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la Franc Maçonnerie au Coeur

la Franc Maçonnerie au Coeur

Un blog d'information, de conversations sur le thème de la Franc Maçonnerie, des textes en rapport avec la Franc Maçonnerie, comptes rendus et conseils de lectures.

Publié le par JF GUERRY-S L LOGE KLEIO
RUDYARD KIPLING

RUDYARD KIPLING

 

L’homme est connu par la trace de quelques poèmes emblématiques, qui nous encouragent, nous guident et nous soutiennent dans les moments difficiles de notre vie. Sa vie mouvementée, aventureuse, riche de ses voyages de l’occident à l’orient. Son œuvre littéraire couronnée par un prix Nobel, son implication dans la Franc-Maçonnerie mérite mieux que quelques lignes, un Frère de la Loge Kleio, membre de la Grande Loge de l’Alliance Maçonnique Française, nous restitue la vie de Rudyard Kipling. Pour notre profit personnel, et celui de tous les hommes, de tels Francs-Maçons sont présents par l’esprit dans toutes les chaînes fraternelles qui clôturent les travaux de Loge, mais aussi dans la grande chaîne de la fraternité humaine, dont nous sommes tous les maillons…

 

Jean-François Guerry.

RUDYARD  KIPLING PAR LA LOGE KLEIO

Rudyard Kipling, ou Mowgly l’enfant de la Veuve 

Planche présentée par le Frère S L

 

J’ai désiré travailler sur le Frère Rudyard Kipling parce que je ne le connaissais jusqu’à là, comme beaucoup, que par le « Livre de la Jungle » et son célèbre poème « Tu seras un homme mon fils ». Les allusions récurrentes de notre Frère R H, Frère je suppose bien connu des Frères de cette loge, à Kipling ont en effet excité ma curiosité et m’ont poussé vers ce travail.

 

Hormis la lecture de « Dans l’intérêt des Frères », j’ai donc parcouru quelques unes de ses poésies, en anglais et en français pour ne pas en perdre le sens, et me suis appuyé sur des sources dites « secondaires » pour essayer comprendre, ou en tous cas d’entrevoir ce que fut l’homme, et de partager avec vous mes Frères quelques bribes de ce que fut et vécut ce grand maçon et grand écrivain de la fin du long XIXème siècle.

 

Signalons à cet effet qu’il fut le premier auteur de langue anglaise à recevoir en 1907 le prix Nobel de littérature et le plus jeune à ce jour à l'avoir reçu. Et que par la suite, il refusa d'être anobli, décision qui ne peut être anodine.

 

Comprendre l’homme c’est déjà suivre le parcours qui l’a façonné.

 

Joseph Rudyard – le nom d’un lac dans le comté de Staffordshire en Angleterre où ses parents échangèrent leur premier baiser - Kipling est né à Bombay, dans ce qui s’appelait alors les Indes britanniques, le 30 décembre 1865 et est passé à l’O.E à Londres le 18 janvier 1936. Clins d’œil de l’histoire, 1936 est l’année où s’amorce avec Nehru et Gandhi le processus d’indépendance de l’Inde qui ne sera reconnue qu’en 1947, et son ami le roi George V, dernier roi de l’âge d’or impérial, mourut deux jours après lui.

 

Mon intention n’est pas de vous décrire par le menu la vie de Rudyard Kipling. Retenons que, comme il était de coutume dans les familles anglo-indiennes, il fut expédié en Angleterre pour y faire ses études, et que ce fut là une époque très douloureuse de sa vie.

 

Ses études n’ayant pas été couronnées de succès, il démarra comme assistant dans un petit journal local de Lahore, la ‘Civil & Military Gazette’, puis au ‘Pioneer’. C’est au sein de ces deux journaux qu’il développa son talent littéraire en publiant des nouvelles à un rythme d’ailleurs assez effréné.

 

Rudyard fut ensuite un grand voyageur. Il quitta définitivement l’Inde en 1889, parcouru l’Asie du Sud Est puis les Etats Unis avant de rejoindre l’Angleterre où il publia son premier roman. Encore un voyage en Afrique du Sud, Australie et Nouvelle Zélande avant de se marier à Londres en 1892 et de s’expatrier à nouveau aux Etats-Unis dans le Vermont. Quatre années prolixes au cours desquelles il écrira en particulier le fameux « Livre de la Jungle ». Quatre années de bonheur familial et quatre années fertiles puisque Kipling donnera naissance à une fille Joséphine en 1893 et à une Elsie née en 1896. Un fils, John, viendra compléter la famille en 1897 à Londres. Suite à un différent avec son beau-frère, les Kipling quitteront en effet les Etats Unis pour se poser en Angleterre s’installer définitivement en Angleterre en 1896 où il résidera jusqu’à son passage à l’O.E en 1936. Son décès avait d'ailleurs été annoncé de façon prématurée dans les colonnes d'une revue à laquelle il écrivit : « Je viens de lire que j'étais décédé. N'oubliez pas de me rayer de la liste des abonnés. ». Preuve s’il le fallait que le regard de Kipling portait sur le monde était souvent cruellement lucide et souvent cynique.

 

Cette dernière période de sa vie sera la période de reconnaissance du génie littéraire de Kipling, avec entre autres l’attribution du prix Nobel en 1907 pour le livre « Kim ». Mais cette période de début du XX siècle sera aussi celle d’écrits plus controversés d’un homme issu de la culture colonialiste du long XIXème, celle d’un homme qui anticipe le second conflit mondial mais qui ne voit pas que la fraternité universelle qu’il idéalise ne peut cacher des luttes de classes profondes et particulièrement « clivantes ». Cela lui vaudra de sévères critiques - pas toujours justifiées il faut le reconnaître - et en particulier celle de George Orwell qui écrira de lui en 1942 dans la revue Horizon « Kipling is a jingo imperialist, he is morally insensitive and aesthetically disgusting ». Nous y reviendrons.

J’allais oublier me direz-vous la vie maçonnique de Kipling. Il fut reçu le 1er avril 1886, avec une dispense particulière vu son jeune âge – 20 ans - dans la Loge de son père « Hope and Perseverance 782 » à l’O. de Lahore, qui travaillait au rite émulation. La progression est rapide puisqu’un mois plus tard il passe au seconde grade puis est fait officier de la loge en décembre de la même année. Il tiendra alors le plateau de Frère Secrétaire. Il est également affilié à la Loge Fidelity N° 98 à l’Orient de Lahore.

Le 14 avril 1887, il est avancé au grade de Maitre maçon de la marque. Sa marque représente une équerre accolée au milieu d’une perpendiculaire. Le même jour, il est élevé au grade de "Marinier de l’arche royale" de la Loge des mariniers de l’Arche Royale du Mont Ararat n°98 à l’Orient de Lahore. Ce grade n’est accordé qu’aux maitres maçons de la marque. Noé et son arche en structurent rituel et cérémonies.

Le 17 avril 1888, en raison de sa mutation professionnelle au journal Pioneer, il s’affilie à la loge Indépendance et philanthropie n°391 à Allahabad.

Toutes ces loges étaient dépendantes de la Grande Loge Unie d’Angleterre.

Mais Kipling fut aussi membre de loges dépendant de la Grande Loge Nationale Indépendante pour la France et les colonies Françaises, qui devint G.L.N.F en 1948 : la Loge les bâtisseurs des cités silencieuses N°12 (ultérieurement n°4948) à l’Orient de saint Omer - inaugurée en 1922 R Kipling en fut membre jusqu’à sa mort – et la loge fille les bâtisseurs des cités silencieuses n° 4948 à Londres, Elle fut inaugurée en décembre 1927 et R.Kipling, membre fondateur, en démissionnera en 1935. Il convient de noter que les Bâtisseurs de Cités silencieuses entretenaient des relations étroites avec la « War Graves Commission », qui s’occupait des tombes des soldats britanniques tombés au champ d’honneur. J’y reviendrai ultérieurement. Il fut aussi Poète Lauréat de la fameuse loge Canongate Kilwinning, No. 2 d’Edinburgh. Il accepta également une fellowship auprès de la Philalethes Society, une organisation of d’écrivains francs-maçons fondée aux Etats-Unis en 1928.

Mais la pratique régulière de Kipling se limita à essentiellement sa période indienne, ce qui ne l’empêcha pas d’être totalement pénétré par les valeurs maçonniques et de les défendre tout au long de sa vie.

RUDYARD  KIPLING PAR LA LOGE KLEIO

 

Les expériences marquantes de Kipling :

 

L’enfance bafouée :

 

De 6 à 16 ans le jeune Kipling et sa sœur ainée sont envoyés par leurs parents en Angleterre pour parfaire leur éducation britannique et sont placés en pension chez un couple. Passage brutal la terre mère à la mère patrie, d’une enfance indienne, libre, insouciante, à demi sauvage, du polythéisme chatoyant de l’Inde au puritanisme gris anthracite de l’Angleterre. Et passage de parents aimants à une pension que Kipling appellera la « Maison de la désolation ». Dans la Maison de la désolation, une femme, « La Femme », régnait. La Femme, une mégère ! Mal nourris, quotidiennement humiliés, battus, apeurés, et lui largement plus que sa sœur, les enfants étaient sous sa domination la plus totale. La mégère s'ingéniait visiblement chaque jour à découvrir les plus cruelles punitions pour le petit Rudyard.

Un premier traumatisme sévère pour le jeune Kipling qui ne se lassera pas de revenir sur cet épisode. On songe spécialement à une longue nouvelle, Baa, Baa, Black Sheep (1888), qui met en scène le calvaire de l’enfant, chassé du paradis indien pour l’enfer métropolitain. Seules les vacances passées chez sa tante Georgiana (Georgy) et son mari, le peintre Edward Burne-Jones, dans leur maison de Fulham à Londres leur apporteront, à sa sœur Trix et à lui, beaucoup d’affection. « Un paradis auquel je dois en vérité d'avoir été sauvé » dira plus tard Kipling.

Dans la pension de famille du capitaine et de Mrs Holloway, qu’il évoquait comme « la maison de la désolation », Rudyard se dépeindra sous les traits de David Copperfield, l’orphelin de Dickens. Mais comme l’a fait remarquer Graham Greene, si Dickens a réagi à une enfance malheureuse par l’empathie, Kipling lui a répondu par la cruauté. Les nombreuses scènes sadiques qui émaillent ses livres sont là pour nous le rappeler. Elles culmineront avec la séance de torture d’un lépreux dans la « Marque de la bête » (1890). Il évoquera ce passage de sa vie dans « Something of Myself » en1935 « Maintes et maintes fois par la suite, ma tante bien-aimée me demanda pourquoi je n'avais jamais raconté comment j'étais traité. Mais les enfants ne parlent pas plus que les animaux car ils acceptent ce qui leur arrive comme étant décidé de toute éternité. De plus, les enfants maltraités savent très exactement ce qui les attend s'ils révèlent les secrets d'une prison avant d'en être bel et bien sortis. ».

Kipling fut sans aucun doute un auteur de l’enfance, lui qui ne quitta jamais réellement la sienne : des deux tomes du « Livre de la jungle » (1894-1895) à « Regulus » (1908), une nouvelle du cycle de Westward Ho - le collège militaire au sein duquel il fit ses études - qui reprend la traduction en classe de latin de l’ode qu’Horace a consacrée à Regulus, lequel, capturé par les Carthaginois et dépêché à Rome pour demander la paix, déconseille au Sénat toute transaction, scellant ainsi sa mort.

Horace, Rome, l’Empire. Le monde de Kipling est dur, il ne sourit qu’aux forts. Tous les contes et récits pour enfants de Kipling, profondément ancré dans la transmission, délivrent une leçon morale, même le cycle de Mowgli, l’enfant sauvage élevé par des loups : la jungle, c’est le chaos du monde ; Mowgli, c’est l’ordre britannique. C’est à la lecture du Livre de la jungle que Baden-Powell eut l’idée de susciter auprès des plus jeunes une formation de type para-miltaire mais avec un contenu initiatico-symbolique. Des générations de louveteaux s’en inspireront. Comme quoi même dans sa littérature Kipling s’est inscrit dans la transmission en général, et dans la transmission maçonnique en particulier, car Mowgly, c’est l’Enfant de la Veuve, et Raksha, la louve qui l’a protégé et nourri !

 

 

L’Orient, l’Occident et la colonisation :

 

Alors que le soleil ne se couche jamais sur l’empire britannique, la littérature anglaise est paradoxalement très pauvre en écrits sur la colonisation. Les deux romanciers peut-être les plus importants du XIXème siècle, George Eliot et Charles Dickens, ne se sont guère intéressés à l’Empire. La colonisation ne sert que de toile de fond à certains auteurs anglais – tels T.E Lawrence, Somerset Maugham ou Graham Greene- mais son aspect politique n’est jamais évoqué. Comme si la littérature s’était désintéressée de l’Empire. Rudyard Kipling est le seul auteur à naître et à vivre au sein de cette petite bourgeoisie coloniale, ce qui le met rapidement au contact d’hommes et de cultures différentes, et c’est lui qui va devenir – probablement malgré lui car ce n’est pas le meilleur aspect de sa pensée - l’écrivain de référence sur la colonisation britannique. Sentinelle avancée de l’Empire, Kipling fut à la croisée de l’Occident et de l’Orient. Colon de naissance mais éduqué en Angleterre il endossera et défendra cette vision occidentale quelque peu évangélique - voire même ouvertement christique dans la formulation qu’en fait parfois Kipling - de la colonisation, cherchant toutefois à mettre le colonisateur face à ses responsabilités. La colonisation, telle que Kipling l’évoque dans « Le Fardeau de l’homme blanc » publié en 1889 autant une charge – dans les deux sens du terme – qu’un devoir de civilisation.

On notera toutefois que Kipling ne développe pas une vision triomphante du colonialisme, mais plutôt une vision altruiste à laquelle on pourra aisément opposer un idéalisme avéré et coupable : l’égalité des peuples serait le but ultime de la colonisation et non leur domination. Il refusa toujours d’admettre que l’impérialisme est d’abord une affaire de profits, ce qui ne l’empêcha malheureusement pas d’être un soutien et un collecteur de fond actif pour les soldats britanniques engagés dans la guerre des Boers.

Il faudra attendre 1934 et la publication de « Une tragédie birmane », par George Orwell - né comme Kipling en Extrême-Orient et policier pendant cinq ans en Birmanie – pour que soit enfin posée dans la littérature anglaise la question de la colonisation. Et encore, Orwell n’ira pas au bout de sa logique, n’accomplira pas la rupture épistémologique et ratera l’occasion d’être la première conscience "tiers-mondiste" européenne. Quel dommage qu’un Franc-Maçon tel que Kipling n’ait pas pu tenir ce rôle. Mais en était-il culturellement capable ?

 

 

L’injustice et la mort des enfants :

 

La thématique se rapproche ici de celle évoquée par Dostoïevski dans les « Frères Karamazov ». Kipling connaîtra la douloureuse expérience de perdre deux de ses enfants. Joséphine mourra d’une pneumonie lors d’une visite rendue par la famille à la belle mère de Rudyard, Kipling est lui-même gravement malade, comme le rapporte le New York Times en première page, et son épouse n’ose pas lui annoncer la mort de sa fille. C’est son éditeur qui le fera. Ceux qui ont connu Kipling rapportent qu’il ne s’est jamais remis de la mort de cette fille qu’il chérissait et qu’il fit le vœu de ne plus jamais revenir aux Etats-Unis.

Kipling connaîtra à nouveau la douleur du deuil lorsqu’en 1915 son fils John, alors âgé de 18 ans, sera porté disparu sur le front en Flandres, durant l'attaque de Chalk Pit Wood à la bataille de Loos. Kipling parcourra les champs de bataille pour tenter de retrouver son corps, mais sans succès. Il éprouvera un remord profond pour avoir aidé son fils à s’enrôler, grâce à une recommandation fraternelle, alors qu’il devait être reformé pour cause de constitution fragile et de vision défaillante.

En 1917, pour atténuer le chagrin lié à la perte de son fils il crée une loge maçonnique que l’on peut qualifier d’imaginaire pour y écrire avec ferveur. Il la baptise la Loge "Faith and Works" (La foi et les œuvres) n° 5837 et se décrit comme un frère visiteur.

Cette tragédie que fut la mort de son fils est une des raisons qui poussèrent Kipling à rejoindre l'Imperial War Graves Commission - Commission impériale des sépultures militaires - responsable des cimetières de guerre anglais. On doit à Kipling la phrase célèbre, « Leur nom vivra à jamais », tirée de la Bible et inscrite sur les pierres du souvenir des sépultures les plus importantes. C'est également à Kipling que l'on doit l'inscription « Connu de Dieu » sur la tombe des soldats inconnus.

On se fera une idée juste du personnage en lisant son autobiographie, Quelque chose de moi-même, publiée un an après sa mort, où Kipling apparaît tel qu’en lui-même, sans ostentation, dans un clair-obscur voilé et un monde obscurci par la mort des enfants et le déclin de l’Empire britannique. Ironie du sort le dernier mot que Kipling écrira de sa main dans cette œuvre inachevée sera le mot « Mort ».

Mowgli

Mowgli

 

La Franc-Maçonnerie :

 

Elle entre très tôt dans la vie du jeune Rudyard puisque ce sont les souvenirs d’un conte lu dans son enfance qui lui inspira des années plus tard le Livre de la Jungle. « And somehow or other I came across a tale about a lion-hunter in South Africa who fell among lions who were all Freemasons, and with them entered into a confederacy against some wicked baboons. I think that, too, lay dorment until the Jungle Books began to be born." (in Something of Myself  - 1935 - page 8)

 

Il n’existe que peu ou pas de traces concrètes de la vie maçonnique de Kipling. Pas de planches, très peu de correspondance avec ses loges, et pas d’écrits personnel sur son expérience maçonnique directe.

 

On peut toutefois probablement avancer que la maçonnerie a permis à Kipling de cristalliser sa vision humaniste du monde et d’embrasser d’un seul coup la démarche maçonnique car il y avait déjà en lui des qualités profondes qui étaient en résonnance avec les valeurs de la Franc-Maçonnerie: un lien secret, une fraternité universelle, des valeurs morales élevées, des codes et des rituels, un engagement commun sur des objectifs et des idéaux, une hiérarchie assise sur la connaissance, un monde exclusivement masculin, une logique d’efforts individuel soutenus par une collectivité. Selon son biographe Carrington, la Franc-Maçonnerie fournissait à Kipling un cadre naturel pour ses idéaux sociaux. Inversement elle fut aussi probablement pour lui un rempart contre les démons qui l‘agitaient - l’enfance douloureuse, la mort, la guerre et le déclin de l’Empire – en lui fournissant un référentiel strict dans lequel il puisait sa force. C’est ce qui lui fera écrire dans le recueil « Dans l’intérêt des Frères » que « le Rituel est fortifiant, le Rituel est nécessaire aux hommes ».

 

La maçonnerie a tellement formé et modelé Kipling qu’il s’inspira d’ailleurs directement de la pratique maçonnique pour concevoir la cérémonie de remise des diplômes des ingénieurs canadiens.

En 1922, au cours d’une conférence à Montréal, l’ingénieur Herbert Haultain, professeur de génie minéral à l’Université de Toronto et président de l’Institut Canadien des Ingénieurs (I.C.I.), proposa l’idée d’une forme d’engagement formel précédant la remise des diplômes aux futurs ingénieurs. Ce genre de serment d’office inciterait les ingénieurs à une plus grande solidarité et les sensibiliserait davantage à leurs devoirs envers la société.

Pour concevoir cette cérémonie Haultain contacta Rudyard Kipling qui suggéra un rite et un texte d'engagement dont l'objet se résume dans l’énoncé suivant : « Le rituel de l’engagement de l’ingénieur a été instauré dans le but très noble de provoquer une prise de conscience du jeune ingénieur à l’endroit de sa profession et de son sens véritable. Il veut aussi indiquer à l’ingénieur aîné sa responsabilité dans l’accueil et le soutien des plus jeunes ingénieurs au début de leur carrière ».

Le comité des sept fondateurs proposa également l'idée d'un anneau, à être porté au petit doigt de la main "qui travaille" – the working hand - comme symbole de l’engagement. L’idée plut à Kipling, qui suggéra que cet anneau soit rugueux, «...comme l'esprit du jeune ingénieur…», et qu’il ait un fini martelé, en évocation des difficultés que l'ingénieur rencontrera pour maîtriser la matière.

Kipling recommanda également l'utilisation des symboles que sont devenus le marteau et l'enclume, ainsi que la chaîne tenue en main par ceux qui prononcent l'engagement, chaîne qui évoque les liens qui unissent tous les ingénieurs entre eux et l'obligation qu'ils ont de s'entraider. Ce Rituel d'appeler d'un ingénieur est aussi appelé Rituel de Kipling, ou Cérémonie D'Anneau De Fer.

Les sept ingénieurs fondateurs mirent sur pied "The Corporation of the Seven Wardens", une organisation sans but lucratif, avec la responsabilité d'être dépositaire du Rituel de l’engagement et d'en administrer le rite. Aujourd’hui, 25 sections, formées à travers le Canada, assument ce rôle.

Comment être plus explicite sur la duplication des signes maçonniques et la volonté de transmettre ?

 

On retrouve par ailleurs de nombreuses évocations directes, allusions ou références maçonniques dans de nombreux ouvrages de Kipling, qu’il s’agisse de nouvelles ou de poésies, témoignant ainsi de la profondeur de la foi maçonnique de l’auteur. Ses biographes s’accordent à reconnaître que Kipling était toujours prêt à insérer dans ses textes une allusion suggérée par les rituels, la terminologie et les symboles maçonniques qu’il maîtrisait parfaitement et qui étaient devenus une partie intégrante de lui-même, une manière de penser et d’être.

 

Les premières, chronologiquement parlant, se trouvent dans la nouvelle « The Man who would be King ». Mais les références sont très fréquentes, qu’il s’agisse de « Kim » oeuvre dont le héro est introduit avec des références maçonniques indiscutables, ou encore de « With the Main Guard », ou « Brother Square-Toes », « The Dog Hervey » sans oublier « Dans l’intérêt des Frères » publiée en 1917 mais réintégrée en 1926 dans un livre intitulé « Debits and Credits » qui comporte rien de moins que quatre histoires d’inspiration maçonnique utilisant une loge imaginaire « Faith and Works, No. 5837, E.C. » : "The Janeites", "A Madonna of the Trenches", "A Friend of the Family" et donc "In the Interests of the Brethren". Les personnages de ces nouvelles sont des soldats francs-maçons.

 

Les références maçonniques sont également très présentes et prégnantes dans la poésie de Kipling, qu’il s’agisse des poèmes intitulés « The Widow at Windsor », « The Press », « Banquet Night » (Les agapes donc), « My new-cut Ashlar » (Pierre de taille), « The sons of Martha », « The Palace » décrivant la construction d’un édifice et évoquant la transmission propre aux maçons opératifs, « The Pilgrim’s Way » et bien évidemment « The Mother Lodge ».

 

Le poème le plus célébre de Ruydar Kipling, «Tu seras un homme mon fils» dans sa traduction française, s’intitule en réalité « If », et a été publié dans le recueil « Rewards & Fairies » paru en 1910. S’il ne comporte pas de références maçonniques directes, il est clairement issu de la culture et des valeurs de la franc-maçonnerie.

Il est très intéressant de lire les différentes traductions qui en ont été faites par Germaine Bernard-Cherchevsky en 1942, par Jules Castier en 1949, Hervé-Thierry Sirvent en 2003 et encore plus récemment par Jean-François Bedel en 2006. On remarquera que d’une traduction à l’autre les mots utilisés ne sont pas les mêmes et la tonalité comme la coloration du texte s’en trouvent modifiées, bien que chaque traduction s’efforce de respecter le texte à la lettre.

Il n’est pas surprenant d’ailleurs qu’elles soient toutes antérieures à la traduction la plus connue et la plus couramment évoquée qui est celle qu’en fit André Maurois en 1918 en plaçant il est vrai la barre très haut. C’est celle qui prend le plus de liberté et de distance par rapport au poème original – Maurois inverse l’ordre de phrases ou de strophes et invente des images qui ne figurent pas dans le poème original de Kipling - mais c’est indiscutablement la traduction qui donne une ampleur et une puissance incomparable à ce poème.

Il sera remarqué que Maurois va jusqu’à modifier le titre du poème, dans un effet poétique particulièrement osé qui commence par adjoindre la finalité du poème dans le titre – devenir homme – pour laisser le texte exprimer les conditions de réalisation que Kipling souhaitait visiblement mettre en avant – le fameux Si – en limitant le titre du poème à ce terme essentiel car il avait conscience de l’extraordinaire difficulté associée à ce « Si ».

 

L’autre poème majeur de Kipling, pour nous Francs-Maçons, est bien entendu le fameux « The Mother Lodge », référence directe à ses années passées au sein de la loge « Hope and Perseverance 782 E.C » à laquelle il fut admis à l’âge de 21 ans et qui l’ont très profondément marqué.

 

Avant de passer à l’O.E, il écrira d’ailleurs dans le recueil «Something of Myself » :

« Here I met Muslems, Hindus, Sikhs, members of the Arya and Brahmo Samaj, and a Jew tyler, who was priest and butcher to his little community in the city. So yet another world opened to me which I needed."

 

Je n’en citerai qu’un passage :

« Dehors, on se disait : « Sergent !, Monsieur !, Salut !, Salaam ! »,

Dedans, c'était : « Mon Frère », et c'était très bien ainsi.

Nous nous rencontrions sur le Niveau et nous nous quittions sur l'Equerre ».

 

 

Que retirer de ces deux poèmes majeurs de Kipling ? J’évoquerai rapidement six thématiques :

 

1 - La vision d’une maçonnerie universelle transcendant les peuples, les cultures, les religions et les strates sociales. Peut-être y a t il là une piste de réflexion quant à l’évolution de notre loge, pour ne pas retomber dans le piège d’une maçonnerie élitiste dont le bleu représenterait la couleur de l’idéologie dominante.

2 - Un énoncé explicite des vertus individuelles que l’on est en droit d’attendre d’un franc-maçon. Ce que nous autres appelons les qualités. Citons parmi celles évoquées par Kipling l’humilité, la tempérance, la fraternité, la maîtrise de ses passions et de ses pulsions, la soumission de sa volonté, la droiture, le stoïcisme, la simplicité, le rejet des métaux,…

3 – La vertu de l’équilibre, par ces contraires opposés de manière particulièrement rythmique dans le poème « Si » et qui invitent à la recherche du juste milieu, reprenant en cela la symbolique du pavé mosaïque.

4 - L’éloge de la simplicité et de l’égalité qui devraient présider à la pratique maçonnique, en loge comme aux agapes. Sans pour autant oublier bien sûr les mots de Kipling dans le nouvelle « Dans l’intérêt des Frères » : « Alors, pour la première fois de ma vie, je réalisai quelle signification pouvait prendre le Rituel lorsqu’il est exécuté à la perfection, paroles et gestes ».

5 – Une morale d’effort, de progrès et de maîtrise de soi. Celle qui égrène une à une les conditions à remplir pour accéder au statut d’homme. Celle qui accepte que la vie ne soit pas juste, qui sait que la complainte est une preuve de faiblesse, et qui exige que l’on se taise et que l’on affronte la situation qui se présente.

6 - Une volonté constante d’ouverture, de curiosité, de démarche vers l’Autre et la conviction que la compréhension passe par le dialogue. On relèvera que dans la Mother Lodge, dépendant de la G.L.U.A, on y parle « à cœur ouvert de religions ». Kipling reconnaîtra d’ailleurs dans «Something of Myself » : «I had the good fortune to be able to arrange a series of informal lectures by Brethren of various faiths, on baptismal ceremonies of their religions ».

 

Je terminerai ce morceau d’architecture par quelques citations de Kipling qui reflètent en quelques mots sa pensée sur le monde et les hommes, et qui sont autant d’invitation à la réflexion :

 

« Les mots sont la plus puissante drogue utilisée par l’humanité » (dans « Discours »).

« Prenez tout très au sérieux, à l’exception de vous-mêmes »

« La première victime d’une guerre, c’est la vérité »

« On ne paie jamais trop cher le privilège d’être son propre maître »

« Les principes sont les principes, dussent les rues ruisseler de sang » (dans « Souvenirs »)

« Que puis-je faire d’autre ? Cette simple formulation représente le soubassement de toute construction »

« Dès que tu vois que tu sais faire quelque chose, attaque-toi à autre chose que tu ne sais pas faire »

 

Ces quelques citations ont valeur générale, mais elles nous interpellent tout particulièrement au vu des trois années de dérives auxquelles nous avons assisté comme au vu de la reconstruction dans laquelle nous nous sommes désormais lancés.

 

Pour clore ce travail, il me semble que la vie et l’œuvre de Rudyard Kipling nous renvoient à notre propre miroir et à cette interrogation qui devrait être constante chez tous les Francs Maçons : comment, au-delà des mots et des signes, mettre du contenu maçonnique dans la maçonnerie que nous pratiquons, mais aussi dans les vies profanes que nous menons ?

 

Car quelque part Kipling nous invite à ce que j’appelle une maçonnerie de combat, qui est en premier lieu un combat contre soi-même avant de pouvoir s’exprimer et agir comme maçon dans le monde profane. J’éprouve beaucoup de sympathie pour cette maçonnerie là.

 

Mes Frères, si nous ne partageons pas, comme Kipling, l’intime conviction que nous sommes ici en loge pour changer quelque peu le monde et le rendre meilleur, nous perdons notre temps.

 

J’ai dit

 

S L – Maître Maçon

La Loge mère à Lahore
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Publié le par Jean-François Guerry
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Approcher la complétude…

 

 

Cela part de presque rien, un soir de solitude, de méditation, un air de Melody Gardot, jamais oublié If the stars were mine. Il se glisse entre en moi, j’ouvre la fenêtre et je regarde les étoiles, l’infini des étoiles. Un désir, un manque d’éternité impalpable, indicible, au-delà de tout. Comprendre l’immensité de l’univers. Les pierres qui roulent, un lancinant, je ne peux obtenir aucune satisfaction.

 

Je cherche et je frappe trois coups sourds, aucun bruit, le ciel est trop immense pour moi. Comment penser le ciel, pour quoi ?

Et Melody Gardot, qui revient. Comment imaginer qui je suis, ce que je suis, je pense à Newton et ses planètes, à Descartes et ses Méditations. La troisième tient comme les trois premiers pas en loge, la folie de la croyance en Dieu, en l’idée de Dieu. Moi qui suis par ce que je pense. Moi qui vois, qui imagine les tableaux, les images de Dieu, qui sont en moi. Extrait : 

« En sorte que la lumière naturelle me fait connaître évidemment que les idées sont en moi comme des tableaux des images qui peuvent à la vérité facilement déchoir de la perfection des choses dont elles ont été tirées, mais qui ne peuvent jamais contenir de plus grand ou de plus parfait. »

 

Que puis-je en conclure, moi qui ne peux aborder l’infini, enfermé dans ma finitude. Je souffre de mon incomplétude, de mon imperfection, j’ai à me perfectionner !

Je ne possède pas la propriété de l’infini, je ne peux donc en être la cause, il y aurait donc, un Grand Architecte, le Grand Horloger de Voltaire, le Dieu de Descartes. Qui conclut :

« Et par conséquent il faut nécessairement conclure de tout ce que j’ai dit auparavant que Dieu existe ; car encore que l’idée de la substance soit en moi, de cela même que je suis une substance, je n’aurais pas néanmoins l’idée d’une substance infinie, moi qui suis un être fini, si elle n’avait été mise en moi par quelque substance infinie. »

 

C’est l’idée de Dieu qui vient ‘à-l’idée’ de Levinas. Le plus subtil sur la question est sans doute Spinoza pour qui Dieu c’est le monde.

 

Qu’est-ce que je cherche vraiment pour satisfaire, mon désir, mon incomplétude. Je pourrais rester dans la paresse de l’ignorance. Pourquoi bousculer mes habitudes, pourquoi cette quête à l’étoile, pour pure folie essayer de comprendre ‘l’univers et les Dieux’ donner un sens à ma vie, ma présence ici. Pour avoir une vision, un instant seulement comme le dit Jacques Brel « être beau et con à la fois »

Il y a là un côté existentiel, extatique, presque orgasmique, à vouloir accéder à cette Connaissance suprême, que je connaîtrais peut-être à la porte de l’Orient éternel, ou peut-être pas. Il reste alors que le désir constant de complétude et de perfectionnement qui fait avancer, et ouvrir chaque jour la fenêtre pour contempler dans le silence de la nuit les étoiles, et attendre la venue de la Grande Lumière au point du jour.

 

Descartes termine la Troisième de ses Méditations Métaphysiques ainsi :

« (…) il me semble très à propos de m’arrêter quelques temps à la contemplation de ce Dieu tout parfait, de peser tout à loisirs ses merveilleux attributs, de considérer, d’admirer et d’adorer l’incomparable beauté de cette immense lumière, au moins autant que la force de mon esprit, qui en demeure en quelque sorte ébloui, me le pourra permettre. »

 

Car, comme la foi nous apprend que la souveraine félicité de l’autre vie ne consiste que dans cette contemplation de la Majesté divine, ainsi expérimenterons-nous dès maintenant, qu’une semblable méditation, quoique incomparablement moins parfaite, nous fait jouir du plus grand contentement que nous soyons capables de ressentir en cette vie. »

 

Est-ce cette félicité, que nous ressentons au terme de nos travaux maçonnique, à la recherche de la Connaissance, félicité dans la chaîne d’union maçonnique. Les sœurs et les frères sont-ils satisfaits ? Ils le paraissent sur l’une et l’autre colonne.

 

Jean-François Guerry.

Melody Gardot.

Si les étoiles étaient miennes

If the stars were mine
Si les étoiles étaient miennes
I'd give them all to you
Je te les donnerais toutes
I'd pluck them down right from the sky
Je les cueillerais juste en bas du ciel
And leave it only blue
Et le laisserais seulement bleu
I would never let the sun forget to shine upon your face
Je ne laisse jamais le soleil oublier de briller sur ton visage
So when others would have rain clouds you'd have only sunny days
Ainsi quand d'autres auront des nuages de pluie tu auras seulement des jours ensoleillés
If the stars were mine
Si les étoiles étaient miennes
I'd tell you what I'd do
Je te dirais ce que je ferais
I'd put the stars right in a jar and give them all to you
Je les mettrais dans une fiole et te les donnerais toutes.

If the birds were mine
Si les oiseaux étaient miens
I'd tell them when to sing
Je leur dirais quand chanter
I'd make them sing a sonnet when your telephone would ring
Je leur ferais chanter un sonnet, quand ton téléphone sonnerait
I would put them there inside the square, whenever you went out
Je les mettrais ici, à l'intérieur d'une place, toutes les fois où tu iras dehors
So there'd always be sweet music whenever you would walk about
Ainsi, il devrait toujours y avoir de la douce musique, toutes les fois où tu marcheras aux environs
If the birds were mine
Si les oiseaux étaient miens
I'd tell you what I'd do
Je te dirais ce que je ferais
I'd teach the birds such lovely words and make them sing for you
J'enseignerais aux oiseaux de si beaux mots d'amours et les ferais chanter pour toi
I'd teach the birds such lovely words and make them sing for you
J'enseignerais aux oiseaux de si beaux mots d'amours et les ferais chanter pour toi

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Publié le par Jean-François Guerry
DE CORPS ET D'ÂME

DE CORPS ET D’ÂME…

 

Méditations Métaphysiques de René Descartes - Méditation seconde : De la nature de l’esprit humain et qu’il est plus aisé à connaître que le corps.

 

            Extrait : (…) , lorsque je m’appliquais à la considération de mon être. Je me considérais, premièrement, comme ayant un visage, des mains, des bras, et toute cette machine composée d’os et de chair, tel qu’elle paraît en un cadavre, laquelle je désignais par le nom de corps. Je considérais outre cela que je me nourrissais, que je marchais, que je sentais et que je pensais, et je me rapportais toutes ces actions à l’âme ; mais je ne m’arrêtais point à penser ce que c’était que cette âme, ou bien, si je m’y arrêtais, j’imaginais qu’elle était quelque chose d’extrêmement rare et subtile, comme un vent, une flamme ou un air très délié, qui était insinué et répandu dans mes parties les plus grossières. »

 

« De sorte qu’après avoir bin pensé et examiné toutes choses, enfin il faut conclure, et tenir pour constant que cette proposition : je suis, j’existe est nécessairement vraie, toutes les fois que je la prononce ou que la conçois en mon esprit.

Mais je ne connais pas encore assez clairement ce que je suis, moi qui suis certain que je suis… »

Ce préalable résonne encore en moi, comme au premier jour de mon initiation, comme au début, au premier pas posé sur le chemin qui serpente vers le sommet de la montagne. Le processus initiatique est une succession ascendante d’états de conscience, une progression degré par degré, une montée sur l’échelle de l’esprit. Cette montée succède à une descente en soi, à un retour en soi, au soi. Aux interrogations nourries par le doute méthodique, constructif semblable à celui de la première Méditation Métaphysique de Descartes, l’apprentissage par le doute, conduit à regarder l’étoile flamboyante, objet de la seconde Méditation Métaphysique, du chemin vers la Connaissance. Le doute nourrit l’espérance de parvenir à cette Connaissance. Il y a plus de questions que de réponses sur le chemin initiatique, ce n’est souvent qu’en parvenant à l’étape suivante, que l’on comprend la précédente, qu’elle se dévoile, d’où ce désir permanent de complétude.

Le doute me vient à l’esprit, à cet esprit qui me fait, je suis parce que je pense.

Est-ce la flamme éternelle qui brille en moi, si minime soit-elle, qui est la semence de mon doute. Cette flamme est-elle un don divin, ou la facétie d’un mauvais génie. La première hypothèse suscite cette question : « n’y-a-t-il point quelque dieu ou autres puissances qui me met en l’esprit ces pensées ? » C’est ce qu’écrit René Descartes. Quand il parle de puissances, je pense à la force, à la sagesse, à la beauté d’un Grand Architecte.

Sa deuxième hypothèse fait état d’un mauvais génie, qui parlerait en nous, comme une puissance du mal, ou encore est-ce moi-même qui avec mon esprit produit ce doute. Là naît un dialogue intérieur de moi, à moi avec ma conscience, l’on discerne le tribunal intérieur de Kant.

 

Je reviens au mauvais génie cette hypothèse cartésienne, elle renforce mon existence en tant qu’être pensant. L’argument de Descartes est simple, l’existence d’un Dieu trompeur, qui cherche donc à me tromper prouve mon existence même si je ne suis pas tel que je crois être, je suis. Extrait :

« Il n’y a point de doute que je suis, s’il me trompe (le mauvais génie) qu’il me trompe tant qu’il voudra, il ne saurait jamais faire que je ne suis rien tant que je penserais être quelque chose. »

 

L’existence de mon moi est certaine tant je pense.  « Je pense donc je suis. »L’on touche là, à la distinction de Descartes entre corps et esprit, il parle lui d’âme, c’est son dualisme.

 

À mon sens, je préfère la théorie de l’harmonie corps esprit, l’un ayant besoin de l’autre et vice versa. Comment pourrions-nous être qu’un corps sans âme, la faiblesse du corps est compensée par la force, la grandeur de l’âme.

 

Nous sommes capables, par la force infinie de notre esprit de comprendre l’univers, de le connaître, de comprendre l’idée de Dieu, ou d’un Grand Architecte.

 

On ne peut s’empêcher de citer le roseau pensant de Blaise Pascal : 

 

« L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature, mais c’est un roseau pensant. Il ne faut pas que l’univers entier s’arme pour l’écraser, une vapeur, une goutte d’eau suffit pour le tuer. Mais quand l’univers l’écraserait. L’homme serait plus noble que celui qui le tue, puisqu’il sait qu’il meurt et l’avantage que l’univers à sur lui. L’univers n’en sait rien. »

 

Jean-François Guerry.

DE CORPS ET D'ÂME

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Publié le par Jean-François Guerry
Raphaël École d'ATHÈNES

Raphaël École d'ATHÈNES

DE L’IDÉE D’UN GRAND ARCHITECTE….

 

 

Jai enfin fini par douter, était-ce dans le cabinet de réflexion au moment de rédiger mon testament philosophique, ou bien avant d’en avoir franchi la porte, à la recherche des réponses aux questions existentielles Qui suis-je ? D’où je viens ? Où je vais ? La vie a-t-elle un sens ? Quel est le sens de ma vie ?

 

Je serais bientôt confronté en remontant des ténèbres vers la Lumière, à la question de ‘l’idée de Dieu’, en présence de mes frères et du Grand Architecte de l’Univers. Il va falloir entreprendre un chemin vers la Connaissance du Grand Architecte auteur de tout ce qui est, par la voie maçonnique, par l’initiation.

 

Au commencement de cette méditation, qui est un exercice spirituel, c’est naturellement que le doute s’installe. C’est naturellement que ma pensée se rappelle le doute méthodique cartésien, d’abord renoncer à la foi du charbonnier, aux dogmes religieux, pour accueillir ‘l’idée de Dieu’ ; cette mémoire éternelle, opposée au hasard et à la nécessité. Ce doute qui va permettre peut-être de répondre aux questions : comment cela est-il possible et pour quoi ?

Un synopsis une vue d’ensemble ne saurait suffire à expliquer l’idée de Dieu, il est pourtant tentant, par une forme de paresse de résumer ou de généraliser cette idée de Dieu, dans un concept surplombant que l’on nomme Grand Architecte de l’Univers, laissant à chacun son interprétation, évitant ainsi toutes les confrontations. On reste alors dans un doute permanent, non constructif, le doute cartésien lui ambitionne de nous conduire à une certitude.

 

Ainsi par exemple en Franc-Maçonnerie ce qui sépare les obédiences des obédiences qui se disent toutes régulières est l’idée du Grand Architecte, cette séparation est due à un seul mot, un mot qui précise. Certaines obédiences affirment leur référence au Grand Architecte de l’Univers laissant à chacun de leurs membres en conscience de lui donner ‘le nom’ de son choix. Les autres affirment que le Grand Architecte de l’Univers ‘est Dieu’, sans préciser qui est Dieu, puisque Dieu a plusieurs noms. Pas facile de s’y retrouver, qu’en pensez-vous ?

 

Pour avancer, j’ai relu les « Méditations Métaphysiques » de René Descartes, qui présentes au moins pour la première de ses Méditations des similitudes avec la méthode maçonnique. Je cite un extrait du commencement de cette première Méditation : 

 

     Des choses que l’on peut révoquer en doute

« Il y a quelques temps que je me suis aperçu que, de mes premières années, j’avais reçu quantité de fausses opinions pour véritables, et que ce que j’ai depuis fondé sur des principes si mal assurés, ne pouvait être que fort douteux et incertain ; de façon qu’il me fallait entreprendre sérieusement une fois en ma vie de me défaire de toutes les opinions que j’avais reçues jusques alors en ma créance, et commencer de tout de nouveau dès les fondements, si je voulais établir quelque chose de ferme et de constant dans les sciences. (sic)

Cela fait immédiatement penser au postulant aux mystères de la Franc-Maçonnerie, qui arrivé au midi de sa vie entreprend de frapper à la porte du temple, afin de remettre en cause ses préjugés et ses certitudes. Le texte continue ainsi…

« Mais cette entreprise me semblant fort grande, j’ai attendu que j’eusse atteint un âge qui fût si mûr, que je n’en pusse espérer d’autre après lui, auquel je fusse plus propre à l’exécuter ; ce qui m’a fait différer si longtemps, que désormais je croirais commettre une faute, si j’employais encore à délibérer le temps qu’il me reste pour agir. » (sic)

L’on pourrait rajouter que le philosophe atteint comme le postulant à la Franc-Maçonnerie le temps du Kairos , qu’il est prêt, et qu’il sait que le temps presse, qu’il doit agir. Il poursuit :

« Maintenant donc que mon esprit est libre de tous soins, et que je me suis procuré un repos assuré dans une paisible solitude, je m’appliquerais sérieusement et avec liberté à détruire généralement toutes mes anciennes opinions. » (sic)

 

Faut-il douter de tout jusqu’à douter de soi, douter de soi parce que nous serions trompés par nos sens. Descartes va jusqu’à émettre l’hypothèse que Dieu, serait un mauvais génie :

« Je supposerai donc qu’il y a, non point un vrai Dieu, qui est  la souveraine source de vérité, mais un certain mauvais génie, non moins rusé et trompeur que puissant, qui a employé, toute son industrie à me tromper. Je penserai que le ciel, l’air, la terre, les couleurs, les figures, les sons et toutes les choses extérieures que nous voyons, ne sont qu’illusions et tromperies, dont il se sert pour surprendre ma crédulité. » (sic)

 

La réalité perçue par nos sens ne serait qu’un songe. L’on voit ici combien est nécessaire ce doute méthodique, cette méditation exercice spirituel, pour donner du sens à notre vie, pour connaître la Vérité qui rend libre. Il nous faut bien partir, commencer notre recherche de la Vérité, de la Parole, de la Lumière. Il nous faut réécrire, après avoir fait le vide. 

 

Je cite Etty Hillesum dans ‘Une Vie Bouleversée’

« Je crois que la beauté du monde est partout, même là où les moments de géographie nous décrivent la terre comme aride, infertile et sans accident. Il est vrai que la plupart des livres ne valent rien, il nous faudra les réécrire. » (sic)

 

Quand on connaît la vie dramatique de Etty Hillesum, c’est un véritablement encouragement, pour écrire ou réécrire sa vie véritable, celle de l’esprit, avec la méthode du doute, avoir le courage de douter, pour construire sa foi personnelle, loin des dogmes. L’idée de Dieu, pour les Francs-Maçons n’est pas celle des religions, La foi maçonnique n’est pas une foi religieuse, c’est peut-être la foi en la Lumière spirituelle, éternelle, que chaque homme héberge en lui, dans le tabernacle de son âme.

 

Jean-François Guerry. 

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Publié le par Jean-Pierre Rousseau et Philippe Jouvert
Perceval et la Quête du Graal
Perceval et la Quête du Graal

Perceval et la Quête du Graal

MÉMOIRES DE CONFINEMENT

 

GRAAL DANS LA RECHERCHE DE LA PERFECTION

 

Ni passé, ni futur, quête dans le présent

Le presque initié, le profane cherchant

Suit le chemin qui conduit à la Vérité.

Travail constant sur soi-même en est la clé.

 

 

Sans relâche en se détachant du matériel,

Afin d’accomplir dans le spirituel,

Le noble chevalier pragmatique dans sa tête

Se doit de ne jamais perdre but de sa quête.

 

 

Le Graal c’est la Lumière, le clair sur l’obscur,

Rupture entre certitude et ouverture,

Nécessaire, à l’initié, pour progresser,

Et la construction de l’édifice s’achever.

 

Jean-Pierre Rousseau Gawr’né.

La nuit sur le Boulevard Saint-Michel

La nuit sur le Boulevard Saint-Michel

Rencontres…

On s’est croisé un soir sur un trottoir bondé
Du côté d’saint germain, et quand tu as souri
J’en fus tout retourné, j’en fus tant attendri,
Et je suis resté là, planté, à m’attarder,

Et le temps assassin nous inflige des maux

Que ne peuvent traduire mes rimes et mes mots

Et je sais que demain me trouvera fourbu

Ereinté et hagard comme celui qui a bu…

 

Tu n’t’es pas retournée, le boul’mich t’a croqué,
pourquoi suis-je resté vissé à ma terrasse
J’ai manqué de courage, j’ai craint de te choquer,
D’être réprimandé et remis à ma place


Et le temps assassin nous inflige des maux

Que ne peuvent traduire mes rimes et mes mots

Et je sais que demain me trouvera fourbu

Ereinté et hagard comme celui qui a bu…

 

La pluie a entonné son refrain clapotant,
Tandis que je ressasse, ce rendez-vous fugace,
Tandis que j’ai perdu depuis quelques instants,
Le souvenir d’un soir qui devient une farce…

 

Et le temps assassin nous inflige des maux

Que ne peuvent traduire mes rimes et mes mots

Et je sais que demain me trouvera fourbu

Ereinté et hagard comme celui qui a bu…

 

Des rencontres « hasard », des sourires timides,
Et puis dans les regards un authentique charme,
Témoignent qu’elle existe l’étincelle qui guide
Vers un p’tit bout d’bonheur qui fait aucun vacarme

 

Et le temps assassin nous inflige des maux

Que ne peuvent traduire mes rimes et mes mots

Et je sais que demain me trouvera fourbu

Ereinté et hagard comme celui qui a bu…

 

 

 

Le kiosque est toujours là, à côté de l’église,
Sur le boul’vard magique, je m’y promène encore,
Je m’attable en terrasse de la brasserie du Flore,
Guettant un souvenir qui toujours m’électrise.

Et le temps assassin nous inflige des maux

Que ne peuvent traduire mes rimes et mes mots

Et je sais que demain me trouvera fourbu

Ereinté et hagard comme celui qui a bu…

Les belles déambulent mais je reste invisible,
Solitaire et chagrin installé en automne,
Mais le cœur au printemps, exalté, accessible,
Espérant l’impossible, chasser le monotone…

Et le temps assassin nous inflige des maux

Que ne peuvent traduire mes rimes et mes mots

Et je sais que demain me trouvera fourbu

Ereinté et hagard comme celui qui a bu…

 

Philippe Jouvert.

MÉMOIRES DE CONFINEMENT

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Publié le par Jean-François Guerry
Dés les premiers regards...

Dés les premiers regards…

 

 

Quand j’ai reçu la Lumière, c’était il y a trente trois ans ou peut-être plus de 6000 ans, j’ai ressenti quelque chose d’indéfinissable, d’innommable, comme un secret soigneusement gardé, dont j’avais la responsabilité. J’entrais dans le monde des étants quittant le monde des ayants. Le secret enfoui au fond de ma mémoire, apparaissait grâce à la magie d’un rite magico-spirituel. 

 

Ce fut mon premier contact avec la Grande Lumière, le début, le commencement ‘l’initium,’ le point du jour. Ce n’était pas cette lumière artificielle qui éblouit et disparaît à la fin du jour. Cette Lumière est éternelle, elle brille toujours, elle grandit, éclaire, illumine.

C’est dans un état second que se dévoile cette Lumière quand le bandeau tombe, quand le souffle est communiqué, le souffle de l’autre, des autres, quand le livre s’ouvre au prologue.

 

Alors commence la longue route qui va vers le Visage de l’autre, des autres. L’exposition du Visage d’autrui, des autres la rencontre. Les autres qui me font face dans leur simplicité, leur dénuement est une expérience éthique et spirituelle. Là est sans doute, le secret qui mène au sacré, au divin.

 

Est-ce l’idée, la trace du Grand Architecte que je distingue dans le Visage d’autrui ? Est-ce la conciliation, le point de rencontre entre l’immanence et la transcendance qui apparaît, l’idée de la transcendance, presque lisible sur l’envers du triangle d’or ?

 

Est-ce l’explication de la table mystérieuse, de la table d’émeraude, de la similitude entre ce qui est en bas et ce qui est en haut et forme l’ensemble, le tout ?

 

Est-ce la révélation d’une métaphysique à hauteur d’homme, la révélation que cette transcendance est une forme d’immanence ?

 

Autant de questions, auxquelles tente de répondre Emmanuel Levinas avec sa métaphysique, que Bernard Forthomme résume au terme d’un article paru en 1980 dans la Revue Philosophique de Louvain ; citant d’abord Fénelon, dont le secrétaire fut Andrew Michael Ramsay qui s’est rendu célèbre avec son fameux discours, reconnu comme un des textes fondateurs de la Franc-Maçonnerie spéculative. Je cite pour extrait Forthomme à propos de Levinas :

 

« Cependant, pour approcher la spécificité de cette immanence, ne convient-il pas de laisser résonner le mot de Fénelon, selon lequel les « misères » de la Terre n’ont rien à envier aux merveilles des cieux ?

Cette immanence spécifique tient compte des tensions de la transcendance, une sensibilité d’emblée animée de responsabilité ; joie meilleure que l’ivresse de l’être surabondant qui se répand et se livre au premier étant à venir : responsabilité qui pousse à dire que chacun de nous est comptable devant tous, pour tous et pour tout, et soi plus que les autres. »

 

C’est peut-être là aussi un des sens de l’initiation maçonnique spécifique et de fait à la fois individuelle et collective, elle nous pousse à la conquête de l’absolu, de l’infini, au NEC PLUS ULTRA de la pratique des vertus, en n’oubliant notre responsabilité vis à vis de nos sœurs et de nos frères et de tous en général. Nous avons une responsabilité individuelle et collective, ce qui donne un sens à la culture de la fraternité, qui constitue finalement notre identité humaine. Identité qui combat la barbarie et défend la justice, lutte contre toutes les dictatures religieuses ou politiques.

 

Cet autrement « être » ou penser, c’est une responsabilité infinie de l’un pour l’autre, entrevue dès les premiers regards..

 

Jean-François Guerry.

Dés les premiers regards...

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Publié le par Jean-François Guerry
Jamais je ne t’oublierai Jérusalem….

LA SECTE DES ESSÉNIENS ET LE DÉBUT DU NÉO-CHRISTIANISME-PART III.

 

 

Le frère Apprenti Dan B…Il… au bord de la mer morte, près de la citadelle de Massada, nous a fait la lecture d’un travail sur les Esséniens, dans la première partie, il a tracé le plan du CADRE HISTORICO-GÉOGRAPHIQUE. Après avoir relaté l’histoire de la découverte fortuite des Manuscrits de la Mer Morte, des manuscrits de Qumram. Il a avec prudence expliqué toutes les possibles interprétations, une seule certitude cette découverte a ébranlé les certitudes historiques et religieuses souvent admises, les manuscrits n’ont pas encore plus de 70 ans après leur découverte été entièrement traduits et étudiés, bien des mystères n’ont pas été élucidés ou partiellement élucidés et interprétés.

Ils ont permis néanmoins d’affiner nos connaissances, sur ce qui constitue le socle des traditions juives et chrétiennes.

Dans la seconde partie de son travail Dan a étudié LA VIE COMMUNAUTAIRE DE LA SECTE DES ESSÉNIENS, nous y remarquons les analogies avec la religion Juive et le christianisme primitif. Les rituels pratiqués par les Esséniens sont présentent également des similitudes avec les rituels initiatiques de nombreuses traditions d’Orient et d’Occident, ils perdurent encore dans certaines d’entre-elles. Dan s’intéresse naturellement AU MONDE JUDÉO-CHRÉTIEN AU DÉBUT DU CHRISTIANISME, en s’appuyant sur des documents qui font référence, ainsi que sur des chercheurs reconnus. Nous arrivons maintenant à la CONCLUSION de son travail, 20 ans après il y a eu encore de nouvelles découvertes les Manuscrits de la Mer Morte n’ont pas encore délivrés tous leurs secrets…

 

Jean-François Guerry.

 

LA CONCLUSION

 

La découverte des Manuscrits de Qumram, nous éclairent remarquablement sur la secte des Esséniens et nous donne une partie du cadre où le Christianisme est né.

 

À priori des contacts sont historiquement et géographiquement possible entre le Christianisme et l’Essénisme. IL faut souligner que près de 4000 membres de la secte étaient dispersés en Palestine. Après la chute de Jérusalem en 70 de notre ère beaucoup furent exilés à Damas, il semblerait qu’une partie se soit installés en Egypte peut-être avec le Maître de Justice.

 

Philon a connu en Egypte, aux alentours de l’ère chrétienne, des sortes de moines, les Thérapeutes qui ont beaucoup de points communs avec les Esséniens. De même certains s’installèrent en Syrie et en Asie Mineure, régions où se développe à cette époque la mission chrétienne d’évangélisation qui vise surtout et d’abord le milieu juif.

 

On trouvera des traces Esséniennes chez Paul-Saul d’origine Pharisienne et qui se convertit à Damas où il reçut sa première instruction et fût mis sans doute en rapport avec des chrétiens issus de l’Essénisme et eux-mêmes influencés par les Hellénistes, chassés de Jérusalem à cause de leur attitude à l’égard du Temple. Ils ont été les premiers missionnaires chrétiens, au cours de leur mission en Samarie ils eurent affaire à Simon le Mage père du Gnosticismecaractérisé par un dualisme cosmologique rigoureux qui attribue le monde actuel à un dieu inférieur : le démiurge et qui pense que le vrai Dieu vient délivrer ceux qui lui appartiennent pour les introduire dans un autre monde… mouvement qui persistera jusqu’au Moyen-Âge chez les Cathares et les Albigeois. On a proposé de le rattacher au courant juif Essénien, Simon étant le disciple d’un certain Dosithée lui-même Essénien demeurant près de Damas et qui avait connu Jean-Baptiste.

 

Quant à l’apôtre Jean, il était d’une part disciple du Baptiste, il appartenait à la première communauté chrétienne de Jérusalem et ses contacts avec l’Essénisme peuvent s’expliquer par son appartenance au milieu chrétien originel et nous savons qu’il rencontra des prêtres Esséniens chassés de Palestine à Éphèse.

 

Les ressemblances entre les documents de Qumram et l’Apocalypse paraissent liés aux contacts de Jean et des Esséniens.

 

Pour Daniélou le signe de croix aurait son origine dans le texte du Document de Damas. C’est le signe dont est marqué le front des membres de la Communauté, le même texte est cité dans l’Apocalypse : ‘Ne faites point de mal jusqu’à ce que vous ayons marqué du sceau sur le front les serviteurs de notre Dieu’.Peut-être avons-nous là, la source d’un rite chrétien très antique qui consiste à marquer le front d’une croix, signe de Dieu annoncé par Ezéchiel qui nous dit que ce signe avait la forme d’un tau, écrit sous la forme d’une croix latine, ce signe désignerait primitivement le nom de Dieu dont le Tau est l’expression. Jean emploie aussi l’expression ‘marqués du nom’. Il adresse son Évangile à un milieu familier avec ce thème du conflit de la Lumière et des Ténèbres, mais il en modifie radicalement le contenu, en remplaçant l’ange de lumière par le Verbe incarné.

 

Pour terminer soulignons deux régions où nous rencontrons des Esséniens Christianisés, la Transjordanie avec des Ebionites ou pauvres, groupe de juifs qui ont cru en Jésus mais seulement comme un grand prophète, groupe dérivé de l’essénisme et existant encore au IVème siècle et mentionné par Saint Jérôme ; Rome qui comprenait une très importante colonie juive avec des tendances diverses dont certains groupes de chrétiens convertis du Judaïsme, dont un certain Hermas qui écrira une des œuvres les plus curieuses de l’ancienne littérature chrétienne : Le Pasteur composé de visions, de paraboles, d’exposés moraux où sont consignés des révélations faites par un Pasteur… Hermas dans ses écrits présente une sorte de compromis entre l’essénisme qui identifie le Prince des Lumières avec l’archange Michel ; et le christianisme qui l’identifie au Verbe lui-même en l’appelant Fils de Dieu, mais lui laissant le nom de Michel.

 

Dan Ba…Il…

Jamais je ne t’oublierai Jérusalem….

Glossaire, et Références (travail de recherche n’engageant pas l’auteur du travail ci-dessus Jean-François Guerry :

 

Les Manuscrits de la Mer Morte : 

 


Les manuscrits de Qumrân ! Ils ont fait couler beauccoup d'encre et provoqué tant de débats, depuis leur découverte en 1947. On ne peut pourtant résumer Qumrân à la belle histoire de sa découverte - un jeune bédouin à la recherche d'une chèvre tombe sur une grotte dans les falaises calcaires du Wadi Qumrân, au nord-ouest de la mer Morte (à l'époque en Jordanie). 

On ne peut non plus réduire Qumrân aux querelles d'experts et aux déclarations passionnelles qu'ont provoquées les découvertes archéologiques à Khirbet Qumrân et leurs diverses interprétations, religieuses ou profanes, esséniennes ou non esséniennes. Car ce que révèlent d'abord et avant tout ces manuscrits de la mer Morte, c'est l'origine de l'Ancien Testament

Parmi les 275 cavités fouillées à Qumrân, 11 grottes contenaient des manuscrits en hébreu et en araméen ; une vingtaine d'autres contenaient des objets contemporains du site. Certains rouleaux, enveloppés de tissu et conservés dans des jarres en terre cuite, étaient en bon état et n'ont guère présenté de difficultés d'identification. Dans d'autres cavités, au contraire, on ne trouva que des fragments de parchemins qu'il fallut d'abord classer, répertorier et photographier avant de pouvoir les publier. Source Journal La Croix le 12/04/2010.

 

 

Sukenik

 

Eleazar S, le 28 février 1953).

Eleazar Sukenik a, par ailleurs, identifié l'importance des rouleaux de la mer morte et a contribué à convaincre l'État israélien de les acheter. En 1948, il a publié un article dans lequel il établissait un lien entre l'origine des rouleaux et une communauté d'Esséniens. Cette théorie est devenue l'interprétation la plus communément admise de l'origine des rouleaux. Elle obtint un large consensus parmi ses disciples, même si elle est parfois remise en question par certains chercheurs. Source WIKIPÉDIA.

 

Isaïe

 


Isaïe ou Ésaïe (יְשַׁעְיָהוּ en hébreu, Yeshayahu) est un prophète de l'Ancien Testament (ou Tanakh selon la tradition hébraïque), qui aurait vécu sous le règne d'Ézéchias (Hizkiya) puisqu'il est fait mention de « la quatorzième année du roi Ézéchias »

 

Yadin

 


Isaïe ou Ésaïe (יְשַׁעְיָהוּ en hébreu, Yeshayahu) est un prophète de l'Ancien Testament (ou Tanakh selon la tradition hébraïque), qui aurait vécu sous le règne d'Ézéchias (Hizkiya) puisqu'il est fait mention de « la quatorzième année du roi Ézéchias »

Yigaël Yadin est le fils de l'archéologue Eleazar Sukenik (1889-1953) et le frère de l'acteur Yossi Yadin. Source WIKIPEDIA

 

 

Dupont-Sommer

 

André Dupont-Sommer, né le 23 décembre 1900 à Marnes-la-Coquette et mort le 14 mai 1983à Paris, est un orientaliste français. Il a particulièrement étudié les manuscrits de la mer Morte, sur lesquels il a fait paraître en 1959 un des premiers ouvrages importants en français : Les Écrits esséniens découverts près de la mer Morte, comportant la traduction d'une grande partie des manuscrits connus à cette date. Source WIKIPEDIA

 

Codex Sinaiticus

 

Codex Sinaiticus est l'un des livres les plus importants au monde. Rédigé à la main il y a plus de 1600 ans, le manuscrit contient la Bible chrétienne en grec, y compris la plus ancienne copie complète du Nouveau Testament. Son texte fortement corrigé est d'une importance exceptionnelle pour l'histoire de la Bible et le manuscrit - le plus ancien livre substantiel à avoir survécu à l'Antiquité - est d'une importance suprême pour l'histoire du livre.

 

Codex du Caire

 

Le Codex Cairensis, également appelé : Codex Prophetarum Cairensis ou Codex du Caire des prophètes, est le plus vieux manuscrit hébreu daté contenant le texte des Nevi’im (livres prophétiques).

D’après son colophon, il aurait été achevé avec sa ponctuation par Moshe ben Asher à Tibériade « à la fin de la 827e depuis la destruction du deuxième temple » (soit 895 EC) mais des études au carbone 14 indiquent qu’il a été rédigé ou recopié au xie siècle. Offert à la communauté karaïte de Jérusalem, il fait partie du butin des Croisés en 1099 mais est racheté plus tard par la communauté karaïte du Caire.  Le Codex a longtemps été conservé dans la synagogue de Moses al D’ari Karaite à Abassaya en Egypte.

Lorsque le Codex a atteint Israël, en 1983 lors d’une vague d’émigration en Israël, les juifs karaïtes se sont organisés afin de conserver et protéger le Codex avec l’aide de l’Université hébraïque à Jérusalem.  Avec un document pour prouver la propriété karaite de cet ancienx manuscrit, il sera conservé dans une pièce sécurisée. Source les juifs Karaïtes Francophones.

 

Codex Babylonien

Le Code de Hammurabi est l'emblème de la civilisation mésopotamienne. La haute stèle de basalte érigée par le roi de Babylone au XVIIIe siècle av. J.-C. est une oeuvre d'art, un ouvrage historique et littéraire et le recueil juridique le plus complet de l'Antiquité, antérieur aux lois bibliques. Transporté par un prince du pays voisin d'Élam en Iran, au XIIe siècle av. J.-C., le monument fut exposé sur l'acropole de Suse au milieu d'autres chefs-d'oeuvre mésopotamiens prestigieux.

Une tradition juridique

Cette stèle de basalte a été érigée par le roi Hammurabi de Babylone (1792-1750 av. J.-C.) probablement à Sippar, la ville du dieu-soleil Shamash, divinité de la Justice. D'autres exemplaires de ce monument, qui s'inscrit dans une tradition, étaient déposés dans les villes de son royaume. Deux compositions juridiques sumériennes, celles du roi Ur-Namma d'Ur (vers 2100 av. J.-C.) et de Lipit-Ishtar d'Isin (vers 1930 av. J.-C.), précèdent l'oeuvre de Hammurabi. Recueil juridique le plus important du Proche-Orient ancien puisqu'il a été rédigé avant les lois bibliques, le code se définit comme l'aboutissement de ces essais. Le texte, qui occupe la majeure partie de la stèle, constitue la raison d'être du monument. La scène figurée qui le domine représente le roi recevant l'investiture de Shamash. Remarquable par son contenu juridique, cette oeuvre est aussi une source exceptionnelle pour notre connaissance de la société, de la religion, de l'économie et de l'histoire événementielle de cette époque. Source département des Antiquités orientales du Louvre

 

Commentaire d’Habakuc

Le huitième des douze livres de l'Ancien Testament attribués aux douze petits prophètes. On trouve dans ce livre des traces de formules liturgiques, ce qui donne à penser qu'Habacuc était un prophète issu du milieu sacerdotal, ou du moins que la rédaction définitive du texte était due à un auteur vivant dans ce milieu. La date de l'ouvrage n'est pas facile à établir. Néanmoins, une mention des Chaldéens présentés comme les instruments de Yahvé (I, 6) plaide en faveur de la période où ce peuple était prépondérant, c'est-à-dire après ~ 626, date de sa victoire sur la domination assyrienne. Les éléments d'une datation plus précise pourraient être fournis par l'identification des « oppresseurs » et des « justes », dont il est parlé tout au long du livre. Si les « oppresseurs » sont les Assyriens et les « justes » les Judéens, il convient alors de situer le livre avant ~ 612, date de la chute de l'Empire assyrien. Dans cette hypothèse, le message d'Habacuc serait une annonce de la ruine finale des Assyriens, ces cruels oppresseurs du peuple de Juda. Il est aussi un message de consolation : « Le juste vivra par sa fidélité » (II, 4). Le psaume qui constitue le chapitre III et qui est donné au complet, avec ses annotations musicales, n'apparaît pas dans le commentaire d'Habacuc retrouvé à Qumrān ; cette absence n'oblige pas cependant à conclure à son inauthenticité. Source Universalis

Pline l’Ancien

 

Pline l’Ancien (en latin Gaius Plinius Secundus), né en 23 apr. J.-C. à Novum Comum (l'actuelle Côme) dans le nord de l'Italie (en Gaule Transpadane) et mort en 79, à Stabies (en latin : Stabia), près de Pompéi, lors de l'éruption du Vésuve, est un écrivain et naturaliste romain du ier siècle, auteur d'une monumentale encyclopédie intitulée Histoire naturelle (vers 77)

Source WIKIPÉDIA.

 

Philon d’Alexandrie.

 

Philon naquit à Alexandrie dans une riche famille juive. Un de ses frères, Caius Julius Alexander, possesseur d'une immense fortune, prêta des sommes importantes à la famille des Hérodes. Membre d'une aristocratie juive privilégiée, Philon, son œuvre le montre, reçut une éducation complète, juive et hellénistique. Il était un notable de la communauté israélite d'Alexandrie, comme en témoigne l'événement le plus marquant de sa vie : en 39-40, il fut envoyé par ses coreligionnaires auprès de Caligula à la tête d'une délégation ; il s'agissait d'intervenir auprès de l'empereur sur la question irritante des effigies impériales dans les synagogues et de négocier un statut politique des Juifs. Pendant cette mission mouvementée, où éclata la nouvelle que Caligula voulait faire élever sa statue au temple de Jérusalem, Philon fit preuve de courage et de fidélité au judaïsme. On ignore tout de ses dernières années.

Bien qu'écrites en grec, les œuvres de Philon sont toujours citées sous leur titre latin. Il est difficile de les classer suivant un genre déterminé. Certaines sont plus historiques et apologétiques : In Flaccum (contre le gouverneur Flaccus, qui avait favorisé un soulèvement populaire contre les Juifs d'Alexandrie), Legatio ad Caium (ambassade auprès de Caligula), Apologia pro Judaeis (qui contient une notice sur les esséniens), De vita Mosis, De vita contemplativa (sur les thérapeutes). D'autres écrits sont plus philosophiques : Quod omnis probus liber sit (où quelques pages traitent des esséniens), De aeternitate mundi, De Providentia, Alexander. Mais la plus grande partie de l'œuvre de Philon est exégétique ; elle comprend trois ensembles de commentaires du Pentateuque : l'Exposition de la Loi (De opificio mundi,De Abrahamo, De Josepho, De Decalogo. De specialibus legibus, De virtutibus, De praemiis et poenis), le Commentaire allégorique de la Loi (Legum allegoriae, De cherubim, De sacrificiis, Quod deterius, De posteritate Caini, De gigantibus,De ebrietate, De sobrietate, Quod Deus immutab [...]

Source Universalis.

 

Flavius Josèphe

 

Né en 37 à Jérusalem, témoin en 70 de la prise de sa ville natale par les Romains et de l'incendie du Temple, Flavius Josèphe est le seul historien juif de cette époque dont l'œuvre ait survécu. À la fois polémiste et mémorialiste, Josèphe reste le témoin unique des temps troublés qui précédèrent et suivirent la chute de Jérusalem. Le débat sur l'homme d'action acquis aux Romains porte aussi sur l'écrivain. Les acquisitions de l'archéologie (manuscrits de la mer Morte, 1947 ; forteresse de Massada, 1964, Hérodion, 1968-1969, fouilles de la cité de David et du Mur méridional du Temple de Jérusalem) corroborent les descriptions de Josèphe et éclairent sa narration. Les travaux historiques contemporains, prenant en compte la partialité de l'auteur et le fait qu'il soit personnellement engagé dans les événements qu'il relate, s'accordent à souligner la valeur de l'œuvre pour la compréhension de l'histoire politique et sociale d'Israël comme de l'Empire romain. Source universalis.

 

Sadducéens

 

Parti opposé aux pharisiens qui, dans l'histoire du judaïsme, n'apparaît pour la première fois comme tel que sous Jean Hyrcan (~ 134-~ 104). Composé d'aristocrates, durant tout le ~ Ier siècle et une bonne partie du Ier siècle chrétien, il se recruta surtout dans la caste sacerdotale. Au temps de Jésus, il contrôlait l'administration et le culte du Temple. Malgré ses complicités avec l'occupant romain, qui l'avantageait en maintenant le statu quo, la ruine du Temple (70) lui fut fatale. Politique, sa force ne pouvait survivre à l'écrasement de l'État juif. Après ces événements, le judaïsme s'étant réorganisé exclusivement comme pharisien, on ne retrouve des sadducéens que des traces fictives ; dans la littérature talmudique, « sadducéen » est alors simplement synonyme d'« hérétique » (la censure catholique des XIIeXIIIe et XVIe siècles a souvent remplacé par « sadducéens » le terme mînîm — « hérétiques » —, dans lequel elle voyait la désignation des judéo-chrétiens).

L'origine et la signification du mot « sadducéen » sont énigmatiques. Couramment, on les explique en rattachant le terme aux descendants ou partisans de Sadoc, prêtre de David (II Sam., VIII, 17) et de Salomon (I Rois, II, 35). Cela est loin d'être acquis. Le pluriel néo-testamentaire saddoukaioi permet de supposer la vocalisation saddûqî (on ne connaît avec certitude que les consonnes hébraïques, sdwqî au singulier, sdwqym au pluriel), malaisément dérivable de Sadoc.

Les sadducéens sont connus par Flavius Josèphe (bien que pharisien, il ne les accuse jamais d'être de mauvais Juifs) et par le Nouveau Testament (Évangiles synoptiques et Actes des Apôtres). Dans la littérature rabbinique, la notice des Abbot de Rabbi Natan, dans un récit qui semble remonter au Ier siècle, signale que la séparation entre pharisiens et sadducéens eut lieu vers la fin du ~ IIe siècle ; cette information semble sûre.

Les sadducéens étaient partisans de la seule autorité de l'Écriture (ce qui ne veut pas dire qu'ils aient eu des connivences avec Qumrān). C'est en vertu de ce principe qu'ils refusaient les dogmes ou croyances tardifs des pharisiens : la résurrection des corps, l'immortalité personnelle, l'existence des anges et des démons. Cette attitude, conservatrice à quelques égards, ne les empêcha pas de faire face aux changements sociaux et de créer leur propre halaka, dont nous connaissons quelques exemples.

Aujourd'hui, on enseigne volontiers, en des lieux confessionnellement divers, que ce sont les prêtres en chef et le grand prêtre, sadducéens, qui ont mené le procès de Jésus à Jérusalem. Source Universalis.

 

L’écrit de Damas

L’Écrit de Damas est un document à part dans la bibliothèque de Qumrân découverte entre 1947 et 1967 sur les bords de la mer Morte. Une partie du document est connue dès la fin du XIXe siècle grâce à la découverte de deux manuscrits dans la synagogue du Vieux-Caire en Égypte. L’un de seize pages date du Xe siècle de notre ère, l’autre de deux pages est une copie du XIIe siècle. Dix manuscrits de Qumrân, copiés au tournant de l’ère chrétienne, comblent en partie les lacunes des manuscrits découverts au Caire. Malgré les dix siècles de différence entre les manuscrits palestiniens et les parchemins égyptiens, une des copies médiévales est très fidèle aux manuscrits de Qumrân. C’est pourquoi on propose un texte reconstruit à partir des différents manuscrits. Ainsi, les manuscrits palestiniens de l’Écrit de Damas permettent de restituer des parties du texte perdues dans les copies cairotes. Le Prologue, la première série de lois, la dernière partie du code pénal et la conclusion avaient disparu des manuscrits abîmés de la synagogue du Caire mais ils ont été retrouvés dans les manuscrits de Qumrân. Source David Hamidovic.

 

Rituel de la Didaché

 

La Didachè ou Didakè (traduit en français Enseignement des douze Apôtres ou Doctrine des Apôtres) est un document du christianisme primitif, écrit vers la fin du ier siècle ou au début du iie siècle, ce qui en fait l'un des plus anciens témoignages écrits. Le manuscrit retrouvé est intitulé « Doctrine du Seigneur transmise aux nations par les douze apôtres ». 

Le mot grec « Διδαχή » signifie « enseignement » ou « doctrine » en grec koinè. Paradoxalement, les douze apôtres ne sont jamais mentionnés dans le texte lui-même.

Source WIKIPÉDIA.

 

Simon le Mage.

 

Selon les Actes des Apôtres (VIII, 9-24), Simon était un magicien, qui opérait en Samarie et se faisait appeler la Puissance de Dieu, la Grande. Converti par la prédication de Philippe, il reçut le baptême. Mais, quand il offrit de l'argent à Pierrepour obtenir le pouvoir de donner lui aussi le Saint-Esprit en imposant les mains (de là vient le nom de simonie), Pierre le repoussa violemment. Selon Justin (Ire Apol., 26 ; 56), il serait venu à Rome au temps de Claude, qui lui aurait élevé une statue (mais il s'agit là d'une confusion avec la divinité latine de la fertilité Semo Sancus). Les discussions de Simon avec Pierre et leur fin dramatique sur le Forum sont une légende qui remonte aux livres apocryphes intitulés Actes de Pierre et aux romans pseudo-clémentins, plus connus sous le nom d'Homélies pseudo-clémentines. Ces dernières résument la doctrine (III, 2) que Simon prétendait démontrer par les Écritures : le Dieu suprême est un dieu autre que celui qui a créé le ciel et la terre ; il est inconnu et ineffable et il pourrait être appelé le Dieu des dieux. Irénée et Hippolyte font de lui le père du gnosticisme et le fondateur d'une secte gnostique ; mais on peut se demander s'il s'agit du même personnage.

Source Universalis.

 

Ébionites

 

Terme qui dérive de l'hébreu ebion (« pauvre ») et qui désigne les membres d'une secte judéo-chrétienne issue de la première communauté chrétienne de Jérusalem, réfugiée en Transjordanie en 66-67. Plutôt qu'une secte historiquement et doctrinalement bien définie, on doit voir en elle un mouvement qui, sous la pression d'influences diverses (syncrétisme, essénisme, gnosticisme, christianisme), se diversifia en de multiples formes.

Les ébionites se caractérisaient essentiellement par leur foi en Jésus considéré comme Christ et non comme Fils de Dieu(Jésus réalise, selon eux, à titre de Prophète choisi par Dieu à cause de sa piété, l'attente messianique d'Israël) et par la pratique de la Loi mosaïque, qu'ils considéraient comme essentielle au Salut. Mais ces deux positions fondamentales ont pris des formes différentes selon les groupes et l'évolution des idées. Ainsi, la christologie des ébionites revêt une coloration tantôt adoptianiste, tantôt gnostique (acceptation ou refus de la conception virginale de Jésus, de sa préexistence) ; de même, leur définition de la Loi varie : ils pratiquaient sabbat, circoncision, fêtes juives, bains rituels, mais rejetaient le culte du Temple et les sacrifices sanglants ; ils supprimaient également comme des interpolations les prophéties bibliques non réalisées et les anthropomorphismes. Il reste peu de chose des ouvrages composés par les ébionites (fragments de l'Évangile des ébionitesKérygmes de Pierre et autres sources utilisées par la littérature pseudo-clémentine).

Insistant sur la continuité entre l'Alliance ancienne et la foi en Jésus-Prophète, les ébionites se voyaient contraints à s'opposer à Paul et à sa conception du salut. Selon eux, Jésus n'a pas abrogé la justice opérée par les œuvres, mais il a montré ce qui dans la Loi était vraiment divin et éliminé ce qui ne l'était pas. Les ébionites disparurent vers le Ve siècle.

—  Richard GOULET

 

Hermas - le Pasteur.

 

L'un des Pères apostoliques. Hermas n'est connu que par les détails autobiographiques que contient son œuvre : Le Pasteur ; esclave de naissance, affranchi par la matrone qui l'avait acheté, il se serait adonné au commerce. Ayant perdu ses biens à la suite d'une dénonciation portée contre lui par ses propres fils, il aurait alors fait pénitence. Il se déclare contemporain de Clément de Rome (peut-être le pape Clément Ier, mort en 97 env.). Toutefois, le Canon de Muratori(VIIIe s.) qui donne la liste des écrits du Nouveau Testament reconnus comme canoniques par l'Église de Rome vers 180, affirme qu'Hermas était un frère du pape Pie Ier (mort en 155), ce que le contexte du Pasteur semble confirmer. La première partie de l'ouvrage est consacrée au récit de cinq « visions » qu'eut l'auteur (genre apocalyptique). Elles manifestent allégoriquement la gravité du péché et la miséricorde de Dieu, qui permet au pécheur repentant d'être pardonné une seconde fois — qui sera la dernière — des fautes commises après le baptême. À partir de la cinquième vision, un ange vêtu en berger — origine du titre de l'œuvre — explique les allégories. Le texte revêt alors un caractère plus éthique ; il énonce douze préceptes moraux (objet de la IIe partie) et illustre au moyen de dix « similitudes » (paraboles) la béatitude promise aux vertueux (IIIe partie).

Irénée, Clément d'Alexandrie, Origène — qui a confondu l'auteur du Pasteur avec l'Hermas dont parle saint Paul (Rom., XVI, 14) — et Tertullien ont considéré le livre comme inspiré ; mais le décret gélasien (fin du Ve s.) le classait parmi les apocryphes, et le Canon de Muratori ne le tenait pas pour canonique. Fort peu connue dans l'Église d'Occident, selon saint Jérôme, bien plus connue dans l'Église d'Orient, l'œuvre est contenue dans le Codex Sinaïticus. Divers manuscrits en grec, en latin et en éthiopien, et des fragments en copte et en persan en ont été découverts. Source Universalis.

ACTUALITÉS DES MANUSCRITS DE LA MER MORTE.

 

ARTICLE LE JOURNAL LE FIGARO DU 4 JUIN 2020.
«Nous avons découvert que certains textes ont été écrits sur des peaux de vache et de moutons alors qu'auparavant nous estimions que tous étaient écrits sur des peaux de chèvres», a déclaré la chercheuse israelienne Pnina Shor.
«Nous avons découvert que certains textes ont été écrits sur des peaux de vache et de moutons alors qu'auparavant nous estimions que tous étaient écrits sur des peaux de chèvres», a déclaré la chercheuse israelienne Pnina Shor. MENAHEM KAHANA / AFP

Certains des manuscrits de la mer Morte, collection de textes millénaires incluant le plus ancien texte biblique en hébreu, ne viennent pas du désert où ils ont été retrouvés, conclut une étude rendue publique mardi sur l'ADN de fragments de ces parchemins.

Les 900 manuscrits retrouvés entre 1947 et 1956 dans les grottes de Qumrân, au pied de la mer Morte, en Cisjordanie, sont considérés comme l'une des plus importantes découvertes archéologiques de tous les temps car ils comprennent des textes religieux en hébreu, en araméen et en grec, ainsi que la plus ancienne version de l'Ancien Testament connue. Les documents les plus anciens remontent au IIIe siècle avant Jésus-Christ et, le plus récent, a été rédigé en l'an 70, au moment de la destruction du second Temple juif par les légions romaines.

De nombreux experts pensent que les manuscrits de la mer Morte ont été écrits par les Esséniens, une secte juive dissidente qui s'était retirée dans le désert de Judée vers des grottes à Qumrân. D'autres pensent toutefois qu'une partie a été cachée par des juifs qui voulaient les protéger des Romains. Pour tenter d'y voir plus clair et de jeter un éclairage scientifique sur un débat théologique, des chercheurs israéliens ont étudié l'ADN de fragments de ces manuscrits. «Nous avons découvert en analysant des fragments de parchemins que certains textes ont été écrits sur des peaux de vache et de moutons alors qu'auparavant nous estimions que tous étaient écrits sur des peaux de chèvres», explique à l'AFP Pnina Shor, chercheuse à l'Autorité israélienne des antiquités, qui dirige le projet chargé de l'étude de ces manuscrits.

« Nous avons découvert en analysant des fragments de parchemins que certains textes ont été écrits sur des peaux de vache et de moutons alors qu'auparavant nous estimions que tous étaient écrits sur des peaux de chèvres »

Pnina Shor, chercheuse à l'Autorité israélienne des antiquités.

«Cela prouve que ces manuscrits ne viennent pas du désert où ils ont été retrouvés», affirme la scientifique. «Mais d'où viennent-ils exactement et par qui ont-ils été écrits? Ces questions demeurent entières mais l'étude de l'ADN, réalisée pendant sept ans sur 13 textes par une équipe aussi de l'université de Tel-Aviv, ouvre la voie à de nouvelles découvertes», estime Mme Shor. «Nous pourrons enfin trouver la réponse à la question essentielle de l'identité des auteurs de ces manuscrits et ces premiers résultats vont avoir une répercussion sur l'étude de la vie des juifs à l'époque du Second Temple», ajoute-t-elle.

 

Le casse-tete de la reconstitution

Ces recherches archéologiques restent un sujet sensible en Israël et dans les Territoires palestiniens où les résultats de travaux sont parfois utilisés par des associations ou partis politiques pour asseoir leurs revendications sur des lieux de mémoire revendiqués à la fois par les Palestiniens et les Israéliens, à l'instar du Mont du Temple, lieu le plus sacré du judaïsme, et nommé Esplanade des Mosquées par les musulmans. Parmi les découvertes de l'équipe de Mme Shor, figurent des extraits du livre biblique de Jérémie (prophète qui vivait au VIe siècle avant J-C) et dont plusieurs fragments avaient longtemps été considérés par les chercheurs comme provenant du même manuscrit.

900 manuscrits ont été retrouvés entre 1947 et 1956 dans les grottes de Qumrân, au pied de la mer Morte. MENAHEM KAHANA / AFP.

«Nous voyons des différences à la fois dans le contenu et dans le style de calligraphie mais aussi dans la peau de bête utilisée pour le parchemin, ce qui prouve qu'ils sont de provenance différente», affirme Beatriz Riestra, qui a participé à cette étude. Au total, environ 25.000 fragments de parchemins ont été découverts au fil des années dans le désert de Judée et la recherche sur ces textes est incessante depuis 60 ans. Or «en caractérisant les relations génétiques entre différents fragments des parchemins, les chercheurs ont pu discerner d'importantes relations historiques», affirme le professeur Oded Rechavi de l'Université de Tel-Aviv.

 

Nous voyons des différences à la fois dans le contenu et dans le style de calligraphie mais aussi dans la peau de bête utilisée pour le parchemin, ce qui prouve qu'ils sont de provenance différente.

Beatriz Riestra, chercheuse.

«C'est comme reconstituer un puzzle. Il existe de nombreux fragments de parchemins que nous ne savons pas comment relier et si nous mettons ensemble des mauvaises pièces, cela peut changer considérablement l'interprétation», précise-t-il. Et pour l'heure le puzzle tient encore du casse-tête. «La recherche n'est qu'à ses débuts mais ça montre déjà des résultats probants», affirme Mme Shor, qui rappelle que son rôle est aussi de conserver les manuscrits et que cette étude ne peut être faite sur l'ensemble des fragments existants, de crainte de les abîmer.

 
 


 

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Publié le par Jean-François Guerry
Jamais je ne t’oublierai Jérusalem….

 

Jamais je ne t’oublierai Jérusalem…. Part II.

 

LA SECTE DES ESSÉNIENS ET LE DÉBUT DU NÉO-CHRISTIANISME PARTIE II.

 

 

Dans cette deuxième partie Dan B…Il… aborde : la vie Communautaire de la secte de Qumram et ensuite évoque le Monde Judéo-Chrétien et le début du Christianisme, dans sa conclusion il étudie les relations possibles entre cette secte et le gnosticisme, ainsi que les similitudes avec l’Apocalypse de Jean de Patmos….

 

Jean-François Guerry.

 

II- LA VIE COMMUNAUTAIRE DE LA SECTE

 

Le nom des Esséniens apparut sous la plume de la plupart des spécialistes à la suite de Sukenik- Pline l’Ancien dans : « Son histoire naturelle » rédigée entre 70 et 79 écrit à l’Occident, les Esséniens s’écartent des rives… C’est un peuple admirable au-delà de tous autres, sans aucune femme et ayant renoncé entièrement à l’amour, sans argent… Philon d’Alexandrie écrit en grec, parlant de la Syro-Palestine et sa population juive : « Quatre mille sont appelés Essens ; ce nom à mon avis peut être rapproché du mot « sainteté » que Flavius Josèphe mentionne les Esséniens en divers passages de ses œuvres dans « La guerre des juifs contre les romains, ou dans Antiquités judaïques. » Décrivant le milieu social et religieux de la Palestine du premier siècle, il reconnaît l’existence de trois Écoles de Pensée ; celles des Sadducéens, celle des Pharisiens et celle des Esséniens.

 

L’origine du mot « Essénien » bien que celui-ci ne soit mentionné dans aucun des textes de la secte. Viendrait du mot hébreu « ésah » nom donné au Conseil de la Communauté ou Saint Conseil « ésah » aurait pu être traduit en grec « éssaioi ou éssénoi ». C’est l’étymologie proposé par Dupont-Sommer, pour Schurer le mot « éssénien » dériverait de l’araméen haseh, au pluriel hasim « les purs »….

 

Les textes Esséniens : La Règle de la Communauté, appelée aussi le Manuel de Discipline qui commence par une introduction où se trouvent définis le but et l’idéal de la Communauté, la description de la cérémonie d’entrée dans la secte avec le bain de purification, une longue instruction sur le thème des deux Esprits, Esprit de Vérité et l’Esprit de Perversité ; le Commentaire d’Habacuc qui par ses interprétations, éclaire les préoccupations de la secte ; l’Écrit de Damas qui met en garde contre le découragement et la trahison et recommande l’obéissance aux Ordonnances.

Il fait pour la première fois à la suite de la persécution du Maître de Justice, allusion à « une première intervention de Dieu pour punir les souillures et les crimes des « princes de Juda », pour Dupont-sommer, il s’agit de la violation du Temple par Pompée. Recourant au procédé des apocalypses, il fixe une date à cette intervention Divine : elle aura lieu quarante années après l’apparition du Messie.

La Citadelle de Massada proche de Qumram

Le combat des Fils de la Lumière contre les Fils des Ténèbres, nous parle de la grande guerre d’extermination que doivent livrer à la fin des temps les Fils de la Lumière c’est-à-dire les membres de la secte ayant à leur côté Dieu et ses Anges aux Fils des Ténèbres, c’est-à-dire aux nations païennes, plus précisément aux Kittim ou Romains, conduit par Bélial ou Satan et les mauvis anges. 

 

Le Rouleau des Hymnes semble indiquer qu’il s’agit d’un livre de prières de la Communauté, œuvre peut-être du Maître de Justice, d’un mysticisme très élevé ; ses chants sont des épanchements de l’âme où l’auteur exprime ses sentiments d’adoration, de soumission totale à la volonté divine, son amour pour le Dieu Très Haut et sa haine pour le Bélial.

 

Enfin le Rouleau du Temple considéré par certains comme la Torah des Esséniens, pour Y. Yadin il la compléterait. On aurait là, un sixième livre de la Torah….

 

On peut dire que la secte des Esséniens s’est volontairement détachée de la Jérusalem des Pharisiens, et des Saduccéens, installée entre autres à Qumram, vivant en communauté très fermée autour du Maître de Justice, pratiquant le bain de purification pour entrer dans la ‘Nouvelle Alliance’,faisant parfois les vœux de célibat. Les écrits nous renseignent sur le ritualisme des ‘agapes’ où durant le repas pris en commun seront lus et commentés les Saintes Écritures. Les novices durant deux années n’avaient pas le droit à la parole, seuls les membres à part entière avaient le droit à prendre part à la discussion, chacun à son tour et une seule fois.

On mettait l’accent sur un certain déterminisme de l’homme qui, quoiqu’il en soit, était sous le joug de Satan et n’avait pas le pouvoir de s’en libérer une seule fois. Ils étaient les seuls à porter l’habit blanc. Faisant ‘une grande famille’ et pratiquant l’entre aide entre tous les membres. Il n’y avait ni riches, ni pauvres ils étaient tous égaux, tous les biens appartenaient à la Communauté. Des sanctions étaient prévues pour ceux qui avaient enfreint à la loi sous forme de de jeûnes, de prières et même d’exclusion. Il faut aussi souligner la sévérité d’accès à la Communauté marquée par un examen quant à la connaissance et à la compréhension des Textes et même un examen physique qui éliminait ceux qui présentaient des anomalies (bec de lièvre, pied bot, etc…).

Ils pratiquaient la guérison des malades par l’imposition des mains, véritables thaumaturges. On y voit des influences extérieures au Judaïsme : Orphisme, Culte de Mitrah, Pythagorisme, Hindouisme, Mazdaisme…

 

 

III- LE MONDE JUDÉO-CHRÉTIEN ET LE DÉBUT DU CHRISTIANISME.

 

Le monde Judéo-Chrétien est marqué par le respect de la foi rabbinique, de la nourriture Kasher, du respect des fêtes religieuses, de la circoncision et reconnaissent en Jésus le Messie. On retrouve surtout parmi eux, une population modeste et quelques personnages de hauts rangs.

Pour Daniélou les simples données géographiques rendent probables les contacts entre Jean-Baptiste et les membres de la Communauté du désert de Juda. La région où Jean baptisait est celle qui environne le Jourdain, avant son embouchure dans la Mer Morte, or l’habitat des Esséniens se trouvait à quelques kilomètres au sud à Qumram.

 

Les quatre Évangélistes appliquent à Jean la parole d’Isaïe : Préparez dans le Désert le chemin de Yahweh, ce texte est mentionné deux fois dans la Règle de la Communauté.

 

Le portait que trace les Évangélistes tracent de Jean présente des points communs avec ce que nous savons des gens de Qumram ; ainsi sa nourriture est faite de sauterelles et de miel sauvage. Le Document de Damas va préciser que les sauterelles devaient être grillées…Jean s’abstenait de vin et de toute boisson fermentée, les Esséniens ne buvaient que du vin non fermenté Jeanapparaît comme un ascète, il en est de même des membres de la secte, Jean n’était pas marié, le célibat caractérisait aussi certains Esséniens.

Jean réserve toutes sévérités aux Pharisiens et aux nommés, la solution doit sans doute être cherchée dans le fait que Jean ne nomme que les sectes auxquelles il s’oppose. L’enseignement du Baptiste annonce que le jugement est imminent ; dans le texte du Commentaire d’Habacuc, celui-ci avertit que les événements prédits pour la fin des temps sont arrivés et se réalisent avec la vie du Maître de Justice. Pour les gens de Qumram comme pour Jean, les derniers temps sont annoncés par les prophètes sont commencés. L’idée qu’il faut se préparer à ces événements par la pénitence, familière aux documents de Qumram se retrouvera dans la seconde Epitre de Pierre ; j’ai déjà parlé de l’importance que les bains tiennent dans le milieu de Qumram et dans celui de Jean appelé le Baptiste. Ils partagent aussi l’idée que les derniers temps sont arrivés avec eux et affirment que ce qui est arrivé avec eux est seulement la préparation de la fin des temps, non la fin des temps elle-même. Il demeure cependant de grandes différences.

 

Jean se montre comme un envoyé par Dieu à l’ensemble d’Israël et même aux Publicains et aux pêcheurs. Ceci est très opposé au caractère fermé des gens de la Communauté de Qumram, le baptême Essénien n’était que l’admission, celui de Jean apparaît comme un geste prophétique et prépare à l’effusion de l’Esprit Saint.

La différence la plus importante est de témoigner que le Messie est là, que l’Esprit est répandu. On peut dire que Jean, fût seulement dans la mouvance de l’Essénisme. En tout cas comme l’on dit certains spécialistes, les disciples duBaptiste constituent un chaînon intermédiaire entre les hommes de Qumram et les disciples de Jésus. Il est certain que la Communauté formé par Jésus  avec ses Apôtres a présenté des analogies avec la Communauté de Qumram qui comprend un conseil de Douze membres et Trois prêtres, parmi les douze Apôtres il y avait un groupe de privilégiés de Trois Apôtres Pierre, Jacques et Jean.

 

Dans l’histoire de la multiplication des pains et des poissons racontée par Marc, nous voyons Jésus commander à ses disciples ‘de faire asseoir ceux qui sont là par tablées sur l’herbe verte ; et ils s’installèrent par carrés de cent ou de cinquante…Or dans la Règle de la Communauté il est écrit : ‘Tout le peuple passera par ordre, l’un après l’autre par centaines et par dizaines… Cette disposition est l’antique disposition du peuple au temps de l’Exode.

 

À Qumram l’entrée dans la Communauté était précédée de serments redoutables de rupture avec les Fils des Ténèbres et d’adhésion à la Loi de Moïse. L’antique usage chrétien de la renonciation à Satan et de la profession de foi au Christ, paraît calqué sur ce serment. Ressemblance aussi avec la prière quotidienne.

 

Un texte de la Règle de la Communauté nous fait connaître que les Essénienspriaient trois fois par jour ‘au commencement de la Lumière, quand elle était au milieu de son cours et quand elle se retire dans l’habitation qui lui a été assignée…’ Or le rituel de la Didaché, nous dit ‘Priez trois fois par jour’.

Nous sommes ici à l’origine des trois heures de l’office liturgique : laudes, sexte et vêpres. Flavius Josèphe précise :’ Avant le lever du soleil, ils lui adressent des prières traditionnelles comme pour le supplier de se lever’, usage qui s’oppose à la coutume juive qui était de prier dans la direction de Jérusalem ; par contre c’est la coutume ordinaire du Christianisme primitif

 

Le Document de Damas nous rappelle la persécution du Maître de Justice par le prêtre impie et l’exil de la Communauté de Damas. On y trouve un passage très intéressant dans lequel il est dit : ‘Tous les hommes qui sont entrés dans la Nouvelle Alliance au pays de Damas, mais qui se sont détournés, ont trahi et ne feront pas partie du peuple et ne seront pas inscrits dans les listes depuis le jour de la disparition du Maître de Unique jusqu’à ce que surgissent les Messies d’Aaron et d’Israël. Daniélou souligne l’allusion aux deux Messies, l’un prêtre et l’autre laïc. Ces Messies sont l’objet de l’attente de la Communauté et il ajoute : ce texte est donc décisif pour montrer que la Communauté ne reconnaissait pas le Maître de Justice pour le Messie. Le fait que l’expression‘oint’ ne lui soit jamais appliquée paraît marquer une volonté d’éviter toute confusion entre lui et le Messie.

 

DAN B…Il…

 

Compte-tenu de l’importance de cet article je vous propose la lecture de la conclusion pour demain….avec la dernière actualité sur les manuscrits de la mer morte.

Jamais je ne t’oublierai Jérusalem….

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Publié le par Jean-François Guerry
Jérusalem

Jérusalem

Jamais je ne t’oublierai Jérusalem….

 

 

L’année 6000, du calendrier maçonnique lors de son deuxième mois, c’est-à-dire en avril 2000 du calendrier Grégorien. Ma loge a réalisé un voyage en Israël voir la trace du Roi Salomon, voir le temple symbole de la construction.

En cette année là, les prédictions de malheurs, de destructions faisaient le bonheur des marchands.

 

Avec Mes frères, avec nos épouses, nos compagnes avons eu le bonheur de vivre des moments intenses d'une spiritualité partagée, sans dogmes.

 

Ce fût pour moi le plus beau de mes voyages, une apocalypse, une révélation.

 

Accueillis à Tel Aviv par les frères la Loge La Lumière N°1, nous avons fait la connaissance d’un ‘apprenti’ Dan B…-I…qui devait être notre guide durant tout le voyage. C’est à lui 20 ans après que je dédie cet article, en reproduisant la planche qu’il nous offrit dans les ruines de QUMRAM sur les rivages de la Mer Morte. Juste avant notre ascension vers la citadelle emblématique de la résistance et de la persévérance du peuple juif, la citadelle de Massada. Dan, comme Jérusalem jamais je ne t’oublierai.

 

Jean-François Guerry.

 

      « Si je t’oublie Jérusalem, que ma main droite m’oublie !

Je veux que ma langue s’attache à mon palais, si je perds ton souvenir, si je n’élève Jérusalem, au sommet de ma joie. »

Extrait du Psaume 136 – Attribué au prophète Jérémie.

 

 

 

LA SECTE DES ESSÉNIENS ET LE DÉBUT DU NÉO-CHRISTIANISME.

 

Il y a plusieurs années, j’avais déjà entrepris un travail sur la secte des Esséniens où j’avais mis l’accent sur certains traits de cette communauté avec certains aspects du rituel de l’ordre maçonnique.

 

Dans ce nouveau travail me référant aux derniers travaux des exégètes j’insisterai davantage sur les liens possibles entre la secte des Esséniens et les premières communautés Judéo-chrétiennes et le christianisme.

 

Mon propos ne sera pas de vous inonder de doctes références, ni d’entrer dans de lourdes polémiques entretenues par toute une presse spécialisée, mais d’essayer avec notre regard (…) de mieux connaître, comprendre et analyser les Écrits de la Secte et par là même des membres de cette Communauté du début du monde Judéo-Chrétien.

 

Je tacherais d’être clair, précis et prudent.

 

Ce travail comprend trois parties essentielles : Le cadre Historico-Géographique des Esséniens ; la vie Communautaire de la Secte ; le Monde Judéo-Chrétien et le début du Christianisme.

 

I-CADRE HISTORICO-GÉOGRAPHIQUE

 

C’est en 1947 pour la petite histoire, qu’un berger Bédouin Mohamed surnommé ed Dhible Loup a la recherche d’une brebis égarée, lance une pierre en direction d’une anfractuosité d’un rocher situé dans la falaise du désert de Judée près de QUMRAM. Attiré par le bruit mat d’une poterie cassée, il pénètre dans une petite grotte et découvre une série de jarres en bien mauvais état et dans l’une d’elle trois rouleaux de parchemin que le berger rapporta à Bethléem au marchand d’antiquité Kando. L’affaire des Manuscrits de la Mer Morte commençait…

 

Dans une situation politique difficile à cette époque de la fin du mandat Britannique qui voit Jérusalem coupée en deux parties, le professeur SUKENIKresponsable du département d’Archéologie à l’Université Hébraïque de Jérusalem, va avoir la possibilité de racheter les trois manuscrits dont une copie incomplète du Livre d’ISAIE.

 

Après plusieurs années de fouilles, dix grottes sont explorées autour du même site, notamment la fameuse grotte IV où l’on retrouve 380 fragments très précieux. Cette découverte spectaculaire a permis à la recherche biblique d’effectuer subitement un bond de plusieurs siècles en arrière, puisque la plupart des manuscrits de QUMRAM rédigés en hébreu, remontaient au IIème siècle ou au Ier siècle avant J-C.

 

Sur une dizaine de kilomètres, une quarantaine de grottes furent repérées ; en coulisse cependant on commençait à s’agiter avec l’archéologue anglais Hardinget le Père de Vaux, directeur de l’École Biblique Française, les professeurs Surenik et Yadin en relation avec Dupont-Sommer, membre éminent du Collège de France.

 

Pour souligner l’importance de la découverte des Manuscrits, il faut savoir que jusqu’à ce jour, mis à part le Codex Sinaiticus  (350 ans après J-C) écrit en grec, les plus anciennes copies de la Bible Hébraïque que nous connaissons, remontent aux alentours de l’an 1000 après J-C, tel que le Codex du Caireachevé en 895, ou le Codex Babylonicus daté de 916. Entre 1947 et 1956, onze grottes livrèrent des manuscrits dans la région de Qumram, à savoir une douzaine de rouleaux de fragments d’environ 700 textes. Selon leur contenu les archéologues leur ont donnés des appellations différentes : le rouleau d’Isaïe, le commentaire d’Habakuc, le Combat des Fils de la Lumière contre les Fils des Ténèbres, les Hymnes sorte d’apocryphe de la Genèse écrit en araméen, le Rouleau du Temple.

 

Les différentes campagnes de fouilles entreprises entre 1951 et les dernières commencées en 1993 à Qumram ont permit de reconnaître, deux périodes importantes d’occupation séparées par un temps d’abandon du site. On s’accorde aujourd’hui à le situer en 68 de l’ère chrétienne lors de la première révolte de Jéricho, puis de Qumram par les légions de Vespasien.

La date de la fondation du site est située à la seconde moitié du IIème siècle avant J-C.

 

La plupart des spécialistes pensent que Qumram fût un lieu de rassemblement, de cérémonie, de prières, de travail. Les membres de la communauté devaient occuper à l’extérieur soit des tentes ou des abris légers, soit plus probablement le creux des rochers et la quarantaine de grottes reconnues dans le voisinage.

Tous les manuscrits de Qumram n’ont pas été rédigés dans ce site.

Aujourd’hui huit rouleaux sont exposés au Musée d’Israël dans la Maison du Livre à Jérusalem…..

 

Demain la suite … avec II- La Vie Communautaire de la secte. III- Le Monde Judéo- Chrétien et le début du Christianisme. La Conclusion.

 

Dan B…-Il… Apprenti.

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Publié le par Jean-François Guerry
LA VOIE DE LA FRATERNITE

LA VOIE DE LA FRATERNITÉ

 

 

La démocratie est en panne, chacun peut le constater est-ce le problème de notre constitution, de notre mode d’élection, de notre représentation, en clair un simple problème technique ou un problème de sens de vision plus global, plus universel.

 

Les démocraties libérales souffrent du repli des citoyens sur eux-mêmes, de l’individualisme qui a remplacé l’individualité. Les hommes ne font plus l’effort de la rencontre de l’autre, des autres. Ils vivent dans des « archipels » selon l’expression de Guillaume Fourquet, au mieux les hommes se regroupent dans des corporatismes.

 

Ainsi les démocraties libérales ont perdu leur sens, leur substance, elles n’ont plus les moyens sur le long terme de réduire l’accroissement des inégalités, le fameux ascenseur social est en panne, le manque d’espérance, de visions sur le long terme engendre des colères permanentes et la montée des violences.

 

Le collectif a été remplacé par des libertés séparées. La relation avec autrui et avec les autres n’est plus une priorité. Il y a un retour d’une forme de barbarie, le sentiment d’injustice est une constante. Pourquoi parce que la liberté surplombe la vérité.

La société libérale se fonde sur le jeu de libertés opposées, rivales. Ce manque de collectif peut nous faire à tout instant basculer dans une société fasciste où la multiplicité des libertés peut se dissoudre dans totalité, la liberté d’un groupe, niant toutes les formes de libertés individuelles. Nous serions alors dans une Vérité unique dogmatique, surplombant la liberté de ce seul groupe.

 

Ces deux sociétés ont malheureusement un point commun elles ne regardent plus le visage de l’autre, personne ne regard l’autre. Nous n’avons de référence que par rapport à nous-mêmes. Ainsi s’égrène le chapelet des affirmations : c’est ma liberté, c’est mon droit, mon moi, mon individualité, mon identité, mes racines. J’oublie l’autre, mon devoir, ma responsabilité envers l’autre je ne suis plus le gardien de mon frère. Si tout va mal l’autre devient mon bouc émissaire. Ma liberté écrase la vérité, mon égoïsme devient violence.

 

On affirme continuellement les principes démocratiques, la liberté de chacun, l’égalité, le respect de la dignité de l’homme, de la dignité humaine sans en faire l’expérience. C’est la perte de l’éthique, de cette éthique au service de la justice. Pour être le plus juste possible, il nous faut avoir la force, le courage de remettre en cause de manière permanente le bon droit de sa liberté. Jusqu’à oublier son soi, pour être vrai, pour son soi véritable, pour être libre et non avoir.

 

Il y a donc une troisième voie en dehors de la démocratie libérale et du fascisme. En dehors des libertés individuelles, personnelles, clivantes et inégalitaires ; en dehors de la liberté dogmatique d’un seul groupe, du fascisme. C’est la voie de la fraternité. De la fraternité du visage de l’autre, de la rencontre de l’autre, c’est la pensée, le projet original de Emmanuel Levinas, décrit par Corine Pelluchon :

 

« La rencontre d’autrui ouvre l’humanité puisque le visage est la trace de l’infini. » 

 

Emmanuel Levinas écrit dans Totalité et Infini :

 

« L’épiphanie du visage comme visage ouvre l’humanité. »

 

A force d’être absorbé par nos droits, nos libertés, on oublie nos devoirs de fraternité, pourtant seule cette fraternité permet d’envisager une société apaisée avec un avenir commun, dans le respect du visage, de la dignité d’autrui et des autres.

 

Jean-François Guerry.

 

 

 

Extrait de Totalité et Infini d’Emmanuel Levinas :

 

« La paix ne peut (…) pas s’identifier avec la fin des combats qui cessent faute de combattants par la défaite des uns et la victoire des autres, c’est-à-dire avec les cimetières ou les empires universels futurs. La paix doit être ma paix, dans une relation qui part d’un moi et va vers l’Autre, dans le désir et la bonté où le moi à la fois se maintient et existe sans égoïsme. »

LECTURE

 

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