Un blog d'information, de conversations sur le thème de la Franc Maçonnerie, des textes en rapport avec la Franc Maçonnerie, comptes rendus et conseils de lectures.
La construction matérielle du temple s’achève, le sage Salomon sombre dans l’acedia. Après avoir prodigué tous ses soins à cette construction, il a fait preuve de négligence pour sa vie spirituelle. Le mal insidieux de l’acedia s’est répandu dans son esprit. Son manque de vigilance a conduit son âme au desséchement.
Thomas d’Aquin ira jusqu’à réintégré l’Acédie dans la liste des péchés capitaux, l’empereur philosophe Marc Aurèle insista sur le soin que nous devons appliquer à notre être intérieur, à notre vie spirituelle. Dans ses Pensées consignées chaque jour, il prenait soin d’écrire ce qu’il avait fait de bien, cet exercice spirituel de méditation lui permettait un entretien constant de son âme.
L’homme atteint d’acedia, de la négligence de son âme, cherche pour vaincre son ennui des dérivatifs comme le bavardage, l’oisiveté, la luxure etc.. Sa vie intérieure devient chaotique, la fuite, le voyage ne change rien, il traîne avec lui sa détresse. L’humour à l’égard de lui-même est incapable de résoudre son mal, car il n’a pas la force de le mettre en œuvre.
La guérison de cette maladie de l’âme ne surviendra que grâce à sa volonté, son humilité, son travail, sur lui-même.
L’acedia guette le Franc-Maçon qui néglige sa participation aux travaux de sa loge, son absentéisme physique atteint son âme et son esprit, chaque acte manqué est une pierre qui manque à la construction de son temple intérieur, le Franc-Maçon, a besoin de la fraternité de ses frères pour cimenter solidement sa vie intérieure, sans cela il prend le risque d’être atteint par une forme de psychasthénie, cette névrose caractérisée par une baisse d’attention, une impuissance à agir, une angoisse de lui-même, il perdra alors le sens qu’il veut donner à sa vie.
Ces états ont été décrits par Paul Alphandéry, qui lui-même a étudié les travaux de Pierre Janet, ces névroses sont bien déclenchées par l’acedia et ont pour symptôme principal le démon de midi.
Comme le rappelle Marie-Madeleine Davy dans L’homme intérieur et ses métamorphoses, David, Samson et Salomon n’ont pas échappé à l’acedia et au démon de midi. David avec son adultère, Samson incapable de tenir un secret et qui chute malgré sa force, et enfin Salomon dont la sagesse légendaire ne l’empêcha pas de sombrer dans l’idolâtrie, le Franc-Maçon est mis en garde, il sait qu’il ne doit pas forger d’idoles humaines.
Ces trois personnages emblématiques ont donc succombés au démon de midi, au faîte de leur gloire. A l’heure fatidique où la lumière est au zénith où elle éblouit, à cette heure aussi ou le sacré est plus haut. C’est l’heure sublime de la rencontre avec soi-même, l’heure du choix, de l’affrontement entre la lumière et les ténèbres. Ce point culminant ou un nouveau départ doit être pris, le point de départ des travaux, en pleine lumière.
Ce point culminant de la lumière est difficilement soutenable par celui qui n’est pas préparé, qui n’est pas prêt à remettre en cause ses préjugés, ses acquis. C’est aussi le moment des mirages dans le désert brûlant, de la sortie des sirènes dans l’océan déchainé, l’heure de la décision, du choix, de la révélation, de l’ascension vers la Jérusalem céleste.
C’est la demi-heure décrite dans l’Apocalypse de Jean (VIII-1) : « Et lorsque l’agneau ouvrit le 7ème sceau, il se fit un silence dans le ciel, d’environ une demi-heure… »
C’est l’heure du début de l’éveil, de l’essor de l’homme nouveau régénéré, la sortie de l’acedia, de la négligence de l’âme, l’heure de la montée de l’esprit, l’heure du souffle transmis par le Vénérable Maître au profane après ses trois premiers pas dans le temple, il est midi plein.