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Selon Macaire († vers 390) le cœur est comparé à une terre dans laquelle Dieu jette sa semence et possède son pâturage. Il est un univers avec son firmament comprenant des étoiles, une lune et un soleil. Profond, il est aussi un abîme privé de limites. Le cœur est assimilé à un char dont le noûs (esprit) est le cocher, il réside au fond du cœur, d’où cette comparaison : l’esprit est au cœur ce que la pupille est à l’œil. Pour les stoïciens le cœur est le siège du feu et de l’intellect ; dans la métaphysique de l’Inde, le cœur est un espace : « Ce qu’on appelle brahman, c’est cet espace qui extérieur à l’homme ; mais cet espace qui est extérieur à l’homme, cet espace est le même qui est intérieur à l’homme ; et cet espace qui est à l’intérieur de l’homme est celui-là même qui est à l’intérieur du cœur ».
Cet espace à l’intérieur du cœur est aussi vaste que l’espace que le regard embrasse. « Le ciel et la terre y sont réunis, le feu et l’air, le soleil et la lune, l’éclair et les constellations » (…) selon le maître chinois Lu Tsou, l’éveil de l’esprit s’amorce dès que le cœur commence à mourir : « Si l’homme peut faire mourir son cœur, l’esprit originel s’éveille à la vie. Faire mourir son cœur ne signifie pas le laisser se dessécher ou se flétrir, mais cela signifie qu’il est devenu un, sans division et concentré. »
Dans l’Islam le primat est donné aussi au cœur : « Ni ma terre ni mon ciel ne me contiennent, précise un hadîth, je suis contenu dans le cœur de mon serviteur fidèle. » Le cœur est la faculté spirituelle, c’est lui qui reçoit l’illumination (…) quand l’homme pénètre dans son cœur et s’y tient dans la paix il éprouve la nostalgie du semblable pour son semblable, car le feu – comme le dit Empédocle – n’est vu que par le feu. Le cœur éveillé devenu centre subtil de lumière est « l’organe et le lieu de la conjonction avec la lumière du Trône » : « Il y a des lumières qui montent et il y a des lumières qui descendent. Les lumières qui montent, ce sont celles du cœur ; celles qui descendent, ce sont celles du Trône. L’être créaturel est le voile entre le Trône et le cœur. Lorsque ce voile est rompu et que dans le cœur s’ouvre une porte sur le Trône, le semblable s’élance vers son semblable, la lumière montre vers la lumière, et la lumière descend sur la lumière et c’est lumière sur lumière (Qorân 24 : 35) »(1)
(1) Henry Corbin, L’homme de lumière dans le soufisme iranien, p. 102 et 112. (pp. 43-44)
Bonjour,<br />
Là où Madame Davy met le mot Dieu, l'Esprit de homme métamorphosé en voit un autre.<br />
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Cordialement.