

Il nous faut faire le choix de partager encore,

Richesse de l’initié, force dans la durée,

Quête d’authenticité socle de notre liberté.

 

 

Par le travail sur lui-même glorifié,

L’ouvrier assidu assure continuité,

Parfait achèvement de son propre chantier,

Car il a pu vaincre ses propres démons défiés.

 

 

Devenu enfin homme vrai sorti de l’épreuve,

Alors la découverte de sa nature profonde

L’aidera à parfaire son délicat chef d’œuvre,

Construction pierre à pierre d’un soi sans faconde.

 

Jean-Pierre Rousseau Gawr’né.

DES TÉNÈBRES À LA LUMIÈRE

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Publié le par Jean-Laurent Turbet

Cet article est reposté depuis Le Blog des Spiritualités.

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Publié le par Jean-François Guerry
DES VERTUS

DES VERTUS….

 

 

J’ai eu l’honneur et la joie de pouvoir partager un bout de mon chemin maçonnique dans ma loge avec un frère, dont la sagesse, la discrétion, la simplicité, l’humilité n’avaient d’égal que ses connaissances initiatiques. Étant chargé pendant un temps de « l’instruction », de mes plus jeunes frères, c’est auprès de lui que je cherchais des réponses à mes doutes, mes interrogations.

 

Quelques temps avant son départ pour l’Orient éternel, je me rapprochais de plus en plus de lui, voyant sa santé décliner, je voulais tirer profit de ses « Vaillants et Suprêmes Conseils. »

 

Un jour il me dit Jean-François, je vais te confier un grand secret : « La Franc-Maçonnerie en fait c’est très compliqué et aussi très simple : il suffit simplement de fuir le vice et de pratiquer les vertus. Cela donne une direction, un sens à ta vie et à la vie en général »

 

Les vertus sont nombreuses et demandent donc un long apprentissage. Pythagore déjà dans son école initiatique de Crotone enseignait les vertus en même temps que les sciences, les arts libéraux, l’ensemble formant une véritable élévation spirituelle. Les règles étaient strictes, comme le silence imposé pendant 5 ans aux néophytes avant leur accession au premier degré de l’initiation. Les élèves de Crotone étaient comme ceux du lycée d’Aristote, à la recherche d’un idéal de vie. Les profanes qui frappent à la porte d’un temple maçonnique à la recherche de la Lumière sont dans le même état de latence.

 

L’une des premières recommandations qu’ils recevront c’est de fuir le vice et de pratiquer les vertus, pour leur réalisation personnelle et pour que règne l’harmonie dans le monde.

 

Beaucoup de philosophes se sont intéressés aux vertus, Kant dans sa volonté de libérer l’homme des dogmes religieux, substitua les vertus par le devoir moral et le respect de la loi. Mais l’on voit aujourd’hui la dégradation de cette règle morale du devoir, cela ne suffit donc pas, faut-il revenir à l’apprentissage des vertus ? L’échec de la volonté louable par ailleurs d’enseigner le devoir civique, interroge ? Le en même temps démontre ses limites et son danger, laissant la porte ouverte aux extrémismes de toutes sortes. 

Aujourd’hui tous les discours sur le devoir, les vertus est considéré comme une atteinte à la liberté. Prôner toute forme d’ordre social, vous fait passer au mieux comme un naïf, au pire comme un dangereux extrémiste.

 

La morale du bien étant considérée comme dogmatique, on se rabat pudiquement sur l’éthique, c’est forme d’aristocratie de la morale selon André Comte Sponville, ça fait plus chic ! Renonçant à l’aléatoire du bien et du mal, on essaye de faire au plus juste. C’est une réalité à hauteur d’homme est-ce suffisant ? On pourrait peut-être avoir une vision plus élevée, pour donner un nouvel élan, on préfère gérer le quotidien, par manque de vision de la société que l’on veut, on donne le change l’on fait des lois et l’on renonce à les appliquer ou si tardivement quelles perdent leurs effets.

 

Pour ne tomber dans une morale arbitraire ne faut-il pas promouvoir la pratique des vertus universelles. On a redécouvert ces temps-ci l’intérêt, de la fraternité, de la solidarité, du collectif, il faut encore un effort pour remettre Aristote à l’ordre du jour : « pour vaincre nos passions. »

 

Le temps de l’eau tiède, approche de sa fin. Il faut remettre du courage pour nous rapprocher de l’autre. Dans cette période de distanciation physique, il nous faut rajouter de la proximité morale, il faut combattre le vice et l’injustice.

 

C’est le philosophe agnostique André Comte Sponville, défenseur d’une spiritualité laïque qui a relancé le débat sur les vertus, et non sur la vertu. Il change parfois les dénominations chrétiennes des vertus. Ainsi le courage devient pour lui une vertu cardinale, il y associe la fidélité, il prône la générosité version laïcisée de la charité chrétienne. À mon sens son « Petit Traité des Grandes Vertus » devrait être distribué à tous les élèves de nos lycées.

 

L’initiation maçonnique est un cheminement de vie. Peut-on parler d’un cheminement vertueux, dans la mesure où le néophyte s’engage à fuir le vice et pratiquer les vertus, c’est du moins un objectif.

 

Vladimir Jankélévitch a réfléchi dans son Traité des Vertus au cheminement du vertueux. Il n’est pas loin là, de la pensée de Levinas à ce sujet. Il explore le dilemme de nos choix moraux, un débat intérieur, un choix cornélien qui nous mène souvent à privilégier nous-mêmes au détriment d’autrui, d’où aujourd’hui le manque de collectif, de fraternité, et de sa conséquence la solidarité dans notre société. Jankélévitch résout ce problème en préconisant une morale de l’amour. On en revient finalement aux vertus universelles, comme la charité, la vertu d’amour qui selon Saint-Paul dans sa célèbre épitre aux Corinthiens est la mère de toutes les vertus, sans laquelle les autres ne sont rien. Cette loi d’amour est aussi la fraternité maçonnique.

 

Le cheminement initiatique maçonnique, est une voie qui impose idéalement la pratique des vertus, cela ne peut-être que progressif et demande courage, devoir, fidélité. C’est de ma libre volonté que je demande à être admis franc-maçon, je promets d’être fidèle…Lentement nous nous essayons à la pratique et à l’acquisition des petites et des grandes vertus. Nous nous efforçons d’être nous-mêmes, plus humains. Je cite Jankélévitch :

 

« Avant le courage tout n’est que spéculation. Le courage est ainsi le passage du seuil du réel. »

 

Certains rituels maçonniques parlent d’un homme courageux. Le franc-maçon s’efforcera, de faire son devoir, en toute fraternité et dans l’honneur, il sera le plus possible juste. Le Traité des Vertus de Jankélévitch se termine par la vertu d’humilité, ce n’est sans doute pas un hasard, c’est une vertu des plus difficiles à pratiquer pour l’homme. Se dépouiller de l’inutile, se mettre à la portée de tous les hommes, savoir progresser avec tous ses frères, atteindre parfois le Nec Plus Ultra d’un enseignement et conserver humblement la ferme volonté de redescendre. L’humilité qui est une vertu fondamentale, est également fondamentale dans la pratique de toutes les vertus.

 

La mise en valeur de la vertu d’humilité met à bas toute forme d’élitisme, d’intellectualisme qui n’a pour but que d’enorgueillir. L’humilité est donc consubstantielle à la pratique des vertus. Le franc-maçon, qui décidé de combattre son ego, de renoncer à ses certitudes, d’écouter l’autre, de l’accueillir avec dignité, est un homme qui a le sens de l’honneur pour lui, mais surtout pour les humains en général.

 

Le besoin d’humilité est défini ainsi par Vladimir Jankélévitch : 

« Bien qu’elle ne soit pas encore la charité, l’humilité est pourtant ses prolégomènes négatifs, car ce n’est pas simplement l’ego qui est visé, mais aussi l’égoïsme. L’humilité est une ouverture à autrui et au monde en général. »

 

J’irais jusqu’à dire que le franc-maçon, qui a atteint une sorte d’humilité permanente est au terme de son initiation, il est plus radieux que jamais. Son devoir lui impose pourtant une vigilance constante vis à vis de son ego.

 

Jean-François Guerry. 

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